Organic city ... C'était vraiment une île pourrie. Enfin, pourrie, c'est plutôt sa manière de fonctionner qui horripilait la demoiselle qui traversait les longues rues industrielles. Un système de caste, enfonçant les plus faibles dans la misère, les empêchant de reprendre leur souffle et de rester à la surface. Pour arriver jusqu'à Jericho, Raeliana avait du passer à travers le ville de Video et le spectacle lui avait glacé le sang. Des pauvres gens, épuisés par le perpétuel travail des usines, tout ça pour servir les plus puissants qui vivent à Quantico, loin de tout effort. C'était exactement ce genre de chose qu'elle voulait détruire. Cette injustice acceptée par les populations trop longtemps dominées. Mais aujourd'hui, ce n'était pas pour cela qu'elle venait. Non, la raison de sa présence, c'était un service qu'elle avait promis de rendre à une demoiselle révolutionnaire, rencontrée il y a bien longtemps et qui lui avait à l'époque, donné un coup de main. C'était un simple retour d'ascenseur en outre. Simple ? Pas tant que ça en fait ... Après tout, son objectif se trouvait dans un endroit bien particulier : Un baraquement de la marine.
Pour atteindre cet objectif, la blonde avait dû changer d'apparence. Maquillage, tenue, chevelure. Affublée d'une perruque noire, d'un léger et factice grain de beauté au dessus de son sourcil droit et d'un uniforme de soldat banal, elle s'était donc infiltrée dans la caserne. La pochette contre elle lui donnait alors l'allure d'un soldat en charge de l'administration. Une apparence discrète, un air innocent sur le visage et les gens ne suspectaient rien ... C'est fou, non ? Elle ne s'en plaignait pas, bien entendu ! Cela rendait les choses pus facile mais tout de même ... ! Le calme de l'endroit était peut-être la source de ce léger relâchement qui avait permis à la révolutionnaire ? Qui sait.
Ses pas l'avaient guidé à travers les longs couloirs du baraquement mais étrangement, ce ne fut pas en direction du bureau mais bien des appartements des différents soldats. Son regard doré analysait les différentes plaques, annonçant le nom des dortoirs jusqu'à ce qu'un nom attire son regard. "Capitaine Strongheart". Parfait, c'est ça qu'elle cherchait. Elle supprima son sens du goût pour augmenter son ouïe. Ainsi, elle put percevoir le bruit du stylo grattant la papier venant de cette fameuse chambre, ainsi qu'un soupire, visiblement d'ennui. Elle retrouva rapidement son état normal et toqua, calmement, avant de laisser résonner sa voix.
- Capitaine Strongheart, excusez-moi de vous déranger mais on m'a demandé de vous transmettre de nouveaux dossiers. Je peux entrer ?
Elle attendit un instant jusqu'à ce qu'on lui donne l'autorisation puis ouvrit la porte, saluant "son supérieur" d'un geste de tête avant de s'approcher de lui pour lui tendre les documents, prête à bondir pour réaliser l'objectif de sa mission.
Nous étions de retour à Organic City. Le moral de la division était plutôt bas suite à la mission que nous venions de faire. Le nombre de perte a été plus conséquent que prévu et cela ait indubitablement de ma faute. Je sais que ce sont les risques lorsqu’il y a confrontation avec les révolutionnaires mais j’ai clairement merdé lors de l’apparition de ma sœur. C’est comme si… Le monde autour de moi avait cessé d’exister pour ne se focaliser uniquement que sur elle.
Ainsi elle était en vie… Elle-même avait dû être sauvé et recueilli. Quelle était la chance pour qu’elle intègre un mouvement que je souhaiterais voir disparaitre ? D’après mes calculs en fonction des facteurs du passé, autant de chances que je sois promus Vice-Amiral à la fin de la semaine. Assez nulle n’est-ce pas ? Et pourtant, je n’allais pas me plaindre que ce soit arrivé. Le fait que j’ai encore de la famille dégelait mon cœur que je protégeais d’une gangue de glace.
Exténués, notre division avait rejoint le baraquement. L’ambiance était maussade et beaucoup se donnèrent implicitement rendez-vous à l’infirmerie pour se faire soigner. Moi-même devrais y faire un tour un moment ou un autre. Malgré des estafilades assez superficielles, la blessure par balle dans le dos m’a salement amoché et il allait vraiment falloir que je la fasse examiner. Mais je préférais que mes hommes passent avant, ma vie n’étant pas en danger.
