Il y a longtemps, le monde était paisible, tranquille, et il faisait bon vivre. Mais comme toute chose elle devait avoir une fin, là où débuta une nouvelle ère. Un célèbre pirate connu pour avoir exploré le monde et amassé des tonnes de trésors s’était fait arrêter, comme n’importe quel pirate. Mais il ne souffrait pas d’un cancer ou d’une maladie qui le rendait faible physiquement. Il avait choisi de se rendre de son plein gré, et il avait bien calculé son coup. En effet, sur l’échafaud au lieu de s’excuser en parlant des dangers de la piraterie, il offrit son trésor légendaire à qui voulait l’obtenir. Il se trouvait quelque part dans le monde, et sa mort laissa l’occasion au monde entier de tenter de se l’accaparer. Ainsi débuta l’âge d’or de la piraterie qui vit de nombreux criminels dangereux voir le jour et sortir de l’ombre pour menacer les populations par leur simple présence.
De leur côté, deux parents avaient choisi de rester neutres par rapport à tout ça, de simples civils au lieu de devenir des soldats ou des forbans. Ils s’aimaient à la folie tout comme ils aimaient leur métier, des exemples pour chacun. Ils avaient pour mission de soigner tous ceux qui souffraient, pirates comme marines, par simple principe d’entraide humaine et non par désir de complicité avec eux. Leur présence à Loguetown rassurait tout le monde, car à moins qu’on s’en prenne à eux ils étaient facilement capables de guérir tout le monde de ses plaies. Pour les maladies c’était plus compliqué, mais si une personne se cassait la jambe ou s’ouvrait le front ils étaient là pour les soulager de leur mal. Ils transmirent également leur savoir et leur expérience à leur enfant qui venait à peine de débarquer dans ce monde devenu brutal depuis la mort du grand pirate.
En grandissant, Aurora développait tout comme ses parents une passion pour les soins, les physiques du moins. Même si elle n’appréciait pas toujours la douleur des piqûres, c’était bien plus amusant de piquer les autres pour les entendre couiner. Comme tout le monde elle alla à l’école depuis sa tendre enfance pour apprendre un peu plus, des matières essentielles à la vie comme les langues, les maths, et l’éducation physique pour rester en forme. Bien que ça ne lui apprenne pas comment se défendre dans ce monde hostile, elle pouvait toujours utiliser sa tête pour se sortir des situations où un combattant aurait utilisé ses poings à la place. Non pas en donnant des coups de boule mais en trouvant des solutions à l’amiable.
Cependant tout n’avait pas que des bons côtés, et Aurora l’avait très bien vu à son école. Personne ne lui faisait confiance parce qu’elle se baladait toujours avec des seringues et qu’elle cherchait à piquer les élèves, c’était comme des coups de poignard dans le creux du bras, alors que pourtant il n’y avait pas mille moyens de s’entraîner. Même les éducateurs les lui confisquaient régulièrement pour éviter qu’elle se blesse avec, alors que ce n’était pas son genre. De ce fait, la jeune fille avait rarement l’occasion de tester ses connaissances sur des volontaires, ce qui la démoralisait. Heureusement elle se rattrapait sur ses parents qui étaient habitués depuis longtemps à la douleur de l’aiguille. Après tout ils s’étaient déjà grièvement blessés et ils se recousaient à chaque fois en essayant de se montrer forts.
Les années passaient et Aurora devenait de plus en plus proche du talent de ses parents, car ils étaient les meilleurs professeurs pour elle. Certes ses notes à l’école ne frôlaient presque jamais la perfection, mais en médecine elle se montrait très appliquée. Une certaine forme de sadisme émergeait de plus en plus, la poussant à multiplier les piqûres, surtout sur des inconnus blessés afin de les entendre gémir et imaginer leur douleur. C’était très plaisant à entendre et à ressentir, alors il fallait essayer de rendre service à autant de monde que possible. Bien qu’elle n’ait rempli aucun papier pour montrer son propre hôpital, Aurora recevait souvent des blessés quand ils n’avaient pas confiance en des établissements officiels. Après tout, la marine exigeait de connaître l’identité de tous les blessés par balle, alors qu’eux de leur côté ne demandaient rien, sauf peut-être quelques billets pour leur permettre de rester des médecins de qualité.
