- Comme je te l'ai dit ! Il ne suffit pas de voir pour ressentir ! 

Trois jours! Non ! Tout un mois à essayer de se concentrer sur une seule et même chose, qui était sincèrement impossible à première vue. Après tout, qui se fait poussé une paire d'yeux dans le dos, à part les mères poules. Elle tentait de ressortir chez lui une vigilance encore enfouie et une énergie encore sous estimée. A quoi s'attendait sa mère, que du jour au lendemain il puisse apercevoir l'avenir ?

- On repart de plus belle !  ricana-t-elle.

La session reprit dès la fin de sa phrase, un immense amas de pierres lui allant jusqu'au genoux qu'elle portait à bout de bras, elle n'hésita pas une seule seconde à lapider de toutes ses forces son fils.

~~~~~

Quelques semaines voir quelques mois s'étaient écoulés depuis que le petit homme s'était malencontreusement séparer de son équipage. Après avoir été éjecté brutalement à la mer pendant une bataille sanglante, il a finalement échoué sur une île enneigé dont il ignorait le nom. Les premiers jours furent compliqués mais ses connaissances rudimentaires lui avait permis de survivre dans les steppes hostiles de cet enfer gelé. Après quelques aventures il avait réussis à prendre le large au sein d'une petite barque. Maigre véhicule mais possibilités infinie.

Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de se figer dans le temps. Il passa l'intégralité de la nuit à chavirer sans cap, ses yeux posés sur les constellations et certaines étoiles vagabondes. Tous le saluèrent, dans un défilé nébuleux, à en tendre l'oreille on pouvait aussi aisément discerner le son de leurs scintillement. Le reflet du ciel sur la voie aqueuse le transportait bien plus loin que son imagination fertile pouvait espérer. Des spectacles inimaginables faisaient leurs représentations d'une bien drôle de façons, les fées des mers rasaient l'écume phosphorescente et d'immenses créatures jouaient gracieusement autour de lui. Les flots le berçant, il tombait petit à petit dans les bras de Séléné.

Une poignée de jours plus tard, il n'avait toujours aperçu la moindre terre en vue. Son ventre commençait à crier famine et d'immenses cernes se dessinaient sous ses yeux. Les arcanes sombres témoignaient d'une réelle anxiété quant bien même une légère brise apaisait partiellement ses douleurs. Quelque chose cependant faisait tanguer de plus en plus violemment son embarcation de fortune. C'était comme si une ombre monstrueuse venait d'agripper l'océan.

« HAAAALTE ! Veuillez décliner votre identité ! »

Le craquement de la barque remplaçait la vacillement de son cœur, le jeune Calcifer se retourna sèchement au ton de la voix. Le visage de son interlocuteur adjacents aux rayons du soleil, il pouvait à peine distinguer sa silhouette. La Barque se trouvait sur le flanc, une aura anémiante caressait son épiderme jusqu'à se loger près de son cœur. Que pouvait bien être cette chose ? Un navire ? Un navire de la marine ! La situation se corsait petit à petit, il était au milieu de l'océan, seul, sans allié et surtout affamé. Cependant comme il avait pût déjà l'entendre ; « Ta bonne étoile te guidera même lors du zénith ». Mais ça ne veut rien dire !  

Couvrant son front pour éclaircir sa vision, il aperçu finalement un homme le braquant du bout de son arme. Il avait l'air paniqué et la vue d'un jeune enfant esseulé n'était absolument pas là pour le rassurer. Son regard grave agrippa celui de l'enfant, comme si l'on assistait à un dialogue de sourds. Puis l'incompréhension se changea en bataille d'expressions faciales où les sourcils communiquaient à leurs places. Sincèrement irritant et ne menant à rien il rompit le silence simplement ;

« - J'ENTENDS RIEN ! J'ARRIVE ! »

En une fraction de seconde il exécuta une impulsion abrupte qui envoya sa barque s'immerger brutalement sous la puissance de l’éjection. Deux saltos plus tard il se trouva finalement au milieu du pont sous le regard ébahit des marines, sa tête d'ahuri souriant sous le vacarme provoqué par son ventre. Inspirant longuement, et légèrement gêné il s'adressa à la cohue ;

«- Bonjour ! Moi c'est Calcifer, j'ai faim ! »

Une drôle d'aura émanait de la part du jeune homme. Il avait l'air d'être comme Calcifer, insouciant, et d'une certaine manière n'écoutait que ses envies. Calcifer fût à moitié déçu, bien-sûr que son premier but était de trouver quelques vivres et que même dans le meilleur des mondes il n'aurait jamais ce qu'il voudrait juste en demandant. Le problème étant qu'il devait maintenant être confronté à quelqu'un qui avait l'air d'avoir son age. Son masque cachait un visage narquois, c'est sur, il n'était là que pour en découdre. Et puis son accoutrement ne plaisait guère à Calcifer, enfin si, il était justement jaloux et son attitude n'arrangeait à rien. Quel spectacle digne d'une cour de récréation ! Et qu'allait-il se passer ensuite, il allait voir son supérieur ?

« On a quelques instants avant d'être interrompus. Alors, ça te tente ? »

Mais a peine eut-il le temps de penser à une réponse certaine, son assaillant se jeta dans sa direction. Il longea alors avec vélocité le rebord du navire, ses pas assurés avaient définitivement surpris le petit pirate, sa confiance en lui était déconcertante, comme s'il avait affaire avec une personne adulte. Il parcourra en presque une fraction de seconde la distance qui les séparaient, il était vif et l'oeil aguerri. Son expérience évidente lui avait fait donc prendre comme décision de l'attaquer en prenant soin de couvrir son membre de fluide. Le petit dragon quant a lui n'avait pas fait un geste, les yeux presque clos il laissa l'initiative à son adversaire le coup. L'agent allait le foudroyer sauvagement mais le petit garçon se décala légèrement à sa droite d'un pas chassé souple et léger.

Il lui saisi brutalement la jambe en enroulant son bras gauche autour, le choc provoqua quelques étincelles qui parsemaient maintenant l'air comme un coup de pied dans une cheminée. Son opposant n'était pas stupide mais il remarqua quand même un écart de puissance, comme un animal jaugerait un autre au alentours de son territoire. Sans jugement de valeur, il voulait en finir le plus rapidement possible avec l'adversaire qui s'était jeté dans la gueule du loup. La suite du plan allait être tout aussi simple, du moins dans sa tête, sûrement prendre le contrôle du bateau et accessoirement se remplir la panse.

Le coup était donc paré mais il ne voulait absolument pas le laisser s'en tirer comme ça, c'était à lui de dicter le tempo maintenant ! Se jouant de l'élan et de la force prise par le ninja, il fit un mouvement rotatif sur lui même sans le lâcher. 180 degrés lui suffirent pour qu'il s'oriente vers l'autre bout du navire. Dès qu'il furent alignés et en une fraction de seconde, son coude s'alluma comme un volcan en éruption tandis que ses phalanges scintillèrent comme des braises, il lui décocha un direct du droit en plein dans son abdomen tout en relâchant sa jambe. Le but étant d’éjecter son adversaire à bâbord, voir par dessus bord.

La force du coup et le recul le fit retomber sur ses fesses, regardant naïvement autour de lui, il fit signe aux soldats encore dans les alentours. Il se releva doucement et prit soin de tapoter ses vêtements pour se débarrasser de la poussière et des éventuels échardes. Se pliant et joignant ses mains il acquiesça timidement :

« Désolé, je voulais juste savoir s'il reste à manger... S'il vous plait ? »

Contrôle au Faciès

▬ En mer, Grand Line

▬ On est encore perdu, hein Contre-Amiral-sama… ?

