De la rage. De l'injustice. Du dégout. De l'indignation. Ce sont les sentiments que Raeliana avait sentit monter en elle à la vue de ce terrible spectacle. De ce pauvre homme, traîné à travers la ville comme un trophée puis exposé sur une estrade alors qu'on le décrivait comme un danger pour la société. Un homme qui n'avait fait que construire un navire pour quelques révolutionnaires, sans jamais frapper quelqu'un. En était-il de même pour le cuisinier qui nourrissait tout opposant du gouvernement ? Bien sûr que non. Tout cela n'était qu'une excuse afin de dissuader les gens ne serait-ce qu'entrer en contact avec toute personne épinglée par la marine. Johnny B. Goudi ne servait que d'avertissement pour les habitants. Un pauvre sacrifié pour la "cause" du gouvernement, pour resserrer leur emprise autour de la gorge de la liberté. Ce n'était même pas la mort qui planait comme un ombre au dessus de l'homme mais un sort bien pire : L'esclavage. La négation de tout ses droits humains pour atteindre le statut de simple objet. "nous avons choisi que chacune de ses missions soient destinées à servir le gouvernement !". Quel foutage de gueule. Dissimulée dans l'ombre, le poing de la demoiselle s'était serré jusqu'à en faire blanchir ses phalanges puis elle avait disparu, sans laisser de trace derrière, comme si elle n'était qu'un fantôme.

Les quelques jours qui suivirent cette scène, la demoiselle les passa dans les recoins sombres de la ville, à concentrer sa rage sur une seule et même chose : accomplir son devoir en sauvant Johnny de l'avenir qui l'attendait. Des jours à planifier le moindre détail, à récupérer les précieuses informations liées au transfère du pauvre homme. On lui avait proposé de réaliser cette mission seule et elle avait accepté. La blonde ne pouvait pas se permettre de laisser un possible traître vendre la mèche et tout faire capoter. C'était donc la meilleure chose à faire. Un itinéraire avait donc été défini, des soldats, au nombre de 3 ainsi qu'un 4ème, nommé au grade de lieutenant. Shinji Nakata ... Un nom déjà croisé à plusieurs reprises à travers la lecture de dossiers chapardés ici et là. Une seule pensée lui montait en tête "Et merde". Cela ne fut néanmoins pas assez pour la décourager et ainsi, son plan fut monté.

Le jour du transfert était rapidement arrivé. Comme prévu, l'artisan était gardé par les 3 soldats qui marchaient d'un pas déterminé vers leur destination, ne laissant aucune possibilité de fuite à celui-ci. En face, le fameux lieutenant, vêtu de son veston, fier comme un coq, tenant la vie du prisonnier dans sa main, à travers cette dégoutant chaîne. Raeliana était postée non-loin de là, en hauteur, perdue dans le dédale de bâtiments en roche de la ville, son arme équipée d'un silencieux pour garder l'effet de surprise. Son champs de vision, dans ce décors, était particulièrement limité et pourtant, elle ne tremblait pas. Non. Dans son viseur, se dessinait le petit convoi. La vue de l'acier autour du cou de l'homme lui rappelait des mauvais souvenirs mais sa respiration restait calme. Son viseur se posait lentement sur la main du gradé qui tenait la chaîne. Une longue inspiration, l'air remplissant ses poumons et enfin, son doigt pressa la détente. Une première balle fila, comme l'éclair pour faire lâcher prise de balafré.

La fumée eut à peine le temps de s'élever du canon qu'une seconde balle avait été chargée et repartait à la même vitesse que la première, cette fois en direction du collier qui maintenait docile le pauvre Johnny. La balle était tirée de manière à légèrement rebondit en contact avec l'acier, assez pour le briser sans blesser l'homme à la coiffure banane, bien que celui-ci aurait sans doute plutôt mal à cause du choc et s'en sortirait avec un bel hématome.

