Ah oaui, décidément, c’est vraiment une gosse de merde, elle sort sérieusement des trucs que je déclame le plus ironiquement du monde. Mais ce qui est bien avec ce type de personnes c’est qu’ils ne sont en général ni aussi malin ni aussi intouchable qu’ils aiment le prétendre. La par exemple, il me suffirait de lui projeter un petit nuage de poudre empoissonnée au visage et de prendre la poudre d’escampette le temps que les gens sortent de leur état de sidération, et elle ne s’en rend pas compte, elle continue à me contempler du haut de son poney nain. Heureusement pour elle, je ne suis pas un assassin, même s’il m’arrive de dérober des vies, ce n’est jamais un objectif. Une personne vivante, vaut tellement plus qu’une morte. Cela ne rendra ma victoire que d'autant plus plaisante.

Si Eustache était une vraie personne, il aurait certainement fait une boue désabusée devant la gamine, il aurait peut-être même un petit peu pleuré. A moins, que ce ne soit son king et qu’il se mette en tête de dompter l’indomptable, de séduire et de faire fondre la dame de glace. Cependant, Eustache n’existe pas, il n’est qu’un visage, une personnalité vide et jetable. Je lui réponds alors d’un sourire encore plus mordant et d’un aplomb à convaincre une bonne sœur à travailler dans un bordel.

-Corbeille ? Duvel ? je ne vois absolument pas de qui vous parlez, ce seraient pas les deux zygottos qui possèdent quelques mines, ateliers et bateaux ? Le terme prépondère a bien décliné sur ces basses mers bleues. Je commerce exclusivement avec les îles volantes et les plus grosses royautés de la route de tous les périls. Et ce que je fais la ? j’espérais trouver mieux que des chiens de manchons de l’entreprenariat… Mais aussi…

Et c’est à présent, mesdames et messieurs, que je m’en vais vous faire mon premier numéro de la soirée. Pour l’occasion, j’avais truffé mes prothèses d’une matière synthétique très semblable à l’argent et très malléable. Je lui fais un clin d’œil, remonte mes manches. Je rejoins mes deux mains, entrouvre une cavité, et laisse s’échapper un filin argenté de ma main. Ainsi, en séparant mes mains avec un peu de théâtralité, je fais une série de passes-passes, juste assez pour lui faire croire que j’ai aussi la capacité de faire mumuse avec l’argent, mais sans en faire des caisses pour autant. Et d’un dernier tour de main, je fais tout disparaitre. Imaginez la rencontre d'une personne maudite par le démon de l'or et l'autre par le démon de l'argent, quelle duo cela ferait ? digne des légendes certainement.

-… Je me dis que nous avons quelques atomes crochus en termes de métaux précieux… Cela ferait des chose Ag, Au Au… héhé.


J'accompagne cette plaisanterie, de trop haute volée, sans doute, d'un sourire éclatant. Décidément, des décennies de métiers pour apprendre à sourire comme une star et à se comporter comme une, et je m'horripile déjà, comment font ces gens de la haute ? cela m'échappe.

Parfait, le plan avance à la perfection, lentement mais sûrement une lassitude impériale s’empare de la jeune fille, plus que quelques répliques bien senties et elle sera à point pour tomber dans mes filets. Je jette un regard à ma montre, il est presque temps de passer à la seconde partie du plan, j’aurais peu être du prévoir un peu plus de temps, mais ça devrait suffire. Je vais juste faire encore un ou deux « traits d’esprits » et m’éclipser pour me passer à la seconde partie du plan.  Et je remercie la Myda d’être aussi antipathique et d’avoir une pensée si étriquée, elle me facilite mon travail. Je suis juste déçu de ne pas lui foutre dans les dents mon point de vue sur l’inutilité de l’or au point que je m’en serve comme bastos, mais l’idée est de pas « trop » froisser la dame.

-Ce qui nous lie ? nous sommes tous deux des métaux trop purs pour avoir autre utilité qu’être purement décoratif, à la différence que dans les histoires l’argent protège du mal, c’est plus qu’un métal brillant.

Oh ? elle veut de l’émerveillement la bourgeoise ? Achète ton billet poupée, je t’offre un aller simple pour le monde du grand banditisme, le retour sera à tes frais par contre, je suis tire-laine, pas grand prince moi. Et quel horrible sourire, on dirait qu’elle vient de mordre dans un citron avec un aphte purulent dans la bouche, ouh la la, c’est effrayant

-Je vais vous offrir un monde, aux milles et une splendeur, Ô dites-moi princesse n’avez-vous jamais écouté votre cœur… mais avant je dois aller faire pleurer le colosse, je reviens.

Et alors, sans lui laisser le temps de réaliser à quel point ce que j’avais dit était une ineptie mièvre qui rendrait instantanément Eustache éligible à une mise à mort par une bande de rats affamés dans une centaine de pays différents, à condition qu’on ne trouve rien de plus cruel.Je fais volteface et rejoint une serveuse d’un pas assuré, avant  de Uno, lui demander où sont les sanitaires, Deuxio, lui proposer de m’y rejoindre si le cœurs lui en dit, Tertrio, essuyer l’offense d’un rire gracile.

