La navigation en haute mer, contrairement à ce que les esprits les plus naïfs pourraient s'imaginer, n'est pas une chose aisée. Surtout lorsque vous êtes un panda qui n'a pas vu le jour pendant près de 15 ans et que vos connaissances dans le domaine avoisinent le néant. Bien que le néant soit une approximation encore trop optimiste. Ballotté à grands coups de vagues sur les flots rugissants, l'animal s'était quelque peu éloigné de son équipage. Normalement parti pour attraper quelques poissons frais à la demande express de sa louve de seconde, il avait perdu le contrôle de sa petite barque très rapidement. Ceci étant dit, il avait réussi à pêcher de nombreux poissons. Il restait un ours après tout.

Faisant route sur son rafiot craquant de la coque au pont, il aperçut une île qui lui sembla salvatrice. Il lui fallut concentrer tous ses efforts pour diriger son embarcation en direction de ce lopin de terre. Un succès, soyons franc. Enfin, si l'on oublie le fait que la barque venait de disparaître sous les flots et que le poisson était reparti nager dans l'océan. Un succès, c'est le mot. Mais l'animal, lui, était en pleine forme et se tenait avec fierté sur cette plage immaculée, ou presque.

- Bon! C'est pas tout ça, mais va falloirrr trrrouver à manger!

Empoignant dans sa main droite un morceau de bois, dernier reste d'un navire qui serait regretté, il se décida à entrer un peu plus dans cette forêt et à en ressortir les bras chargés de nourriture. C'était l'heure de la chasse et dans ce domaine le panda n'était pas un manche. Il ne lui fallut pas plus de quelques minutes pour repérer sa proie. Tranquillement, lentement, il s'approcha de cette biche-lapine qui, innocemment, croquait dans les fruits juteux d'un petit pommier. Le prédateur avançait avec prudence, dans le bon sens du vent. Il était presque invisible ainsi et la fenêtre ne tarderait pas à s'ouvrir. Soudain, il se jeta sur la bête, lui décocha un violent crochet du droit dans la mâchoire, ce qui la sonna mais pas suffisamment pour l'empêcher de s'enfuir en faisant de petits bonds. Notre chasseur n'était pas aussi bon qu'il le croyait...

Hein? Mais n'imporrrte quoi, j'ai attrrrapé ma prrroie avec succès... Rrregarrrde moi toutes ces pommes juteuses!!!

...
En même temps je m'attendais à quoi de la part d'un tueur herbivore... Une chasse à la pomme très fructueuse alors dirons nous. Et comme si cela ne suffisait pas, il avait aussi commencé à fourrer les feuilles de pommier et les branches dans son énorme gueule. Une petite seconde avant que son oeil ne se fige et que ses muscles ne se crispent. Il avait senti quelque chose. Une odeur qui n'avait rien d'un fruit. Celle d'un animal, mais mêlée à celle d'un humain. Un de ses frères devait être victimes de la barbarie de Sapiens une nouvelle fois. Il était hors de question qu'il en soit ainsi.

Quelques instants plus tard, le panda avait bondi devant ce duo qu'il considérait contre-nature, une pomme encore coincée entre les dents. Ce qu'il essaya de dire fut si incompréhensible que je ne m'embêterais pas à le retranscrire, mais cela n'avait rien d'amical en tout cas...

Le ciel scintillait sur les feuilles de la forêt, l'air se réverbérait sur l'écorce des arbres dans un son à la fois lénitif et frissonnant. La plage allait bientôt saluer le duo iconique de l'île de l'escargot. L'heure avait sonner, ils allaient enfin pouvoir s'amuser le reste de la journée et profiter de la chaleur du soleil, la fin de l'hiver avait amener avec lui un répit délicieux. S'adressant l'un à l'autre d'un regard bref et subtil, il se défièrent à qui allait fouler le sable en premier.


Arrivés sur le rivage, ils aperçurent une énorme silhouette humaine mais elle paraissait vraisemblablement plus amorphe qu'autre chose. Un animal ? Son odeur ressemblait à aucune bête encore connue de notre petit enfant, il s'avisa d'avancer plus loin. Il se mit en garde prenant soit de faire signe à Moto Moto de bien rester derrière lui. Plaçant sa canne comme seule arme de fortune, il se tenait face à l'étranger.

- EH ! L'homme ours ! Ne fais pas un pas ! Hurla l'enfant.


Son cœur se serra, il se demanda s'il avait devant lui un pirate comme il l'avait si bien entendu dans les histoires que lui racontait sa mère. Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Snail Island était connu comme étant une petite île d'East Blue, dont la population vieillissante restait un gage de prospérité. A part les animaux quelques peu exotiques, rien ni personne n'était vraiment menacé lorsqu'il foulait la terre de ce pays.
Et si quelqu'un devait être le protecteur de cette forêt ou même de cette île, ça serait lui !

- Retournez d'où vous venez ! Continua-t-il, espérant que celui-ci par un miracle quelconque revienne sur ses pas et quitte le littoral.

Il s'avançait prudemment, il s'adossa à son ami qui lui mesurait quelques mètres de haut pour rester vigilant à n'importe quel fourberie. Il n'était certainement pas venu tout seul. Ils ont l'habitude d'attaquer et de piller les villages à plusieurs. Son odeur devenait de plus en plus clair, il ne s'agissait pas d'un homme. Calcifer dont l'odorat restait énormément affûté, ne baissa pas sa garde et  afficha ses quenottes à la manière d'un louveteau enragé.