Un jour, alors qu’elle allait faire des courses, la demoiselle fut surprise par des coups de canon. Il s’agissait d’une escarmouche violente entre marines et pirates au port, les boulets fusaient à gauche à droite sans arrêt, abîmant les deux navires un peu plus à chaque fois. Un officier fut projeté sur le quai par l’explosion de leur réserve de poudre à canon, de nombreux projectiles boiseux dans le corps. Sans plus attendre, Aurora se précipita vers lui afin de l’aider, bien qu’il cherche malgré tout à se lever. Un pirate avait sauté pour l’achever et espérer avoir une bonne prime après ça, mais la demoiselle avait tout sauf envie de le voir mourir devant ses yeux alors que son métier non officiel était de soigner les gens, non de mettre des pansements sur des jambes de bois. Ainsi elle se défendit du mieux possible en agrippant une seringue vide, la plantant dans le cou de l’agresseur opportun en espérant le distraire. Ce n’était pas très puissant comme coup de poignard, et la lame n’était pas très épaisse, mais ça suffit à gagner du temps. C’est finalement une balle dans la tête qui acheva le pirate alors que les troupes de l’officier venaient à son secours aussi vite que possible. C’était tout aussi difficile de voir une autre personne mourir à sa place, mais elle faisait mine de ne rien ressentir pour éviter qu’on lui reproche de prendre pitié pour les criminels.
Suite à ça, Aurora retourna lentement à son rythme à ses occupations habituelles, comme la médecine, mais l’officier sauvé n’était pas resté indifférent. Depuis l’anarchie qui régnait sur les mers du globe, les pirates n’étaient pas les seuls à redoubler de témérité, les marines aussi prenaient tous les risques pour éradiquer les criminels en tous genres. De ce fait, il envoya à Aurora une invitation à passer un entretien avec lui pour lui laisser une chance de s’engager comme médecin dans la marine sans changer pour autant sa spécialisation. La demoiselle accepta avec l’accord de ses parents, allant s’engager dans la marine avec succès, au vu de ses compétences en médecine, surtout pour s’occuper de blessures graves plus que de grippes que tous les soldats ignoraient le plus souvent.
Maintenant qu’elle représentait en quelque sorte la loi, elle était autorisée à tuer comme n’importe quel soldat. L’ère actuelle ne leur permettaient pas vraiment de faire des états d’âme, alors ils devaient donner des ordres plus radicaux à leurs soldats, le gouvernement mondial se montrant intransigeant envers eux. Bien sûr ça ne dérangeait pas Aurora plus que ça, elle n’avait pas l’intention de commettre des massacres mais au contraire de soigner le monde pour éviter justement ces bains de sang horribles. Si elle avait déjà failli tuer un pirate un peu plus tôt, elle ne l’avait pas fait, et voir quelqu’un d’autre l’avoir tué lui avait été bien plus facile à accepter. Au moins comme ça elle n’avait aucun sang sur les mains et ça lui allait comme ça, inutile de retenter le coup. Son arme, ce n’était pas les fusils après tout, mais les seringues, et si de nombreux fragiles pensaient que ça faisait mal comme un coup de poignard, ils étaient bien assez bruyants pour ne jamais être vraiment en danger. Elle avait justement appris que durant un accident avec beaucoup de blessés, c’était ceux qui criaient le plus qui étaient les moins en danger de mort, alors que ceux qui se taisaient ne pouvaient pas appeler à l’aide et devaient économiser la moindre parcelle d’énergie pour ne pas succomber à leurs blessures.