Je m’étais donc attelé à rédiger le rapport de mission. J’essayais de ne pas omettre le moindre détail. Néanmoins, je me permis de ne pas revenir sur le fait d’avoir vu une personne que je connaissais parmi les révolutionnaires, transformant les fait par une attaque surprise que je n’avais malheureusement pas pu anticiper. Soupirant doucement, je marquai une pause pour remettre un peu d’ordre dans mon esprit.
Le bruit de quelqu’un frappant à ma porte me ramena un peu à la réalité. Invitant à rentrer, je me tournais pour me retrouver face à une jeune femme que je ne connaissais pas. Le mouvement de torsion réveilla la douleur de mon dos et je grimaçai légèrement avant de me reprendre, histoire d’avoir un peu plus de prestance. Elle avait des dossiers à me donner. Ce qui est étrange parce que je n’en attendais pas. Mais soit, c’était une journée de merde, autant continué. - Merci beaucoup, vous pouvez disposer.
J’attrapais les dossiers et les parcourut rapidement. Fronçant les sourcils, je me rendis compte que le papier présent dans la pochette n’avait rien à voir avec ce que je m’occupais généralement. La jeune femme n’avait pas bougé. Elle semblait attendre quelque chose et me regardait avec un air insistant. Je me focalisais sur elle et remarquais de quelques imperfections dans ce qui semblait être un déguisement.
- Est-ce que je peux savoir à quoi cela rime ? Qui êtes-vous et que me voulez-vous ?
Un long silence avait prit place entre les deux jeunes gens. Raeliana était restée sur place, prenant en compte la moindre des petites réactions du militaire. Les légères cernes sous ses yeux. La grimace de douleur suite à un mouvement un peu trop brutal de son buste, révélant la présence d'une blessure encore fraiche, comme lui avait indiqué la commanditaire. Il avait des cheveux noirs comme la nuit, un grain de beauté sous le côté gauche de la lèvre ainsi que dans le cou, du même côté, accompagné d'une cicatrice bien visible et surtout, des iris d'un bleu glacé qui lui rappelait les paysages de Drum. L'endroit d'où il était originaire, selon les informations qu'elle avait obtenu.
Puis c'est la méfiance dans le regard de celui-ci qui prit place alors qu'elle restait là à l'observer, comme si de rien n'était. Assez pour le mettre mal à l'aise visiblement car, après quelques secondes, il lui demanda son identité ainsi que la raison de sa présence. Un petit sourire, calme, étira les lèvres de la demoiselle.
- Oh je ne suis pas très importante Capitaine Strongheart. Une simple messagère qui vient vous passer un message.
Lentement, la demoiselle s'était penchée en avant, arrivant la bouche à la hauteur de l'oreille du brun, assez près pour lui murmurer d'un ton discret, de manière à ce que personne ne puisse entendre, quand bien même un petit curieux se serait glisser à la porte.
- Elle vous dis "Bonjour grand frère".
Un léger parfum venait chatouiller les narines du capitaine alors qu'elle glissait ces paroles lourdes de sens à celui-ci. Des paroles qui le chambouleraient sans doute, remuant des émotions au plus profond de lui-même. Il pouvait réagir de plusieurs manières : Colère, incompréhension, tristesse, ou peut-être même dénis. Qui sait après tout ? Mais la révolutionnaire était curieuse de savoir ce qui arriverait.
Lentement, l'intruse s'était donc redressée, observant des deux éclats d'ambre qu'étaient ses iris la moindre réaction du jeune homme à la chevelure de jais et aux petites lunettes. S'il tentait de l'attaquer, il le regretterait. Ce n'est pas parce qu'elle était là pour lui transmettre un petit mot qu'elle comptait se montrer bien docile ou autre.
- Je peux partir si le message ne vous intéresse pas, bien évidemment. Mélynda m'a simplement demander de venir vous le transmettre mais si vous ne le voulez pas, je ne vous forcerais pas. Alors Capitaine ? Quel est votre choix ? J'aimerais éviter de rester trop longtemps ici.
Pas très importante ? Je n'y croyais pas. Pour s'infiltrer dans un lieu remplis de Marine et afficher une assurance pareil, c'était clairement quelqu'un dont il fallait se méfier. Pourtant, elle m'intriguait. La raison de sa visite ne me laissait pas indifférent. Surtout qu'elle est venu délivrer un message. Aurais-je le droit a un avertissement, une menace ? Ou bien au contraire un remerciement ? Pour ce dernier, cela me semblait peu probable, ce n'est pas le genre de message qui nécessite un déguisement pour rentrer dans ce baraquement.
