La Neige et l'Or

Sea Fangs | Année 1518

— Ou..., avais-je commencé à répondre alors que la porte s'était ouverte sans attendre une quelconque autorisation. Ce n'est que très peu surprise que je découvrais la responsable d'une telle intrusion dans ma cabine. Une attitude qui ne m'étonnait guère venant de sa part. Avec un soupir, je lui faisais signe de refermer la porte alors qu'elle ne faisait preuve d'aucune patience et entamait hâtivement une conversation mettant en doute la stratégie adoptée. Myda, chère Myda, la jeunesse et la fougue dans la plus belle innocence. Elle n'était que peu expérimentée encore, ô il existait bien des domaines dans lesquels elle s'était avérée plus que satisfaisante, ceci dit, il en est d'autre où, hélas, elle n'est encore qu'au balbutiement de ses découvertes. J'eus le plaisir de l'avoir sous mon commandement à de nombreuses reprises, elle et son unité. Nous nous étions pas mal rapprochées, dépassant... quelques peu... du cadre professionnel, ceci dit, ce n'est ni plus, ni moins, qu'un détail qui n'as en rien sa place dans une mission telle que celle-ci. Son avis était bon à entendre, il est vrai. Un assaut de nuit est risqué également, notre visibilité s'en retrouvait amoindrie, handicapant de ce fait, notre portée, aussi bien des canons que celles de nos meilleurs tireurs. Toutefois, je n'étais pas complètement d'accord avec son point de vue.

— Myda, pour commencer, veuillez fermer cette porte. Ploc ~, avais-je alors commencer en premier lieu tandis que je m'étais adossé contre le dossier du fauteuil. Face à moi, sur le bureau, se trouvait un plan des environs, représentant plutôt la zone où nous nous trouvions à l'instant même. Un choix de placement purement stratégique. Cette île n'est autre que Sea Fangs. Une petite île dépourvue de population. Plusieurs fois, l'équipage de l'Espérance fut aperçu dans les eaux alentours, un détail pourrait-elle dire. Après tout, une île déserte, c'est un coin parfait pour des pirates, ce serait si facile si ce n'était que ça... Outre l'absence de population qui offre à ces truands, une planque pour les butins de divers pillages et favorise l'esclavagismes, l'île est entourée par une ceinture de récifs hormis à un endroit, point précis où nous nous situons, leur coupant donc toute fuite possible. S'ils nous avez vu, leur réaction ne se serait pas faite attendre. Plac ~, il est vrai, toutefois que c'était une manœuvre risquée. Leur bloquer la seule issue signifie aussi être sur leur trajectoire s'ils tentent quoique ce soit, ceci dit, ce ne sont que des pirates, esclavagistes de surcroît, enchaînant les petits pillages et, encore sur les Blues. Un présage me laissait croire que ce soir, tout irait pour le mieux.

C'est alors avec enthousiasme et, confiante, que je m'étais levée du fauteuil. J'enfilais alors la cape de Contre-Amiral, sur le dos de celle-ci se trouvait les Kanji du mot "Justice", un mot qui me tenait à coeur depuis bien des années. Il était temps de passer à l'acte, il était minuit, l'heure du crime. Sur le pont, les hommes étaient en rang, s'interrogeant sur l'absence des autres navires. L'absence désirée. Il était inutile d'exiger plus de navire que nécessaire. Pour une telle opération et, en raison du passage étroit du couloir de récif, je n'avais estimée qu'un seul bâtiment était requis. Mes pas étaient clairs et audibles dans le couloir menant jusque la salle de réunion, j'avançais entre les officiers tandis que je me tournais finalement. Pillages, meurtres, esclavagismes... ce ne sont-là, qu'une maigre partie des méfaits accomplis par l'Espérance, soldats. Ce soir, nous allons y mettre fin, il n'est pas question que de justice, il est question avant tout, d'humanité. Il est question, d'égalité. Des hommes et des femmes, comme vous et moi, sont à l'heure actuelle, pieds et poings liés, dans la calle de leur navire ou dans les grottes de l'île, nous ne repartirons pas d'ici sans eux. Me suis-je bien fais comprendre ? Ploc ~

Un but, un objectif, c'était là, la mission que je leur confiais, l'Espérance était notre cible, toutefois, le but premier était la libération des victimes asservies par Jefferson. Nous ne savions que peu de chose à son sujet, pour ne pas dire rien. Il n'a jamais été aperçu, ni lui, ni même les têtes d'affiches. Pourtant, nous étions là. Qu'importe que le Gouvernement Mondial cautionne l'esclavagisme, sur les papiers, j'étais présente pour arrêter des pirates, mais en réalité, je désirais plus que tout mettre fin à ce trafic d'humains qui n'a de cesse de me dégoûter encore et toujours. Les bras le long du corps, j'observais Myda, ma tendre Myda, aussi séduisante qu'inexpérimentée, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour elle, toutefois, la mission devait passer avant tout et, suite à ce tendre regard auquel elle eut droit durant un court laps de temps, mon visage se renfrognait, je me montrais dure, intransigeante et, c'est ce qu'il fallait être, alors que les officiers se retiraient pour préparer les hommes. L'assaut était imminent.

