Cela faisait plusieurs semaines que des blessures reçues lors d'un affrontement musclé avec un demi géant avaient éloigné Scylla loin du terrain.
La princesse était une femme d'action qui avait bien du mal à supporter l'inactivité. Cependant avec quatre côtes de cassées, une fracture du bras gauche et une entorse du genou droit, elle avait du se résoudre à rester en retrait.
Heureusement pour elle, elle avait dans son carnet d'adresse une médecin plus que compétente qui s'assurai de sa remise en forme et qui aujourd’hui devait lui donner le feu vert pour reprendre le travail.
Elizabeth était une jeune femme pleine de talent pour qui la rousse éprouvait beaucoup de sympathie. La médecin était une femme douce, prévenante et un véritable petit génie des sciences. La briseuse de chaînes n'avait pas hésité une seconde à la sollicité.

D'un geste impatient, la jeune femme passa une main sur sa tête pour replacer une mèche rebelle derrière son oreille. Après près d'une heure à attendre devant une porte close, la patience de Scylla était sur le point de totalement disparaître quand soudain la poignée s'abaissa et que la docteur fit passé sa tête par l'encadrement de la porte.

« Ah quand même ! » bougonna Scylla avant de se lever avec souplesse et de se diriger à grand pas vers la brune. Son bras gauche étant en écharpe, elle l'étreint rapidement avec son bras valide. Comme à son habitude, elle était très démonstrative avec ceux qui faisaient partis de son cercle d'intime. « Tu as mis un temps pas possible, j'ai cru que tu m'avais oublié. » Elle rentra dans le local que le gouvernement avait mis à disposition de son ami. « Bon allez, tu m'enlève ce plâtre qu'on en parle plus ? »
La rouquine espérait éviter le long processus d’auscultation pendant lequel Elizabeth allait devoir s'assurer que chacune de ses blessures soit correctement guéris.

Pendant une seconde, la princesse déchue regarda son reflet dans une vitrine dans laquelle était rassemblée tout un tas de fiole. Elle s'avança ensuite vers la table auscultation et s'assis sur cette dernière. « Alors comment ça va Eli ? La forme ? »

« Désolé pour l'attente, le travail n'arrête pas de pleuvoir à la branche. »
« T'en fais pas pour ça. » La rassura la rouquine. Sa remarque était purement réthorique, elle s'estimait déjà heureuse qu'une personne si compétente que la jeune femme veuille bien s'attarder sur quelque chose d'aussi simple qu'un bras plâtré, elle ne voulait surtout pas faire culpabiliser son ami pour quelque chose d'aussi anodin qu'un petit retard.
« Comme d'habitude je dirais, nos supérieurs ne nous laisse jamais vraiment le temps de nous ennuyer. Et toi ? Tu tiens le rythme au Cipher ? Avec les mouvements révolutionnaires qui s'activent, il parait que vos supérieurs ne sont pas non plus tendre avec vous. Même si tu as eu le droit à quelques jours de repos avec tout ce que tu t'es faite. »
La jeune femme hocha doucement la tête en observant son amie saisir un inquiétante scie circulaire. Heureusement, elle avait entièrement confiance en elle, voir quelqu'un s'approcher de son bras avec un outil aussi tranchant n’était pas pour la rassurer. « Oui la situation est assez compliqué mais l’inactivité me pèse plus que toutes ses missions à répétition. » La situation était compliqué pour la princesse déchu. Elle se retrouvait un peu trop dans les idées revendiqué par les révolutionnaires. Elle devait cependant maintenir le cap qu'elle avait décidé de mener en collaborant avec le gouvernement. Trahir ses aspirations pour servir la cause de son peuple n'était pas cher payé.