J'avais posé mon coude sur la table et mon poing fermé soutenait ma joue. Je la regardais d'un air distrait, tandis que j'attendais patiemment le fameux message qu'elle avait a me délivrer. Si elle avait été la pour me tuer, je pense que je ne serais déjà plus de ce monde. J'ai été vulnérable suffisamment longtemps pour qu'elle puisse se le permettre. Pourtant, même avec cette idée en tête, je ne pus m'empêcher de déployer mon Haki au moment où elle se pencha vers moi. Elle souhaitait me murmurer quelque chose qui ne devait pas être entendu.
Les trois mots qu'elle prononça pesèrent lourd sur ma conscience et sur mon cœur. J'arrivais a rester stoïque mais je pouvais sentir perler quelques larmes à la commissure de mes yeux. Je ne pus les retenir et les essuyèrent délicatement. Rechaussant mes lunettes, je fermais les yeux et me massait doucement les tempes des deux mains. Cela faisait beaucoup d'informations a appréhender et je n'étais clairement pas préparé à cela. En même temps, qui le serait ? Retrouver un parent défunt alors que tout disait le contraire ?
Soupirant doucement, j'écoutais ce qu'avait a me dire la messagère. Elle ne rajouta rien de plus, appuyant simplement sur le fait qu'elle n'était là que pour délivrer le message et que si je n'en voulais pas, elle pourrait très bien repartir. Le fait que je ne me sois pas déjà empressé de l'arrêté était parce qu'elle possédait quelque chose qui pouvait avoir de la valeur à mes yeux. Une valeur que je n'aurais pu estimé il y a peu. Mais aujourd'hui, je pense que je souhaitais savoir. Et, pourquoi pas, lui faire parvenir, moi aussi, un message.
- Tant que tu seras sous cette forme, en ma présence, tu ne risqueras rien. Les soldats me font confiance, ils m'écouteront. Étant donné que je ne sais pas qui vous êtes réellement, je fermerais les yeux pour le moment. Et oui, je souhaite avoir ce message.
Je me levais en terminant cette dernière phrase pour aller m'adosser au mur un peu plus loin, à côté de la fenêtre. Mon regard se perdit dans les vagues et le crépuscule naissant. Bordel, j'ai une petite sœur...
La manière dont il avait déployé son haki, au moment où la demoiselle s'était penché vers lui, dévoila la méfiance qu'il avait quant à ses intentions. Comment lui en vouloir après tout ? Une femme, inconnue au bataillon, s'était infiltrée dans ses quartiers pour lui remettre un message dont le contenu était un véritable mystère pour lui. Raeliana à sa place, aurait sans doute eut la même réaction d'ailleurs. Mais dès que l'émetteur de ce fameux message fut clair, son attitude changea du tout au tout. C'est comme s'il se faisait plus docile, bien trop désireux de savoir ce qu'il pouvait contenir. Un grand sentimental, pas vrai ? C'est sans difficulté que la jeune révolutionnaire avait remarqué les larmes aux coins de ses yeux, rapidement essuyées d'un geste de la main. Elle décida de lui laisser le temps de se remettre de cette soudaine vague d'émotion, reculant de quelques pas en croisant les bras dans son dos.
Il prit un instant pour lui, écoutant simplement les déclarations de la blonde quant aux conditions de la transmission de ce message. Elle continuait simplement de l'observer, sans un mot. Alors c'était lui la fameux grand-frère de Mélynda ? La jeune fille l'avait supplié pour qu'elle s'immisce dans le bâtiment pour rencontrer le brun. Sa curiosité lui faisait se demander quelle était leur histoire. Qu'est-ce qui avait séparé une famille qui semblait pourtant unie, malgré les kilomètres les séparant ? Une question qui restera néanmoins muette.
Le capitaine Strongheart voulu la rassurer sur sa sécurité dans ses lieux. En effet, tant que le jeune gradé était à ses côtés, elle n'avait pas de soucis à se faire et, elle voyait mal celui-ci la trahir. Non, s'il voulait avoir une chance de contacter de nouveau sa petite sœur, il avait besoin d'elle, vivante et libre. Certaine de ce fait, elle déclara.
- Je m'y met alors
Elle se râcla la gorge afin d'éclaircir sa voix et se lança.
