One Piece Anarchy
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Nature vs Culture - T. L. [terminée]
T. L.
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Little Garden
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Feuille de personnage
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T. L.
Les Griffes de la Mer
posté le Sam 31 Aoû - 15:36

T. L.
La Bestiole — 23 — F — Révolutionnaire — Les Griffes de la Mer
métier : Charpentier
groupe : Révolutionnaire
rêve : Pousser le retour à l’instinct primaire qui sommeil en chaque être vivant
rang : Les Griffes de la Mer
grade : aucun
espèce : Mink
lieu de naissance :
première île : Little Garden
armes : aucune
fruit du démon : aucun

DESCRIPTION PHYSIQUE — MENTALE




- T. L. est relativement grande (1m72) et la nature lui a donné un corps athlétique. Elancée, elle possède peu de formes féminines, ce qui accentue ses origines en partie animales. La surface de sa peau est d’ailleurs recouverte d’une fine fourrure beige, presque invisible et exempte de toute blessure. Elle est parcourue de filaments électriques dégageant une lueur bleue lorsqu’elle le décide où lorsqu’elle se sent menacée.

- Ses membres sont longs et possèdent une musculature apparente. Ses mains et pieds sont d’une envergure impressionnante et à leurs extrémités pointent des griffes plutôt courtes mais extrêmement dures et aiguisées. Sur la face antérieure de son avant-bras gauche se trouve une inscription, écrite à la fois à l’encre noire et à la griffe.

- Les traits de son visage ovale sont fins et deux yeux immenses et scrutateurs sont implantés au milieu de sa peau claire, lui conférant un air enfantin. Sa carnation contraste d’ailleurs largement avec les deux iris dorés qui apparaissent derrière ses cils noirs. Lorsque quelque chose attire son attention et augmente son niveau d’éveil, ses pupilles s’allongent brutalement en fente verticale et leur pourtour devient flamboyant. T. L. sourit peu, mais lorsqu’elle le fait, elle dévoile deux canines acérées qui scintillent en-dessous de son museau retroussé.

- Sa tête est couverte d’une multitude de mèches désordonnées couleur blanc cassé qui balaient de temps à autre son visage. Le soin ne transpire pas de ses cheveux : ils s’entremêlent au gré du vent et de ses péripéties et T. L. ne prête pas plus d’attention que ça à ces derniers, tant qu’ils ne la gênent pas. De part et d’autre du sommet de son crâne pointent deux oreilles, elles aussi fournies en mince fourrure. A l’affût, elles sont telles des antennes lui permettant de se relier encore plus intensément au monde qui l’entoure.

- La jeune bestiole se tient toujours bien droite sur ses jambes, posture naturellement imposée par son corps pour pouvoir réagir rapidement. Sa démarche est souple, flexible et elle s’amuse souvent à se déplacer en faisant le moins de bruit possible, ondulant son corps selon les mouvements les plus adaptés pour ce faire. Lorsqu’elle doit gagner en vitesse ou bondir, T. L. opte instinctivement pour une posture plus animale, à quatre pattes.

- T. L., encore habituée au joug de la civilisation, porte régulièrement des vêtements, qu’elle enlève lorsqu’elle ressent le besoin de profiter plus pleinement de ses membres. Le haut de son corps est souvent recouvert d’une veste bleu marine à boutons dorés, la faisant passer à tort pour distinguée et haut placée. Elle arbore en réalité ce bout de tissus ingrat en tant que symbole de sa rébellion contre l’aliénation, puisqu’il s’agit d’un vestige d’esclavagiste. Ses cuisses sont glissées dans une espèce de caleçon mi-long en tissus marron épais mais souple, n’entravant ainsi pas les possibilités de son corps. Par-dessus ses longues chaussettes du même acabit, elle enfile, lorsque cela est nécessaire, des mocassins en solide toile de coton bleue : pour la majeure partie du temps, elle opte pour les coussinets recouverts d’une corne dure situés sous ses pieds.





La bestiole. Un condensé d’énergie brute ne cherchant qu’à se répandre dans le but de vivre, enfin. Chaque parcelle de fourrure recouvrant ce corps d’allure animale ne rêve que de frémir au gré des infinies possibilités. Si elle avait longtemps été étouffée par une vie qui n’était pas la sienne, l’essence de T. L. demandait désormais à éclater au grand jour. Et quelle essence ! De nature bestiale, les pulsions primaires qui sommeillent en elle depuis toujours se dessinent un chemin vers la libération : la jeune fauve laisse maintenant les stimuli inconditionnels réveiller sa chair tout entière, si bien qu’elle peut bondir sur n’importe quel objet mouvant et le déchiqueter. Lorsqu’elle sent le danger frôler sa bulle proxémique, mieux vaut ne pas se trouver dans les parages, puisqu’une griffe pourrait bien se loger dans votre peau, tant T. L. laisse son instinct de survie prendre possession de son être. Aventurière, elle n’hésite plus non plus à voyager pour se confronter aux aléas du terrain et par là même à l’abîme de la liberté.

Cette vivacité propre à son espèce d’appartenance, bien que longtemps contenue par la communauté humaine, a toujours été présente au fond d’elle, tentant de s’échapper par de minces fêlures. On pourrait d’ailleurs penser que c’est cette continuelle contention de son énergie vitale qui a engendré son hyperactivité, comme un développement en opposition à cette étreinte. Mais, T. L. a toujours été plus bouillonnante que ses congénères, bien qu’elle n’ait absolument aucun souvenir conscient de cela. Une telle vitalité l’animait qu’elle pouvait gambader, cavaler, bondir pendant des heures, ne parvenant toutefois pas à écouler totalement sa sève pour dormir sans se tortiller dans tous les sens.

