Rien à faire. Michella avait perdu sa trace. Malgré l’ordonnancement paradoxal qu’elle gardait dans sa pièce bordélique, la scientifique avait perdu toute trace de sa création. Et bien qu’elle ne montrât pas nettement, cette perte l’irritait terriblement. Le produit était en phase finale de tests et ne demandait sûrement que quelques fignolages avant d’être pleinement opérationnelle. Le reconstruire ne prendrait sûrement pas tant de temps que ça. Néanmoins, les ressources de ce navire n’étaient malheureusement pas illimitées. Ainsi, pour combler l’infinité de ses idées, la froide devait gérer ses stocks avec une certaine minutie. Même si elle avait pris soin de faire des emplettes conséquences à Whiskey Peak, la savante avait vu ses matériaux fondre comme neige à mesure que les projets s’enchaînaient. Une chose demeurait donc certaine : Il fallait retrouver cette dernière création. Mais par où commencer ?

L’évidence la frappa. Afin de percer ce mystère, il fallait décortiquer les récents évènements qui avait précédé ce tragique ‘’contre-temps’’. Cela fait, elle se souvint alors avoir consacré plusieurs heures à choisir la matière caoutchouteuse qui composerait son chef-d’œuvre. Le début de l’après-midi l’avait ensuite vu en train de mouler sa création tout lui en effectuant de rigoureuses batteries de test. Les limites de son élasticité ainsi que sa résistance globale furent par exemples analyses et des ajustements évidents durent se faire. A l’heure où les calibrages de son prototype furent minimes, elle s’était accordée un court repos avant de se réveiller, la porte étrangement ouverte et sa chambre secouée. Le navire avait semble-t-il passé quelques turbulences océaniques sans sommeil, mais au vu du soleil aveuglant son hublot, elle comprit que le plus dur avait été passé. Cela dit, outre des papiers disséminés, son dernier bijou était introuvable…

« Il a dû quitter mon atelier pendant que je dormais… » soupira-t-elle, peu enthousiaste à l’idée de parcourir le bateau de fond en large pour le débusquer.

Avoir à gérer cet inattendu contretemps l’irritait terriblement, mais elle savait qu’il n’y avait rien à faire. Sa chambre avait été minutieusement fouillée, ne laissant donc place qu’à une recherche méticuleuse de ce navire. Même si elle ne connaissait pas tous les recoins de ce rafiot, la scientifique en avait convenu que parcourir chaque centimètre composant chaque étage était une idée pertinente pour arriver à ses fins. Pour s’assurer que cette ‘’chasse’’ ne prendrait pas de temps, elle s’était carrément en conséquence. Et ce qui avait tout une purge pour elle, se résolut miraculeusement vite. En prenant comme décision d’inspecter d’abord le pont, elle eut la surprise de croiser sa création, aux prises d’inconscients gredins. Sûrement l’avaient-ils trouvé à la dérive dans les couloirs du navire et avaient vu en elle un moyen de divertissement idéal. Il faut dire que l’objet avait été dessinée pour paraître inoffensif…

DodgeBall n’était en soi qu’un ballon que les matelots se jeter innocemment. D’ailleurs, en les voyant s’échanger cette balle, Michella avait au moins la certitude que leur force n’était pas exceptionnelle. Leur précision n’eut droit à plus d’éloges non plus. En effet, après une série de lancers décents, l’un d’eux, un poil frimeur, désaxa complètement sa trajectoire sous le poids d’une force incontrôlée et celle-ci continua son chemin hors du navire. Voyant le fruit d’un dur labeur si odieusement traité, La tireuse hallucina, mais au milieu de cette rage bouillonnante, une idée fusa. Puisque le ballon prenait direction hors du navire, il y eut une fenêtre où il était possible le véritable potentiel de cette ‘’arme’’. Ainsi, dans les secondes qui suivirent le lancer maladroit du matelot, Michella avait dégainé Teapot, puis tiré une balle éclair au sombre haki pour transpercer sa digne création. Comme prévu d’une tireuse d’élite, la le tir avait été létal, mais ce fut la réaction du ballon qui aveugla les quelques privilégiés présents sur le pont. Sous le choc de cette balle, ce vulgaire ballon en apparence avait relâché une aire sphérique redoutable où le vent fit frissonner chaque parcelle de ce navire. Ahurissant fut la réaction déclenchée par ce ballon. Les yeux des matelots étaient abasourdis, les gueules grandes ouvertes face à une scientifique qui ne les calcula même pas. Michella n’avait qu’en visuel la consécration de ses derniers travaux. Face à ce succès royal, une fugace satisfaction fut même affichée, avant de repartir comme si de rien était dans ses quartiers. Heureusement, que le Coup de Vent emmagasiné dans ce ballon n’avait pas été très puissant…