Enfin, elle expire, rechargeant son arme en un instant, prête à tirer en fonction des agissements de ses adversaires face à cette soudaine attaque semblant venue de nulle part, comme le jugement d'un esprit empli de rage un peu comme ... Un diable ? Oui, sans doute.  

La cible du premier projectile avait eu le temps de réagir. Surprenant, Raeliana devait bien l'avouer. Rares étaient ceux qui avait les capacités de sentir la menace venir et les réflexes à la fois. Malheureusement, cela n'avait pas suffit pour éviter l'attaque. La balle était donc venue se loger dans le biceps de l'homme, produisant à l'impact ce bruit caractéristique de la chaire transpercée, qui tentait d'absorber le choc au maximum.

Le second projectile quant à lui, avait également atteint ca cible. Dans son viseur, la blonde avait put observer avec une certaine satisfaction le collier d'acier chuter au sol. Malheureusement, atteindre la cible ne voulait pas dire atteindre son objectif. Le but de ses actions étaient de libérer l'artisan injustement condamné mais le militaire, bien que blessé, semblait bien décidé à lui mettre des bâtons dans les roues. Sans laisser de temps pour réagir au prisonnier, il n'avait pas hésité à lui asséner un violent coup à l'estomac, le faisant sombrer dans l'inconscience avant d'user de celui-ci comme un bouclier humain. "Tch." fut le seul son qui passa la barrière des lèvres de la demoiselle à cette vue.

Les trois autres soldats avaient prit leurs jambes à leurs cou, entraînant avec eux une horde de civils paniqués par la vue du sang qui s'écoulait maintenant de la blessure du bicolore. Une foule qui alerterait rapidement les autorités de l'île et pourtant, la blonde ne comptait pas partir tant que l'esclave ne retrouve son statut d'homme libre. Ce n'est donc pas les paroles du balafré qui lui ferait renoncer. Pour l'instant, le combat était à distance et Raeliana gardait un avantage. Avantage qu'elle devait user pendant qu'elle en avait encore le temps.

Ainsi, dans un geste fluide, elle avait retiré la munition chargée dans son arme, la remplaçant par une nouvelle. Une balle, d'apparence similaire, simplement marqué d'un minuscule point rouge à la base qui se trouvait jusqu'ici dans une des nombreuses petites sacoches de la demoiselle. Une balle qui lui permettrait de déstabiliser encore plus l'homme avant qu'elle ne se rapproche enfin. De nouveau, une inspiration, profonde et son doigt qui presse la détente sans la moindre hésitation.

Ralentissons le temps, juste un instant. La balle s'élance dans les airs, à travers la distance non-négligeable qui sépare les deux combattants. Enfin, elle entre dans la zone du lieutenant et ... Le rate ? Visiblement oui. La balle longe la hanche droite de celui-ci, le ratant d'un centimètre à peine. La pointe de la munition d'acier entra en contact avec le sol, dur et terreux de la ville et soudain, une explosion, violente, soufflant alors avec force dans le dos du militaire. L'œil du diable ne rate pas si facilement ses tirs.

Retour à notre bonne et vieille temporalité ... Le tir avait été calculé et si Shinji avait cru pouvoir se protéger derrière l'artisan, il se rendait compte que cela avait été bien naïf de sa part. Si les flammes de l'explosion n'avait sans doute pas d'impact sur lui, la force de l'explosion avait de quoi le faire chuter et lâcher son otage. Le risque avait été pris de blesser Johnny mais un peu de douleur physique n'était rien face à une vie de servitude, pas vrai
?

L'explosion avait à peine retentit que déjà, la révolutionnaire s'était redressée pour courir de toit en toit et changer d'angle et se rapprocher un peu. Sa silhouette féline se fondait dans l'ombre des bâtiments, les muscles tendus comme la corde d'un arc afin de réagir à la moindre menace. Raeliana était consciente de l'écart de niveau entre elle et le lieutenant à la morale si facilement achetable. C'est pour cette raison qu'elle ne le prenait pas à la légère et cherchait à régler la situation au plus vite, au risque d'être rapidement débordée par l'arrivée des renforts de celui-ci. Elle ne pouvait pas se permettre d'échouer. Non. C'était bien plus qu'une question d'honneur. C'était une question d'humanité.

