Grahorora est le nom de la plante la plus petite et donc, de l’île la plus étriquée. Semblable à une rafflésie, elle est finalement l’évolution ultime d’une fleur sauvage que l’on peut communément trouver sur toutes les îles tropicales et propage un doux parfum de sucre roux caramélisé à travers ses environs pour y attirer des espèces en quête de nourriture. Si elle est la plus petite parcelle de terre ferme de l’archipel, elle est cependant la plus agressive et se referme violement au bout de quelques minutes seulement après l’introduction d’un intrus sur son territoire. L’ambiance ensoleillée qui règne sur les lieux, devient alors tout autre, et se transforme en un véritable sauna, où la température monte à plus de 80 degrés. Les formes de vie qui ne sont pas habituées à une telle chaleur meurent et sont absorbées par l’humus.

Pandragora est connue comme étant la fleur favorite des insectes géants. Elle est aussi une plante actinomorphe, en tout point similaire à une rafflésie, mais contrairement à sa consœur Grahorora, cette carnassière est réellement parsemée de fruits, de graines et de légumes, non seulement comestible, mais bel et bien délicieux ! C’est la raison pour laquelle la vie y est si active, si développée. En outre, une chaîne alimentaire assez biscornue est à l’œuvre au sein de Pandragora, où les petits insectes mangent les plus gros, où ceux qui paraissent les bêtes les plus chétives sont en réalité les plus dangereuses, et bon nombre d’aventuriers se méprennent à ce sujet, tombant ainsi dans le piège des apparences. Il faut dire que les biotopes de cette île sont faits de sorte à favoriser les petites tailles. En effet, les techniques de sustentation de l’île sont fondamentalement différentes des autres : le sol est entièrement constitué d’une mousse assez fine, cédant facilement sous le poids des plus lourds. Les plus gros gibiers s’empêtrent donc dans l’humus et finissent par atterrir dans les entrailles de Pandragora : de vastes labyrinthes, où des ronces vivantes attaquent à répétition pour se repaître de leurs proies.

Senhomatra est l’île la plus grande de Boing. Très peu peuplée, cette gigantesque plante ne ressemble pas aux habituelles rafflésies de l’archipel, mais se rapproche plutôt de la forme assez spécifique de la rossolis, dont les feuilles prennent des formes multiples. Si les îles habituelles n’ont généralement que 5 immenses pétales dentées, Senhomatra n’en compte pas moins de 20, dotées de poils extrêmement longs, semblables à des arbres géants sans branches. Un immense lac de 100 kilomètres de diamètre, de plus de 3000 mètres de profondeur, trône au beau milieu de la plante, et dévore absolument tout son espace intérieur, si bien que des petits îlots s’y formés avec des faunes qui leurs sont propres. Il faut toutefois savoir que ses eaux sont toxiques, et qu’elles sont en fait la condensation liquide du gaz libérés par les poils de Senhomatra. Si les effluves paraissent agréables à nez levé, les respirer plus d’un jour signifie la mort assurée pour tout être normalement constitué.