Bien que la demoiselle refusait de suivre une formation de maniement des armes à feu, aussi bien les pistolets que les fusils ou les canons, elle ne refusait pas pour autant de manier des armes, et ses seringues étaient bien suffisant. Certes elles n’avaient pas la rapidité et la précision d’une balle, c’était même plus pratique de s’en servir au corps à corps, mais au moins elle pouvait les remplir de ce qu’elle voulait. De ce fait elle commença à s’entraîner aux lancers de seringue avec des fléchettes confisquées à des soldats qui pensaient s’amuser en les lançant sur les prisonniers pour gagner des points. Si la marine était devenue plus radicale en sautant souvent le jugement pour arriver tout de suite à la peine de mort ou de prison, elle n’acceptait pas pour autant de devenir un monstre sadique. De son côté Aurora les utilisait contre une cible sans vie et tout le monde l’acceptait, car un bout de papier ne pouvait guère crier de douleur. Ainsi elle affinait de plus en plus sa précision et ses techniques de lancer afin de pouvoir viser n’importe quelle cible de n’importe quelle distance courte ou moyennement courte. En-dehors de ça, elle concoctait également des potions à base de plantes qu’elle avait pu récolter un peu partout ou acheter dans des commerces. Certaines plantes étaient du poison dans tous les livres et provoquaient la mort sans qu’il existe de traitement, d’autres paralysaient leur victime, l’endormaient, ou provoquaient de violentes crampes un peu partout, ce qui pouvait s’avérer pratique. Et comme elle connaissait le corps humain comme personne, elle était la mieux placée pour savoir où viser pour causer la mort et où viser pour neutraliser sans danger sans pour autant laisser une chance à sa victime.
Une fois qu’elle avait acquis assez d’expérience dans la marine et dans le maniement des seringues, Aurora fut prise sur une mission pour arrêter un forban à plusieurs dizaines de millions de berrys de prime. L’officier la regardait sans cesse s’entraîner depuis le début, que ce soit avec ses seringues, ses potions, ou même s’entraîner au combat rapproché à mains nues pour apprendre à maîtriser les criminels, mais depuis un moment il avait l’impression que ça stagnait. En effet, en bon formateur qu’il était il pouvait voir tout de suite si une personne progressait et si elle stagnait, et Aurora avait appartenu à la première catégorie pendant de nombreux mois, jusqu’à ce qu’elle soit au meilleur niveau possible. Mais en réalité c’était partiellement faux, elle n’avait plus rien apprendre à East Blue, excepté une seule chose. Cependant ça ne s’apprenait pas dans la base ni ailleurs dans la ville. Il s’agissait de développer son instinct, la pousser à improviser sans pouvoir réfléchir. Ce n’était peut-être pas le meilleur prodige qu’il ait jamais vu dans sa base, mais la demoiselle méritait de passer à la phase finale, sans quoi elle ne pourrait jamais rester en vie sur le terrain et mourrait à la moindre occasion. Mêler la pratique à la théorie en résumé.
Depuis déjà des mois la marine préparait un assaut sur ce pirate très dangereux et toute sa bande qui avait élu domicile dans un village sur une île proche de leur position à seulement quelques jours de trajet. Mais à chaque fois que l’officier envoyait des renforts pour le coincer, le criminel les renvoyait en plusieurs morceaux. Cette fois-ci il décida de participer personnellement, non seulement parce qu’il était temps qu’il paye de sa vie celles qu’il a ôtées les dernières fois, mais aussi parce qu’il avait trouvé un excellent successeur parmi ses soldats. Si jamais il venait à mourir, il voulait que son meilleur élément prenne la relève et venge sa mort. Bien sûr il avait quand même l’intention de s’assurer que le pirate coule avec lui si ça devait lui arriver, histoire de rendre la tâche plus facile pour son soldat après ça. Le rôle d’Aurora dans tout ça était très complet, elle devait soigner les troupes si elles étaient blessées mais qu’elles auraient pu éviter de mourir, comme par exemple lors d’un tir de barrage ordinaire. Elle ne faisait pas de miracles, mais elle avait pris assez dans sa boîte pour changer la donne cette fois.