▬ Non, Hahaha…

▬ Pourquoi on lui laisse le gouvernail à chaque fois ?...








Main ganté qui grattait le bois dense de ce cadran. Gouvernail qu’ils disaient. Le voir personnellement comme outil fantasque à tâter. Enfouir l’ennui persistante que pouvait ressentir ceux qui prenaient la mer. Qui le faisait des jours durant. Le cas présent. Ici, par mon unique faute. Abrupt. Persistant à vouloir mener le troupeau. Innommable aplomb quant à ma soi-disant capacité à mener le galion à bon port. Compétence de navigation. Inexistante en soi, pourtant vain de m’en convaincre du contraire. Bientôt quelques heures. Bientôt quelques jours sans l’ombre d’un asphalte. L’ombre d’un pied-à-terre. Ne serait-ce qu’un repos hors des houleuses.

Debout et crispé. Regard alerte. Comme la plupart d’entre nous. Les rayons solaires qui ne cessaient de taper sur le pont. Faire suer tous les soldats présents. Mélange de chaleur et d’anxiété. Se disaient-ils sûrement qu’ils n’allaient sans doute au grand jamais revoir une étendue de sable. Des rochers. Donneraient-ils tout pour un simple rocher, à l’instant T. Constat affligeant. Voilà quelques jours que nous étions perdus. Quelques jours que, résigné, daignais-je leur redonner le cap, ou tout du moins ce qu’il en restait. Aux véritables timoniers ou du moins tous ceux qui s’y débrouilleraient mieux que je ne l’avais fait jusqu’à présent.

Douce sensation de calme. L’impression que rien ne pouvait troubler un tel calme. Un assoupissement mérité. Rêver. Pouvoir rêver pleinement. Rêver ici d’être plongé dans l’obscurité, celle de cette cabine. De cette chambre par où rien ne semblait pouvoir m’atteindre. Rideaux tirés. Rêver de dormir. Paupières qui se faisaient lourdes. Brûlent ses prunelles, qui ne pouvaient lutter. L’espace d’un instant, sans aucun autre son que celui d’inspiration. De l’expiration : la mienne. Et faire abstraction de tout. Pouvoir peut-être songer à d’autres. Pas uniquement à ce rafiot. La troupe en dehors qui fourmillaient.

Bien trop douce pensée, cotonneuse, pour qu’elle puisse persister plus longtemps. Il n’y aurait pas de rêve ce matin-là. Uniquement un barnum. Echo de l’extérieur qui s’était faufilé jusqu’au pas de cette porte. D’où résonner l’agitation. Barnum en dehors. Cohue, même. Et affolement. Se sentir tomber. Brusquer par la nature brute de l’agitation en dehors. Glisser dans les draps, alors lever les mirettes vers ce plafond. L’image de ma figure. Les yeux exorbités par l’étonnement. Alertes, même. « Pourquoi ? » raisonnant dans ma cervelle. « Qu’était-ce », plutôt. L’angoisse d’un ennemi ? La gaité d’un bout de terre en vue ? Non.

Bien sûr que non. Le sentiment s’y émanant n’avait rien de tel. De l’angoisse. Peut-être de la torpeur. De l’affolement également. Il ne pouvait s’agir que de cela, étant donné les pas qui s’activaient enfin dans la calle. Avaient-ils enfin décidés de m’y mêler. Demander de l’aide. N’étais-je pas là pour, après tout. Héros qui demeurait un héros, même assoupi. La porte qui coulissait, la stupeur qui se lisait sur la trombine de ces deux soldats. Deux raisons distincts : ce qu’il se passait là, en dehors ; le fait simple de voir ma silhouette debout, enfilant ces gants fermement.








▬ Contre-Amiral-sama *haletant*… On a un… Ah ? Vous êtes déjà debout ?

▬ N’en dis pas plus.

▬ Heu… Attendez…




Il se lisait sur leurs trombines. Ce sentiment de soulagement. Quelle était cette raison au juste. N’en avoir pas le moindre indice. Pourtant, agir. Il le fallait.

▬ Je vais m’en occuper.




Sans aucune autre suggestion. Sans sentir le besoin d’explication, de compte-rendu. Pas qu’ils n’avaient pas essayés. Au contraire. Uniquement le fait que toute autre conversation ne m’intéressait plus. Sentir ce besoin dans leurs mirettes étaient nécessaires. Raviver cette flamme qui ne s’était jamais éteinte. Juste adouci, le temps d’un roupillon. Court, certes. Efficace par contre. D’aplomb pour faire face à toute sorte de rixe. D’adversité qui requérait ce genre de présence. De carrure. La mienne. Pourtant, s’adonnaient-ils, ces deux soldats, à tenter de me ralentir. « Ecoutez », disaient-ils. Comme pour signifier que je m’enflammais, encore.

Peu importe. Non. Indubitablement non. Pas de hâte. Uniquement l’instinct qui hurlait de l’intérieur. « Montre-toi ». « Ils ont besoin de toi ». Cette cape qui virevoltait au gré des pas lourds dans cet escalier. Qui frissonnaient. Me chatouillaient, ces bottes et ces gants. Ils voulaient s’en doute entrer en scène. Courir. En sauver le plus que possible. De ces soldats qui étaient apeurés. Qui ne quémandaient qu’une chose. Une apparition. Celle d’une silhouette qui accompagnerait le soleil. D’une voix qui résonnerait à travers le pont. Au-delà, même. À travers la mer.

Alors l’apercevoir de plus en plus près. La porte. La faire coulisser uniquement. Y déceler également quelques bras. Une explosion. Evidemment. Des échanges de coup. Armes à feu qui se braquaient. Sans doute mes compagnons essayant tant bien que mal de lutter. Si courageux. En étais-je fier. Il n’y avait juste qu’à la faire coulisser, cette porte.

▬ Attendez ! On vous connait ! On va vous ouvrir la porte ! Il y a déjà bien assez de chose à réparer sur le navi…

▬ Ne vous inquiétez pas, les gars. Après tout…

▬ Il est parti dans son tripe là… Oh non...




Silence qui ne dura qu’un instant. Mutisme complet de tous. Comme un instant gravé. Ce bruit caoutchouteux si familier. Les phalanges serrées, le coude en arrière. Pivote, hanche.

▬ VOUS AVEZ BESOIN D’UN HEROS, PAS VRAI ?!

▬ VOILA LE CONTRE-AMIRAL !!!

▬ POURQUOI IL FAIT TOUJOURS CA ?! IL Y A UNE PORTE JUSTE À SA GAUCHE !!




Tonnerre. Grondement vengeur. Celui de dix doigts venant pulvériser la façade de bois de cette calle. Du moins, un morceau. Trou béant. Et ces débris projetés avec vigueur. Les soldats qui étaient auparavant avec moi à l’intérieur y échappant. Ceux qui risquaient leur vie en dehors, pour la plupart, ayant eu le réflexe ou la chance de se coucher. Pulvériser tout ce qui se trouvait sur mon chemin. Y Penser pourtant, un instant. Pieds touchant le pont à nouveau. « Risquer leur vie » ? L’atmosphère qui baignait l’extérieur n’avait pas l’air si chaotique. Non, elle ne l’était pas. Il y avait sans doute eu grabuge. Oui, évidemment.