Pendant psychique de son hyperactivité, elle est depuis toujours éprise d’une curiosité insatiable qui la pousse à s’arrêter sur chaque élément saillant dans le paysage qui l’entoure. Cette appétence pour la nouveauté, accentuée par ses sens dotés d’une grande acuité, l’a d’ailleurs conduite à prendre possession des virtuosités de son corps félin rapidement étant petite : elle est vite devenue très agile et habile de ses dix doigts, ce qui s’avérait nécessaire pour aller de découverte en découverte. Au fil du temps et des exigences imposées par le moule dans lequel elle a tenté de se fondre, elle a su canaliser son agitation motrice au moyen de stratagèmes plus ou moins discrets : lorsqu’elle ressent le besoin de bouger, elle se gratte la fourrure frénétiquement, en particulier entre les deux oreilles. D’attention volatile, la rêverie est aussi pour elle une échappatoire fructueuse et elle a tendance à glisser si fort dans les méandres de sa conscience qu’elle perd souvent le fil de ses idées…

Par ailleurs, ayant été contrainte de se fondre dans la masse, T. L. a appris, non sans mal, les convenances de mise en communauté. Elle fait preuve d’une grande maladresse lorsqu’elle doit interagir en usant des mots. Il est évident que les frasques verbales ne font pas partie de son répertoire, elle qui préfère l’agir aux palabres. Mais s’ajoute à cela un langage hasardeux : T. L. a appris à parler la langue des humains et cet apprentissage s’est avéré bancal, en plus d’avoir été laborieux. Aux rares occasions où son museau s’ouvre, les mots s’entremêlent et ont du mal à trouver leur juste place. Le phrasé de la petite bête est ainsi caractérisé par une syntaxe approximative, lui donnant un air enfantin et naïf à s’y méprendre. Pour couronner le tout, elle ignore totalement l’usage de la diplomatie et s’exprime sans détour, au risque de blesser. Elle estime d’ailleurs que la franchise ne fait que mettre en lumière des conflits insidieux, pouvant totalement être réglés d’un coup de griffe.

Le portrait de T. L. pourrait s’arrêter là. Pour la plupart des individus qui la côtoient de loin, c’est de toute façon le cas : elle n’est pour eux rien de plus qu’une boule de poils inattentive, maladroite socialement, parfois dangereuse, et remuant frénétiquement pour agiter le vide. Pourtant, T. L. possède un caractère subtil, bien forgé par ses quelques années et ses désillusions.

La bestiole est une solitaire forcée par une quinzaine d’années d’existence dans un milieu qui n’était pas le sien et par ses quelques déboires avec ses figures d’attachement primaire. Ayant passé la majeure partie de sa vie entourée d’yeux remplis d’incompréhension, voire de dégoût à son égard, la petite féline a vite compris que sa présence n’était pas la bienvenue. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de se rapprocher des individus environnants : elle en avait tenté, des acrobaties ! Toujours accueillies par un mouvement de gêne ou des réprimandes, parce qu’inadaptées pour entrer en lien selon les standards établis par une poignée de personnes. La différence, elle l’avait toujours ressentie et perçue à différents niveaux jusqu’au plus lointain de ses souvenirs. Sans jamais parvenir à comprendre pourquoi. Ses incessantes questions sur ses origines restaient toujours sans réponse, comme cachées par un voile qu’elle ne saisissait pas. Au fil du temps et après être tombée de haut, T. L. a cessé de vouloir ressembler au monde qui se reflétait dans ses yeux embrasés. Elle a aussi cessé de compter sur les autres pour l’épauler. Et elle a décrété que sa meilleure compagnie serait la solitude affective.


A quoi le bon à des mensonges s’attacher.



Malgré ses incapacités pour interagir avec les autres, elle pose un regard affûté sur les relations sociales et saisit avec finesse les ficelles qui forment ce ballet qu’elle trouve si pathétique. Tant de non-dits, tant de diarrhée verbale pour faire perdurer une stabilité illusoire, elle l’a vécu de l’intérieur. Et toujours ces effluves de manipulation qui rodent au détour de chaque conversation : très peu pour elle, le droit au but lui convient bien mieux. Bien souvent, les échanges s’avèrent d’ailleurs inutiles de son point de vue, puisqu’en ses interlocuteurs, elle ne perçoit désormais que des miroirs désaffectivés reflétant le conditionnement que la vie civilisée leur a imposé. Son expérience personnelle des autres la pousse donc à s’en méfier largement, à toujours prendre de la distance. Elle s’épargne ainsi bien des désenchantements et les sentiments douloureux d’une séparation souvent nécessaire. Qui plus est, elle ne supporte pas de ressentir de la pitié, ce sentiment qui pousse à agir pour l’autre alors même qu’il signale que son sort est déjà scellé.

Au fond, T. L. n’a jamais bien compris ce qu’elle foutait là, à essayer de se confondre dans une masse qui ne ressent plus que le joug de la civilisation. Les préceptes implicites qui semblent guider la vie des humains de ce monde n’ont jamais trouvé écho dans sa façon d’appréhender les choses. Elle ignore les notions de bien et de mal : si elle a su s’y conformer un temps, elle s’y refuse désormais à tout prix. Seules les sensations nichées dans les creux de son corps comptent pour guider ses actions. Mue par un brûlant désir de comprendre les raisons de son inadaptation, de son rejet, et par-là même de ses origines, elle s’aventure là où elle sent la nécessité de le faire. C’est au travers des mensonges qui ont volé en éclat qu’elle a saisi sa juste place dans ce monde, celle de la destruction des instigateurs de ce jeu de domination-dépendance omniprésent. Et parmi les quelques pages jaunies qu’elle a daigné tourner, elle a trouvé son crédo :


« La vie ne peut se maintenir qu’à condition de se répandre »

Y'a pas
22

Neferupito, Hunter x Hunter

Via les admins




Dernière édition par T. L. le Mar 15 Sep - 0:00, édité 1 fois
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T. L.
Les Griffes de la Mer
posté le Lun 14 Sep - 23:57
HISTOIRE


1510 – Au large à quelques heures de l’île de Zô




Le vide. Un brouillard cotonneux, lui ôtant toute notion de l’espace et du temps, presque paisible. Et ce balancement inconnu qui se diffuse le long de sa chaire, telle une respiration, presque douce. En écho lointain, la sensation de ses poils qui oscillent autour de leurs follicules, balayés par une brise iodée, presque légère. Sa tête, petite et pourtant si lourde de ne plus être soutenue par les muscules de son cou, se retrouve ballotée de part et d’autre de son buste. De temps à autres, elle se heurte négligemment. Contre quoi ? Cette matière, qui paraissait moelleuse aux premiers instants, devient peu à peu dure et froide comme un rocher à l’ombre.

Petit à petit, le brouillard se dissipe et comme un puzzle qui se reconstitue, ses sensations corporelles reprennent une place habituelle. Alors que la petite boule de poils continue d’être transporté par le balancement dont elle ignore l’origine, la luminosité ambiante traverse par intermittence la fine peau de ses paupières encore fermées. Et ses sens se réveillent enfin : des bruits d’oiseau, la chaleur humide qui frôle ses narines, la sécheresse qui prend sa langue et ses parois buccales. Au beau milieu de son corps encore engourdi, une douleur lancinante fait son chemin : son avant-bras gauche, il la brûle presque. Sa peau gratte et des picotements l’assaillent tel des aiguillons plantés dans sa chair.