Chaque jour qui passait sur le navire qui devait les mener sur l’île du combat décisif était une nouvelle occasion de garder le niveau. Même si elle avait clairement des lacunes en corps à corps et que beaucoup de soldats pouvaient la maîtriser non sans mal, Aurora gardait une bonne maîtrise de ses seringues et ses nombreux produits pouvaient aussi bien servir pour ses alliés que pour ses ennemis. Si elle ne respectait pas les règles des combats à mains nues, elle pourrait facilement utiliser ses munitions pour paralyser sa cible et la maîtriser sans le moindre problème, mais elle préférait rester réglo pour que l’entraînement ne soit pas influencé par son talent de maniement des seringues. Ainsi elle s’arrangeait pour que même un trajet ne soit pas néfaste sur sa forme physique, qu’elle puisse toujours plus s’améliorer dans le combat rapproché sans objet en main. Elle put ainsi se sentir plus que prête à affronter un pirate proche du niveau d’une supernova, ou du moins soigner les soldats qui l’affrontaient. Elle n’avait aucune idée de son niveau ou de son pouvoir, mais elle ne voulait prendre aucun risque. Pour ça, elle accepta de prendre un pistolet avec elle en guise de protection instantanée contre une menace de mort immédiate. Si ses seringues avaient beaucoup d’effet, celui-ci allait du mal à agir aussi vite qu’une balle dans le corps, c’était bien plus rapide, même si ça devait tuer quelqu’un. Aurora avait pris conscience que c’était peut-être une mission suicide et qu’elle n’allait pas là-bas en vacances. Cependant son formateur avait commis l’erreur d’ordonner à ses soldats de rester près de la demoiselle pour la protéger.
Au petit matin, à peine réveillée, Aurora rejoignit le pont avec tous les autres soldats qui dormaient avec elle dans le dortoir commun. L’avantage cette fois était que l’officier connaissait la planque du pirate, il savait déjà où attaquer. En guise d’introduction, et sans la moindre sommation, la marine bombarda sans pitié le quartier général du pirate, donnant un coup de pied dans la fourmilière. Comme les dernières fois, les pirates se préparaient à affronter la marine au port, qui pour le coup les avaient également repérés à cause de leurs coups de canon. Au moins ils avaient réussi à détruire leur cachette suffisamment pour que les pirates ne puissent plus se cacher. Bien sûr ils pouvaient toujours entrer dans des maisons civiles, mais la marine commençait déjà à les pilonner avec une rangée de fusils. Aucun d’entre eux ne conseillerait aux civils de sortir de chez eux ou même de se tenir debout près des fenêtres, au cas où ils seraient touchés par des balles perdues, et ils devaient sûrement en avoir conscience, ou avoir déménagé. Dans tous les cas l’assaut était donné et tout le monde put profiter de ce tir de barrage pour débarquer sur la terre ferme et tenter d’encercler les pirates.
Cette fois, les supérieurs de l’officier de Loguetown surveillaient l’avancée du combat grâce à un soldat retranché dans le navire avec une longuevue qui scrutait l’affrontement dans sa globalité depuis les hauteurs du navire de guerre. De son côté, Aurora également faisait de son mieux pour économiser sa santé en restant à couvert, quitte à prendre des débris de maison comme bouclier pour rester en un seul morceau. Elle avait justement trouvé une ruelle et s’était barricadée avec des caisses pour accueillir les soldats blessés à quelques pas du boulevard principal. Plusieurs d’entre eux avaient déjà marqué l’endroit à la craie avec un code que seule la marine pouvait comprendre, histoire que l’endroit soit facilement repéré par les blessés. Pour le moment elle ne pouvait rien faire à part attendre, si elle allait au front avec les soldats elle ne pourrait pas faire dix pas sans être transformée en passoire avec toutes les balles qui fusaient de partout.