Pourtant, rien ne sembler présager une arrivée mortuaire, funeste. Rien. Il n’y avait totalement rien. Ou plutôt, n’avoir pas eu le luxe de le voir. Les voir. Au premier coup d’œil. Ces décombres s’étaient envolés avec une telle vélocité, une telle célérité. Les mirettes qui restèrent figés alors que je pouvais déceler, maintenant. En-dessous de ce grabuge là-bas, de morceaux de bois et consorts, ces deux silhouettes ensevelies, éloignées l’une de l’autre…

▬ Oh. Qu’est-ce que… ? J’ai tué deux enfants… ?




Surprenante révélation...

Le jeune homme masqué avait prouvé une agilité ahurissante, il avait réussis à se défaire élégamment de la prise de Calcifer. Bien que le coup n'ait pas été si puissant, le petit pirate décida de ne pas le poursuivre et de le laisser terminer son mouvement. Après avoir prit appui sur le sol il entreprit un salto arrière très ambitieux. Le temps était comme figé. Il ne restait que le bruit des vagues qui s'entrechoquaient contre la coque du bateau.

Le danger ne se trouvait pas ici, des pas lourds faisaient trembler le pont, les oiseaux environnant et peuplant les mâts s'envolèrent comme effrayés. La vibration fut suspendue, un instant avant que le mur tenant la porte menant aux quartiers supérieurs du bateau explosa en mille morceaux. Le morcellement éjectant des gravats à une vitesse hallucinante vers les deux enfants.

Les deux furent alertés bien en avance, le garçon masqué en connaissance de cause interrompus son mouvement pour bondir en détente sèche pour atteindre le mât du navire. L'impact avait provoqué un immense nuage de poussière, il transportait avec lui un souffle puissant. Calcifer qui était alors entouré de plusieurs officiers ne paniqua pas, il inspira profondément, ferma ses yeux et entama une chorégraphie prodigieuse. Il enchaîna rigoureusement des changements d'appuis fluides et courts comme s'il se téléportait.

« Bah ouais mon p'tit Calci, vide ton esprit ! Sois sans forme, divisible, épouse n'importe quel contenant, sois comme l'eau. L'eau peut couler, l'eau peut écraser sois comme l'eau mon ami. »  

L'écran de fumée se leva, l'ombre avait maintenant un visage, un visage plutôt niais en apparence et coiffé d'une mèche blonde. Attendez, c'était vraisemblablement lui le responsable sur ce navire, mais pourquoi voudrait-il saboter sa propre structure ?
Néamoins, un calme s'installa, à première vue il avait sûrement eu la conviction d'avoir touché les deux enfants. Rapidement la silhouette du jeune sauvage lui prouva le contraire malgré les quelques officiers coincés sous les gravats.

Le silence fût une énième fois brisé par le vacarme proposé par l'estomac du garçon. Salivant sur ses propres chaussures, les yeux mi-clos par la fatigue accumulé jusque là il bégaya ;

- J-j-j'ai faim, c'est toi le cuisinier ?

Contrôle au Faciès

▬ POURQUOI IL FAIT TOUJOURS CA ?! IL Y A UNE PORTE JUSTE À SA GAUCHE !!




Tonitruant fracas. Un poing qui traversa un mur. Qui emporta tout avec lui, dans son sillon désastreux. Calamiteuse entrée. Comme-ci tout était parti en fumée. Non seulement ce mur de bois. Mais aussi toute situation anté. La joute entre ces deux garçons. La rixe que ces soldats s’apprêtaient à mener, méfiants et armés. Toute l’attention se détournant vers ma position, ma condition. Pulvérisant cette façade avec légèrement, la cape au vent. Et des échardes dans la bouche, bien assez pour ressentir de l’inconfort. Tousser au point d’en recracher, le tout accompagné d’une dégaine qui ne représentait en rien le Contre-Amiral de titre.

Bien mal me connaître pourtant si quelqu’un pensait qu’un statut aurait eu l’effet de me changer. Reprendre lentement la respiration et l’apercevoir, enfin. Ces garçons que j’avais aperçus, dans le sillon des débris. Etonnante information. Le fait qu’ils n’étaient pas morts. Soulagement incroyable. Le fait qu’ils n’avaient même pas l’air d’avoir été touchés. Ou plutôt : avaient-ils esquivés tous les projectiles, sans problème. Pour l’un d’eux, au masque, rien d’étonnant étant donné son affiliation. Espion que nous devions escorter sous ordre direct d’instances.

L’autre, cela dit, force est de constater qu’il était singulier. Atypique personnage haut comme mes genoux, la tignasse verte et l’air renfrogné. Pourtant, rien qui ne m’alarmait. Qui me faisait grincer des dents. Hérissait les poils de mon échine. Il ne dégageait aucune animosité, aucun mauvais sentiment. Hormis ce fait indubitable : il avait faim. Il ne s’agissait que d’un enfant, après tout. Le voir absolument ainsi. Ce côté paternel qui ressurgissait. Y penser soudain. Vu sa taille actuelle, il avait sans doute le même âge qu’elle. L’âge qu’elle aurait eu si elle était toujours là, Tamamo…









▬ Tu as faim petit ? Mmh c’est d’accord ! J’ai une idée ! Les mecs ! Apportez le déjeuner ici pour notre invité. Préparez une table ! Nous allons manger avec le petit !




Peut-être avais-je été attendri ? Qui sait. Tous ces soldats qui se ruaient vers ma position…

▬ NON CONTRE-AMIRAL-SAMA !!! NOUS NE SAVONS PAS QUI IL EST !

▬ Mais les gars, c’est un enfant. Il n’est pas bien dangereux. Prenez des grandes carafes d’eau également. Il aura soif.

▬ Il a des pouvoirs étranges, Contre-Amiral-sama

▬ Et regardez son look… Il est louche ce petit. Déjà qui a les cheveux verts ?

▬ Je paris que c’est un moyen de camouflage. C’est un forban, c’est sûr !!!




Leurs trombines alarmantes. Toutefois, ne pas comprendre. Ne pas comprendre comment pouvaient-ils être terrifiés par un enfant, qui plus est, l’air aussi innocent. Inoffensif. Arquant les sourcils d’incompréhension…  



▬ Regardez ! Demandez à la racaille du Cipher Pol, là ! Pas vrai qu’il est dangereux hein ?! Quand tu t’es battu avec, il a…

▬ Non. J’vois pas de quoi vous parlez. Foutez-moi la paix.

▬ HEIIIIINNNNNNN ?!!!!

▬ * Désolé les mecs hein. S’il apprend que j’me suis battu, il va m’faire un sermon de 4h comme la dernière fois. « Un enfant ne doit pas…. blabla » Très peu pour moi. Démerdez-vous seuls. *

▬ Vous voyez ! Haha !




Etrange ambiance au sein du rafiot. Des lamentations. Des grognements et du mécontentement. Aussi de la hâte. Certains s’activant en cuisine, bien forcés de répondre à mes ordres, aussi peu importants étaient-ils. D’autres, à leur tour, qualifiés pour ce genre de boulot. Ils s’occupèrent de ce mur qui venait à peine d’être brisé. Quelques coups de maillet. De clous et de planches et il semblait comme neuf. Rien d’exceptionnel, uniquement du bricolage. Pour l’étanchéité, sans doute. L’esthétique, sûrement même. Combler un trou qui, ils le savaient tous, n’allait sans doute pas avoir une longue durée de vie.