- "Jake ... Je ne saurais te dire ce que j'ai ressentit quand, à Drum, au milieu de la neige, je t'ai croisé. Mille mots me viennent à l'esprit mais je suppose qu'un message, délivré par une autre, se doit d'être un peu plus court que ça, pas vrai ? J'espère que ta blessure se soigne correctement et au moment où tu entends ces mots, tu dois avoir un tas de question à me poser dont celle-ci : Qu'est-ce que tu fous chez les révolutionnaires Mélynda ?! Si un jour, le destin nous réunit de nouveau, dans des conditions plus favorables, je te promets d'y répondre ! Mais pour l'instant, je souhaite simplement te rassurer. Je suis en sécurité et en bonne santé. Mes amis prennent bien soin de moi. Si tu souhaite me joindre, la messagère qui se trouve devant toi s'en chargera ... Enfin, je pense ! Disons que j'ai déjà dû supplier pour que tu reçoive ce message alors, soit convaincant ! Je t'aime, prends soin de toi.
Un moment de silence s'imposa entre les deux jeunes gens jusqu'à ce que la blonde, dissimulée derrière sa perruque brune, fasse quelques pas pour venir poser sur le bureau une fleur, séchée mais bien conservée, comme un porte-bonheur.
- Elle m'a aussi demandé de vous donner ça.
Et de nouveau, plus un bruit. Le regard dorée de la demoiselle était plongé dans celui du marine, guettant la moindre réaction, la moindre hésitation ...
Dernière édition par Qiang Raeliana le Ven 29 Jan - 21:14, édité 1 fois
Le fait qu’elle se racle la gorge prévoyait deux choses. Un long message ou bien elle allait chanter. Etant donné que la deuxième option me semblait statistiquement peu probable, le message que j’allais entendre semblait être suffisamment attention pour qu’elle prenne attention de bien le délivrer. Et j’étais moi-même complètement à l’écoute. Au fur et à mesure que j’entendais ce qu’elle avait à me dire, je sentais l’angoisse et la tristesse doucement s’évaporer de mon esprit. Cela me semblait pas être une ruse ou autre de la part des révolutionnaires, il n’aurait, de toute façon, pas pu avoir accès au fait que j’ai une sœur.
Quoi qu’il en soit, je pris le présent que m’offrit l’inconnue de la part de ma sœur. Il s’agissait d’une fleur séchée. En la voyant, cela raviva en moi plusieurs souvenirs. Ma mère avait l’habitude d’en faire quand j’étais enfant. Nombreuses de ces tenues en portaient en décorations. Ma sœur avait dû continuer de le faire par mimétisme, après leurs morts. Ils nous survivaient à travers, c’était agréable de le savoir. Et qu’elle ne m’a pas oublié non plus.
- Merci à vous de m’avoir transmis ce message et ce cadeau… Puis-je vous proposer a boire ? Même un simple verre d’eau.
Me levant, je me dirigeais vers un petit bar que j’ouvris. A l’intérieur se trouvait diverses bouteilles d’alcool, de liqueur, de jus et d’eau fraiche. J’en sortis une de ses dernières, pris un verre et le servit à mon invité. Je le posai non loin d’elle, au cas où elle n’en voudrait pas. Pour ma part, je replongeais dans une réflexion quand a la suite. Pour le moment, nous vivions tous les deux notre vie. Mais au vu de nos positions, nous risquons de nous rencontrer plus tard et de manière incongru.
- Si cela est possible, je souhaiterais que vous lui transmettiez un message de ma part. ‘’Cela me fait plaisir de savoir que tu vas bien. On a énormément de choses a ce dire mais cela viendra le moment voulu. Pour le moment, essaye de faire profil bas pour éviter les problèmes, même si je sais que ta situation ne le permet pas forcément. Néanmoins, sache que je t’aime.’’
Il était rare que je sois aussi éloquent. Et encore moins aussi sentimental. L’inconnue ne devait pas le savoir de toute façon. J’espérais qu’elle ne me demanderait pas une contrepartie pour délivrer ce message. Elle pourrait simplement faire preuve de compassion vis-à-vis de sa sœur d’arme. Mais il est vrai que la situation est tentante afin d’obtenir des informations sur notre secteur. Malheureusement, je n’en possède pas de très intéressantes. Après, c’est à elle de voir.
- Encore une fois, je vous remercie pour ce que vous avez fait.
Dernière édition par StrongHeart K. Jake le Ven 29 Jan - 22:16, édité 1 fois
Le message de la part de la jeune soeur du capitaine avait eu un effet très clair celui-ci. Au fil de ses mots, l'infiltrée avait vu les épaules de celui-ci se détendre et s'abaisser, de même que les muscles de son visage, ses sourcils mettant enfin un terme à leur liaison née de la méfiance. Toute l'attention du militaire était sur le contenu du fameux message de Mélynda. Une explosion aurait put retentir qu'il n'aurait pas bougé. Il sorti néanmoins de cet état lorsque la messagère vint déposer le cadeau de la commanditaire sur son bureau. Un cadeau tout aussi efficace, si ce n'est plus, que les mots. Cela sembla réveiller un flot d'émotion conséquent qu'il arriva à contenir.