Pendant qu’elle essaie de cerner la nature de cette sensation, le son de voix qui se rapprochent agite ses oreilles. Avec elles, quelques pas lents et lourds font vibrer le plancher sur lequel la petite fauve est avachie. Ramenée à un niveau d’éveil suffisant, ses paupières s’entrouvrent pour lui laisser voir un paysage flou entrecoupé par ses cheveux qui passent devant : des barreaux noirs, des murets de bois, l’horizon qui tangue. Mais elle n’a pas le temps de comprendre dans quel cadre elle se situe. Les bruits vivants se rapprochant, l’atmosphère ambiante s’assombrit largement. Tous les muscles courbaturés de l’enfant se raidissent à l’appréhension de cette dernière. Elle se sent en danger, comme si une énergie sordide transperçait sa chaire, si bien qu’elle ne sait plus où est sa peau. Accompagnant cette perception étrange et terrifiante, la fumée d’une cigarette commence à lui picoter les naseaux. Malgré les signaux alarmants en provenance de son corps, elle ne réagit pas : ses membres ne lui répondent pas, encore perdus dans le brouillard et surtout paralysés par l’oppression de cette aura, comme si le moindre mouvement pouvait être fatal.

- Le ressort du répertoire comportemental de toute espèce, réside-t-il dans le génome de cette dernière ou dans le milieu auquel elle est confrontée ? La voix, monocorde, tranche ce qu’il restait de silence de par ses basses fréquences et fait frémir les oreilles de l’enfant. …Plus encore, quelle est notre marge de manœuvre, en tant qu’être vivant évoluant entre les murs montés par ces deux facteurs ? Un bout de cigarette encore fumante glisse lascivement d’une main parcourue de veines bleutées. …Que restera-t-il de ces félidés, en fin de compte ?

La petite boule de poils restée immobile entraperçoit sur sa droite, depuis ses yeux toujours à demi ouverts une grosse chaussure, noire et bien cirée, qui finit de tuer les braises de tabac sous sa semelle. Elle ne comprend rien de ce charabia mais le ton sombre de la voix la saisit au corps, sa fourrure tremble.

- Euh… Ahem. C’est précisément dans le but d’éclaircir cette question que nous avons pensé cette étude longitudinale, Oswald Sama. Répond une deuxième voix, plus claire et animée, après un silence presque religieux. D’ailleurs, soyez rassurés, la méthode est rigoureusement ficelée. Les sept sujets composant l’échantillon seront placés auprès de familles humaines et leur éducation sera assurée par les institutions déjà existantes sur le terrain. Nous avons d’ores et déjà prévu d’organiser des visites médicales tous les six mois dans le but de recueillir les données dont nous aurons besoin : mesures physiologiques, évaluation cognitive et observation naturaliste. Après avoir déblatéré ces paroles à une allure inconcevable, l’inconnu reprend son souffle pendant quelques secondes. Il reprend plus calmement et le ton de sa voix se teinte d’une certaine appréhension. A présent, le challenge réside dans l’apprivoisement de ces individus durant les dix à quinze mois de trajet jusqu’aux îles de Paradise. D’après nos calculs, ils s’éveilleront d’ici quatre heures, la substance hypnagogique utilisée lors de leur prélèvement ayant une demi-vie d’une heure et demie. Je vais donc devoir vous laisser, nous allons les déplacer en cellule individuelle avant leur éveil.


Silence et vent.

- A quelle date aurez-vous établi le rapport des premiers résultats obtenus ? Reprends la voix ténébreuse.

N’attendant pas la réponse de son interlocuteur, les chaussures noires soutenant le corps à l’origine de la voix caverneuse se déplacent lentement pour s’éloigner. Le cliquetis d’un briquet se fait entendre et l’odeur de cigarette reprend du service.

- Si tout se passe comme prévu, d’ici six à sept mois. Nous vous contacterons, Oswald Sama.

A mesure que la sinistre aura s’éloigne, l’empoigne qu’elle appliquait jusque-là sur le corps de la jeune féline se dissipe. L’esprit ainsi plus libéré, la douleur provenant de son avant-bras gauche attire à nouveau son attention. Elle porte lentement sa main droite à son niveau pour compresser sa peau et y sent des boursoufflures. Son regard se baisse dans la direction de la zone en question pour y découvrir deux symboles inscrits à l’encre noire dans sa chair. Ces symboles, elle ne les comprend pas : il s’agit des deux lettres « T. L. ». Cette vision la tend à nouveau, à la fois surprise et apeurée par l’incompréhension. A présent plus en possession de sa conscience, les questions se bousculent dans sa tête et le sentiment de danger grandit.

Un soupir.

Pendant que son corps continue de lui répondre au ralenti, les pas de l’individu à la voix aiguë se rapprochent de la petite bête. Le bruit du plancher qui grince est maintenant à quelques mètres d’elle et les effluves d’un parfum artificiel lui chatouillent le nez. Elle continue de regarder de loin son avant-bras, qu’elle a lâché. Et elle attend, en hypervigilance.

Cling, cling. Elle aperçoit le scintillement d’un trousseau de clefs à travers ses cils abaissés. Les extrémités de ses membres se crispent enfin, signalant un début de reprise de contrôle sur son corps. Et les battements de son cœur se font de plus en plus rapides.

Cric, crac. Les barreaux noirs qui se trouvaient tout autour d’elle s’élèvent, dans un grincement. Ils laissent passer les mocassins gris de l’individu qui s’avance avec assurance, jusqu’à se trouver à quelques centimètres à la droite de l’enfant fauve adossée contre la paroi de bois. Son souffle s’accélère, libérant son énergie vitale à travers tout son corps.
Alors qu’il se baisse au-dessus d’elle pour la saisir, faisant bouger ses poils de sa respiration parfumée, la tension monte dans les membres de la féline.

Tap…  

Les iris de la petite bête s’allument derrière ses paupières lorsque l’individu passe sa main dans son dos pour le décoller du bois. Il glisse ensuite ses mains sous ses aisselles et commence à la soulever du sol. Guidée par un élan de survie, elle prépare de son côté tous ses muscles à l’action. Une fois relevée à une hauteur suffisante, ses pieds s’ancrent dans le sol de bois dur. Et sa pupille se fend brusquement.

