Eclatant, le soleil se reflète sur la figure de proue du navire, donnant de charmante ombres à cette sirène souriante et seins nus qui surplombe les flots alors que l’équipage d’emprunt de notre cher héros dévore les miles qui séparent Whiskey Peaks de la si prisée Balgimoa. Sur le pont, un vent de fête flotte dans les voix des matelots qui chantent gaiement leur engouement, maintenant que le port et leur femme est loin. Aidé par le nom pimpant de « Merveille Aquatique » qui décore le château avant, tous l’équipage semble être d’excellente humeur et met un point d’honneur à l’entretenir aussi ardemment que les voiles.

Tout, autour de la caravelle, reflète cette bénédiction de joie et de bonheur, la mer elle-même offrant des roulis presque inexistants à l’aventureux bateau qui fend ses eaux. Le ciel splendide, une mer paisible, il n’en fallait pas plus à cette journée pour être le signe avant-coureur d’un problème plus silencieux qui les attendait en chemin.



« Capitaine, on arrive sur site ! »

Un échange de regard entendu entre les membres de l’équipage, alors que les plus proches matelots se jette sur les mats de mizzen pour en déplier les voiles encore au repos. Brutalement gonflés, les voiles jusqu’alors tranquilles claquent comme des fouets et salue les ombres habituelles des oiseaux qui accompagne les navires aux larges.

« Maman, r’garde, c’est pas un piaf t’as vu ! »


Le petit, caché dans les jupes de sa génitrice, marque en effet un point : luisant à la lumière qui baigne la caravelle depuis son départ, le poisson volant fait réfléchir une dizaine de couleur chatoyante sur les planches du pont, pour le plus grand plaisir des spectateurs de la scène. Lentement mais surement, la température à proximité du bastingage grimpe en flèche, sans crier gare, et une seconde ombre, de bonne taille, traverse le navire à la poursuite du fabuleux poisson venu les saluer.
Elle aurait pu être anecdotique si, quelques secondes plus tard, elle n’avait pas été suivie d’une volée d’autres, désordonnée. Le nuage, hurlant d’une cacophonie terrible, couvre les chants des mousses, faisant lever les têtes de membre d’équipage et des passagers. La volée, composée d’une bonne dizaine à vingtaine d’individu, comportait des spécimens qui aurait pu ravir les yeux de leur spectateur, si leur taille n’était pas aussi inquiétante. D’un bon mètre cinquante d’envergure, l’énorme nuée entame une virée acrobatique entre les mats, poursuivant le pauvre poisson volant qui tentait de leur échapper, tant bien que mal. Gracile, la créature marine plane quelques secondes, de son élan de saut, avant de retomber dans un immense splash, au milieu des cris outrés des volatiles privés de leur diner.


Une scène, somme toute quotidienne sur Grand Line, qui aurait pu être totalement oubliée si, à la suite du passage du brave exocoetidae, une bulle n’était pas apparue dans l’eau, accompagnée d’une vapeur terriblement dérangeante. Encore une fois, cette scène de chasse de la faune dans son environnement naturel n’aurait eu aucune importance, si cette dernière n’avait pas amorcé une nouvelle manœuvre de vol, passant d’une remontée brutale pour éviter de finir dans l’eau à une descente en piquée d’une rare prestance, droit vers les passagers de Merveille Aquatique. Les premières Moueland arrivées se saisirent de l’un des mousses, lui faisait quitter le bois rassurant du bateau pour commencer, doucement mais surement, à le tirer en l’air. Une autre poignée se jeta sur la pauvre victime qui n’eut d’autre de choix que de hurler de douleur et de terreur en sentant les becs acérés se ruer sur sa chair fraiche et encore vivante. L’ultime escadron d’aviation terroriste, quant à lui, file droit devant lui sur l’immense silhouette rouge vive qui décorait le pont en luisant au soleil. Une aubaine pour ses pauvres créatures affamées que celui-ci soit le plus proche niveau couleur, de leur poisson volant disparu. Enfin, pas tout à fait disparu, puisqu’il flottait, non loin de son point d’entrée dans la mer, le ventre à l’air, visiblement terrassé par autre chose que les oiseaux qui voulait sa peau.

Mais c’était bien plus qu’il en faudrait pour effrayer notre Vigilante en quête de justice, n’est-ce pas ?

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