« Matricule et ordre de mission. » Portant un masque sur le visage pour masquer mon identité, je tends à un soldat en uniforme les documents requis. Pendant qu'il les consultent, je regarde avec une certaine appréhension l'immense battisse qui se tenait devant moi. Impel Down. Je ne comptait plus le nombre de vérification de sécurité que je venais de passer, mais après tout, quoi de plus normal ? Ce bâtiment accueillait les plus dangereux criminels du monde. C'était justement l'un d'eux que j'allais voir aujourd'hui, Suzushi D. Ruizu. Une révolutionnaire qui s'était fait capturé suite aux attentats de Star Top Nation. Généralement, je préférai ne pas me mêler des histoires concernant les révolutionnaires. Je me sentais bien trop proche de certain de leurs idéaux pour agir en toute impartialité. Cependant j'avais dans le collimateur l'une des filles de la détenue. Elizabeth était une amie jusqu'au jour où elle tua des agents et pris la fuite. Il y avait peut de chance que sa mère sache où elle se trouve mais le moindre information pouvait faire pencher la balance dans sa traque. « Tout est en ordre. Vous pouvez avancer. »
Reprenant les documents qu'il me tendait, ce fut sous l'escorte d'un nouveau soldat que je rentrais dans la forteresse. Un léger frisson me traversa quand je franchis la porte massive, tout mon être me criais que des forces obscures étaient à l'ouvre ici. C'est une jeune femme qui pris le relais de mon escorte. Petite, le visage rond et de jolie boucles blondes qui lui encadrait le visage, elle détonné étrangement dans cet environnement si austère.
« Bonjour madame. Je suis le lieutenant Varinas. Veuillez me suivre, nous allons procéder à la fouille corporelle. » « Je vous suis. » Répondis-je, soulagé que ça soit une femme qui s'occupe de ça. Elle m'accompagna jusqu'à une petite salle. « Veuillez vous déshabiller je vous prie. » Je m’exécutai rapidement, bien que n'étant pas pudique je ne voulais pas non plus faire trainer ce genre de chose. Inspection faite, elle m'entraina à sa suite à travers un long couloir débouchant à un ascenseur à l'allure sinistre. Elle enclencha la monté de la cabine et reprit la parole. « Vous venez voir le prisonnier SR-1484-22 n'est ce pas ? » Je tournais ma tête masqué vers elle. « Effectivement. » Un petit rire amusé ponctua les lèvres rosées de la petite blonde. « Si vous avez besoin d'aide pour lui faire confesser quelques secrets... nous avons nos méthodes. » Les méthodes dont elle parlait, je ne pouvait que les imaginer. J'avais moi même était torturer pendant de nombreuses années. « J'ai mes propres méthodes. » lui répondis-je d'un ton froid. Elle se contenta d'hocher les épaules, l'air penaud. Finalement l’assesseur nous arrêta au niveau 4. « Bienvenue à l'enfer des flammes. Nous pouvons allez chercher une combinaison anti-chaleur si vous le souhaitez ? C'est ainsi que nos gardent peuvent agir en toute sécurité ici. »« Je m'en passerai. » Et pourtant, dès que la porte s'était ouverte, une vague infernale de chaleur m'avait traversé de part en part. Je n'avais jamais eu aussi chaud. Nous marchâmes un moment, ma guide n'était pas avare d'indications et me présentaient chaque spécificité de l'étage à la façon d'un guide touristique. Le chaudron dans lequel des milliers de mètres cubes de sang étaient en pleine ébullition était particulièrement impressionnant.
Je commençais déjà à transpirer à grosse goute sous mon masque... Au bout de plusieurs minutes, elle me tendit le bras vers une cellule, identique aux autres. Elle attrapa la matraque qu'elle avait accroché à sa ceinture et tapa avec force sur les barreaux métalliques. « Détenu SR-1484-22, tu as de la visite. » Elle se recula de quelques mètres et me tendis le bras en avant pour m'inviter à approché. J'approchais timidement des barreaux, j'avais l'impression d'être dans zoo... Cependant je ne voyais pas la prisonnière, elle semblait s'être retiré dans un coin obscur de sa cellule. « J'ai besoin de vous. » Lançais-je à l'aveugle.
— Laisse moi... va-t'en... DEGAGE !!, ce sourire, c'était la seule chose que je parvenais à discerner de cette silhouette. Ce sourire sauvage, malsain, je ne parvenais pas à le faire fuir. Où que je pouvais être, il y était aussi et se riait de moi d'un rire de démence. Je n'en pouvais déjà plus, les jours paraissaient éternels en ces lieux et je ne parvenais plus à dissimuler mes craintes. Je tremblais jours et nuits, je ne parvenais plus à dormir, je me méfiais de tout, de tous, pourtant, je les entendais encore, ces paroles que je ne parvenais pas à comprendre. Comme s'ils étaient d'une langue différente, comme si je ne parvenais plus à me comprendre moi-même. Petite Lune, réponds moi... pourquoi j'entendais encore ces sanglots, ces hurlements, ces cris de rage et de colère ? Pourquoi je ressentais leurs détresses et leurs rancoeurs ? Pourquoi... Pourquoi je ne parvenais pas à accepter ?!
