Il n’était même pas passé 48 heures depuis l’événement. Les séquelles psychiques et physiques n’avaient pas encore eu le temps de cicatriser, bien sûr que non. L’agente se sentait toujours aussi faible, honteuse, et surtout, malade de ce qu’elle avait vu, et vécu. Son manque de force était un problème qu’elle allait devoir palier à tout prix. Elle se sentait nulle, seule, triste, elle était…
— Whoaaaa ! Ils ont une piscine ! Et un restaurant ! Et des jeux ! Du sport !!! — … — Ce serait cool qu’ils servent aussi du thé. J’en meurs d’envie.
Plus que tout, PsychAli était dépitée. Plus à cause de la gamine qu’elle devait se trimbaler sur le Vitamin Sea que des attentats. D’ailleurs, les bruits couraient autour des deux filles, qui se tenaient devant un kiosque du navire qui les avaient récupérées en pleine mer aux alentours de Star-Top Nation.
— C’est à nous ! Comment ça marche ? Les mouettes nous vendent leurs journaux ? — Les mouettes ne récupèrent que l’argent, et distribuent les journaux par paquets de vingt. Regarde.
PsychAli plongeait sa main droite dans sa poche puis lâcha les quelques pièces dans la sacoche de la mouette à la casquette, qui la remercia d’un hennissement aigu. Puis elle récupéra un journal de la pile avant de se séparer de la foule devant le kiosque. C’était simple, la destination du bateau était la même que deux ans auparavant. D’ailleurs, elle savait que son collègue de la dernière fois se trouvait également ici ; elle l’avait soigneusement évité le long du voyage, mais elle savait qu’il s’y trouvait.
Dans tous les cas, l’araignée décida de penser à autre chose : elle se dirigea vers un transat au bord de la piscine en plein air, et s’y installa, accompagnée de l’experte des bombes qui la suivait maintenant partout pour des raisons de sécurité. La couverture du journal faisait évidemment état de l’événement de la veille, l’attentat à Star-Top Nation, la mort du président de l’île, les dégâts allant jusqu’aux milliers de morts… L’article à l’intérieur faisait sans surprise référence aux deux contre-amiraux « héros » de la bataille, tandis qu’on mettait sur le dos de chacun des révolutionnaires de Kroptokine l’acte barbare perpétré la veille. Rien de nouveau sous les tropiques, donc.
Ce qui attisait la curiosité de PsychAli, cependant, c’était l’article parlant des nouvelles primes. Apparemment, un autre événement, plus timide, avait eu lieu sur Grand Line pour qu’une poignée de pirate voient leur primes augmentée ; certaines nouvelles têtes attiraient l’attention de PsychAli… Elles ne voyaient sur ces deux visages que des enfants, ou des adolescents.
— Seconde de la Divine Wrath hein… — Mille… Million… Milliard. 1 milliard ?! — Pardon ? — Cet enfant est primé à un milliard de berries ! Regarde ! — Non regarde bien, il y a écrit 130 millions.
PsychAli soupira et poussa légèrement Orca qui envahissait un peu trop facilement son espace vital ; puis elle observait la prime du fameux Calcifer… Image peu flatteur, pour commencer, elle ne put s’empêcher de ricaner à la tronche si innocente du garçon. Mais pour être primé à 130 millions de berries, il devait être un minimum dangereux. Il était apparemment le dernier survivant des Akai Tsubasa, possédait un fruit du démon assez puissant, et était en possession d’un objet dérobé au Gouvernement mondial. Pauvre petit.
— 8… 9… 10… Il y a bien dix chiffres ! Ca fait 1 milliard ! — …
PsychAli comptait bien les chiffres affichés sur la prime de l’enfant, une première fois. Puis une seconde fois. Une troisième fois… Et n’arrivait toujours pas à croire au résultat qu’elle posait. C’était sûrement une sorte de blague au mieux, au pire une erreur d’impression. En bonne chercheuse de la vérité, PsychAli se leva du transat puis s’approcha d’un jeune couple qui tenait le journal également, leur arracha des mains sans vraiment se préoccuper de leurs plaintes, et consulta la page des primes, dans l’espoir de tomber sur un nombre qui faisait sens.