Ba-doum, ba-doum.


Nature vs Culture - T. L. [terminée] 20200914_231402


Une fraction de seconde plus tard, ses yeux rageusement ouverts et flamboyants se plongent dans ceux de l’individu qui la tient.  


BZZZZZZZZZZZ !



A peine l’homme au crâne dégarni a-t-il le temps de comprendre que son sujet d’expérience n’est plus endormi par le produit, qu’il se retrouve attaqué par une décharge électrique foudroyante. Cette décharge, elle provient de la douce fourrure de la petite bête qu’il tient, parcourue de lumière bleutée, si belle et pourtant si dangereuse. L’insidieuse électricité provoque le raidissement du corps de l’individu qui, contraint de lâcher la boule de poils, se retrouve paralysé en position debout, toujours derrière elle.

Sans perdre un instant, la petite bête continue de profiter de la fougue qui l’anime à nouveau pour se tirer de cette situation inconnue et qui ne l’inspire guère. Elle fléchit légèrement ses membres inférieurs et prend appui sur ses petits pieds nus pour bondir en se retournant par sa droite vers l’homme-statue. En vol, ses mains se contractent et chaque extrémité de ses doigts laisse apparaître ses griffes pointues. Se retrouvant maintenant face au visage ébahi de celui qui l’a intrusée sans le savoir, elle se réceptionne les quatre pattes sur son long torse chétif recouvert d’une chemise blanche. Les griffes de ses mains se plantent à travers le tissu dans le sternum de ce qui s’apparente désormais à sa proie et elle écarte fougueusement ses bras, laissant une paire de quatre sillons sanglants de part et d’autre de son buste.

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Pris par la douleur et la paralysie se dissipant, l’homme au crâne dégarni crie sa détresse.

- Lorenz San ?!! Alertés par le cri, un autre inconnu débarque par la gauche en galopant vers le lieu de tension.

Encore accroupie sur le thorax de l’homme qu’elle venait de scalper, la petite bête aperçoit les bras de celui-ci commencer à se refermer autour d’elle pour l’enserrer. Elle prend appui sur le buste rougi pour se propulser dans un salto arrière, juste avant que l’étreinte ne se rabatte sur elle. Depuis sa petite tête en plein vol, elle perçoit l’image inversée d’une grosse brute qui fonce vers elle, bras tendus pour l’attraper. L’étau se resserre et son cœur bat de plus en plus vite. Le feu monte en elle et elle est prête à tout déchiqueter sur son passage lorsqu’il sera près d’elle, ne se rendant pas compte que sa petite taille ne ferait pas le poids face au bourru. Alors qu’elle entame la redescente de son saut, les deux gros bras de l’inconnu frôlent sa fourrure.

SCHLING… CLAP !

Ce ne sont pas deux bras musclés qui se referment sur la petite bête mais les deux parties d’une boule à thé de sa taille, heurtant violemment sa tête dans la manœuvre.  Assommée, elle finit avachie contre l’une des parois grillagées, le souffle court. Alors qu’elle tente de résister au vrombissement qui assaille son esprit en raison du choc qu’elle a reçu, elle perçoit les flots bleus et scintillants de la mer défiler à une allure phénoménale sous ses yeux, à travers les mailles serrées du filet métallique. Rassemblant le peu de forces qui lui reste, elle lève sa crinière blanche en bataille. Et dans ses yeux s’éteignant progressivement, le reflet des deux inconnus qui continuent de s’agiter s’éloigne… Noir.



1521 – En mer, près des côtes de Water Seven






La nuit est claire et la voûte céleste parsemée de milliers d’étoiles pose son doux reflet sur les dunes d’eau sombre. Dans la tiédeur de l’atmosphère, le calme règne et seules les quelques vagues qui voyagent sur la mer endormie semblent avoir le droit de murmurer. L’astre de la nuit, parfaitement rond, surplombe cette étoffe veloutée qui s’étend à perte de vue. Eclairée par sa lumière nacrée, une petite barque de fortune vogue tranquillement en direction du rivage. De temps à autre, la silhouette de deux oreilles félines qui frémissent aux sons se dessine derrière la coque en bois, couronnée par celle d’une longue queue qui ondoie.


Nature vs Culture - T. L. [terminée] T9cu


Soupir

T. L., assise sur le plancher en bois de son embarcation, pose un instant les rames pour regarder ses mains. De fraîches éraflures, quelques contusions et des coupures. Elle les retourne pour en examiner le dos et constate que le tranchant de ses griffes continue de scintiller sous les gouttelettes vermeilles qui les recouvrent. Un mélange de sangs fraîchement écoulés, dont la vision tire immédiatement son esprit vers des flashs encore bien vivaces. Son cœur, qui commençait à reprendre son rythme habituel, s’accélère à cette réminiscence.

Quelle sensation…

Alors que l’adrénaline réinsuffle de l’ardeur dans les veines de son corps tout entier, la jeune féline passe sa main entre ses deux oreilles et frotte furieusement le sommet de son crâne ébouriffé, les yeux perdus dans ses productions mentales agitées.

Le bruit d’une de ses rames qui glisse vers l’eau la tire de sa frénésie dans un sursaut, avant qu’elle ne finisse de se plonger dans ses songes. Elle rattrape rapidement la tige de bois en laissant s’échapper un souffle navré.

C’est la troisième de fois, se dit-elle en tournant sa tête vers le large, dans son dos, pour regarder une dernière fois la coque d’un bateau qui finit d’être engloutie dans les profondeurs des flots légers. Il est temps pour elle de partir. Elle lève la tête pour plonger son regard dans celui de la lune, une symbiose temporaire. Et elle reprend les rames pour rejoindre les côtes de Water Seven.

La  jeune féline amarre près d’un grand rocher gris sur lequel elle s’empresse de grimper comme à son habitude depuis quelques mois. Ce rocher, elle ne l’oubliera jamais. C’est glorieusement juchée sur ce bloc de pierre qu’elle avait entrevu pour la première fois un début de réponse à ses questions sur ses origines. Durant toute sa petite vie, elle n’avait cessé de chercher à comprendre les raisons de son inadaptation. Pourquoi ? Pour quoi ? Et durant toute sa petite vie, on n’avait cessé de lui renvoyer des murs de silence. C’est ici-même, sur ce caillou interdit, que la mer lui avait répondu en un flash, déterrant tout un lot d’impressions visuelles et corporelles enfouies en elle depuis trop longtemps.