Je regarde ma montre plus que quelques secondes, et comme convenu je sens bien une petite agitation enfler à l’entrée, mes collègues sont à l’heure parfait, qu’il est plaisant d’être bien accompagné. A l’instant ou je franchis la porte qui donne de la salle de réception sur un couloir, la porte d’entrée claque en grand, laissant apparaitre trois malabars en costard. De mon côté, plutôt que de suivre sagement les directives de la serveuse, j’emprunte une autre porte, verrouillée pour qui ne possède pas une certaine intimité avec les serrures, pour déboucher dans un salon privé du maitre de maison. De leur cotés mes trois acolytes agitent des papiers et des badges des plus authentiquement faux et aboient des ordres, comme tout bons agents gouvernementaux sur les nerfs et mal payé qui se respectent.

-Messieurs, dames, je suis l’agent Brown du gouvernement, gardez votre calme s’il vous plait, nous venons d’apprendre qu’un dangereux criminel s’est infiltré à votre… fête…Tu le vois Mulder ? Nan ? C’est un individu hautement dangereux, Je vous prie pour votre sécurité de ne pas quitter cette pièce !

Bon, bien qu’un trop peu poli, mais on peut difficilement demander à des gens honnêtes d’être aussi mauvais que des employés du gouvernement. Je traverse le salon et ouvre la fenêtre du fond pour me glisser dehors, et récupérer un petit paquet dissimulé la à l’instant par un de mes alliés. J’enfile rapidement ma tenue d’agent gouvernemental, qui pour le coup est des plus officielles… j’ai comme qui dirait oublié de rendre l’uniforme après avoir arrêté de bosser là-bas. Alors d’une alliance du bio-feedback et du travesti-fruit, je change d’apparence pour devenir un type peu commode, balafré mais propre sur lui.

Je me glisse un gros cigare dans le bec et après avoir planqué ma tenue précédente dans ma prothèse de jambe, et dénudé mon bras prosthétique, je rejoins mes acolytes, non sans saluer gravement les gardes affolés à l’entrée.

Arrivé à la hauteur de mes hommes, je les vois en train de parler avec l’organisateur de l’évènement et son chef de sécurité, tout deux aussi bouleversé l’un que l’autre, entouré d’un cercle de riches et de laquais tout aussi sous le choc. Normalement, notre arrivée est trop brutale pour leur donner le temps de réaliser qu’il y a supercherie, mais il suffit juste de ne pas leur donner le temps de raisonner pour que tout se passe bien. Je m’adresse à l’organisateur assez fort pour que tout le monde nous entende.

-Veuillez excusez mes hommes monsieur, ils sont un petit peu à cran. Je suis l’agent Grim, nous sommes des agents sur la piste du tristement célèbre Némo, ou du moins un de ses imitateurs pour le cas présent. Par le plus grand des hasards, auriez-vous reçu ceci ?

Je sors de ma poche la petite missive que j’avais envoyé pour prévenir l’arrivée de Némo.

-… Savez vous qui est cette… « chère Myda » ?, tout porte à croire que sa vie est en péril, s’il s’agit bien de l’individu que nous pensions… selon mes sources, c’est un homme blond qui se dit négociant, cela vous dit quelque chose ?

Je déteste vraiment cette impression d’avoir perdu mon temps, vraiment, ce coup n’est rien de plus qu’un fiasco monumental. Bien entendu, ce n’est pas de ma faute. S’il y a quelqu’un qui doit être blâmé ce sont les personnes qui m’ont donné de mauvaises informations, mais bon tant pis, il arrive parfois qu’on perde et il est alors important que personne ne le sache. Donc bon, je ne vais pas revendiquer l’évènement, il y a de fortes chances que les quelques preuves de mon existences disparaissent dans l’explosion et pour que la marine se souvienne qu’ils ont reçu un papier, rien n’est moins sûr. Et au pire, cela restera secret, sinon juste la preuve qu’ils n’ont pas fait leur taf en n’empêchant pas un crime de survenir.

Quel gâchis vraiment, le manoir est sympathique, quel dommage de provoquer une explosion en son sein, qui si elle n’endommage pas la structure interne provoquera un incendie. En plus les quelques richesses sans valeurs que j’ai subtilisé iront juste engraisser quelques truands locaux qui se prétendent idéaliste, vraiment, un gâchis. ‘Fin bon, je me console en me disant que la donzelle dorée aura au moins un blâme si ce n’est que minime et de brèves état d’âme en apprenant que le manoir aura sauté.

Ça commence à me lasser ces petits coups sans envergure, mais il faut bien s’occuper. C’est ça qui est terrible quand on veut se donner des airs de révolutionnaires, il faut s’abaisser au terrorisme et autres crimes sans goût pour rappeler aux puissants qu’il existe une certaine forme de justice populaire. Bien, à présent, que faire. Je traverse une ruelle déserte et décide de devenir le plus insignifiant des représentant en… produits ménagers, de passage sur l’île, car c’est les meilleurs vacances qu’il a pu se payer, ça semble pas mal. Donc je pense que je vais passer par un rade, miteux mais pas trop, prendre un repas, quelque verres, jouer au billard sans doute et j’irai dormir dans un hôtel pas trop cher.

Tu sais quoi, je vais même rester comme ça pendant une semaine, pour suivre vaguement ce qu’il adviendra du nobliau. Et après… je sais pas, peut être devenir joueur professionnel de poker pendant deux ou trois mois, le temps de trouver un vol qui en vaille la peine, puis peut être ouvrir un bar, quelque part, sur Whiskey peak sans doute. Je me demande s’ils servent de fèves au lard au petit déjeuner par ici.