Le bras de Scylla fut libéré de l'épaisse protection dans laquelle il était enfermé. Ce fut une véritable bouffée d'air frais. De petit picotement, comme des décharges électriques parcouraient le membre en rémission de la rousse. Elle maintenait un silence religieux pendant l’auscultation.
« Ca te fais mal quand j'appuie là ?...Et ici ?...Essaye de tourner ton poignet...Essaye de serrez ma main...Plie ton bras. »
L'agent du gouvernement suivi à la lettre les ordres de la doctoresse. « Non, tout vas bien. »
« Tu vas ressentir une faiblesse durant quelques jours encore mers ton bras est totalement remis. »
En effet, alors que la brune avait lâché le bras de la briseuse de chaînes, cette dernière fit quelques mouvements avec son bras et elle sentait une certaine sensation de lenteur. Pas vraiment l'idéal pour reprendre son travail. « Combien de temps avant que ça revienne à la normale ? »
Elle regarda son amie ausculter son genou. Scylla qui avait opté pour une courte jupe noire en cuir et une chemise blanche n'avait pas eu besoin de se dévêtir pour se faire analyser son membre inférieur.
« En venant j'ai entendu un mec de le compta, il parlait de toi. » un mince sourire éclaira le visage de la rouquine, elle était sur le point d'ébranler la froide assurance de la brune. « Il te trouve très jolie et pense te proposer de sortir après le boulot. » Elle avait en effet capté cette information en attendant devant le bureau d'Elizabeth. « Il est plutôt mignon. »

« Oh ? ça me surprend, je t'avoue. Je ne le connais pas beaucoup. Mais...Je vais peut-être lui laisser une chance. Qui sait je vais peut-être faire la bonne rencontre. » Avec un grand sérieux, Scylla hocha la tête.
« C'est évident ! » Elle attrapa la main de la brune dans la sienne et la sera avec une certaine tendresse. « Tu n'es évidemment pas obligée de te trouver un homme, ou une femme d'ailleurs, pour être heureuse ! Mais surtout ne t'interdit rien ! Puis... » Un petit sourire carnassier vint border les lèvres rosée de la sirène. « ...pour parler dans un langage que tu comprendras mieux, tu as certain biologique à assouvir ! » Elle ponctua sa phrase d'un petit coup de coude complice avant de partir dans un grand éclat de rire cristallin.
« Mais tu penses que...Je suis vraiment faite pour ça ? Je suis toujours au labo je ne suis pas vraiment douée pour prendre soin de moi. Je vais probablement passer pour une négligée plus qu'autre chose si je sors ce soir. »
« Mmmmmh... » Dans un petit froncement de sourcil la rouquine farfouilla dans un son sac et fini par en sortir un escargophone qu'elle posa sur ses genoux. Elle lança un regard mystérieux à Elizabeth. « Un seul mot de t'as part et je lance l'opération " beauté fatale ". »

La gentillesse de Scylla n'était pas feinte. Après avoir passé des décennies à essayer de touché le monde des humains d'une façon ou d'une autre, la briseuse de chaîne était plus qu'enthousiaste à l'idée de pouvoir aider la scientifique.
Après tout, son amitié avec elle n'était-elle pas la preuve qu'il était possible aux deux espèces de s'entendre ? Les habitants des profondeurs et ceux de la surfaces n'étaient pas différents.
Il n'était donc pas surprenant de voir la princesse légitime de Gyojin-To donner autant d'elle même dans cette relation.
Il n'était pas facile de gagner la confiance de la rousse cependant, une fois que vous faite partie de son cercle d'intime elle est prête à tout pour vous aider. Pour ceux qui trahisse sa confiance cependant, elle était sans pitié.

Aucune autre décision n'aurai pu ravir davantage la rouquine que ce que venait de lui dire Elizabeth.  Sauf l'annonce de la mort de Xoth peut être... Ou celle de Griselda Vivendi... Mais en l'état des choses, elle était plus que satisfaite de la réaction de son amie.
En amatrice de mode averti, Scylla s’imaginait déjà confectionner une parfaite tenue pour son amie. Un bleu dans les tons pastel irait parfaitement avec son teint d’albâtre.
Cependant, quand la scientifique reprit la parole, le sang de la sirène sembla se dérober et pendant une fraction de seconde, l'agent du gouvernement, pourtant si maitre d'elle et de ses réactions devint livide.