Dans un premier temps, il ne fit aucun commentaire quant à toutes les informations qu'il venait de recevoir des lèvres de l'intruse. Il préféra se diriger vers le petit bar un peu plus loin dans sa chambre tout en proposant un verre à celle-ci. Poliment, elle avait alors accepté.
- Je veux bien un verre d'eau.
Il ne tenterait pas de l'empoisonner. En effet, sans elle, il perdait tout moyen de pouvoir joindre sa chère et tendre petite sœur. Ainsi, Raeliana avait l'esprit plutôt tranquille et porta le verre rempli du liquide transparent jusqu'à ses lèvres pour en boire quelques gorgées. Néanmoins, pas précaution, l'utilisatrice du gokan gokan no mi n'avait pas hésité à maximiser son goût en sacrifiant son toucher de manière à pouvoir déceler la présence du moindre ajout dans sa boisson. Sans surprise, il n'y eut rien et elle ramena ses sens à leur état d'origine en reposant le contenant de verre sur la petite table de bois à ses côtés, l'oreille tendue pour écouter le message qu'il voulait à son tour transmettre à Mélynda.
Un message simple, digne d'un grand frère qui voulait la sécurité de sa petite sœur. L'exemple parfait de ce que devrait être une famille à la base. Le genre de famille que la tireuse n'avait pas eut aux côtés de son père. Ce n'est pourtant pas de la jalousie qui naquit dans sa poitrine mais plutôt une forme de soulagement pour la jeune révolutionnaire qui, malgré son implication dans la cause, n'était pas rejetée par le capitaine. Un tendre sourire étira ses lèvres alors que d'une main, elle attirait une mèche de sa perruque noire derrière son oreille.
- Pas besoin de me remercier. Je devais bien ça à Mélynda. Mais toi, je ne te dois rien, pas vrai ?
Un moment de silence s'imposa entre les deux jeunes gens alors que l'infiltrée avait envoyé bouler le vouvoiement. Un silence pesant, rapidement brisé par un petit rire de la part de la jeune femme. Elle avait vu le sourcil du gradé tressauter à cette petite pique et elle trouvait ça terriblement amusant.
- Je rigole, je vais transmettre ce message mais rien n'est totalement gratuit dans la vie, je pense que tu en es conscient, pas vrai ? Mais je vais te demander un truc très simple en échange, d'accord ?
Elle sortit d'une pochette un nouveau document, semblable à un contrat, qu'elle tendit alors à Jake, dans le plus grand des calmes.
- Par ce contrat, tu t'engages à m'informer si la marine prévoit une attaque sur une quelconque base révolutionnaire. Je ne te demanderais rien d'autre. Tu peux bien évidemment vérifier le document et ses termes mais je te promets que tout est réglo.
En effet, les engagements allaient dans les deux sens. La fausse brune promettait de bien transmettre le message à la destinataire, dans les plus brefs délais et ce, en échange de l'information désirée, sans chercher à en demander plus. Si par contre, le militaire venait à ne pas respecter sa part du contrat en dissimulant une information dont il avait confiance, le document finirait dans les mains d'un haut gradé et la marine se chargerait elle-même de punir le "traitre". Il ne manquait plus que la signature du capitaine à lunette, à coté de celle de l'espionne. Elle avait tout anticipé à l'avance. Signer un contrat réglo avec le diable ... Quelle ironie, n'est-ce pas ? En attente de la moindre réponse, la jeune femme continuait de plonger les deux éclats d'ambre qu'étaient ses iris dans les yeux de Jake.
Pas besoin de la remercier ? Même si c’était une faveur qu’elle devait à ma sœur, elle ne sait pas à quel point je peux lui être reconnaissante. D’ailleurs, qu’est-ce qu’elle a bien pu faire pour se sentir débitrice à ce point envers ma sœur ? Je n’osais demander, au vu des activités des deux femmes. Je me concentrai plutôt sur sa question. Oui, effectivement, elle ne me devait rien. Elle pouvait simplement repartir et dire qu’elle avait transmis son message sans rien en retour. Cela serait… Etrange quand même, que je ne veuille pas lui donner de réponse.