Son ventre qui gargouillait à la longue. Il ne fallut pourtant qu’un bon quart d’heure pour humer ce parfum à l’intérieur de la cale. Celle de nourriture qui s’approchait. Sans doute que lui-même, ce garçon, avait déjà senti l’odeur. Qu’elle avait, comme ma personne, attisé la mienne, de faim. Portes, cette fois-ci, qui coulissaient, s’ouvrant pleinement. Donnant alors pleine vue sur ce festin que nous allions partager ici.

▬ Vous vous êtes surpassés les mecs ! Haha ! Tu peux t’installer petit. Mange autant que tu veux ou peux, tu peux y aller.




Humer l’odeur d’une viande bien cuite. De légumes grillés et d’autres condiments. Aliments. Quelques épices. De quoi ravir les papilles gustatives de n’importe qui. Ration prévue uniquement pour nous, soldats et officiers. Pourtant, se retrouve à la partager avec ce garçon. Non grâce à la bienveillance des soldats, cela dit. Pourtant, y songer. Le ventre plein, il aurait également été plus simple de lui soutirer des informations. Comme le fait de sa présence sur une barque, aussi loin d’un rivage…

▬ Tu peux y aller jusqu’à t’exploser la pense, petit ! Hahaha ! Sinon, moi je suis Teppei, Héros de la Marine et tu es sur mon bateau alors n’ait crainte. Comment tu t’appelles toi, bonhomme ? Et qu’est-ce que tu faisais sur cette barque aussi loin d’un bord. Tu t'es perdu ?




Comment pouvaient-ils ne serait-ce que penser qu'un si jeune enfant pouvait être dangereux ?

▬ Tu peux y aller jusqu’à t’exploser la pense, petit ! Hahaha ! Sinon, moi je suis Teppei, Héros de la Marine et tu es sur mon bateau alors n’ait crainte.

Bien malgré un océan d'apparences et de réticences, le marine avait finalement décider de le prendre en pitié et de l’accueillir comme il se devait. Tous les regardaient avec stupeur, mais comment cela était possible ? Il offre son hospitalité au premier venu ? À vrai dire l'aura paternelle du contre-amiral faisait ressortir une certaine nostalgie et une douce tristesse que le jeune garçon ne pouvait pas encore décrypter. Un à un les officiers se tassèrent autour d'eux, le cuisinier presque prestidigitateur présenta une table dont la chaleur et l'odeur faisaient perler le front du petit garçon, affamé.

- Comment tu t’appelles toi, bonhomme ? Et qu’est-ce que tu faisais sur cette barque aussi loin d’un bord. Tu t'es perdu ?

La question n'avait effleuré l'esprit de Calcifer qu'à sa troisième bouchée. Cela allait faire un petit moment que ce dernier n'avait pas poser son esprit et encore plus longtemps qu'il n'avait pas interagit avec quelqu'un qui ne cherchait pas le conflit direct. Quelle sensation étrange, la sérénité, la chaleur d'un repas, un foyer. Après avoir engloutit une immense partie de la table, avec un morceau de la table elle même, il se retourna vers son interlocuteur et posa son index sur son menton :

- Euh, moi c'est Calcifer, Calcifer Santana. J'ai eu un problème, je me souviens à peine de ce qui s'est passé, j'étais sur mon bateau et j'ai échoué sur une île et là j'me suis perdu.

Il s'arrêta un instant, presque toute la salle avait l'air de saisir ce qui clochait chez cet enfant, le silence devenait pensant et les respirations avait laissé place aux crépitements des assiettes. Le contre-amiral semblait stoïque. Quelques instants plus tard les premières fourchettes piquèrent et les premiers verres retentirent, le repas allait reprendre son cours. Quand tout d'un coup le jeune garçon déclara ceci comme s'il n'avait jamais pût finir sa tirade précédente ;

- Et j'suis un pirate ! Je fais partie des Akai Tsubasa mais Capitaine et mon équipage ont disparus.

Toute l'assemblée s'étouffa.

- MAIS CONTRE-AMIRAL-SAMA ! ON VOUS AVEZ PREVENU !

Contrôle au Faciès

▬ ITADAKIMASUUUUUU !

▬ Haha ! Peut-être qu’il n’est pas si mauvais que ça ! C’est un gosse après tout ! *mange*

▬ *bois* OUAIS ! Mange petit, reprends des forces, tu dois être épuisé !




Parfum qui avait embaumé tout le galion. Comme-ci la situation d’avant n’avait jamais existé. Senteur de viandes, de légumes et toutes sortes de condiments qui apaisaient la crainte, la réticence et qui avaient déliés les langues de tous ces soldats. Qu’ils mangeaient, buvaient. Rigolaient tous, à gorges déployés et sans détour. Plaisir intense devant tant de bonne humeur, de positivité. Le sourire et le soulagement sur chaque trombine. Même sur celle de ce garçon, qui, affamé, n’avait pas hésité une seule seconde à s’empiffrer. Prendre plaisir à dévorer chaque plat qu’on lui tendait, avaler d’un trait eau et jus de fruit.

Si bien qu’il avait de la sauce sur toute la bouche. Comme un gamin qu’il était. Le sourire jusqu’aux oreilles. Y penser forcément. Peut-être était-ce ce à quoi Tamamo, ma fille, ressemblerait si elle était toujours avec moi. Cette joie, cette fougue. Et cette innocence, surtout. Peut-être ne serais-je pas Officier, moi. Peut-être vivrais-je toujours là-bas, à Fuschia avec Rei, sa mère. Sûrement, même. Foulant le tapis d’entrée chaque matin, cape sur les épaules, « le Héros de Grey Terminal ». « Le type bizarre à la cape ». Peut-être même allait-elle venir en cachette, tous les matins, assister à la « ronde » de son père.

Comme je le faisais avant elle. Comme ma propre mère le faisait avant moi. Existence paisible à chérir ma famille si elle n’était pas parti en cendre ce matin-là. Songes douloureux, mais tout aussi apaisant, à vrai dire. Le passé était sans doute nécessaire, qu’importe la douleur qu’il apportait. Qu’importe si la déchirure encore saignante que l’on ressentait, même des années après, était encore vive. Le passé était sans doute nécessaire pour bâtir un homme, tel qu’il soit. Ne plus faire ce genre d’erreur. Avais-je décidé moi, après, de sauver tous ceux que je croisais. À défaut de pas les avoir sauver, elles. Des millions de vie contre deux, échappant à ma poigne, ces jours-là.

Toutefois, capable de tout donner pour les revoir en vie, même la vie de tous ceux que je pouvais éventuellement sauver. Peut-être était-ce égoïste de penser ainsi. J’étais humain, après tout. L’histoire ne pouvait-être changé, seulement. Alors, se lever. Enfiler le gant et bondir. Il n’y avait que ça à faire, après tout. Mirettes se posant sur celui-ci quand il déchira un morceau de cette table dans l’élan de son appétit. Et tous les soldats qui riaient aux éclats. Rictus, tout en essayant de frapper son dos. L’aider à avaler sans s’étouffer. Prémices d’une belle journée, sans aucun doute.




▬ HAHAHA LA TABLE AUSSI TE FAIT ENVIE PETIT ?