Précision(s):

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Sea Fangs | Année 1518

— Je ne mourrais pas ici ?,avais-je alors répété. Ils étaient ses mots, sa détermination : ne pas mourir ici. Ce sont vos mots... Lieutenant ?, feinter l'incompréhension était stupide, mais c'était là, une solution pour lui permettre de revenir sur ses dires. Utopie et naïveté, cette audacieuse ne reviendrait pas sur ses paroles si facilement, je savais bien qu'elle avait été franche et qu'elle pensait pleinement ce qu'elle venait de dire, mais moi, comment étais-je censé réagir à cela ? Céder ? Accepter ses propos ? Approuver son insubordination flagrante ? Cela m'était infaisable, malheureusement. Nous n'étions pas dans une chambre, nous étions loin de cette intimité à l'heure actuelle. Il n'était plus question de passion ou de sentimentalisme. Mesurez vos parole, Lieutenant ! Je ne reviendrai en rien, sur ma décision, à l'heure actuelle, je suis votre supérieure et, l'insubordination est un acte que l'on paie chèrement ! De plus, sachez qu'il n'existe pas de plus grand honneur, que celui de mourir pour la liberté, montrez vous digne Lieutenant Myda !, mourir pour la liberté, la liberté était un idéal bien brave et j'en avais toujours été consciente. La liberté de soit, d'autrui, celle d'agir et de penser, alors oui, s'il le fallait, je perdrais la vie pour secourir les victimes de Jefferson !

Pourtant, de la culpabilité, j'en avais, les propos de Myda était peut-être plausible, le pari était risqué et, je faisais peut-être une erreur en usant d'une telle stratégie contre l'Espérance, alors oui, peut-être avais-je été dure avec elle. Ma main droite venait alors frotter mon front, la tête penchée, je ressentais une certaine hésitation quant à mes paroles vis-à-vis de l'audacieuse Lieutenant. Elle ne pensait probablement pas à mal et escomptée très certainement communiqué avec celle qui l'enlaçait quelques temps plus tôt, comment pouvais-je lui en vouloir, de ne pas encore avoir comprise quelle personne j'étais ? De tout temps, à mes yeux, la mission passait avant toute chose, seul l'objectif était important. Il se devait d'être atteint et ce, quel qu'en soit le risque et les pré-requis. Alors que je me rapprochais d'elle, ma main venait à se déposer sur sa chevelure douce. Je la poussais doucement à venir contre moi tandis que je l'enlaçais tendrement, mon menton posé sur son épaule tandis qu'un silence apaisant s'instaurer lentement.

— Tu ne mourras pas, pas ici. Ploc ~, murmurais-je à son oreille, non, elle ne mourrait pas là, je tenais bien trop à elle pour voir son existence s'éteindre aujourd'hui et, elle le savait très probablement. Je ne pouvais hélas, pas lui garantir que personne ne mourrait cette nuit, ce serait un vil mensonge, mais je pouvais bien lui assurer qu'à l'aube, elle serait encore vivante et, tandis que les minutes défilaient, je la relâchais. Il n'était plus l'heure de s'éterniser en délicatesse. Si elle voulait vivre, il lui fallait se battre, se battre comme elle sait si bien le faire. Se battre pour réussir, se battre pour rester debout ! Comme nous tous, parce-que tel est notre rôle. Si la Marine commençait à poser genoux à terre face à des pirates, alors qui assurerait la protection des innocents ? Qui mettrait en déroute les forbans des mers ? Rendez moi fière, Lieutenant Myda, oui, je le demandais, qu'elle me rende fière d'elle tandis que j'ouvrais la porte, il était l'heure, l'heure, d'ouvrir les grilles de ces pauvres oiseaux !