Finalement, elle m’apprit qu’elle avait fait une blague et qu’elle serait d’accord pour transmettre le message. Je… N’ai pas trouvé cela marrant. Certes, je ne suis pas un modèle en termes d’humeur ou de comique, pourtant, j’étais certain que je pourrais reconnaitre une blague quand j’en entends une. Et laaaa… A moins que ce ne soit de l’humour de révolutionnaire, auquel cas je ne pourrais pas comprendre. Ou bien, elle avait simplement un humour de merde. Mouais, ça me semblait être une meilleure option par rapport à tout le reste.
Elle voulait faire un échange de bon procédé. Une remise de message contre une sorte de contrat. Elle l’avait sorti d’une des nombreuses pochettes qu’elle portait et qui la faisait passer pour la secrétaire. Intriguant, elle avait donc prévu cette situation ? Ce n’était pas le genre de papier avec lequel on se baladait en zone périlleuse. Je le pris et le parcourut. C’était vraiment un contrat et je fus assez intrigué par qui il pourrait être recevable. Je veux dire, je pourrais le signer et faire comme si je n’en avais jamais eu connaissance : une simple croix en guise de signature.
Pourtant, en mon âme et conscience, je ne me permettrais pas d’être malhonnête. Cela ne me correspondait pas. Néanmoins, je ne souhaitais quand même pas voir mon nom noté en bas de cette page. La confiance, je devais la gagner et cela peut être difficile vu qu’il s’agit quand même de révolutionnaire. Il pourrait clairement l’utiliser pour me faire pression. Soupirant doucement, je signais d’un simple J.K.S., qui était déjà un peu plus informel.
- Voilà, fis-je en lui tendant le papier signé de ma main.Je présume qu’il faudra trouver un moyen de se tenir au courant. Moyen traditionnel ou bien vous en avez sans doute des plus discrets ?
Le deuxième serait évidemment un meilleur compromis. J’étais le seul à mettre réellement ma vie en jeu dans cet échange. Je ne savais même pas qui elle était, comment m’assurer que mon message serait bien délivré ? Je ne pouvais pas le savoir, même si je pense que ce sera fait.
- Et si je pouvais avoir un nom ou même un pseudonyme, cela serait plus simple à l’avenir. Pour nos correspondances.
Raeliana avit laissé tout son temps au capitaine pour prendre sa décision, comme si elle savait déjà qu'il accepterait. Les conditions de ce contrat étaient même particulièrement légères. Rien n'empêchait au jeune homme de signer sous un faux nom et de nier sa connaissance du document plus tard. Néanmoins, la jeune révolutionnaire avait eu le droit à tout un speech de Mélynda sur les souvenirs qu'elle avait de son frère et les rumeurs n'avaient fait que confirmer l'avis que la blonde avait sur le jeune homme. C'était un type droit dans ses bottes avec un sens moral poussé, tout comme elle. La véritable différence entre les deux jeunes gens était la voie qu'ils avaient emprunté pour atteindre leurs objectifs. L'un avait choisi de changer le système de l'intérieur en faisant face à des supérieurs à la morale bien bancale tandis que l'autre avait décidé de lutter de manière directe contre celui-ci en restant tapie dans l'ombre du monde.
Enfin, Jake déposa ses initiales en bas du document tout en soupirant et à peine cela fait, la demoiselle replia le document, le glissant de nouveau au milieu des autres feuilles présentes dans la pochette, un léger sourire satisfait aux bords des lèvres. Ce geste fut bientôt suivit d'un autre. En effet, l'infiltrée glissa hors de sa poche un petit escargophone qu'elle tendit au militaire.
- Je répondrais si tu appelles depuis cet escargophone. Je n'ai pas le luxe d'offrir un autre moyen de communication mais ce sera amplement suffisant. Si c'est moi qui appelle, et que tu n'entends pas ma voix ou bien le mot "Signe" dans ma première phrase, tu raccroches immédiatement sans rien dire ni chercher à comprendre. Je n'ai pas non plus envie qu'on te mette la main dessus. Mélynda m'en voudrait, ce serait dommage !
La demoiselle s'était légèrement reculée après avoir effectué ces échanges avec le jeune gradé, la proximité entre eux n'étant plus nécessaire puis, elle continua de répondre à ses questions sur la relation qui les liait à présent.
- J'ai bien des noms mais tu peux m'appeler Amber. Je t'appelerais Nævus de mon côté, comme ça, si nos correspondances sont interceptées, tu devrais être tranquille.
Amber, en référence à la couleur des yeux de la demoiselle. Quant à Nævus, il s'agissait du terme scientifique faisant référence aux grains de beauté qui ornaient le corps du capitaine Strongheart et qui avaient attiré l'attention de Raeliana. Reprenant soudainement une posture digne du corps militaire, celle-ci demanda.