Tout en bondissant de toit en toit, la demoiselle avait observé les réactions de son adversaire et ses choix quant à la situation qui se présentait à lui. Comme escompté, l'explosion avait entrainé des dégâts non-négligeable sur le corps de celui-ci, bien qu'il avait échappé à la déflagration. Son bras avait été touché et ses vêtements avait souffert, dévoilant la partie droite de son corps. Quant à Goudi, bien que toujours inconscient, il s'en sortait bien. L'angle de tir avait fortement diminué les risques de blessures de celui-ci et l'intervention du marine avait également aidé à le mettre totalement hors de danger. Pourquoi avait-il agit de cette manière ? Pitié ? Non, ce n'était pas ça. À travers ses actions et ses mots, Raeliana percevait la volonté du soldat de respecter à la lettre la sentence, bien qu'injuste, émise par le gouvernement. Dans cette même logique, le bicolore avait mit le captif à l'abris, au cœur d'une ruelle avant de lui crier : "Cet homme est destiné à être puni, mais néanmoins pas à mourir, je t'empêcherai de porter atteinte à sa vie". Oh. Il pensait donc qu'elle était là pour avoir la peau de l'artisan ? En tout cas, il semblait être déterminé à lui sauver la peau. Elle y voyait l'occasion de le manipuler pour atteindre son objectif. Portant une main à sa ceinture, la demoiselle avait sortit son escargophone pour transmettre un seul et unique message, murmuré afin qu'il n'atteigne pas les oreilles de son ennemi.

Celui-ci avait profité de cet instant pour se rapprocher de la tireuse, de quelques bons, arrivant donc à la même hauteur que celle-ci. À présent, leur terrain de jeu ne serait plus les rues mais bel et bien les toits poussiéreux. Un terrain où l'avantage de la blonde serait diminué, néanmoins, cela ne voulait pas dire qu'elle reculerait face à lui. L'adrénaline pulsa de nouveau au cœur de ses veines. Elle rangea son fusil de précision dans son dos pour attraper les deux armes accrochées au harnais qui englobait ses épaules dans une prise sûre. C'était le moment de foncer et de gagner du temps. L'arme de droite se pointa en direction du lieutenant tandis que la seconde pointait une direction à 90° de la première. Les deux tirs résonnèrent en même temps. Le premier fonça droit sur le militaire tandis que le second vint taper dans un tas de plaque en métal abandonné à leur sort sur le toit, créant alors un terrible bouquant aux sonorités particulièrement dérangeantes. La parfaite diversion pour que la jeune femme en profite pour sortir de sa cachette et réduire la distance entre elle et le militaire. Son sens du goût revint à la normal, tout comme sa vue et d’un coup vif, elle vint frapper de son coude entre les omoplates de l’homme. Un coup avec de la force physique mais aucun haki. Un coup qui n’avait aucune chance de causer des dégâts à l’adversaire, à moins que ... Alors que son coup touchait le dos du jeune homme et que leurs peaux entraient en contact, Raeliana activa son fruit du démon. De nouveau, son goût disparait mais cette fois, ce n’est pas un de ses sens qui s’altère mais bien celui de son adversaire. En effet, en sacrifiant son goût, la jeune femme avait retiré à Shinji son ouïe. S’il avait réussi à esquiver ses projectiles, c’était grâce à cela après tout.

Ayant réussi son coup, la jolie révolutionnaire sauta en arrière pour essayer de mettre à nouveau de la distance entre elle et son adversaire, bien que prenant le risque de se prendre un coup après s’être autant approchée. Elle restait néanmoins prête à se défendre, pointant déjà son arme gauche sur le lieutenant. Entre ses lèvres, semblant maintenant muette pour celui-ci, elle murmura.