Comme attendu, le premier soldat arriva chez elle après avoir tiré une dernière balle pour empêcher ses ennemis d’approcher. Ces combattants étaient vraiment inconscients, ils attendaient de se prendre plusieurs balles avant de venir seulement se faire soigner, croyant qu’Aurore allait remonter dans le temps et rendre leur corps frais et solide comme avant. La seule chose qu’elle pouvait faire pour ce soldat aux portes de la mort était de laisser les plombs dans sa chair et arrêter le sang de couler le temps qu’il se remette debout. Si le produit miracle qui guérissait les blessures en dix secondes n’existait pas, il en existait bien un qui pouvait lui fournir ces précieuses secondes en guise de sursis. Après une injection d’adrénaline, le jeune homme se sentit de nouveau d’attaque, et même si il ne sentait plus la douleur, au moins il ne risquait plus de mourir à cause de ses blessures rouvertes. Néanmoins à cause de l’infection qui le guettait il y avait peu de chances qu’il soit là pour voir la fin du combat, qu’il soit en leur faveur ou en celle des pirates. C’était toujours extrêmement difficile d’envoyer un soldat à la mort, mais la médecine n’avait jamais prétendu faire des miracles, elle ne pouvait pas préserver quelqu’un de son destin funeste si il courait entre les balles sans réfléchir. Par chance l’officier était là pour inverser les forces et faire sortir le fameux pirate de sa cachette improvisée parmi les décombres.
Après plusieurs heures, les corps tapissaient la principale route, qu’ils soient marines ou pirates, mais Aurora était toujours indemne grâce aux soldats qui avaient assuré sa protection depuis le début. L’officier était également mal en point et devait se remettre entre les mains de la demoiselle si il voulait avoir l’avantage face au chef. Ce dernier commençait déjà à voir la fin de l’histoire et avait clairement l’intention d’économiser ses troupes pour se donner dans la bataille et envoyer les marines dans la tombe. Au moins elle s’était arrangée pour que son supérieur ne soit plus en danger de mort, elle lui avait offert des soins longs mais de qualité. Ses plombs n’étaient plus dans son corps et ses coupures avaient été recousues après une désinfection générale. C’était leur plus grand atout, elle ne pouvait pas se permettre de bâcler ses soins pour qu’il aille lui aussi se tuer dans la minute. Le coeur battant à toute vitesse, la médecin empoigna plusieurs seringues pour neutraliser des victimes, espérant tomber sur leur chef et pouvoir le capturer vivant. Cependant l’officier devenait pessimiste en voyant que le plus fort n’avait même pas encore montré le bout de son nez et qu’il était resté caché tout ce temps.
Ce n’est que bien plus tard que les pirates rappliquèrent dans la ruelle, sommant aux soldats de se rendre sous peine que leur cerveau voie la lumière du jour. Tous déposèrent alors les armes avec la plus grande amertume, y compris Aurora et l’officier. Son corps lui ordonnait de favoriser la vie à l’honneur malgré que son esprit lui ordonne l’inverse, il refusait de sacrifier tous ses soldats et le médecin qui ne pouvait même pas se battre dans cette situation. Il préférait récupérer dans une cellule plutôt que mourir sans avoir pu prendre sa revanche. Mais par surprise, Aurora préféra prendre une initiative pour éviter que tout le monde meure dans cette ruelle sombre. Elle s’agenouilla devant les sbires comme un chevalier servant, un bras sur sa rotule et l’autre dans son dos en guise de soumission. En réalité elle n’avait pas levé les mains comme d’habitude car elle n’aurait pas pu croiser les doigts devant son officier pour l’informer que ses prochaines paroles n’auraient aucune véracité pour la marine.
En voyant les marines escortés au sous-sol de l’ancienne planque par la bande du capitaine, le soldat se hâta d’informer ses supérieurs sur Grandline de la situation, malgré qu’un officier ait décidé de s’en mêler en personne. Il fallait croire que lui non plus n’était pas à l’épreuve des balles, comme ses soldats également. C’est avec un pincement des lèvres que ces supérieurs prirent une décision plus radicale encore qu’envoyer des soldats peu compétents de la mer bleue en grand nombre: envoyer des combattants extrêmement compétents en petit nombre pour arranger la situation. Il ne s’agissait pas de délivrer une simple île de la tyrannie pirate, mais plutôt de retrouver une île clé dans le commerce et le transport de marchandises en tous genres. De ce fait, les officiers supérieurs firent une demande spéciale pour que des agents viennent rétablir le commerce sur cette voie d’East Blue quel qu’en soit le prix.