▬ Tu dois être vraiment affamé ! Tiens, j’te ressers du riz, tu en veux ?




Sa main sur son menton alors, l’air pensif. Ou plutôt l’attitude de quelqu’un qui essayait de se rappeler de quelque chose. Continuant de plus belle…

▬ *mange* Et qu’est-ce que tu faisais sur cette barque aussi loin du bord ? *mange* Tu t’es perdu ?

▬ Euh, moi c'est Calcifer. Calcifer Santana. J'ai eu un problème, je me souviens à peine de ce qui s'est passé, j'étais sur mon bateau et j'ai échoué sur une île et là j'me suis perdu.

▬ Pauvre gosse. On va t’aider à retrouver ton chemin, hein !

▬ *bois* Oooh ! *mange* Je vois. C’est vraiment triste comme histoire. Mmh et tu sais où sont tes parents ? Et tu as un bateau ? *mange*

▬ Et j'suis un pirate !...

▬ Haha ! Il a dit quoi le mioche ? J’ai pas entend…

▬ Un pirate, hein ? Ce n’est pas commun petit, Haha ! *mange*

▬ Je fais partie des Akai Tsubasa mais Capitaine et mon équipage ont disparus.

▬ Haha ! *mange* Il a parlé de quoi ? Akai quoi ? Akai Tsubas…

▬ *bois* Les Akai Tsubasa ? Je vois ! Nous allons faire notre possible alors ! C’est le boulot de la Marine, après tout, Haha *bois*




Partager. Partager ce repas entre nous. Avec ce garçon. L’ambiance qui était toujours aussi festive. Lui qui nous racontait sans détour son histoire récente. Ou plutôt la raison de sa présence ici. Sur une barque en premier lieu, les mers déchainées de Paradise. Les rires à gorges déployés qui continuaient. Tous trinquèrent à ce garçon, Calcifer de prénom, qui semblait avoir ramené la joie sur ce rafiot. Regard qui se baladait, tandis que j’essayais tant bien que mal de réfléchir. Déchirer cette viande de mes dents et réfléchir en même temps. Non. Ici, trier les informations plutôt. Ne pas l’avoir fait, trop occupés à manger. Comme le reste des soldats, sans doute.

Regard qui se baladait, tombant nez-à-nez pourtant avec ce jeune espion du Cipher Pol, au loin, sur la proue, trombine hébété. Hébété de voir que nous n’avions pas réagi. « Qu’est-ce qu’il avait ? », « Qu’est-ce qu’ils avaient, tous ? ». Mutisme qui gagnait petit à petit du terrain. Sans comprendre son origine. Pas faute d’essayer pourtant. Les visages qui changeaient, fourchettes et couteaux qui tombaient. Carafe d’eau se déversant hors du verre, comme-ci ils ne savaient tous plus ce qu’ils faisaient. Ou plutôt, comme-ci ils enregistraient une information, petit à petit.





▬ MAIS CONTRE-AMIRAL-SAMA !! ON VOUS AVAIT PREVENU !!!




Qu’avait-il dit vraiment, ce garçon ? « Son bateau… Perdu sur une île… Capitaine… Tsubasa… » Comme-ci le temps lui-même s’était figé. Comme-ci tous avaient finis par le comprendre, sauf le principal concerné. Faute de concentration. Trop occupé à manger. Songer de récits bien trop vieux, maintenant. Bien trop prenant, également. Sans le vouloir alors, l’omettre totalement. L’écouter sans l’écouter. Pourtant, les méninges ayant rengorgées tout ce qu’il avait dit, ce Calcifer. « Capitaine… Tsubasa… Akai Tsubasa… »

Etait-ce le prénom d’un parent. Non… Bien sûr que non. Appellation qui, sentiment vague pourtant, me disait quelque chose. Hormis si ce parent était connu. Non… Pas ça… Ce n’était pas exactement ça. Pas même un prénom. Qu’avait-il dit ? « Capitaine… Akai Tsubasa… Pirate… ». Pirate ? Ces bruits de chaise qui s’envolaient un peu partout.

▬ Je vois…

▬ C’EST MAINTENANT QUE VOUS VOYEZ ?!!!




Bruit de caoutchouc qui se tendait. Poing serré et regard au sol. Avoir compris bien trop tard…

▬ Alors comme ça, tu te présentes comme étant un Vilain, petit ?

▬ IL A DIT PIRATE, PAS VILAIN !

▬ Je suis malheureux car ce sont les enfants comme toi que je veux sauver à tout prix. Tu as l’air d’avoir l’âge que ma fille aurait pu avoir. Alors, petit… Non… Pirate Calcifer Santana. *se lève*

▬ OH NON !!

▬ BARREZ-VOUS LES MECS !!

▬ Dis-moi que des Forbans t’ont capturés sur leur bateau et t’ont obligé à faire les corvées. Que tu te présentes en Pirate parce que tu as peur et je pourrais te sauver. *serre les gants*. Sinon, en ma qualité de Héros…

▬ DE CONTRE-AMIRAL DE LA MARINE, PAS HEROS !!




Trombine qui se serra. De peine et d’affliction. Peine de voir un si jeune garçon se présentant en tant que Pirate. Pourtant l’espoir de l’entendre dire qu’il n’avait pas eu le choix. Auquel cas, tendre la main pour l’extirper des ténèbres, lui. Pardonner et l’aider. L’affliction de se dire qu’au cas contraire, il méritait une leçon. Pour qu’il abandonne cette voie. Ainsi, après coup, pardonner et l’aider. Pour autant, dans ce cas de figure, il aurait fallu le forcer à reprendre le droit chemin. Main droite se rapprochant du mat du navire. La stupeur de tous ces soldats qui commençaient à s’éloigner. De plus en plus loin.

Poigne se raidissant. Serrer fortement cet immense pilier de bois. Y songer. Et si ma fille, elle aussi, m’avait un jour annoncé vouloir devenir pirate…

▬ Tu es en état d’arrestation, Pirate Calcifer Santana !!!

▬ IL A DETRUIT LE MÂT !!!




Déchirant ce pilonne. L’arracher de sa structure, balayer toute la zone d’un trait. Tempête. Célérité phénoménale, emportant tout ce qui se trouvait devant. Tables et nourritures. Chaises et soldats à portée de coup. Certains virevoltants dans l’océan. Sans laisser à ce garçon l’opportunité de répondre. De s’expliquer. L’espoir de l’entendre alors se rétracter. Après coup…

___________

___________

La fête était finie. En l'espace d'un instant tout se calma, tel un ciel gris en pleine mer, l'odeur s'y méprenait avec celle d'un orage. La plupart des hommes présents lâchèrent leurs mâchoires et leurs yeux sortirent de leurs orbites agressivement, comme s'il avaient put apercevoir un fantôme se matérialiser devant eux. Les cliquetis des gouttes d'eau sur le plancher, le morcellement des assiettes sur le sol, le grincement du plancher. C'était comme si le bateau lui même s'était figé dans le temps et l'espace, les courants marins laissant place à un voile azuré et lisse. Les glottes vibrèrent, et c'est ainsi que les regards convergèrent vers le petit garçon. Sa naïveté l'avait-elle conduit à l'une des erreurs les plus élémentaires. Qui diable aurait divulgué son identité devant un haut gradé de la marine ?

