Tenue complète

Les nuits d’East Blue ont leur petit charme, peu importe l’île où l’on se trouve, on peut sentir le sel de mer se balader dans l’air lorsqu’une brise tempérée nous caresse le visage. Anna avait toujours un petit frisson lui parcourir le cou lorsqu’elle ressentait ça, cette mer lui rappelant beaucoup de souvenirs, comme son enfance à Loguetown par exemple. Combien d’années depuis qu’elle était partie de sa ville natale ? 7 ou 8 ans ? Elle avait du mal à s’en rappeler exactement, tellement l’époque de la petite Anna qui s’est infiltrée dans l’entrepôt de son père pour manger un fruit du démon lui paraissait si loin. Tellement loin qu’elle n’était plus du tout une enfant, elle était déjà une adolescente qui avait vu son corps se transformer sous ses yeux.

En parlant de transformation, et d’entrepôt, la jeune fille se trouvait encore une façon dans une situation particulière. Son travail de contrebandière n’allait pas l’attendre, et elle devait toujours économiser quelques millions dans l’espoir d’éponger sa dette auprès de son père. Au départ, elle pensait que ce serait impossible à payer, qu’il y avait une forme de symbolisme derrière cette somme titanesque, qu’elle comprendrait quelque chose sur le chemin. Mais au fur et à mesure des années, à force de remplir les jobs qu’on lui confiait, elle a fini par comprendre que c’était possible, qu’il ne fallait pas qu’elle baisse les bras… mais que pour y arriver, il faudrait qu’elle soit prête à parier gros. Et ce n’est surtout pas pour justifier le fait qu’elle se trouvait face à un entrepôt de la Marine à Shells Town, une île tranquille d’East Blue, et qu’elle s’apprêtait à pénétrer dedans illégalement pour récupérer un colis perdu.

“Même si c’est pas moi qui l’ai perdu à la base…”

Anna restait perchée sur un toit en face de l’entrepôt, entièrement transformée en hirondelle, alors qu’elle fixait les tours de gardes nocturnes de la Marine. Elle était pressée, mais pas impatiente, elle n’en était pas à première fois pour ce genre d’opération. Il arrive que des colis soient interceptés par des pirates ou des concurrents peu scrupuleux, ce qui force les contrebandiers comme Anna à devoir se battre pour récupérer les biens et remplir leur part de marché. Mais un autre acteur peut intervenir dans ce type de scénario : la Marine. Si la police des mers confisque les marchandises volées ou illégales, alors il faut agir en conséquence. On peut éventuellement négocier avec la Marine, montrer le contrat avec le client pour récupérer la marchandise, ou offrir un pot-de-vin dans de rares occasions. Mais Anna n’avait pas le temps pour ces approches, il fallait qu’elle soit à l’autre bout d’East Blue dans quelques jours, et le temps c’était de l’argent !

Elle avait profité de la fin de journée pour repérer les lieux et écouter les conversations des Marines un peu trop bavards. C’était pratique d’être un oiseau capable de se poser n’importe où, même au rebord d’une fenêtre. C’est comme ça qu’elle a pu retrouver aussi vite l’entrepôt qui stockait les biens confisqués. Il ne lui fallait pas longtemps avant de trouver un angle mort pour passer entre les gardes et directement entrer dans le bâtiment. Il y avait quelques lumières qui éclairait l’endroit, le strict minimum pour des lieux de cet acabit. Après avoir fait le tour de l’endroit en quelques coups d’ailes, sautant de caisses en caisses pour trouver celle qui l’intéresse. Le colis n’était pas extrêmement lourd, c’était une sorte d’épée décorative faite à partir d’une dent de monstre marin, extrêmement rare. Anna ne savait pas comment les Marines rangeaient leurs affaires, donc ça lui a pris plusieurs minutes avant de trouver la cargaison recherchée. Lorsque personne ne semblait avoir de visuel sur elle, elle reprenait sa forme humaine, passant d’une petite hirondelle de 20cm à une jeune adolescente de 15 ans. La main posée contre la cargaison, elle l’ouvrait discrètement avant que son Den Den Mushi ne parle…

“... ANNA, T’ES OÙ ?!”