Ses mains au contact de la pierre tiède, elle se plonge un instant dans le souvenir de sa rencontre avec ce lieu reculé de l’île. Ce fameux rocher, elle l’avait découvert par une nuit tout aussi claire mais autrement plus froide que celle qu’elle est en train de traverser. Pendant que les foyers allumaient tour à tour leurs cheminées, T. L., du haut de ses 16 ans, avait enfin réussi à échapper à la vigilance de celui qui tentait de lui offrir une vie tranquille dans le Dock 1 jusqu’alors. Une vie de la captivité, surtout, pensait-elle. Petite, elle avait tant de fois tenté de bondir hors de ce quartier, portée par l’appât de la découverte. Poursuivant des insectes et des rats qui avaient attisé son appétit, elle s’élançait à travers les ruelles pavées, se faufilant parmi les machines fumantes, les coques de bateaux en construction et les outillages divers. Mais, elle était toujours rattrapée par l’un ou l’autre des charpentiers de marine qui vaquaient à leurs constructions dans le dock.

Où tu vas comme ça, la bestiole ? Si tu veux manger ce soir, va falloir arrêter de courir après les papillons ! Allez va, je te ramène vers Yatsuko.

Les voix de ces humains résonnent encore dans son esprit. Qu’est-ce que qu’ils voulaient dire ceux-là ? Elle n’avait jamais bien compris la logique derrière leurs paroles. Certes, il n’y avait pas beaucoup de gibier intéressant à se mettre sous la dent dans le dock, mais la petite bête ne saisissait pas en quoi fabriquer des bateaux était plus adapté pour se rassasier ! Durant ses jeunes années, elle s’était pliée sans plus de résistance que ça à ce genre de règles tacites qui semblaient guider la vie des personnes autour d’elle. Mais, au fil du temps, les incessantes réprimandes et les recadrages permanents avaient fini par attiser le feu qui sommeillait en elle. Les forces appliquées en permanence contre sa nature n’avaient fait qu’augmenter la pression, jusqu’au jaillissement inévitable de celle-ci. Pourquoi Yatsuko veut-il autant pas que d’ici je sorte ? De fait, en grandissant, la féline poussée par son désir de se découvrir véritablement et par l’intuition d’évoluer dans un mensonge, avait décidé d’aller voir l’extérieur qu’on lui interdisait. Elle avait exploré attentivement la configuration du Dock 1 pour se faufiler un chemin au dehors. Et c’est par ce fameux soir d’hiver qu’elle avait réussi à s’extirper hors du seul quartier qu’elle avait connu, en empruntant des routes bien à elle, qu’elle savait d’expérience impraticables pour les humains.

Les yeux perdus dans l’immense masse d’eau qu’est la mer, les vaguelettes sauvages qui la parcourent lui rappellent le sentiment de liberté qui l’avait envahie lorsqu’elle était parvenue à passer au-delà des murs du Dock 1 sans que personne ne la voit. Emportée par la fougue d’une nouvelle sensation, elle s’était mise à bondir droit devant elle, sans limite. Si vite, qu’elle n’avait même pas eu le temps de voir le paysage qui défilait autour de ses mèches blanches. Elle s’était ainsi retrouvée face à la mer, à l’autre bout de l’île, près d’une déchetterie nauséabonde et déserte la nuit. Pendant qu’elle s’était installée sur ledit rocher pour reprendre son souffle et profiter de sa découverte, une partie de sa vérité s’était offerte à elle. Et alors que les murs internes qu’elle avait vainement monté contre sa nature durant des années commençaient à s’effriter, elle avait décidé de revenir ici coûte que coûte dans le but de percer l’illusion.

La brise qui souffle dans ses cheveux la fait doucement revenir à elle et T. L. fronce ses sourcils, comme pour se discipliner. Trêve de rêveries, il faut y aller. Elle se relève en inspirant profondément et se tourne vers la fontaine géante au loin qui fait office de centre-ville.

Après avoir arpenté la déchetterie d’une démarche presque nonchalante, non sans ramener avec elle quelques débris dégoûtants, elle grimpe les hauts murs de pierre qui entourent le cœur de l’île avec une facilité déconcertante. Le tout sans perturber l’équilibre sonore des lieux : après tout, ce n’était pas la première fois qu’elle faisait ce trajet en fuyarde. Arrivée en haut de la forteresse, elle s’installe à quatre pattes pour se déplacer sur le pourtour de pierre du centre-ville.

La Fluvia Novada. Son regard se balade entre les vieilles pierres des bâtiments du centre et les canaux qui le parcourent. Les ruelles sont vides et pourtant, elles transpirent une vie que la jeune féline ne connaît pas, elle qui a toujours été recluse dans le Dock 1. Mais cette vie qu’elle devine, elle n’en veut pas non plus : rien n’attire sa chaire parmi les pavés, les boutiques cloisonnées et les toitures qui couvrent le ciel.

Au travers des vitrines qui défilent sous son regard désintéressé et peiné, elle aperçoit une foultitude de livres entassés dans des bibliothèques de bois. Ces derniers lui rappellent les vieux manuscrits que certains charpentiers du Dock 1 lui avaient ramenés à sa demande. Après s’être moqués d’elle bien sûr : Qu’est-ce que tu vas aller lire, la bestiole, toi qui sais même pas aligner deux phrases correctement ?. Et pourtant, c’étaient ces mêmes humains qui lui avaient conseillé de se cultiver. Effectivement, au début de son adolescence, T. L. avait commencé à exprimer un désir de changement de ses habitudes de vie. Au milieu de ses perpétuelles interrogations concernant le monde désolant qui l’entourait, elle évoquait le souhait de bousculer les règles du jeu qu’on lui imposait depuis ses plus lointains souvenirs. Elle se souvient des mouvements de recul de ses collègues lorsqu’elle en parlait, comme pour se protéger et se cloîtrer dans leurs principes. Tout de suite suivis de railleries : Pour changer le monde, il faut d’abord le connaître ! Commence par te cultiver, la bestiole !.