Puis-je encore vous être utile Capitaine ?
En effet, juste derrière la porte, des soldats passaient. Préférant limiter les soupçons sur sa personne, la fausse brune avait décidé de la jouer cent pourcents sécurité, estimant qu'un bon soldat sur ses gardes pourrait entendre aisément leur conversation en passant si près, même sans être une menace sur le plan combat.
La jeune femme me tendit un escargophone. Un peu plus petit que les modèles standards, il ressemblait à ceux habituel. Au moins, même si on me demande d'où il provient, je pourrais baragouiner une excuse facilement. Seule les personnes me connaissant réellement pourrait savoir que c'était clairement suspect. Et, heureusement pour moi, personne ne l'était actuellement. J'étais donc plutôt tranquille pour le moment. Elle me donna aussi les instructions sur comment se tenir au courant. Donc apparemment, ce serait elle qui m'appellerait... Mais du coup, vu que c'est à moi de la prévenir, je fais comment ? Je balance l'info de manière totalement aléatoire à un moment ? Ouais, à l'image de son contrat, elle manquait encore de perception... Je ne lui en voudrais aucunement, je faisais déjà abstraction de beaucoup de chose, alors une de plus.
Elle me donna le pseudonyme d'Amber. Je le notais précieusement dans un coin. Déjà pour notre petit arrangement et surtout pour faire des recherches dessus. Avec sa négligence précédente et la chance, je pourrais trouver des rapports mentionnant une révolutionne du nom d'Amber. C'était peu probable mais cela ne coûtait absolument rien d'essayer. Après tout, c'était aussi mon travail de Marine. Et cela, je pourrais le justifier pour obtenir de l'aide. Si cela se montre concluant, je pourrais même me faire mieux voir et obtenir faveur ou promotion. Sur cette dernière, je n'étais clairement pas sur. Qui ne tente rien n'a rien comme on dit n'est-ce pas ?
- Nævus hein ? J'aime bien... Cela sera effectivement important de le faire.
Des noms de codes étaient une sécurité. Je m'imprégnais aussi du mien. Et ferait sans doute la même chose. Un raté de la part de Marine, une personne de son passé ou une connaissance, cela pouvait mener à n'importe quelle piste. Tant que je ne me révélais pas sous ce nom, ils ne remonteraient pas à moi. Sur celui-là, j'étais moins sur de trouver des pistes par contre. Cela m'occuperait un temps au moins. Par la suite, ''Amber'' me demanda si elle avait encore besoin de moi. Me levant, j'ouvris la porte et lui fis signe de sortir.
- Si cela ne vous dérange pas, je souhaiterais vous raccompagner.
Je ne pris pas la peine d'attendre sa réponse et me mis en route. Les quelques soldats qui nous croisèrent me saluèrent en passant leur chemin. Je dus m'arrêter une fois pour récupérer un rapport urgent. La femme qui me l'avait amené jeta un coup d'oeil rapide vers celle qui m'accompagnait. Je ne sais quelle pensé lui traversa l'esprit mais elle se mit à rougir et à fuir mon regard. Une fois remercié, elle balbutia un bref salut et se détourna de notre chemin. Une fois à l'extérieur, l'air frais me fit un bien fou. Étirant doucement les bras, je m'inclinais vers la jeune femme.
- Je vous remercie encore. Si je peux me permettre... Vous n'auriez pas une photo de ma petite sœur par hasard... ?
Avait-elle simplement répondu à la demande du jeune capitaine. Cela lui serait même utile. En effet, les gens avaient tendance à être moins suspicieux d'une personne en compagnie d'une autre qu'il connaisse que d'une totale inconnue se baladant seule dans un bâtiment militaire. Ainsi, les deux jeunes gens sortirent de la chambre afin de se diriger vers la sortie, d'un pas calme et rythmé. Leurs démarches étaient semblables et ils passèrent plutôt inaperçus, bien que le soldat eut à saluer quelques personnes sur son passage ainsi que récupérer un document. Ou plutôt, c'est le document qui vint à lui, au bras d'une jeune femme. Ce fut sans doute le plus intéressant dans leur traversée du bâtiment d'ailleurs ! La véritable secrétaire avait regardé l'usurpatrice avec une certaine curiosité avant de se mettre à rougir et fuir à toutes jambes. Une scène qui arracha un petit rire discret à la demoiselle qui porta son regard ambré sur Jake.
- Et bien Capitaine, je crois que vous allez faire face à quelques rumeurs.