▬ MAIS CONTRE-AMIRAL-SAMA !! ON VOUS AVAIT PREVENU !!! hurlèrent-ils en chœur.

Certains se relevèrent brusquement, accusant le laxisme de leur capitaine. Les mots de l'enfant résonnèrent dans l'esprit du capitaine. Ses battement cœur pendant que son équipage le raillait prirent un rythme acide et prompt, la main ganté se serra et la friction contre sa peau était marquée par un bruit strident. Le vide, les fenêtres de son âme s'évacuaient de toute émotion, où était-ce le contraire ? La révélation avait l'air de ressassé ses anciens démons, de visite dans sa pensée ils n'allaient donc pas lâcher l'affaire. Se détachant petit à petit de l'instant il ne manqua pas de fixer longuement et brutalement l'enfant, derrière cette façade se cachait sans conteste une mélancolie qui  déconcertait l'enfant, comme s'il sentait les larmes de cet homme qu'il ne connaissait à peine couler sur ses propres joues... Calcifer n'avait pas très bien saisis la gravité de la situation. Dans un dialogue dont les réponses ne venaient, Teppei se redressa lourdement, d'une voix roque et vibrante, il  tentait de se convaincre lui même. Comme un S.O.S qu'il s'envoyait à lui même :

▬ Alors comme ça, tu te présentes comme étant un Vilain, petit ?



Calcifer faisait mine ne capter pas l'intonation, encore hébété par toute la nourriture qui s'offrait à lui. Il reprit donc une poignée de viande du creux de paume, se l'enfonçant dans le gosier. La tonalité de l'ambiance ne l'avait guère perturbé mais les humeurs lui vinrent aux yeux, petit à petit la  cadence à laquelle il s’empiffrait s'affaissa. Pourquoi donc en arriver là ? Un repas devait ouvrir les cœurs des gens non pas rouvrir les plaies du passée. Pourquoi avait-il eu la malchance de perdre son équipage ? Ils étaient sûrement à sa recherche, pourquoi n'avait-il eu aucune nouvelle ?
Une ombre se leva et engloutit le garçon encore à terre, ses poils s'hérissèrent et son échine se dressa d'elle même. Le visage emprunt d'une froideur évidente ;

▬ Je suis malheureux car ce sont les enfants comme toi que je veux sauver à tout prix. Tu as l’air d’avoir l’âge que ma fille aurait pu avoir. Alors, petit… Non… Pirate Calcifer Santana. *se lève*

Un craquement. Calcifer se releva doucement, tout en étant agrippé au regard de son interlocuteur. Un sentiment. Pourquoi ? Une larme. Les doigts obscurément gantés du contre-amiral se plantèrent dans le mât. Son visage se plia, une expression horrifique frappa Calcifer en plein cœur.

▬ Dis-moi que des Forbans t’ont capturés sur leur bateau et t’ont obligé à faire les corvées. Que tu te présentes en Pirate parce que tu as peur et je pourrais te sauver. *serre les gants*. Sinon, en ma qualité de Héros…

****

- Bah alors ? Tu apprends vite Calcifer mais tu devrais rester concentrer jusqu'au bout. Souffla-t-il.

L'aura de Marco se déplaça à toute vitesse, elle inonda instantanément tous les sens de l'enfant. Sa présence força l'espace à se tordre, elle engendrait des ondulations visible à l'oeil nue, ces dernières crispants les muscles du petit. Ne pouvant plus faire de gestes, instinctivement il leva sa garde, mais il était déjà trop tard. Le roux apparut devant lui, de trois quart, les genoux pliés, se penchant agilement vers l'avant il profita de l'incapacité du jeune garçon pour tendre son bras et d'un mouvement ascendant lui asséner un sévère uppercut au niveau du diaphragme.

****

▬ Tu es en état d’arrestation, Pirate Calcifer Santana !!!

Sous les yeux ébahit de l'assemblé, il venait de retirer le mât certes avec force mais il démontrait une tel aisance que Calcifer ravala sa salive. D'un mouvement circulaire de droite à gauche, dans une bourrasque sans nom Teppei Kiyoshi contre-amiral de la Marine, dit l'homme d'acier balaya toute la zone autour de lui éparpillant le peu de fous qui n'avait pas déjà fuit le périmètre.
Le tronc arriva de plein fouet dans la direction du garçon, contre toute attente il ancra ses appuis pour s'élancer dans les airs à la rencontre de « l'objet ».



- MAIS IL EST MALADE CE GOSSE ! IL VA SE FAIRE RATATINER PAR LE CONTRE-AMIRAL !

L'impact était imminent ! Sauf qu'au dernier moment, lorsque le mât fut à deux centimètres de son visage, en l'espace d'un instant le corps du jeune garçon devint incandescent. Prenant une forme libre, serpentine, se séparant en deux langues ;  il caressa la circonférence du mât en se rejoignant à l’extrémité.

- MAIS C'EST PAS POSSIBLE ! COMMENT A-T-IL FAIT CA ?? vociféra la compagnie.

Toujours suspendu dans les airs et étant placé sur le flan droit de son assaillant Calcifer ne perdit pas une seule seconde. Il profita qu'il soit obligé de finir son mouvement des épaules pour l'attaquer en pleine face. Veillant à imbiber sa jambe droite jusqu'au genoux de fluide, cette dernière agitée de soubresauts sûrement provoqués par l'adrénaline. Parallèle au sol, il exécuta une rotation sur lui même afin de prendre suffisamment d'élan pour asséner un coup de pied droit au niveau de la jonction entre l'oreille et la mâchoire du colosse. Le coup n'avait qu'un but ; sonner son adversaire pour lui ouvrir une fenêtre de fuite.

- C-C-CONTRE-AMIRAL-SAMA !!  bégéya ses officiers.

Retombant avec dextérité sur la pointe de ses pieds, Calcifer ne quitta pas le golgote des yeux. La mécanique. Il se fit rapidement encerclé par une petite escouade, tous le pointant de leurs armes prêtes à faire feu.

- On te nourris! TU OSES NOUS ATTAQUER ET PORTER ATTEINTE A NOTRE CHEF ! s'égosillait un agent.

Ses main tremblèrent, le canon fuyait le viseur qui lui même tanguait de droite à gauche sur la cible. Le visage du petit garçon se figea en l'espace de quelques secondes. Il examina en un coup d'oeil vif s'il n'avait pas de porte de sortie. Bingo ! Une barque était accroché à babord, il ne lui suffisait  plus qu'à prendre la poudre d'escampette !
Il se laissa tomber sur le sol pour se rattraper sur les paumes, posant méticuleusement son épaule droite et pliant le reste de ses membres supérieurs. Le tout en accomplissant un mouvement circulaire tout en envoyant quelques flammes de part la plante de ses pieds.

«  • 'Iiesar ! »

Une colonne de flamme tournoyant dans les airs ! Parfaite diversion ! C'est le moment !

Contrôle au Faciès

▬ Alors tu choisis cette voie, petit…




De tenter de lire au travers de ces yeux. Iris brunes, presque jaunâtres. Lueurs presque vives. Ce feu qui habitait ce garçon, même au plus profond de ces mirettes. Qui brûlait en lui avec passion. Qui l’animait. Ne pas comprendre, du premier coup, ce qui était censé l’animer. Pourtant, respecter cette volonté qu’il semblait posséder. La confronter à la mienne. Celle-ci bien définie. Dont les coutures étaient tracées, décidés. La volonté de lui faire abandonner la voie qu’il prenait et ce, à tout prix. Qu’importe ce qu’ils devaient subir. La rixe que je devais mener. Il comprendrait, tôt ou tard. Qu’importe, il n’y avait ici pas place pour la compassion.