« Mais avant que l'on commence Serana. J'ai une chose à te demander...Si c'est trop personnel n'y répond pas, cela restera entre toi et moi, mais tu n'es pas humaine n'est-ce pas ? »

Une petite boule d’angoisse venait de faire son apparition dans le ventre la jeune femme, qui papillonna des yeux comme éblouis par la phrase de la médecin. « Pas humaine ? » Rigola t'elle hilare. « Mais que vas-tu t'imaginer ? »
Elle rigola pendant quelques secondes avant de laisser ses yeux tomber sur ceux d'Elizabeth. Cette dernière était sérieuse et n'avait pas bronché. Elle avait vraiment compris quelque chose... Difficile  de tromper un médecin surtout si celui si avait les compétences de la jeune femme. « Tu me mets dans une drôle de situation Eli... » La princesse déchu sauta de là où elle était assise et dans un rapide soru, elle se déplaça jusqu'à l'unique porte du bureau médical. Sans cesser de fixer la brune elle ferma sèchement le verrou. « Tu comprends que je n'ai pas le choix que de faire le nécessaire afin de me protéger. »
Lentement, elle s'approcha de la scientifique. Dans les yeux de la rousse on pouvait clairement lire de la déception. Elle aimait profondément Elizabeth mais elle devait faire le nécessaire pour protéger son secret. Elle l'avait toujours fait après tout. Cependant commettre un meurtre pouvait s'avérer plus difficile celons la personne que vous souhaitez éliminer. Pas forcément parce que votre cible est difficile à atteindre mais juste à cause de l'affect que vous avez pour elle.
Elle commençait déjà à réfléchir à la façon de maquiller le meurtre. Peut être en faisant exploser le laboratoire ? La brunette utilisait surement de dangereux réactifs pour ses inventions. Maquiller cette explosion en accident semblait simple.
Elle n'était à présent plus qu'à deux mètres du médecin et ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin.

La situation était critique, Scylla n'avait aucune envie de se débarrasser de sa précieuse amie. Cependant, elle avait déjà due se résoudre à supprimer des témoins gênants dans ce jeu de dupe auquel elle s'était résigné en adossant l’identité de Serena Barbarigo. Laisser Eli vivre serait une insulte à tous ceux qu'elle avait tué au nom de son secret.
Et pourtant...
« Je...Je suis désolé Serana...Je ne voulais pas...»
La scientifique avait brutalement rompus la distance qui les séparaient toutes d'eux pour étreindre la rouquine. Les bras ballants, la princesse déchue ne savait pas quoi faire. Au plus profond d'elle même, un combat venait de démarrer. D'un côté,  son instinct de survie qui l'avait emmener jusqu'ici malgré toutes les épreuves qu'elle avait pu vivre. De l'autre se besoin de se faire accepter et d'enfin trouver sa place dans cet univers.
Elizabeth avait l'air d'être quelqu'un d'honnête et de bon. Ou tout du moins, Scylla avait besoin de le croire. Petit à petit, elle se sentait fléchir.
« Tu es une amie précieuse...Fais ce que tu as faire je ne te retiens pas...Aussi important soit secret, vivante ou morte je le garderais...Si tu dois te protéger alors je veux aussi y participer...»
La sirène ferma les yeux brièvement et presque sans s'en rendre compte, elle entoura la brune dans ses bras et elle l'étreint avec chaleur.
« Scylla... » Murmura-t'elle à l'oreille de la brune, la voix cassé par l'émotion qui lui étreignait la gorge. « Mon vrai nom est Scylla. »