C'est tout ce qu'elle avait dit avant de reprendre la route comme si de rien n'était, gardant ce sourire innocent et au dessus de tout soupçons aux lèvres. Un calme bien surprenant de la part d'une révolutionnaire qui se trouvait dans la gueule du loup.
Les deux jeunes gens arrivèrent enfin dehors, accueillis par la fraiche brise sur leurs visages. Une brise agréable dont Raeliana vint emplir ses poumons à travers une grande inspiration tandis qu'elle fermait légèrement les yeux pour profiter de la délicieuse sensation.
- On est bien mieux dehors ...
Elle resta quelques secondes comme ça, droite, les mains croisées dans le haut, les yeux fermés et le visage légèrement relevé pour profiter de l'instant. Tout du moins, jusqu'à ce que la voix de Strongheart ne la tire de celui-ci. Les paupières de la tireuse s'ouvrirent à nouveau pour que ses iris ambrées se fige sur lui, qui se penchait tout en la remerciant. Les deux jeunes gens étants de nouveau seule, elle reprit le tutoiement.
- Pas besoin de me remercier, vraiment. Quant à ta demande ...
Elle sembla hésiter un moment, se mordillant la lèvre par réflexe tout en pesant le pour et le contre avant de prendre une décision. La jeune femme plongea donc sa main dans sa pochette avant de tendre discrètement la photo de Mélynda à son frère.
- Je te conseille de bien la cacher ou même de la brûler après un moment. On ne sait jamais, un de tes hommes pourraient se souvenir de son visage et j'ai pas vraiment envie qu'on imprime un avis de recherche sur sa personne. Toi non plus, pas vrai ?
Cette fois, c'est un véritable sourire, libre de toute comédie, qui étira les lèvres de l'intruse. Elle avait un certain respect pour ce frère qui, malgré la situation, tentait de protéger sa petite sœur, au point de signer un papier avec une inconnue loin d'être très nette.
- Tu es plutôt un bon frère. Mélynda a de la chance.
Et sur ses mots, elle reprit sa marche, abandonnant le militaire sur ses places, seul avec ses pensées et ses inquiétudes. La silhouette de la fausse brune devenait alors de plus en plus abstraite au fil du temps, diminuant alors par la même occasion les chances de Jake de remettre la main sur elle.
Les rumeurs, je pouvais m’en accommoder, surtout si elle portait sur ce genre de sujet. Ma division connaissait mon avis sur la question : en permission et sur le temps libre, nous avons carte blanche. Sur les déploiements, je risquais de ne pas être compréhensif vis-à-vis de cela. Je ne compte pas la dizaine de soldats qui ont subi un entrainement extrême supplémentaire puisqu’ils avaient fait le mur pour aller retrouver de la chaleur humaine. Depuis que j’avais mis les choses au clair, ce genre d’incidents a drastiquement chuté.
J’étais d’accord avec Amber. Resté enfermé trop longtemps minait le moral. Les êtres vivant avaient besoin de se sociabiliser, d’en voire d’autres. On ne pouvait pas rester ainsi en permanence. C’est pour cela que je préférais être sur le terrain, à commander mes hommes ou à les entrainer. C’était d’un revigorant absolu. La secrétaire eu un petit moment d’hésitation avant d’accéder à ma demander. Elle sortit la photo d’une des innombrables pochettes qu’elle possédait. Elle avait prévu beaucoup de choses.
- Il est évident que j’y ferais attention. Je ne souhaite aucunement qu’elle soit mise en danger. Encore moins par moi… Je pris délicatement l’image dans mes doigts. En la voyant, je ne pus réfréner des larmes qui se mirent à couler le long de mes joues. J’avais l’impression de revoir ma mère, avec le regard de mon père. Je pris encore quelques secondes à l’observer avant de plier et de ranger la photo dans une des poches de mon manteau. Soupirant, je repris mes esprits. La brune prononça des mots que je n’entendis malheureusement pas. Elle se détourna et me laissa sur place, sa mission terminé.
Je m’étais engagé sur une pente glissante. Pactiser avec les révolutionnaires pouvaient faire de moi un traître si cela se savait. Il allait falloir que je prenne toutes les précautions du monde pour éviter le moindre incident. Une fois de retour dans mes quartiers, je ressortis Mélynda de ma poche pour l’observé de nouveau. Mon esprit grava chaque contour, chaque détail que pouvaient m’offrir la photo. Précisément, je la rangeai de nouveau. Jusqu’à ce que je la retrouve, elle ne me quittera pas une seule fois.
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Message d'une prétendue morte - FB - Jake Strongheart
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