“Merde ! Shh !”

Elle forçait l’escargophone à se taire, et tentait de faire appel à ses sens pour voir si quelqu’un l’avait remarqué. Tu parles d’une infiltration...

Anna inspira profondément, ayant réussi à faire taire son den den mushi même si elle avait un mauvais pressentiment. Elle avait reconnu la voix de son père à l’autre bout, et s’il avait pris la peine de l’appeler maintenant c’était forcément pour une mauvaise nouvelle… Mais pas le temps de réfléchir au pourquoi du comment, à peine avait-elle mis la main sur l’épée décorative que des bruits de combats se faisaient entendre pas très loin de sa position. Elle était assez surprise : qui d’autre qu’elle serait assez stupide pour s’attaquer à un entrepôt de la Marine ? Des voleurs ? Intérieurement, Anna était pas mal contrariée, il fallait que des idiots cherchent des ennuis à la Marine pendant qu’elle avait un travail à faire… Mais elle n’avait pas le temps de soupirer : des bruits de pas se faisaient entendre.

Un homme s’approchait d’elle, menottes sorties et invitant la contrebandière à se rendre calmement. Elle fronçait les sourcils lorsqu’il l’appelait “petit oiseau”, et resserrait sa main contre l’épée décorative qu’elle devait sortir d’ici. Elle accrochait le colis à sa ceinture, fixant le Marine qui s’avançait lentement dans sa direction, ce n’était plus vraiment le moment de plaisanter et de se croire en sécurité, elle devait se montrer sérieuse. Elle fixait l’homme qui avait un regard si… hautain, comme s’il avait le total contrôle sur la situation. Pendant qu’il avait encore une bonne distance à parcourir, elle en profitait pour glaner ce qu’elle pouvait comme informations :

“Vous êtes du genre à tirer puis à poser des questions ensuite, hein ? C’est pas vraiment le profil que je préfère dans la Marine… Je sais pas ce qu’il se passe à côté, mais c’est pas mes affaires. Vous ne devriez pas aller défendre la veuve et l’orphelin ? Je suis pas armée, je vous signale, contrairement à ce qu’on entend depuis ici…”

Pendant qu’elle parlait elle tentait de jauger l’homme en face d’elle, minimisant ses mouvements. Bon, elle allait pas s’attarder sur l’évident : il était super grand, voir sûrement deux fois plus grand qu’elle. Mais son caractère était un souci, s’il se permettait d’être aussi confiant c’est que soit il sous-estimait l’hirondelle, soit il avait une grande confiance en ses capacités. Ou bien les deux ! En attendant Anna ne recherchait pas vraiment le conflit, elle décidait donc d’utiliser tous les moyens possibles à sa disposition pour s’échapper. Alors qu’il continuait de marcher le long de cette allée vers elle, elle jetait un regard furtif vers les grandes étagères les entourant, comptant dans sa tête les pas du Marine avant de frapper d’un coup-de-poing invisible l’un des supports de l’étagère. Un fracas se faisait entendre alors que les caisses perdaient leur équilibre, tombant sur les deux seules personnes dans l’allée.

Comme Anna s’attendait à ce que ça tourne comme ça, elle a pu agir dès qu’elle a frappé l’étagère et commencer à reculer rapidement, utilisant son jeu de jambes de boxe pour se faufiler avant que les caisses ne la touche. Ses sens en alerte, elle restait à l’affût avec son intuition pour se préparer à la réaction du Marine, même si elle se doutait que dans tous les cas il la poursuivrait jusqu’au bout de l’entrepôt s’il le fallait… Ce serait presque romantique s’il n’avait pas genre 10 ans de plus que la jeune Anna, et si elle n’avait pas les poings serrés alors qu’elle se rapprochait de la sortie à grande vitesse. Enfin, ce n’était pas la sortie, c’était plus la direction des bruits de combat non loin d’eux.

“Mais il se passe quoi dans cet entrepôt sérieux ?!”

Mon premier résumé waaaaaaaah :