Contrairement aux autres marines capturés dans toute la zone, Aurora avait droit à un traitement spécial, comme elle avait soi-disant juré allégeance au capitaine à travers ses sbires, promettant de lui apporter ses soins si jamais la marine revenait. Bien sûr il s’agissait d’une ruse, mais ça il ne pouvait pas le savoir à moins de lire dans ses pensées, mais personne n’était capable d’une chose pareille. Si les fruits du démon existaient ça se saurait, seuls eux pouvaient espérer donner ce genre de pouvoirs, mais personne n’avait encore confirmé leur existence à la base de Loguetown. Avec une personne aussi compétente qu’Aurora dans l’équipe, le capitaine se sentait pousser des ailes, bien que la marines lui ait arraché de nombreuses plumes durant cet assaut. Il était temps pour lui de prendre la direction de Grandline pour recruter de nouveaux membres, de préférence plus compétents que sur la mer bleue.
Durant le voyage très long vers Reverse Mountain, et même au-delà, Aurore devait faire ses preuves pour montrer qu’elle n’était pas une girouette prête à prendre le camp du plus fort à la moindre occasion où l’ombre de la défaite se profilerait sur le combat. De ce fait elle dut continuer de jouer son rôle de médecin en soignant les pirates pour qu’ils aillent mieux au lieu de les tuer, pour que ça n’attire pas l’attention du capitaine. Malgré son changement de camp, elle garda tout de même son uniforme de marine pour que les autres volontaires de la justice comprennent son pouvoir et soient intimidés. Pendant ce temps un individu de noir vêtu et bien habillé arriva sur les lieux du carnage où un silence de mort régnait. Il ne tarda pas à comprendre que la situation avait évolué et que le capitaine avait mis les voiles. Par chance il connaissait bien l’individu ainsi que l’apparence de son navire, car son organisation possédait d’excellentes sources d’information qu’il ne lui viendrait même pas à l’esprit de remettre en question. Il retourna alors sur le navire de la marine qui l’escortait sur les mers afin de prendre en chasse le navire. La logique voulait que le pirate aille se réfugier là où il serait en sécurité, de préférence hors de la zone actuelle à cause de l’omniprésence de la marine sur East Blue. Il avait même peut-être des contacts sur Grandline, alors la marine prit le cap de Reverse Mountain où il espérait mettre la main sur le navire pirate.
Par chance, la marine avait suffisamment pour pouvoir poursuivre n’importe qui quel que soit le temps dans le ciel. Les roues à aube favorisaient grandement la circulation sur les mers, ce qui donnait un avantage certain à la justice. C’est au moment où l’agent en noir reconnut le pavillon à l’horizon qu’il bondit dans les airs, réduisant radicalement la distance qui le séparait de la cible bien plus vite qu’avec le navire de la marine. Il n’eut pas le moindre mal à assassiner silencieusement les quelques sbires avant qu’ils puissent alerter le capitaine, bien qu’il n’ait aucun endroit où s’échapper en pleine mer. Pendant ce temps, le capitaine avait convoqué Aurora dans sa cabine, désirant un peu plus que des soins de guerre. Il lui ordonna de se déshabiller pour lui faire plaisir, alors qu’il se prélassait dans un fauteuil. Aurora lui présenta alors sa nouvelle seringue dont le contenu était censé décupler les performances au lit, alors que c’était un mensonge. Il le piqua alors dans la gorge sans prévenir, répandant le poison dans son organisme. Le capitaine qui avait vu le regard colérique et la fille avait vite compris sa manoeuvre, mais il n’eut pas le temps de prendre son pistolet dans le tiroir de son bureau qu’il commença à éprouver des difficultés à respirer, jusqu’à ce qu’il étouffe. La dernière goutte meurtrière coulait de l’aiguille de la seringue encore dans la main d’Aurora, alors qu’elle venait de tuer une personne. Cependant en voyant tous les morts sur l’île dans sa tête elle n’éprouva aucune forme de regret ni même de dégoût d’avoir ôté la vie d’une personne aussi détestable. Certes la marine avait aussi tué de nombreux pirates, mais c’était le prix à payer pour que la paix règne, car les marines eux ne voulaient aucun mal aux civils. C’est en se retournant que la demoiselle se rendit compte qu’une personne avait été témoin de toute la scène, tapi dans l’ombre depuis quelques secondes. Il se mit alors à l’applaudir en souriant, voyant que quelqu’un lui avait rendu la mission plus facile sans qu’il l’ait imaginé une seule seconde. Il avait toujours imaginé les otages faibles pourtant.