— 1 milliard 130 millions… — Si on le capturait on pourrait donner tout cet argent à mon ami… — 1 milliard…
Les mains de PsychAli tenant le journal tremblaient, si bien qu’un son désagréable de papier branlant se faisait entendre dans tous les environs. Et sans même que l’agente ne le veuille vraiment, elle s’imaginait déjà des plans de capture du jeune garçon pirate, ayant actuellement l’équivalent de prime d’un second d’Empereur Pirate. C’était plus fort qu’elle : enfant ou non, innocent ou pas… Il s’agissait d’un milliard. Avant même de penser à la moralité d’une telle action, elle s’imaginait le nombre de sur-mesure qu’elle pouvait se payer avec autant d’agent. Elle pourrait même garder un peu d’argent pour investir dans la création d’une agence de détective, et même avec ça, elle garderait de quoi subvenir à ses besoins pour encore une année, ou deux.
— Le pauvre a intérêt à s’en sortir ; avec une prime pareille, tous les grands noms du Gouvernement, les chasseurs de primes les plus dangereux, et même les pirates intéressés par le nouvel ordre des Capitaine Corsaires seront intéressés à l’idée de le capturer. Dommage pour nous Orca, nous arriverons trop tard. — Dommage… — Mais s’il s’en sort… Il sera à nous.
L’agente prononçait ces mots plus pour elle-même qu’autre chose. Une sorte de rituel sans aucun sens qui n’avait aucune portée métaphysique ; elle se promettait néanmoins que si elle croisait la route du petit Calcifer, elle s’occuperait de lui personnellement.
____
Finalement, le voyage se déroulait sans grands encombres. Les jours passaient, PsychAli et Orca apprenaient à se connaître, tandis qu’elles croisaient quelque fois le chemin de Duncan ; les simples salutations froides d’Allie servaient surtout à montrer le manque de confiance énorme qu’elle mettait en son collègue. Dans tous les cas, ce n’était pas comme si elle était forcée de rester à ses côtés. Ils avaient juste la même destination. Organic City était une grande île, ils n’avaient pas à croiser leurs chemins tout du long.
C’était pour cela qu’une fois les pieds posés sur l’île, qu’elle reçut l’appel d’un de ses supérieurs du gouvernement lui ordonnait d’ouvrir l’œil à l’aide de son collègue archer, elle croyait ne pas en croire ses yeux. Ou ses oreilles. Sa manière d’appréhender la situation restait professionnelle cependant. Ils étaient sur le port, elle présentait rapidement Orca à son collègue en tant que simple « compagnon de voyage », puis elle se dirigea sans perdre de temps vers une planque de Vidéo, en attente de leurs prochains ordres.
Repos : nom masculin. Action concernant l’état d’une personne qui se repose, soit un arrêt d’activité ou d’action. Et dans cette définition, on pouvait y ajouter que c’est une chose qui était refusée à Duncan Flynn. Avec les évènements de Star-Top Nation, on pourrait croire qu’on accorderait aux survivants un peu de repos. Question de passer quelques jours avec ma famille, soigner mes blessures… Mais la vie d’agent du Cipher Pol n’était jamais reposante et on me l’avait bien fait comprendre. C’était à bord d’un navire que je reconnaissais, du nom de Vitamin Sea, que je reprenais la mer. Cette fois-ci, de façon beaucoup moins subtile que la première fois. Saigh était d’ailleurs bien heureux d’être à l’air libre, confortablement blottit dans mon manteau.
À ma grande surprise, les dernières journées avaient été très mouvementées. Le massacre de Star-Top Nation occupait une grande place dans les journaux, mais il y avait eu d’autres évènements qui s’étaient également produits. Les plus évidents étaient, bien entendu, les promotions données aux Contre-Amiraux Faust et Joey. Étant les héros de l’évènement, leur promotion était évidente selon moi. Mais plus étrange encore était les informations provenant de l’île d’Octogonia. Un nombre important de pirates avaient vus leurs primes augmenter drastiquement. Et pour moi, il y avait plusieurs cas qui m’intéressaient particulièrement. Par exemple, le cas des membres de la Divine Wrath. Kirie O. Raiju : 500 millions. Bakeneko D. Ikki: 200 millions. Natto: 150 millions. Dans tous les cas, je devrais passer quelques appelles et quelques messages par Den Den Mushi. Cette résurgence de la Divine méritait mon attention. Il serait peut-être temps de leur envoyer un petit message personnel…
Mais je garde mes préférés pour la fin. Siam Yudokuna, détentrice du Gura Gura no mi, à 400 millions de berrys. Un visage que je reconnaissais bien, ayant vu la jeune femme il y a quelques années. Je ne savais pas si elle possédait ce pouvoir lors de notre première rencontre, mais je me doutais qu’elle avait gardé ce secret aussi longtemps qu’il était humainement possible. Elle serait probablement ciblée par l’Underworld pour son pouvoir. Mais le clou du spectacle était un individu qui avait une prime si énorme qu’elle dépassait celle de l’ensemble de l’équipage de la Divine. 1.250.000.000 contre 1.300.000.000. Du nom de Calcifer, détenteur du Mera Mera no mi et ayant obtenu le grand prix d’un tournoi s’était déroulé à Octogonia. Le pauvre… Bientôt, il sera surnommé "Calcible" avec tous les pirates, marines, chasseurs de primes et hommes de l’Underworld qui seront à ses trousses.