Elle avait ainsi suivi leurs fameux conseils et avait plongé son museau dans les pages poussiéreuses. Yatsuko, lui, ne faisait pas cas de cette nouvelle lubie puisque tout ce qui l’importait était que T. L. et lui restent bien protégés entre les murs du Dock 1. Les livres s’étaient donc amoncelés. Des ouvrages de littérature, des cartes, des manuscrits scolaires relatant l’histoire officielle de ce monde, des ouvrages en marge… Elle avait passé les derniers mois à tenter de comprendre l’univers dans lequel elle était immergée, des nuits durant. Et, il fallait bien se le dire, elle n’avait pas retenu grand-chose.

Bla, bla, bla…

Son aversion pour la diarrhée verbale ne s’en était retrouvée que grandie. D’ordinaire, un rien pouvait la distraire : lorsque ses yeux se posaient sur les lettres écrites, c’était encore pire. Les rares moments où elle était parvenue à se concentrer sur plus de deux pages, elle avait éprouvé un tel sentiment de colère qu’elle avait balancé les blocs de papier griffonné contre les murs.

Mais ça sert quoi de mettre des mots sur un papier pour dire rien !

Le problème n’était pas la compréhension de ce qu’elle lisait. Le problème, c’était qu’absolument rien ne faisait écho à sa façon de voir le monde, rien de ce qui était écrit ne traversait sa chaire assez profondément pour lui apporter une solution consistante à son problème. Du blabla, de l’égo et des élucubrations abstraites, c’était tout ce qu’elle voyait.

Un seul ouvrage avait retenu son attention. Il s’agissait de celui d’un dénommé B., La servitude volontaire. Il semblait avoir été écrit avec les tripes. Des sensations brutes, du sens concret, tout ce qu’il fallait à T. L. pour enfin se raccrocher à quelque chose de tangible. Et paradoxalement, les réflexions suscitées par ce livre l’avaient poussée à abandonner la recherche de connaissance.

« Le meilleur usage de toute chose, de toute énergie, de tout amour, est là où le besoin de cette force se sent le plus vivement »

Suite à la lecture de cette phrase, elle avait fermé les livres à tout jamais, convaincue que ce qu’elle cherchait, elle le trouverait à travers ses actions dans le réel.

AH !

Tellement happée par la rage qu’elle éprouvait à l’idée de reprendre son sort en main, T. L. ne s’était pas aperçue qu’elle flirtait dangereusement avec le vide. Heureusement, les réflexes de la féline lui avaient permis de se rattraper d’une main rapidement avant d’être emportée par les flots de l’un des canaux. Agacée par ses propres tendances, elle se relève avec agilité et reprend sa course sur le muret. Alors qu’elle termine de contourner le centre-ville, elle aperçoit à présent le Dock 1, dernier arrêt.

BON, allez vite !

Une fois les hauts murs entourant la cité dévalés à grande vitesse, T. L. grimpe ceux qui protègent le Dock 1. Elle longe les parois de pierre du quartier sali par le travail des charpentiers telle une ombre et entre enfin dans le grand hangar qui constitue son atelier personnel. Atelier qu’elle a pu acquérir il y a seulement 3 mois, après une dizaine d’années à pratiquer la charpenterie auprès de Yatsuko, dans le sien.

Yatsuko…

A l’évocation de ce prénom, la jeune féline replonge dans ses souvenirs. Des souvenirs doux-amers. Yatsuko Kelulu était un jeune charpentier, travailleur acharné, qui venait d’une île du Nouveau Monde inconnue de T. L.. Il avait décidé de quitter cette dernière afin de faire valoir ses talents indéniables pour la charpenterie à Water Seven. Dans cette entreprise, il espérait obtenir une « meilleure vie ». T. L. n’avait jamais compris ce qu’il entendait là-dessous et Yatsuko n’avait jamais parlé de son histoire.

Quoi qu’il en soit, les aspirations de ce jeune charpentier l’avaient mis sur la route de la toute jeune féline. Effectivement, alors qu’il traversait la mer, âgé de 18 ans, sur un bateau très sophistiqué qu’il avait lui-même mis au point, il avait avoisiné quelques instants un étrange galion. Sur le pont de ce dernier, il avait aperçu une petite boule de poils qui semblait en bien mauvaise posture, à la merci de deux hommes agités et bien décidés à la contenir. N’écoutant que son grand cœur et sans rien savoir du lien qui unissait les protagonistes de ce sinistre théâtre, il avait pris son courage à deux mains et avait décidé de tirer la petite bête de cette situation. Il avait sorti son « Bubble Tea », une sorte de bras articulé ultra-rapide et doté d’une boule grillagée à son extrémité, pour attraper T. L. alors qu’elle était en vol. Ni une ni deux, il avait ensuite appuyé sur le bouton d’urgence « Go Fast » de sa construction : un mécanisme de propulsion du bateau lui permettant de s’extraire à au moins 15 kilomètres du lieu initial.

T. L. esquisse un sourire nostalgique. Elle se souvient de l’excitation inaltérable qui animait son sauveur lorsqu’il lui expliquait comment il avait mis au point ce bateau légendaire et qu’il lui décrivait le fonctionnement de ses subtilités. Elle se remémore aussi toutes les fois où lui a raconté le long voyage d’un an qu’ils ont fait ensemble pour rejoindre Water Seven. Il en avait chié le pauvre Yatsuko ! T. L., dans les premiers temps de leur rencontre fortuite, était difficilement contrôlable du haut de ses 5 ans : habitée par la peur et la méfiance vis-à-vis de l’inconnu qui l’avait pourtant secourue, elle ne cessait de se débattre. Au fil du temps, elle avait fini par intégrer que Yatsuko ne lui voulait pas de mal et que pour survivre, elle allait bien devoir accepter son aide. La confiance s’était installée peu à peu entre les deux jeunes êtres, qui, complémentaires dans leurs compétences, s’aidaient mutuellement sur le bateau.

C’est tout naturellement qu’arrivés sur Water Seven, ils avaient continué leur route ensemble. Yatsuko avait été accepté sans difficulté au Dock 1, ayant fait une entrée remarquable sur le port de l’île avec sa magnifique caravelle. Sans plus attendre, un atelier personnel lui avait été donné pour qu’il puisse alimenter les navigateurs de ses constructions en tout genre. Et il avait su trouver des arguments de poids pour convaincre de la nécessité d’intégrer T. L. dans l’atelier sous sa tutelle en tant que petite main. Bien qu’encore jeune et indisciplinée, son corps était un atout indéniable pour la charpenterie : ses griffes acérées tranchaient les planches de bois rapidement et avec bien plus de finesse que les machines qu’ils possédaient sur le dock, ce qui permettait de tailler des pièces d’une grande précision, et sa fourrure électrisée fournissait l’alimentation nécessaire pour les machines.