- Pour la liberté.

Oui, elle devait le combattre, pour que Goudi regagne sa liberté, son statut d'être humain. Son regard ambré laissait transparaître sa détermination. Un regard digne de l'oeil du diable.

La blonde n'avait rien put faire lorsque la main du militaire avait foncé droit vers sa gorge pour l'agripper. La poigne autour de celle-ci était non négligeable et empêchait l'air de circuler de manière normale, sans pour autant l'asphyxier. Le plus surprenant fut l'expression dessinée sur le visage du lieutenant. Aucune rage n'était présente dans ses traits, seule une sorte de tristesse pouvait y être perçue. Néanmoins, la demoiselle n'eut pas le temps de s'attarder sur cette vision car le retour juste de ses coups ne tarda pas. En effet, le militaire la projeta contre le sol, le bras recouvert de haki. Le sol céda sous la force du coups et ainsi, les deux jeunes gens traversèrent le bâtiment de haut en bas pour finalement s'écraser au rez-de-chaussée.

Les dégâts infligés à la demoiselle étaient conséquents. La différence entre leur force était visible mais assez basse pour permettre à la révolutionnaire de reprendre le dessus. Un filet carmin s'écoulait de son front, entaillé par un des débris et elle avait sans doute une épaule démise. Pourtant, cela ne fut pas suffisant pour éteindre la détermination qui brulait au fond d'elle-même. Réagissant au quart de tour, Elle bougea les bras de manières à esquiver le pied du bicolore qui avait pour objectif de lui briser les doigts, supportant en contre-coups la douleur de ses articulations ayant encaissé la soudaine descente des étages.

Alors que Shinji lui balançait sa disquette, comme s'il l'avait apprit par cœur, un sourire vint étirer les lèvres de la belle. Pas question de ne montrer la moindre panique devant la marine. Et bien qu'elle le savait sourd, elle répliqua.

- Une vie de servitude n'est pas une véritable vie mais qu'est-ce que tu peux en savoir après tout ?

Dans un geste fluide, elle arriva à atteindre l'une de ses armes à feu attachée à son harnais et en colla le canon à quelques centimètres de l'épaule de son ennemi qui était à portée, cachant son geste derrière le bras de celui-ci, plus imposant que le sien et ce, pour exploiter sa perte d'audition. La balle se recouvrit immédiatement de haki avant de partir dans un bruit de détonation malheureusement inaudible pour le pauvre gradé. Une balle qui permettrait au minimum à la tireuse d'échapper à la prise du jeune homme sur sa gorge. Dès qu'il avait desserré ne serait-ce qu'un peu la force de sa main, la demoiselle avait poussé celle-ci avant de rouler sur le côté pour se redresser tout en prenant ses distances. Cette manœuvre lui fit échapper un petit couinement de douleur et soudain, la demoiselle vint se projeter d'elle-même contre le mur, faisant résonner un Crac correspondant à sa propre épaule se remettant en place avec une certaine violence mais efficacité.



Le sang continuait de s'écoulait lentement le long de son visage de poupée, laissant sur son passage de grandes trainées de rouge. Les perles d'hémoglobines roulaient le long de ses lèvres, puis de son menton pour finir par s'écraser au sol dans un Plic-Ploc échappant à l'homme qui se retrouvait coupé du monde sonore.



Il lui fallait gagner encore du temps. La personne qu'elle avait contacté ne devrait pas tarder à faire son entrée en scène. Son regard doré examina les décombres du bâtiments et rapidement, ses deux pistolets reprirent du service. L'un pointé directement sur le lieutenant tandis que l'autre visait le ciel. Son doigt pressa la détente. La première balle fonça vers le poumon droit de l'homme tandis que l'autre visait à faire briser une planche qui retenait un lot d'affaires qui tomberaient directement sur le soldat s'il tentait d'esquiver la première balle par la gauche. Sans attendre, la blonde avait reprit son mouvement, ne préférant pas retomber entre les mains de son adversaire. Après tout, elle avait eu de la chance de pouvoir se libérer et cette astuce ne marcherait pas deux fois.