Sinon, si je devais décrire le reste du voyage, je dirais qu’il a été très peu reposant. Sachant que je ne pouvais pas obtenir le réconfort que je désirais, je m’occupais principalement avec les nouvelles concernant ma prochaine mission. La suite d’une mission faite auparavant avec l’agente PsychAli. Celle-ci était d’ailleurs présente sur le navire, ayant probablement eu l’ordre également. Cependant, je pouvais sentir un énorme froid entre nous. Les seules fois que je l’ai croisée lors du périple, cette dernière me donnait des salutations qui ressemblaient presque à des accusations. Honnêtement, bien que je comprenne la raison derrière ses agissements, j’étais particulièrement agacé par les agissements de cette dernière. Son animosité était mal distribuée et je ne pense pas avoir mérité ce traitement. J’ai donc décidé de réduire mes rencontres avec l’agente au strict minimum, donc aucune si possible, et de ne pas mentionner de notre futur collaboration.
Ce qui était relativement cocasse lorsqu’elle recevait le message, quelques jours plus tard, alors que nous touchions la terre ferme. Appel qui confirmait que notre présence ici était liée à notre ancienne investigation et que la continuation de notre coopération dans cette affaire était requise. Chose que j’aurais particulièrement apprécié si ce n’était pas de la nouvelle attitude de l’Agente à mon égard. Pour l’heure, tout ce qui était travail sur le terrain lui revenait. Étant encore en condition peu optimale pour un travail physique, lié à mes blessures et à une certaine forme de notoriété que j’avais malheureusement contracté, il me faudrait quelques semaines pour revenir à pleine capacité. Alors qu’elle présentait son compagnon de voyage, je répondais d’une façon sans trop d’émotion. Si PsychAli désirait agir comme si elle ne me connaissait pas, je lui rendrais la pareille. Être de mauvaise foi était un jeu qui se joue à deux. La personne qui l’accompagnait semblait cependant beaucoup plus énergétique et agréable à parler. C’est pour cette unique raison que j’ai décidé de répondre aux froides salutations.
-Heureux de vous rencontrer, Orca. Je suis le Chef de division Duncan Flynn. Lors de ma convalescence, je serais occupé à refaire le classement de nombreuses archives que nous possédons, m’occuper de certaines communications inter agents et être le réceptacle de l’animosité que l’Agente PsychAli porte envers Joey Marciano, héros de Star-Top Nation. N'hésitez pas à communiquer avec moi si vous avez besoin d’information ou bien d’assistance. Toute communication est, tel que démontrer par ma collègue lors des derniers jours, optionnelle et vous n’êtes pas obliger d’interagir avec moi outre mesure. Je vous souhaite cependant une bonne journée et un agréable séjour sur l'île.
Je retournais donc à mes affaires alors que PsychAli et son invitée quittaient les lieux. Cependant, je pense être presque sûr et certain que nos contacts seraient maintenant très limités. Afficher presque publiquement son rôle dans le Cipher Pol (heureusement pour celle-ci, personne outre qu'Orca et elle pouvaient entendre mes mots), mettre l'emphase sur l'autorité conféré par mon grade techniquement supérieur au sien et faire la corrélation entre ses actions et la différence d’opinion qu’elle avait eue avec le futur Vice-Amiral Marciano. Plusieurs choses qui allaient profondément irriter la maudite de l’araignée. Si elle désirait de la formalité et me traiter comme un non-être, je pouvais lui rendre la pareille. Mais j’établissais clairement que je ne désirais plus interagir avec cette dernière outre-mesure, si son attitude ne changeait pas.
J’avais mieux à faire et elle aussi…
Codage par Libella sur Graphiorum, modifications par Duncan Flynn
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