Peu importe le temps qui passait, peu importe les souffrances que j'endurais, je ne parvenais pas à comprendre, je ne comprenais plus rien, mes propres mots me semblaient lointain. N'avais-je pas dis que je serais ici chez moi ? Alors, pourquoi ne pouvais-je pas simplement me contenter de subir ? Pourquoi étais-je encore en-train de nourrir l'espoir de m'en sortir ? Accepter de mourir serait si simple, alors, pourquoi je n'y parvenais pas... Pourquoi mon corps tremblait du matin au soir, pourquoi mon regard se perdait sur cette silhouette que je tentais d'éviter, mais qui me paraissait alors si inévitable ? Dis moi, Petite Lune, qu'adviendrait-il de moi, si je cédais ? Si j'abandonnais toute lutte ? Si j'acceptais mon funeste sort ? Moi, la Sorcière Blanche, la traîtresse, la vengeresse, avec mes belles paroles, me voilà, craignant ma propre mort après y avoir échappée d'un cheveu. Me voilà, vivante, pour regretter de l'être. Si je le regrettais tant, pourquoi mon existence ne voulait-elle pas s'estomper ? Dis moi, Petite Lune, quand mon tour viendra, seras-tu là ? Aurais-je eu une once de réponse de ta part ou, toi aussi, m'auras-tu abandonnée ? Oui, dis-moi... dis le moi...
Un hurlement qui résonnait à l'instant même où mon matricule fut prononcé, faisant sursauter la pauvre gardienne. Précédemment assise, je m'étais relevé si subitement, mes pauvres mains usées serrées les barreaux ardents de ma cellule, mon regard emprunt de folie se perdant dans le sien. Je n'étais pas folle. Je ne l'étais pas, non, non. Je n'étais pas folle. Pourtant, ça ne saurait tarder. Besoin de moi, disait elle. Te moquais tu de moi, Petite Lune, était-ce cette femme, ta réponse ? Etait-elle mon salut, ma rédemption, ou ma perte ? Ivre de questions, je la regardais, ton émissaire à la chevelure de feu, elle semblait si certaine, si confiante et bien vite, je comprenais que tu n'avais pas répondu, Petite Lune, cette femme, elle avait besoin de moi, si elle venait de ta part, elle n'aurait pas eu ce genre de besoin. Sans l'ombre d'une réaction, je reculais dans mon coin d'ombre, la chaleur étouffante continuait d'oppresser mon pauvre corps qui fondait à vue d'oeil, sans jamais rétrécir et, je te maudissais de m'abandonner, alors qu'elle, elle était là pour ses intérêts.
— Pourquoi... ils ne me laissent pas... Petite Lune ? Pourquoi... VOUS NE PARTEZ PAS ?!!, criais-je à l'intention de cette femme, qui au final, n'était peut-être qu'une amie de cette silhouette, celle qui me regardait encore alors même que la gardienne avait prise ses distances avec ma cellule.
Scylla était restée imperturbable alors que la prisonnière venait de se jeter sur les barreaux de sa cellule. La petite blonde qui l'accompagnait en revanche n'avait pas pu s’empêcher de sursauter. Lâche... torturer des gens affaiblis était bien plus facile que de leur tenir tête. Lentement la brune reculait dans l'ombre de sa cage, son corps réagissant étrangement à étouffante chaleur ambiante. Cet étage était vraiment le pire niveau dans lequel pouvait être enfermé le propriétaire du fruit de démon de la neige.