T. L. marche dans son atelier jusqu’à un petit bureau et s’appuie sur la chaise qui l’accompagne en baissant la tête. Les années passées à charbonner auprès de Yatsuko n’avaient pas toujours été faciles. Malgré le lien fort qui les unissait en raison de leur périple, les divergences étaient nombreuses entre l’humain et la féline. C’est justement ce lien qui l’avait empêchée de voir la prison dorée pendant longtemps.

La servitude volontaire… pense-t-elle en silence.

Quoi de plus parlant pour décrire les années passées dans ce dock. Toujours happée par la vie autour d’elle, T. L. peinait à se contenir au travail que lui demandait Yatsuko. A force d’être soumise aux propres peurs du jeune homme, elle s’était pliée aux règles implicites qui le dirigeaient : Il faut travailler pour manger, il faut que tu finisses tes constructions pour avoir un toit sur ta tête !. Aussi, il lui interdisait toute sortie, en lui expliquant qu’elle était certainement recherchée par des agents de la Pègre pour avoir fui du galion d’où il l’avait tirée. Il craignait que ces derniers ne remontent jusqu’à lui et le privent de ce qu’il appelait sa liberté. La jeune féline n’avait aucun souvenir de cette période et s’était référée aux craintes du charpentier de renom, malgré son for intérieur qui la sommait doucement de fuir la cage.

La jeune féline pose un instant son regard vers son reflet naissant sur le miroir situé en face d’elle.

Je suis qui…

L’environnement autour d’elle regorgeait d’êtres dont l’apparence physique était bien différente de la sienne : pas d’oreilles sur la tête, des petits yeux, pas de griffes et surtout pas de fourrure et de queue. Pourquoi ? Jamais personne n’a su répondre à ses questions. Jusqu’à il y a encore quelques mois, elle était perdue dans l’immensité des possibilités. Et il n’y avait aucune ficelle qu’elle pouvait tirer pour amorcer une réponse. Jusqu’à cette fameuse nuit, où, s’échappant enfin du dock, elle avait vu d’autres êtres qui lui ressemblaient.

Avant que la fougue ne l’anime à nouveau à l’évocation de ce souvenir on ne peut plus fracassant, T. L. baisse à nouveau la tête et ferme ses yeux.

Elle se revoit sur son rocher libérateur, scrutant la mer éclairée par la pleine lune. Elle revoit ce bateau qui passe, tranquillement, presque calmement. Et dans ce tableau si paisible, elle aperçoit à nouveau les cages dans lesquelles étaient condamnés des êtres différents de tout ce qu’elle avait pu observer jusqu’alors : ils n’étaient pas comme elle, mais ils n’étaient pas humains non plus. Elle se rappelle de toutes les visions qui s’étaient alors bousculées dans son esprit à la perception de ce sombre tableau : des souvenirs, bien enfouis, mais pourtant toujours vivaces une fois déterrés. Elle se souvient qu’elle s’était alors vue derrière les barreaux, à leur place. Elle se rappelle que ces images s’étaient accompagnées d’un sentiment de danger imminent. Et que lui-même avait fait remonter à la surface une pulsion qu’elle pensait perdue. Cette pulsion, elle l’avait poussée à se lancer en direction de la prison maritime. Animée d’une force qui surpasse tout ce qu’elle avait connu, elle avait attaqué sans pitié l’embarcation et l’avait réduite en charpie après avoir détruit les cages qui enfermaient les êtres inconnus pour leur rendre leur liberté.

Elle rouvre ses yeux concentrés et souffle, toujours appuyée sur la chaise.

Alors, elle avait été capturée, la proie d’un autre. Il ne pouvait pas en être autrement, c’est ce que ses souvenirs retrouvés semblaient lui indiquer. Pourquoi ? Elle n’en savait rien, mais elle était désormais sûre d’avoir été arrachée à ses sources pour vivre en captivité, sous le contrôle d’un autre. C’est pour suivre ce début de réponse à ses questions qu’elle avait décidé de retourner régulièrement sur son lieu secret, espérant trouver de nouvelles informations. Des semaines à attendre. Et lors d’une nouvelle nuit de pleine lune, un bateau similaire s’était présenté. Et s’en était suivi la même rengaine que lors de sa première expédition. Cette fois-ci, les êtres enchaînés appartenaient à une espèce encore différente, toujours inconnue de T. L.. Espérant dénicher des indices lui permettant de remonter le fil de son histoire, elle avait fouillé de fond en comble le bateau avant de le faire couler. Mais rien. Absolument rien, hormis une veste bleue de navigateur pendue au porte-manteau de la cabine. Elle l’avait récupérée, faute de mieux.

T. L. serre ses mains sur la chaise et dévore des yeux le sang qui décore ses griffes.

Aujourd’hui, en cette nuit de pleine lune, elle avait pour la troisième fois fait face à un bateau similaire, qu’elle avait à une nouvelle reprise mis en pièce pour libérer les esclaves qui s’y trouvaient. Sauf que cette fois, parmi les têtes abasourdies qu’elle avait sorties des cages, elle avait reconnu l’un des êtres saugrenus qu’elle avait poussé à la liberté lors de sa dernière intervention. Et dans les yeux ébahis et attristés de la jeune féline s'était dessiné le reflet de l’être résigné qui lui faisait face.

Alors à rien ça sert !



C’est ce qu’elle s’était dit, brutalement. Mue par son propre vécu, par les sensations exhumées de sa chair, elle ne pouvait se résoudre à abandonner des êtres en cage, qui plus est des êtres lui ressemblant. La vision de l’un d’eux à nouveau derrière les barreaux, comme livré au seul sort que ce monde pouvait lui offrir, suscitait en elle autant d’interrogations que de rage. Et ce sentiment puissant l’avait poussée à prendre une décision radicale.

T. L. contourne la chaise sur laquelle elle s’appuyait pour s’asseoir lentement, ses iris dorées plongées dans le présent qui s’offre à elle. Puis, elle fixe le plateau du bureau sous ses coudes et y plante sa griffe.