Les deux combattants redoublaient d'effort pour mettre au tapis l'autre et leur affrontement était des plus serré, il faillait bien l'avouer. Ni l'un ni l'autre n'arrivait à prendre définitivement l'avantage sur la situation et les coups reçus avaient fragilisé leurs forces. Plus le temps passait et plus ils auraient du mal à être compétents. Le militaire l'avait sans doute compris car, dès lors qu'il esquiva les tirs de la blonde, il fonça, usant de sa force pour défoncer le mur qui se trouvait derrière celle-ci dans un fracas des plus impressionnants. La jeune femme, grâce à sa vivacité, avait réussi à esquiver, de peu. Elle avait alors vu les éclats de mur frôler son visage, projetés par la force du coup asséné par le bicolore. Il lui fallut néanmoins une seconde pour se reprendre en main. Une seconde qui fut suffisante pour que celui-ci prenne la fuite ou plutôt, pour qu'il change sa tactique. Oui, Raeliana avait immédiatement compris où courait le militaire mais alors qu'elle s'apprêtait à se lancer à sa suite, le "bblblblblb" de son escargophone se mit à retentir. Elle se hâta donc de décrocher et la voix de son invité résonna, la tenant alors au courant de l'arrivée d'un nouveau gradé dans cet histoire ... Un homme dont la présence était bien plus inquiétante que celle de Shinji et qui allait la forcer à changer sa stratégie, elle aussi.



La rage au ventre, la demoiselle se redressa et se dépêcha de sortir du bâtiment dont l'état était loin d'être parfait puis elle fonça, retrouvant les hauteurs des toits tandis que dans son esprit, les possibles plans fusaient aussi rapidement que ses balles, cherchant à calculer le moindre risque de chaque stratégie, que ce soit pour elle ou le prisonnier qui se trouvait dans les mains de l'ennemi. D'ailleurs, celui-ci ne tarda pas à se présenter dans la grande avenue, fièrement, la chaîne d'acier dans la main reliant le pauvre Goudy à un collier dont la vision ne fit qu'alimenter la colère de la tueuse.

De nouveau, elle se tenait au dessus de tout, ressortant son fusil de précision d'un geste fluide pour le pointer sur la grande rue. Il fallait être plus brutal encore pour réussir à récupérer Goudy ... Quant au collier explosif ... Il lui fallait réfléchir à une solution. Pour l'instant, elle n'en avait pas. Ce n'était pas le moment de se laisser aller de toute manière car chaque seconde qui passait rapprochait le pauvre artisan de la captivité définitive. Ainsi, elle pressa la détente. La belle, renforcée à l'aide du Haki, fonça vers le crâne de l'homme ayant prononcé la sentence il y a quelques jours. Une balle qui, a l'impact, exploserait. L'angle prit avait même été réfléchi pour être sûr que celle-ci ne puisse pas toucher l'otage ! Et ayant à peine tiré, la blonde se remit en mouvement pour éviter de se faire repérer par sa nouvelle cible. Elle sauta d'un toi à un autre et alors qu'elle chutait vers le toit du bâtiment adjacent, la demoiselle tira une nouvelle balle, tout aussi précise que la première et ce, malgré le manque d'appuis.

Visiblement, Raeliana ne laissait pas tomber si facilement ... Et Shinji ? Quelle serait sa décision quant aux nouveaux évènements ? Seul le temps le dirait ...