« Pourquoi... ils ne me laissent pas... Petite Lune ? Pourquoi... VOUS NE PARTEZ PAS ?!! » Avait-elle sombré dans la folie ? Il fallait avouer que même les pires journées en tant qu'esclave que Scylla avait vécu, semblaient presque douces en comparaison de ce que vivait la brune. « Vous feriez mieux de partir... » dit l'agent en jetant un regard à la gardienne à travers l'une des fentes de son masque. « Je ne suis pas autorisé à vous... »« Je suis... » La coupa Scylla d'une voix catégorique. « Un agent du gouvernement envoyé pour m'entretenir de sujets sensibles avec votre détenue. Vous n'êtes pas habilité à assister à cet entretien. » Pendant quelques secondes, un silence de plomb se tissa. « Je vais en référer à mes supérieurs. » La rousse se retourna vers la cellule alors que les bruits de talon de la blondinette raisonnait sèchement dans les couloirs. « Oui, faite ça... »
Lentement, la rouquine profita d'être seule avec la prisonnière pour enlever le masque. Elle le garda dans sa main. Livrer son visage à la brune ne représentait pas un grand danger. Après tout, elle ne risquait pas de sortir d'ici et de représenter une menace ! En revanche, avancer à visage découvert était un moyen de s'ouvrir un peu plus à elle. Bien, il fallait avant tout se présenter afin de créer un semblant de lien avec elle. D'expérience, Scylla savait que dans ce genre d'endroit, les geôliers déshumanisés autant que possible leurs proies afin de leur enlever autant de substance que possible. Cette femme était plus qu'un matricule. Elle était une personne et il serait peut être bon de lui rappeler. « Suzushi D. Ruizu... » dit elle en s'accroupissant devant les barreaux, essayant de discerner dans l'obscurité la localisation de son interlocutrice. « Je m'appelle Serena. Je travaille pour le gouvernement. » Il fallait choisir ses mots avec soins. « Je dois être la dernière personne que vous avez envie de voir et pourtant j'ai besoin de vous... » Une petite pause savamment orchestré pour renforcer la tension du moment. « Enfin... ce n'est pas tout à fait exact. Elizabeth à besoin de vous. Elle a des problèmes. » La bombe était lancée, il fallait maintenant attendre de voir comment allez réagir la sorcière avec autant de patience et de prudence que possible.
— Suzushi D. Ruizu..., elle insistait Petite Lune. Elle insistait encore. Petite Lune, pourquoi fallait-il qu'ils viennent me chercher jusqu'ici ? N'était-ce pas suffisant ? Petite Lune, je connaissais mon nom, je ne l'avais guère oublié ! Alors pourquoi, pourquoi se sentait-elle obligée de me le rappeler ? Ce nom, qui fut prononcé à maintes reprises par autrui, avec mépris ou amertume, avec peur ou dégoût, avec amour ou haine : Suzushi D. Ruizu. Alors, Petite Lune, qu'aurait-tu à dire toi ? Tu aurais pu prononcer mon nom, toi aussi. Qu'importe, elle me faisait bien rire. Rire, oui, je m'étais mise à rire alors que j'avais posée mon dos contre le mur de la cellule. Quelle drôle d'ironie, quelle drôle de rencontre.
— Suzushi D. Ruizu, je suis, Suzushi D. Ruizu. Je suis la Sorcière Blanche, je suis... la terroriste de Star-Top Nation, je suis la meurtrière du Président Ohmama. Je suis... qui je suis... Je suis...
Ce que je disais n'avait pas de réel sens, pas de véritable raison hormis le fait de me sentir... vivante. Peut-on vraiment se sentir en vie en se souvenant de qui l'ont est ? De ce que l'on est ? Au fond, c'est un début, il fallait bien un commencement à cette envie de vivre. Vivre ou survivre ? Ma cellule n'était qu'une fournaise où l'on me faisait cuir à petit feu, en permanence. Lorsque j'en sortais, c'était uniquement pour subir les tortures de mes géôliers, faiblement, sans broncher. La douleur, une autre preuve de vie, après tout, ne devais-je pas expier mes actes ? Expier Petite Lune, non, j'avais beau me le répéter encore et encore, chaque jour, chaque nuit, je ne cherchais pas la repentance. Je ne pouvais aucunement me permettre de ressentir un quelconque regret vis-à-vis de mes exploits meurtriers. Tels sont les affres de la guerre, qui peut lutter contre cette fatalité éternelle ?
— Serena, Serena... Que pourrais-je faire ici ?, disais-je alors en haussant les épaules. Elle voulait mon aide, mais au final, je n'en restais pas moins derrière les barreaux de cette fournaise. Ouvre moi et... là, je pourrais t'aider, avais-je alors siffler avant de me mettre à ricaner. Bien sûr qu'elle n'ouvrirait rien, on m'a emprisonné ici et, il n'était sans doute pas prévu de m'en faire sortir et j'y étais résignée. Pourtant, mon visage affichait un certain intérêt pour ce que disait cette vipère rusée. Petite Lune, au cours de ma vie, j'avais eu un homme dans ma vie, attentionné, aimant, du moins, en apparence. Il m'avait offert la possibilité d'enfanter à trois reprises et, bien que je ne sois guère une mère présente, jamais il n'aurait été question de douter de l'amour que j'avais envers ma progéniture. Jamais, entendais-tu Petite Lune ? Elizabeth était la seconde. Intelligente, pleine de malice et d'ingéniosité. Pourtant, il existait bien une chose qu'elle ne comprenait pas : le comportement social. Depuis toute petite et, à mon grand regret, cette enfant s'était recluse dans sa bulle de Savoir, souvent en froid avec Sûkaretto. Débrouillarde, elle l'avait toujours été, alors Petite Lune...