-Félicitations soldat Mitsugu, qui aurait pu croire que vous aviez une telle force en vous ? Tout un équipage à vous toute seule, c’est un grade de lieutenant qui vous attend sûrement.
-J’ai profité d’un moment de faiblesse du capitaine pour l’empoisonner, j’ai même pas touché aux autres.
-Pourtant tous les cadavres sur le navire attestent que quelqu’un s’en est chargé, et vous êtes là en train de tenir une arme en main.
-C’est vous qui avez fait ça ? Je n’ai que faire des honneurs de quelque chose que je n’ai pas fait.
-Ce ne sont que des détails, tout ce qu’on retiendra c’est que vous avez éliminé un équipage de pirates tout entier à vous seule sans une seule égratignure. Je n’ai qu’un appel à passer et vous devenez officier, votre nom apparaîtra dans le journal demain matin et vous deviendrez la star du jour.
-J’ai pas rejoint la marine pour être une héroïne mais pour soulager la douleur des soldats qui tombent au combat.
-J’ai accepté de faire de vous un officier de la marine, ça vous donnera encore plus d’occasions de soulager les souffrances des autres.
-Je veux pas qu’on me donne un mérite que je n’ai pas gagné moi-même. Ou c’est que je n’ai rien à faire dans la marine.
-C’est pourtant votre meilleure option, soit vous êtes l’héroïne du jour, soit vous avez donné votre vie pour éliminer une dangereuse menace et vous aurez droit à la mer pour tombe.
-Et si c’était moi qui décidais de toute l’histoire ? J’ai mon mot à dire dans cette affaire.
-Vous n’êtes que de simples soldats, vous êtes le bras armé de la justice. Vous êtes le marteau et nous le scalpel. Ce que nous faisons n’est jamais dans le journal, c’est à vous qu’on donne tout ce mérite. Vos efforts payent enfin, félicitations.
-Personne ne manie le scalpel mieux que moi, c’est comme ça que je veux travailler.
-Si vous êtes prête à mettre votre vie en jeu pour satisfaire votre égo, je peux en parler à mes supérieurs. Mais si jamais vous réussissez le test et que vous êtes acceptée, ne comptez plus sur un retour arrière.
L’air déterminé d’Aurora répondait à son interrogation sans qu’il ait besoin de le lui demander. L’agent se retrouva alors dans son dos en une fraction de seconde, abattant le tranchant de la main sur son cou pour qu’elle s’évanouisse. Il la glissa alors dans un grand sac pour dissimuler son identité et pour que personne ne se souvienne de sa présence à bord. Ainsi elle resta dans la cale du navire comme une prisonnière pendant tout le long du voyage, nourrie du peu que l’agent lui donnait pour qu’elle survive avec un minimum de forces. L’agent la garda alors dans le sac pour le transport vers le lieu où devait se dérouler la suite des événements. Il avait reçu l’autorisation de son chef pour lancer la procédure, à savoir l’enseignement des six pouvoirs, sans quoi elle ne pourrait jamais prétendre appartenir à cette organisation.