Impuissante. Oui, il n'y avait pas d'autre terme. C'est bien impuissante que la jeune femme avait observé la mort de l'artisan qu'elle souhaitait sauver. Le supérieur du bicolore qui avait fait son apparition avait esquivé les balles tirées sans le moindre soucis et, comme pour  prouver à la rebelle sa faiblesse et son échec, il avait tiré sur la chaîne du collier qui retenait captif Goudi. Ce simple geste fit naître en Raeliana une colère lourde et profonde, alimentant le brasier de ses convictions. Oui, le militaire, en une seconde et ce, avec tout le calme du monde, avait ôté la vie à son prisonnier. Il avait fait cela comme si la vie de celui-ci n'était pas importante. Comme si ce n'était qu'un insecte qu'il écrasait sous sa semelle avant de continuer son chemin. Le pire, c'est que cela était fait en toute impunité. Il ne serait jamais sanctionné par la marine pour avoir tuer un homme qui ne représentait même pas le moindre danger et ce, tout cela car l'artisan avait construit un navire pour la révolution. 

Elle n'était visiblement pas la seule en colère face à cet acte. Shinji, celui qui était il y a encore quelques minutes son ennemi, partageait alors cette même rage. Une rage teintée d'incompréhension qui le poussa à poser la question. "Pourquoi ?. Oui, pourquoi exécuter celui qui était condamné à une vie de servitude ? La réponse, perçue par l'utilisatrice des fruits des sens, ne fit que confirmer ce qu'elle savait depuis le début : Ce type était une ordure. Une ordure malheureusement trop puissante pour qu'elle puisse faire quelque chose contre lui dans son état actuel ...

C'est comme si de rien n'était que le "monstre" partit, les mains dans les poches, son "travail" terminé. Il laissa derrière lui les trois soldats paniqués, le jeune gradé blessé et le corps en charpie de Goudi, étalé à même le sol dans un mélange de poussière, de sang et de poudre. Une occasion pour la blonde de venger l'artisan en achevant ceux qui l'avaient indirectement conduits à sa mort. Une occasion qu'elle décida de ne pas saisir, ou du moins, pas complètement. Malgré la douleur lancinante dans ses membres et la sentiment de culpabilité qui la dévorait, Raeliana s'approcha. Elle avait bondit d'un toit, comme un félin pour atterrir au niveau du petit groupe d'escorte et avant même que les trois larbins ne puissent esquisser le moindre geste, elle leur asséna un violent coup de crosse à l'aide de son fusil et ce, à l'arrière du crâne afin de les faire sombrer dans l'inconscience.

Il ne restait plus qu'elle et Shinji, se tenant face à face, elle debout, lui assis au sol à cause de ses blessures. Elle aurait put en profiter et tirer et pourtant, c'est un chemin bien différent que prit le destin. Soudainement, l'ouïe revint au jeune homme alors que la blonde se baissait pour être à sa hauteur, plongeant ses iris dorées dans le regard fatigué de son opposant.

- C'est contre ce genre de crevure que je me bat. Tu devrais réfléchir et te demander si ça vaut le coup de se faire acheter pour cautionner tout ça.

Elle avait tendu un papier au bicolore avec de quoi la contacter si un jour, il choisissait de changer ce qu'il était ou plutôt, les personnes qu'il servait. Dans son regard, au moment où le collier d'acier avait explosé, elle avait perçu en lui ce petit truc qui poussait bien des gens à se battre : l'humanité.

La tireuse n'avait pas prononcé un mot de plus. Dans un silence des plus lourd, elle s'était alors approchée de la dépouille du pauvre sacrifié pour poser une main au niveau du dos sévèrement brûlé de celui-ci et, bien qu'athée, elle eut un pensée pour son âme. Un simple murmure passa la barrière de ses lèvres.

- Je suis désolée de ne pas avoir été assez forte pour te sauver.. J'espère que tu me pardonnes ...

Et de nouveau, elle avait sauté, disparaissant de nouveau dans les hauteurs de la ville, là où on ne mettrait pas la main sur elle et ce, malgré les recherches. Comme une ombre, comme un fantôme vengeur, elle disparaissait pour revenir, plus forte.