Je serai pas la captive de tes peurs



Voilà le message qu’elle laisse à Yatsuko, en guise d’adieu. Une brèche dans le temps qui s’écoule vers sa destinée, elle prend quelques secondes pour revoir le visage de l’humain qui l’a sauvée d’une prison pour l’enfermer dans une autre, plus subtile, sans le savoir. La bonhomie transpirant de son regard, qui d’ordinaire la rassurait, lui déchire maintenant le cœur. Emplie d’apitoiement pour cet autre emprisonné par ses propres croyances, elle coupe le cordon avant qu’il ne soit trop tard.


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C’est inutile.  

Et la vision s’efface d’un trait.

Elle inspire profondément en rouvrant ses yeux enflammés et se redresse. Sa tête se tourne vers la patère au mur sur laquelle se trouve accrochée la fameuse veste de navigateur récupérée lors de sa deuxième mutinerie solitaire. D’un pas lent mais assuré, elle s’avance pour la décrocher et l’enfile avec empoigne. Après s’être vigoureusement gratté le sommet du crâne, elle balaye du regard la grande pièce qui constitue son atelier. Dans la pénombre, elle lève ses mèches ébouriffées pour fixer son regard sur la grande construction qui trône au milieu du hangar de bois. Une caravelle construite de ses griffes avec les restes des prisons maritimes qu’elle avait dépecées. Aujourd’hui, il était temps de s’en servir.

Partir.

Elle le sentait depuis tous les angles, sa place n’était pas ici. Il lui fallait quitter ces lieux, partir par-delà les mers pour remonter le fil jusqu’à la bobine. Quitte à la réduire à néant.
Après avoir scruté le haut de son bateau, prête à en découdre avec les flots qui l’appelle, elle amène doucement son avant-bras gauche sous ses yeux. Lentement, elle retrousse la manche de tissu bleu pour découvrir sa peau, qu’elle n’osait plus regarder jusqu’alors. Et d’un geste aussi doux que décidé, elle griffe méticuleusement sa chaire avec l’index de sa main droite pour y graver sa résilience.


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A partir de désormais, c’est moi qui la raconte l’histoire.

¤¤¤



« On peut abandonner son intégrité pour presque rien mais c’est tout ce que nous possédons réellement, tout ce qui nous reste à la fin. Et dans ce petit espace nous sommes libres. »



Calcifer
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Loca. :
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1.300.000.000 B
Berrys :
400.000.000 B

Feuille de personnage
Jauge d'intrigue personnelle:
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Calcifer
La Cible
posté le Jeu 17 Sep - 21:30




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Je me présente, Calcifer pour vous servir, grand modo du shogun de Molenbek.
Cela fait déjà un petit moment qu'on attendait ta présentation, et franchement tu n'as déçu personne.


Bon commençons si tu le permets.


Sur la forme, sincèrement c'est maîtrisé à la perfection. Très bien aérer, la lecture y est délicieuse et cristalline. J’apprécie notamment l'effort d'écriture qui sait rester cohérent, les descriptions du narrateurs sont étoffés mais lorsque l'on se retrouve dans les yeux de ton personnage, tout y est décrit simplement, presque de manière enfantine (comme lorsqu'elle pense à son mentor). Aucune faute est à notée, la copie est propre.
J'aimerais rajouter le fait que tu as toi même fait tes images et surtout que tu as composé une magnifique musique d'ambiance. Une vraie claque. Sur ce point, qui est la forme, tu m'as bluffé.




Pour ce qui est du fond par contre, c'est un tout autre niveau. On retrouve une vraie ambiance et tu transportes réellement le lecteur dans ton propre carnet. En toute sincérité j'avais l'impression de lire par dessus ton épaule ou même de lire le petit journal qui se trouve dans le troisième tiroir d'une commode. C'était très intime, et personnellement ça m'a énormément touché. Les efforts parsemés par ci par là m'ont vraiment chamboulés. Bon on va en arrêter là parce que ça va être trop.

Premièrement, l'intégration d'Oswald est superbe, discrète, nébuleuse, on sent une vraie tension. Son agencement est originale et évidente à la fois, ce qui donne une véritable crédibilité au récit. On tombe rapidement dans le flou et les questionnements fusent, pourquoi agit-il de la sorte ? Pourquoi des expériences sur le Minks ?

Deuxièmement, tu énonces un sujet, ici : La nature et la culture. Et tu t'y tiens, « Il faut travailler pour manger, il faut que tu finisses tes constructions pour avoir un toit sur ta tête ». Enfin je trouve que le thème est respecté, assez développé pour pouvoir vraiment influencer et polarisé T.L. Comment va-t-elle se retirer de cette jungle urbaine dont est issue les hommes ? Ses instincts la guideront-elle
Et c'est pareil pour la notion de Liberté que ça  soit avec « La Servitude volontaire » de B. qui pour de très bonne raisons est le premier livre qui puisse toucher ton personnage en plein cœur.
Rite initiatique en douceur au rythmes des vagues de Water qui se fracassent sur les chaines invisibles de la Mink. Tout y est. Un personnage unique, métier original, et un avenir brumeux. Ton personnage se rattache à notre univers et est impacté lourdement par celui ci, et je trouve que le huit clos est très bien choisis pour symboliser l'oppression de cet impact. C'est synthétique et en même temps tu nous donnes envie de suivre de près les pas de cette boule de poil.

Cependant ! Je tiens à dire que même si tu t'es énormément lâchée dans les divers descriptions tu as oublié de préciser comment TL a réussis à dégoté une relique aussi rare qu'est le livre de B. et je ne pèse pas mes mots. Je trouve cela très dommage car même si ça avait été superficiel, c'est la tâche d'encre sur une copie parfaite. Même si je saisis parfaitement l'utilité de le développé inRP montré où et comment aurait été le plus logique, que ça soit en l'espace d'une ligne ou deux. Parce que c'est la pierre angulaire du développement de T.L. sur le long terme (il me semble).



Tu es donc validée à 10 000 Dōrikis c'est avec plaisir et les bras ouverts que les rangs des révolutionnaires t’accueillent. Mais ce n'est pas tout, pour être issue d'une expérience sous-jacente dont le grand Wolfgang D. Oswald est l'investigateur et pour avoir gêner à de multiples reprises les transactions de réseaux d'esclavages de l'Underworld, tu hérites ainsi d'une contre-prime de 300.000.000 de berrys ! . Tu ferras gaffe à 6h du mat à bien tirer la chasse, les hommes de l'ombre frappent tôt. Ta Vivre Card va être générée, tu pourras donc poster à la suite (sous balise hide) les éléments à remplir afin qu'ils soient ajoutés.Félicitations !
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