Les mois passaient très rapidement alors que la demoiselle tentait tant bien que mal de reproduire les gestes de l’agent. Contrairement à la marine, lui ne lui donnait pas de gestes au ralenti, il fallait comprendre la technique en l’observant soi-même. Elle apprit donc comment se déplacer instantanément d’un endroit à un autre d’un seul bond; comment jouer avec son centre de gravité pour esquiver les attaques ennemies, comment rendre son corps dur comme l’acier en contractant ses muscles, comment exploiter l’air environnant pour bondir toujours plus loin et plus haut, comment percer les murs les plus solides avec l’index avec la rapidité d’une balle de fusil, ou encore comment appliquer une telle vitesse à sa jambe pour créer une lame d’air capable de fendre la pierre comme du beurre. C’était bien sûr tout sauf évident, surtout quand elle devait esquiver ou encaisser des coups, mais elle refusait d’abandonner. La curiosité lui donnait la force de continuer, qui la poussait à aller jusqu’au bout. Elle voulait voir à quoi ressemblait la version scalpel du métier qu’elle exerçait depuis son entrée dans la marine. Bien sûr l’agent la laissait libre de tenter sa chance n’importe quand pour l’examen, mais elle préférait avoir une maîtrise minimale de chacun des six pouvoirs essentiels pour un agent.
En guise d’examen, que ce soit physique ou mental, Aurore dut prouver sa valeur de nombreuses fois sans jamais abandonner. Bien sûr elle avait le droit de se battre avec ses armes habituelles, mais sa maîtrise standard des six pouvoirs la rendait cent fois plus performante qu’avant. Même si elle ne faisait pas encore le poids face à son instructeur en duel, elle arrivait à lui résister et à le toucher à chaque confrontation malgré sa vitesse de déplacement. De ce fait elle n’eut pas beaucoup de mal à intervenir sur des arrestations de criminels. En revanche là où elle avait beaucoup de mal était pour ce qui était sacrifier des civils pour éviter d’être reconnue. Par chance l’agent ne tenait pas à lui montrer ce genre d’exercices car il ne s’agissait pas d’une mission officielle et qu’il était encore autorisé à épargner qui il avait envie. Mais pour éviter de devoir assassiner des civils, Aurora préféra nouer des bandages autour de son visage pour dissimuler son identité à ceux qui pourraient la reconnaître et la dénoncer. Après tout il s’agissait d’une organisation secrète, personne ne devait avoir vent de leur existence, même pas ceux qu’ils étaient censés protéger. Bien sûr Aurora pourrait bientôt avoir assez de liberté pour choisir d’exécuter ou pas les civils pouvant l’identifier alors ça ne la gênait pas de prendre des choix non létaux pour eux.
C’est seulement après deux ans d’entraînement que la demoiselle fut acceptée au sein de l’organisation de façon officielle et définitive. Si certains candidats avaient imaginé pouvoir rivaliser avec leurs ennemis avec un niveau moitié moins bon, ils auraient de fortes chances de succomber si jamais ils venaient à rencontrer des pirates sortis de leur cambrousse, de la mer bleue. Elle de son côté avait abandonné derrière elle sa ville natale ainsi que sa mer pour aller sur la route de tous les périls, ou Grandline comme tout le monde l’appelait. Une autre mer bien plus dangereuse divisée en deux, soit le niveau pas très facile et le niveau très difficile. Il allait de soi qu’Aurora allait devoir dépasser ses limites pour mériter d’entrer dans cette seconde moitié, mais maintenant elle avait l’occasion de s’entraîner à un niveau qui pouvait la supporter bien plus que sur la mer bleue. Elle devait également abandonner ses parents qui la croyaient disparue en mer ou morte, malgré tout le déchirement que cette idée lui infligeait. Mais c’était pour eux qu’elle faisait tout ça, pour qu’ils puissent un jour naviguer sans craindre une seule fois de croiser un navire pirate. Même si ils en croisiaient un, ce serait sûrement des pirates reconvertis en mannequins d’entraînement. Ce dont elle rêvait n’était rien de plus que ça, un monde en paix où le seul danger serait de risquer de tomber dans les escaliers ou s’étouffer avec de la nourriture.
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