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— Tu sais Stella... je m'ennui ici..., Stella, qui était Stella ? Seul cet enfant semblait le savoir, seul cet enfant, semblait comprendre. Un enfant, innocent, encore pur, qui hélas, n'avait pas été épargné par la dure réalité de la vie. Regarde le Stella, il semblait t'appeler, il semblait tout bonnement, compter sur toi. Pourtant, il était là, seul, recroquevillé sur un sol aussi confortable que les cellules d'Impel Down elles-mêmes. Emprisonné par des barreaux d'un froid aussi frappant que le Niflheim. Dis Stella... tu pourrais répondre quand-même hein, à entendre cette pauvre petite chose, l'on pourrait croire qu'il insinuait que tu étais auprès de lui, chère Stella, pourtant, il n'y avait rien. Rien d'autre que lui, lui et sa triste solitude, lui et, sa tourmente, sa simple punition pour être né. Epié, observé. Dans l'ombre, le vautour guettait. Il semblait là depuis des heures, des jours, à scruter le moindre signe de faiblesse, la moindre faille dans laquelle ce cruel être pourrait s'engouffrer dans l'objectif de s'immiscer au plus profond de cette âme encore intacte, vierge de tout crime. De toute impureté. Le pauvre enfant ne se doutait que trop bien de ce qui l'attendait. Il avait pu voir ses compagnons d'infortunes faiblir, faillir et... servir. Il avait pu voir ses camarades subir et obéir sans rechigner, perdre toute volonté. Pourtant, ce pauvre garçon n'avait pas envie d'oublier ses rêves. Qu'importe la teneur de ceux-ci, il semblait y tenir autant qu'à sa propre vie, pourtant, il restait lucide. Inconsciemment, il savait bien qu'il finirait par céder un jour. La raison qui poussait ce petit à t'appeler, chère Stella, c'était l'instinct de survie en vérité. Existait tu pour autant ? Pourquoi n'existerait-tu pas ? En soit, l'imagination d'un enfant est pleine de vérité, alors au-fond, sans doute existait-tu, mais ce pauvre garçon...

— Mon pauvre crapaud, il pouvait l'entendre, la voix de ce vautour qui s'adressait à lui. Il comprenait bien ce que cela signifiait. La lutte allait débuter, elle allait commencer alors même qu'il espérait tant y échapper. Cesse de geindre, ici, personne ne viendra, personne, c'est là, la vérité que lui annonçait le vautour en sortant de l'ombre. Droite, confiante et, en rien rassurante. La géôlière de l'Espérance venait de trouver la faille de cette pauvre petite chose.

— Je serais libre !, essayait-il de se convaincre lui ? Ou bien de prononcer une prophétie ? Qui sait, par un miracle du ciel, une clémence du destin, peut-être avait-il raison. Ceci dit, à l'heure actuelle, la liberté lui semblait bien hors-de-portée, inaccessible pour ses petites mains si abîmées.
— Si mignon. J'aime voir cet espoir dans ton regard, l'espoir, c'est ce qu'Harriet aimait briser, pourtant, il fallait que cette chose en garde un peu. Qu'il se dise qu'en obéissant, il pourrait gagner une place à bord de l'Espérance, être plus qu'un esclave, voyager, certes, dans de bien pauvres conditions, mais obtenir ce privilège, comme les autres. Ceux qui ont courbé l'échine devant le Maître. Son dressage, commençait alors ce soir, bien loin était-il de se douter qu'un possible miracle était sur le point de se produire...

Qu'aurai-je pu lui dire ? Myda était à mes yeux, un être cher, elle qui avait été là alors que ce sombre idiot m'avait abandonné. Il n'était sûrement pas question d'une relation durable, mais, je voyais en elle bien plus qu'une amie. Bien plus qu'une simple subordonnée. Il est vrai que je m'efforçais de ne pas faire entre mes sentiments en compte lors d'une mission, alors... pourquoi venais-je de le faire à l'instant même ? J'avais refusé d'entendre ses explications, j'avais agis avec elle avec une fermeté que je me reprochais désormais. Revenir en arrière et m'en excuser serait probablement une chose convenable, mais dans une telle situation, il en allait de mon poste au sein de ce navire, au sein de la Marine. Ma prise de décision se devait d'être suivie. Une main sur le front. Sous ce ciel étoilé, je grimpais à mon tour sur le pont après quelques minutes durant lesquelles les préparations furent achevées. Un demi-milliers de soldats, au-fond, je ne pensais pas avoir besoin de plus. L'équipage de l'Espérance s'élève à une petite centaine, au pire, ce chiffre pourrait se voir doubler, mais le reste des personnes à bord étaient réduits à l'esclavages par ceux-ci et, il ne me faisait aucun doute qu'ils se battraient à nos côtés pour acquérir leur liberté si chèrement perdue.

— Soldats..., debout sur la rembarde du bâtiment gouvernemental, dos à mes troupes, la cape sur le dos, il était temps, oui, l'heure avait sonnée. Pour la liberté, pour l'égalité, ALLONS BRISER LEURS CHAÎNES ! Ploc ~, oui, l'heure était venue pour ces démons de payer leurs dettes. Il était temps de piétiner ces chaînes ! C'est sans aucune hésitation que je sautais vers la terre ferme. La mise en marche fut instantanée. Les troupes ne tardèrent pas à rejoindre le mouvement avec un enthousiasme et une détermination stupéfiante.

— Lieutenant Myda, lancez l'assaut par l'Ouest avec la moitié des effectifs, les autres, avec moi par l'Est ! Plic ~, un assaut en deux fronts me semblait à cette époque un plan formidable. Je ne savais alors pas encore que sous-estimer l'Espérance me causerait bien des torts...