Gigantesque pilier de bois traçant son sillon. Réduisant tout ce qu’il croisait. Jusqu’à détruire tables, chaises et tonneaux. Pulvériser tous ces soldats en-dessous. Réduire le pont en charpie, les larmes coulant de tous ces soldats. Se disaient-ils sans doute qu’ils l’avaient réparé une semaine avant, ce pont. Peu importe, situation qui était nécessaire. Pourtant, qu’importe la violence de l’assaut, il réussissait à s’en sortir. Une dextérité sans pareil et un temps de réaction très court. Trop court, même. Avait-il usé d’un tour. Quelque chose que je ne connaissais, ceci dit. Enveloppe qui se changeant simplement en flamme, volatile.

Il avait perdu sa consistance, le simple fait d’être tangible, solide. Un être humain, tout simplement. Passant à l’état d’élément, qui zigzaguait entre le sillon de ce gigantesque mât. Qui se faufilait sans pour autant me donner le luxe de le toucher. Le suivre du regard, sa course. Serpentant jusqu’à arriver vers ma position. Qu’était-il, à la fin, ce garçon ? Que pouvait-il faire d’autres ? Que savait-il faire d’autres, même ? Me triturer le cerveau pour les méninges pour le savoir. N’allais-je pourtant pas tarder à le découvrir. Lui qui reprit consistance, forme. Ses petites mais puissantes jambes prenant appui sur le bois du pont. Le déchiquetant sous la pression.

Toujours emporté par mon propre élan. Par l’assaut d’envergure menée contre un si petit homme qui faisait un si mauvais choix, mon point de vue. Lui qui perla dans les airs, mouvement ascendant, tourbillonnant. Le voir sans pour autant avoir le temps de parer quoi que ce soit. Peut-être pouvais-je encore lâché ce pilon et prolonger la distance. Pourtant, sa vitesse n’était pas à ignorer. Et ce qu’il fit ensuite non plus. Substance sombre, d’aspect noirâtre, métallique même, venant s’agripper à la peau de son tibia. Buso-koka. Comment un si jeune garçon pouvait-il déjà le maîtriser ? Le Fluide. Son intention claire : viser ma mâchoire. L’aurait-il sûrement déboité ou arraché, que sais-je.

Un réflexe. Celui, in extrémis de couvrir également la zone qu’il était désireux de toucher. Flanc de la trombine revêtant cette même couleur de l’Armement. Puissant choc retentissant. Deux fers qui se croisaient. Qui se jaugeaient. Recevoir son assaut tandis que le mouvement s’arrêta, mât qui s’embrocha dans le mur de la calle du rafiot. Petit mouvement de recul dû à la collision avec sa jambe. Il n’était pas commun, ce garçon.

▬ Il maîtrise déjà la Fluide à son âge ? Et c’est quoi cette capacité ? Un Fruit du Démon ? Oui… Sans doute… Il aurait alors mangé le Zoan de…

▬ PAS DU TOUT ! VOUS RACONTEZ ENCORE DES CONNERIES !! C’EST CLAIR QUE C’EST UN LOGIA !!




Les soldats autour qui semblaient encore désemparés par ce manque d’information flagrant de leur supérieur hiérarchique. Ou de sa bêtise. Sûrement des deux, même. Ils avaient pourtant raison. Un Logia. Sans aucun doute un pouvoir lié au feu et à sa manipulation. Etant donné ce qu’il avait montré. Ce qui nous avait été donné de voir. Sa singularité, à pouvoir se changer en braise, en flamme. Et passer entre les mailles du filet. Du mât, pour être plus précis, cette fois. Du mien. Sans doute pouvait-il faire bien d’autres choses. Une capacité embêtante si elle se trouvait en main « ennemi ».

Ou entre les griffes d’un garçon perdu. Surtout si ce vis-à-vis se trouvait sur un galion fait de bois et autres matériaux pouvant rapidement s’enflammer. Il allait sans doute le faire, s’il voulait à tout prix s’échapper de mon emprise. Mal me connaitre pourtant, s’il pensait que j’allais m’arrêter là. Le lui avoir dit, très clairement. Je le sauverais, lui aussi, ce Calcifer. De la fougue de la Piraterie. De la tentation, sans doute alléchante pour certains, d’être forban. Hors-la-loi. Certains parlaient de liberté. N’y voir que désagrément et sang. Feu et sang.

Sans doute cette image gravée en tête. Tamamo au sol, des années auparavant. Entre la rixe de ces Pirates. En y repensant, certainement qu’ils n’avaient pas dû la vouloir, sa mort. Pris de court. Elle s’était elle-même lancé à leur poursuite, après tout. « Héroïne » d’aspiration comme son père l’était lui-même. Véhémence quand je l’avais vu, gisante. Sûrement l’une des seules fois où la colère m’agrippait et me rongeait. La scène suivante, quelque chose que j’étais désireux d’oublier. Mon poing écrasant chacun d’eux, sans répit. Jusqu’à ce dernier râle, ce souffle quand ils n’étaient plus rien. L’être aimé dans les bras.

Y penser ici à cause de l’âge de ce garçon. Sa fougue et le contexte, sans doute. Lui qui s’était ensuite retrouvé encerclé. Manœuvre rapide, usant de son individualité. Célère. Tournoyer à toute vitesse, extirpant des flammes de son enveloppe. Cette masse ardente prenant forme d’une tornade ou quelque chose qui y ressemblait. Y penser. Ce garçon était un surdoué. Arrivais-je à peine à son âge à porter une motte de foin pleine. Il n’allait pas y aller de main morte et n’hésiterait pas. Colonne de feu venant obstruer chemin et vue de tous les soldats présents. Qui ne savaient sans doute pas comment la gérer. Comment y faire face. Se disaient-ils qu’ils regardaient sans doute le rafiot partir en cendre, en fumée…




▬ Dans la série des sérieux…





C’était sans compter sur un facteur tout autre…

Brasement. Puissant courant d’air venant imploser. Souffler contre la tornade. Cataracte de vent qui arriva de front, s’entrechoquant avec l’immensité rougeoyante. La souffler au bout d’un mouvement. Large nuage de fumée. Clappement Sérieux. Force prodigieuse. Usant de contraction des muscles des deux bras. Les joindre dans un mouvement puissant. Un applaudissement. Un seul, générant cette trombe de vent qui souffla la tornade. Elle n’était pas si puissante. Sûrement l’avait-il fait pour nous déstabiliser. Nous empêcher de rejoindre sa position.

Bruit sourd du clappement. Qui souffla tous ceux qui se trouvaient autour. Les soldats, en l’occurrence. Certains habitués à ce genre de démonstration. D’autres, restants sans voix. Se demander comment une telle vigueur était possible. Des deux côtés, pourtant. Se demander comment, face à une telle force, un garçon arrivait à lui tenir tête. Même à le toucher, précédemment. En laissant une marque sur ma joue, qui plus est. Il n’allait pas y aller de main morte. Et je ne comptais pas le faire non plus.