— Dis moi... pourquoi ma fille aurait des problèmes ?, oui, à l'instant même où le sujet avait dévier sur ma progéniture, il n'était plus question de moi, mais de ce que je leur ferais si toutefois ils osaient poser les doigts sur elles. Mes filles. Il m'arrivait de me demander ce que faisait l'aînée, il m'arrivait de me sentir trahie par ses décisions, il m'arrivait... de la tenir responsable. Après tout, n'était-elle pas encore sous l'égide des assassins de ses tantes ? Des géôliers de sa mère ? Des tortionnaires de sa soeur ? Alors pourquoi... Pourquoi refusait-elle d'ouvrir les yeux ? La famille Suzushi, à croire que cette famille était maudite depuis des générations... Un jour, la chance sourira t-elle à l'un des nôtres ? Ou bien sommes-nous condamnés à lutter encore et toujours ? Suis-je vouée à me battre à mort, dans cet enfer brûlant ?
" Suzushi D. Ruizu, je suis, Suzushi D. Ruizu. Je suis la Sorcière Blanche, je suis... la terroriste de Star-Top Nation, je suis la meurtrière du Président Ohmama. Je suis... qui je suis... Je suis... "
Il ne faisait plus aucun doute maintenant que l'esprit de cette femme avait souffert de son internement prolongé dans les geôles d'Impel Down. Quoi de plus naturel ? Cette prison pouvait s'enorgueillir d'être l'un des endroit les plus sordides du monde. Serais-ici qu'elle serait emmené si d’aventure quelqu'un perçait son secret et déciderai de tout raconter aux autorités ? Cette étage d'Impel Down serait une prison efficace pour elle, le gyojin karate ne serait d'aucune efficacité dans un environnement si chaud. Comment espérer capter la moindre trace d'eau ici ?
" Serena, Serena... Que pourrais-je faire ici ? ", disais-elle alors en haussant les épaules. " Ouvre moi et... là, je pourrais t'aider. "
Un soupir désolé et honnête sorti de la bouche de la sirène. « Je n'ai pas le pouvoir de vous faire sortir d'ici. » Scylla était un brin trop idéaliste pour accepter les mauvais traitements que revevaient les prisonniers ici. Cependant elle comprenait la nécessité de les enfermer. Si elle partageait de nombreuses idées avec les révolutionnaires, elle ne tolérait en revanche pas les effusions de sangs qui accompagnait leur action. Peut être qu'un jour, elle aussi devrait se résoudre à de telle extrémité pour que son message puis être attendu. Mais pour l'heure s'était tout simplement hors de propos.
" Dis moi... pourquoi ma fille aurait des problèmes ? " Pour la première fois depuis qu'elle discuté avec elle, Scylla avait l'impression d'avoir capté l'attention de la sorcière blanche. Une mère restait une mère après tout... Dans la majorité des cas, l'enfermement et la torture ne pouvaient pas détruire le lien entre une mère et ses enfants. Il était surprenant de voir que même cette grande révolutionnaire, qui avaient volé tant de vie, faisait partie de celles qui tenaient réellement à ses enfants.
« Tout d'abord... » Commença Scylla, qui comptait bien être aussi honnête que possible avec la prisonnière. «... Il faut que vous compreniez qu'Eli est mon amie. Elle était mon médecin, mais aussi ma confidente. Elle était... pardon. Elle est quelqu'un d'assez bizarre, d'assez asociale et de difficile à cerner. » Scylla poussa un petit soupir en fermant brièvement les yeux. Elle ménageait l'effet de suspens pour apporter autant d'émotion que possible à son récit. « Mais... ! Le gouvernement l'accuse d'être à l'origine de la la mort de plusieurs de ses collègues ! Je suis sûre que c'est faux !! Mais elle est en fuite et je dois l'aider... Je... je l'aime beaucoup... » Conclut-elle en faisant apparaître deux petites larmes rondes dans le coin de ses yeux. « Je vous en supplie ! Vous devez bien avoir une piste... une idée... Quelque chose pour que je la retrouve ! Des chasseurs sont à ses trousses et je ne peux pas la laisser seule... De grâce... Aidez-nous ! »
Il n'y avait pas de mensonge dans les déclarations de la rouquine, hormis ses doutes sur la culpabilité de son ex-meilleure amie. Elle savait déjà qu'elle était à l'origine de ses morts.. A genoux et tenant les barreaux de la cellule de la sorcière, c'est les yeux rouges de larme que Scylla attendait une réponse de la prisonnière.
