Un navire de cire.
Il était temps que finalement ma poignée d'hommes et moi levions l'ancre. C'est d'une voix ferme que je guidais ces individus ayant été affecté sous mes ordres. Mon timbre de voix était clair, strict, guidé par une forte volonté de mener à bien ce départ en direction de l'île de Balgimoa. Pourtant, malgré ce que laissait paraître la position dominante que j'avais adopté, tournant le dos à la proue, observant d'un œil aguerrie l'ensemble du navire que nous avions momentanément loué, je ne m'étais toujours pas habitué à assumer ce rôle de contre-amiral.
Une décision ayant été prise alors que mon âme, mon esprit et mon cœur avait été dévoué au sauvetage de l'île indigène, celle de Little Garden. Peut-être que cette aventure menée aux côtés de la capitaine Blaiz en particulier, que je n'avais toujours pas recroisé depuis, m'avait changé. Peut-être que le décès de ce vieillard agaçant placé sous ma responsabilité, me poussait à devenir quelqu'un de plus responsable, d'assumer la volonté de vouloir changer le monde sans même à avoir à sortir des coulisses, uniquement par la science.
C'était sûrement ça, qui ce jour-là, me poussait à faire vibrer mes cordes vocales à toutes fréquences, afin d'ordonner à mes compagnons de hisser les voiles, de lever l'ancre, de suivre le cap que m'avait décrit le navigateur. C'était ça qui me faisait tenir debout malgré les cernes dessinées sous mes yeux, si facilement ancrée grâce à l'anxiété provoquée par la peur de ne pas être à la hauteur.
Alors que le navire quittait le port, mon bras s'était levé, saluant les quelques citoyens présent sur place, légèrement déçus de me voir quitter les lieux, paraît-il. Un sourire exhibant ma dentition soignée, probablement l'une de mes seules fiertés, alors que mes pensées quant à elles étaient déjà dédiées à la destination que nous espérions atteindre sans trop d'encombres.
Pour être sincère, des complications, j'en avais déjà assez eu sur l'île aux dinosaures. L'étincelant coquillage que je gardais autour de ma nuque, présent de celle que je considérais être la digne responsable de ces terres, me rappelait le sang éclaboussant, les rugissements bestiaux, l'humidité ambiante de ces forêts tropicales.
Balgimoa, symbole de la science. Cette fête de la science, j'espérais pouvoir m'y instruire, et pourquoi pas instruire autrui. Démontrer mon savoir, partager différentes thèses, y trouver des créations insolites m'inspirant pour mes futurs bricolages. Malgré le lourd passé de cette cité, souvent mis en conflit avec le gouvernement, j'espérais pouvoir y passer un agréable moment.
Et plus que tout, te retrouver, Shinji.