Elle ne savait pas si ce nom disait quelque chose à la scientifique et elle n'en avait cure. Elle avait décidé de lui permettre de rentré dans son cercle d'intime, un cercle très restreint qui avait connaissance de le double vie que menait la sirène. Elle se sépara des bras d'Elizabeth et la gratifia d'un baiser sur le front. « Je te fais confiance. » Elle avait prononcé ses mots d'une manière presque religieuse, en effet pour elle, donner sa confiance à quelqu'un était le plus beau cadeau qu'elle ne pourrait jamais faire.
Lentement elle fit glisser ses mains des épaules de la brune jusqu'à ses mains et les saisis de manière fraternelle. Si elle lui faisait confiance, il fallait alors qu'elle se présente vraiment à elle. Abattre les derniers secrets qu'elle gardait pour elle ou en tout cas, ceux qui étaient nécessaire d'être abattue pour créer une vrai relation de confiance. « Je suis la princesse légitime de Gyojin To. Et je suis ici... Car je crois fermement que mon peuple et celui de la surface peuvent vivre en harmonie et qu'ensemble... Nous pouvons en finir avec Xoth. »
Elle avait dis ça d'une traite, observant les réactions de son amie avec minutie. « Tu... Tu ne me déteste pas ? » Une question légitime, le simple fait d'être une sirène était un motif suffisant pour attiser la haine des humains après tout.

Savoir ce qu'elle pensait du conflit et des disparités entre Homme-Poissons est humain était fondamental. Si la médecin avait les même idées arrêté que 95% des humains, entretenir une quelconque amitié ou lien de confiance avec elle serai vain.
Il faudrait alors trouver une porte de sortie, funeste à l'une ou l'autre, à leur échange.

« C'est vrai que les hommes-poissons n'ont pas la vie facile. Mais ne t'en fais pas je suis une femme de science, je ne crois pas aux préjugés sans fondements. Nos deux races diffèrent à peine et vous êtes des êtres sensibles et pensant au même titre que n'importe quel humain. »

Rien ne pouvait laisser penser à Scylla qu'Elizabeth était en train de la manipuler. C'était certes assez ironique pour quelqu'un qui comme elle était supposé distinguer le menteur de la personne honnête mais la rousse n'avait aucune technique pouvant l'aider à savoir ce qui pensait réellement la scientifique.
Dans tous les cas, elle avait décidé de lui faire confiance, de l'inclure dans son groupe d'intime. Un choix dangereux, elle le savait, mais en plus de son besoin maladif d'être accepté, la sirène avait aussi besoin de soutien. Peut être que la brune lui rendrait service un jour.

« Je me sens coupable de savoir une telle chose sur toi...Mais pour que l'on soit quitte pose moi n'importe qu'elle question, je te répondrais ! »
« Une question... Une question... Voyons voir... »

Le regard de la briseuse de chaîne scruta le laboratoire à la recherche d'un quelconque élément qui pouvait lui donner une idée de question. Mais rien...
Littéralement rien.
Généralement, les gens possédaient des biens personnel dans leur bureau, photo de famille, d'ami... Mais Elizabeth semblait travailler dans un lieu totalement aseptisé, a son image. Bien entendu, Scylla avait déjà eu quelques informations sur la famille de la scientifique, la brise de chaine prenait la peine d'enquêter un minimum sur les gens avec qui elle était supposée travailler. Il serait néanmoins interessant de lui poser la question et même de les croiser avec le fruit de ses propres investigations. Voir si Elizabeth était elle aussi capable de lui confesser quelque secret peu avouable comme l'avait fait Scylla à l'instant.

« Bien ! Ce n'est pas vraiment une question mais quelque chose d'un peu plus général. » Elle marqua une courte pause avant de reprendre, fixant intensément la brune. « Parle moi de ta famille. »

Décontracté, Scylla s'assit en fasse d'Elizabeth sur le lit d’auscultation. Elle s'attendait à un maximum de transparence de la brune car après tout c'est elle qui lui avait proposé de se livrer.