L’opaque sillon de fumée qui grandissait toujours. Un feu de forêt qui venait sans doute d’être éteint. Qui n’avait endommagé qu’une partie du pont, ainsi que la rambarde. Tous ces hommes qui essayaient de passer au travers. Chercher le dénommé Pirate en question, sans pour autant le trouver au travers de toute cette cendre. La trombe qui devenait de plus en plus importante. Des cris et de la panique. La panique de peut-être le voir s’échapper et s’en tirer à bon compte. Crans de fusils s’armant. Sabres de sortie. Ils étaient décidés à m’aider par tous les moyens. Seulement, qui pouvaient-ils bien faire face à ce genre d’adversité. Compter sur moi, sans doute.









▬ On l’trouve pas ! Où peut-il bien être ?

▬ Vous avez vu le Contre-Amiral ?!

▬ *souffle*




Ces bruits de pas bien singuliers. « Pop », « Pop », « Pop ». Prendre appui dans les airs. Geppô

▬ Je t’ai trouvé…

▬ C’est quoi ?!!! Un morceau de la rambarde ?!!!




Puissante impulsion. Quelques pas en suspension grâce au Geppô. L’avais-je repéré alors dans toute cette trombe. Bien décidé à l’immobiliser et en finir.

▬ CALCIFEEEEEEEEEEEEEEERRRRRR !!!




Les doigts bien ancrés dans ce morceau de rambarde que j’avais arraché. Le trouver et le coincer. Le but premier de cette manœuvre. Déplacements en l’air. Soudaine impulsion pour me retrouver en hauteur, au-dessus de sa propre position. Second appui. Dernier. Seconde impulsion, ré axant mon corps pour le chercher. Fendre l’air et écraser cette barrière contre mon vis-à-vis. Il ne s’agissait pas la de le coincé. Non… Avec ce genre de capacité, ce n’était malheureusement pas faisable. Uniquement le surprendre. Le surprendre assez pour en finir. Continuer avec une technique. La seconde d’après. Sans répit. Poing ganté prenant l’aspect qu’il avait lui prise, plutôt. Noirâtre. Buso-koka.

Puissant coup de poing armé du Fluide Offensif. Serious Punch à bout portant. Qui généra un puissant mouvement d’air autour. Lui assener ce coup dans le ventre, pour l’assommer. Lui faire perdre connaissance, au mieux. Qu’allait-il faire ?

____________________

Le soleil atteignait pleinement son zénith. Le mince filet de feu qui s'échappait des semelles de Calcifer obnubilait de crainte la plupart des soldats. Le contraste de lumière ne faisait que s'accentuer pour lui laisser une fenêtre d'action. Ce n'était pas censé être une confrontation directe, il devait trouver un moyen de s'enfuir. Par chance des barques étaient attachés à bâbord, disposés par des bossoirs télescopiques. Ayant semé la discorde, le moment était plus que choisit pour Calcifer pour s'échapper de cet endroit plus qu'hostile. L'agitation ambiante, les hurlements, les coups de feu, le crépitement du bois brûlé, masquaient son impulsion. Rien ni personne ne pouvait stopper sa lancée. Une course presque animale, le torse en avant à 45 degrés, de longues foulées, les jambes toniques. Les embarcations étaient encore à quelques mètres, dorant au soleil. Quant soudainement, un grondement le fit ralentir, lui qui pensait avoir gagné assez de temps pour s'enfuir ! Une bourrasque monumentale le fit trébucher, il retombât sur ses genoux, l'air alerte, ce qui c'était passé dans son dos n'avait pas l'air commode.

- ATTRAPEZ-LE !!!


Il jeta un bref coup d'oeil derrière lui, il avait été repéré ! Poursuivit maintenant par des sabres l'aveuglant par leur rayonnement et par des coups de feu qui fusaient, trompant son ouie il n'avait plus trente-six solutions. COURIR. Reprenant de plus bel son élan, le sol commença à trembler un court instant, le navire chavira légèrement et une ombre apparaissait une nouvelle fois sur Calcifer, couvrant sa personne et ses ambitions. Le contre-amiral ne s'était finalement pas laissé berné par une farce aussi enfantine. Espièglerie du petit homme n'avait donc pas suffit, mais comment ? Il était trop tard quand il l'avait remarqué mais ce dernier s'était jeté sur lui avec une balustrade ! Sans doute pour le piéger comme on le ferait à un animal qui s'agite dans sa cage.

- Je t'ai trouvé... CALCIFEEEEEEEEEEEEEERRRRR ! gronda le contre-amiral.

Il était monté à une hauteur inhumaine, le petit garçon sous la pression ne pouvait qu'être spectateur, il ralentit par peur et pensant inconsciemment ralentir l'impact. Trop tard, rambarde en main, le golgoth n'allait pas se faire prier et encore moins aller de main morte quant bien même la tranche d'age qui les séparaient aurait pût suggérer un certain ménagement. Alors là vous n'y êtes pas du tout, le respect et la justice sont le leitmotiv de Teppei Kiyoshi ! Métal en main, il s’abattit violemment sur l'échine de l'enfant. Ce dernier dans un mouvement de panique et comme son corps avait un peu arrêter la barre avant qu'elle ne bloque au sol, se retourna subitement, dos au sol, face à son bourreau. Le choc fut tel qu'il souleva immédiatement un énorme nuage de poussière, le garçon fut tellement secoué que l'arrière de son crâne heurta le plancher brutalement. Il était fait comme un rat.

- MAIS lâche moi le vieux ! se débattait le petit pirate.

Sans l'ombre d'un doute, sans perdre de temps, son adversaire n'avait pas arrêter son mouvement et comptait porter le coup de grâce. Atmosphère saturée, les regards se glacèrent et les esprits fulminèrent. Lorsque le poing allait s’abattre un éclair inconscient vint guider la pensée de Calcifer, sa main s'enveloppa d'une aura noirâtre presque visqueuse, sa peau dégoulinait de cette énergie ténébreuse. Tendant sa minuscule paume comparé à celle du monstre, il confronta sa main pour stopper l'assaut autant qu'il le pouvait.

Le choc provoqua un impact palpable autour de leurs corps. Sous le coup Calcifer sentit tout son squelette vibrer, la réverbération de l'attaque résonnait en lui, sa vue se troubla, ses oreilles sifflèrent et dents grincèrent. Comment pouvait-ont être aussi brutal, hormis son équipage il n'avait pas rencontrer un tel personnage, du moins de ce dont il se rappelait. Ils ne restèrent que quelques secondes dans cette position mais Calcifer pouvait sentir ses os lui supplier d'arrêter de supporter cette charge gargantuesque. Il allait céder. Son corps s'enfonçait de plus en plus dans le navire, il se sentait partir sous l'effort considérable que lui demandait son corps encore exténué de son voyage.

Une friction, un bout de silex, une étincelle. Ses omoplates s’attisèrent, son torse incandescent s'unissait avec la couleur écarlate de ses yeux. Le bois fumait sous l'exaltation de son don. Assez vite une fumée épaisse enveloppa nos deux comparses, cette danse endiablée arrivait à terme. Des éclats mélangé à la brume vinrent à masquer leurs deux visages. La purée de pois opaque et grisâtre prenait de plus en plus d'ampleur. Sentant alors la situation tourner en sa faveur le petit homme profita pour lâcher prise et changea la partie inférieur de son corps en brasier. Non pas pour riposter mais pour s'en servir et s’éjecter de cette conjoncture, glissant avec alacrité sur le lit de planche, il ne savait pas où se diriger dans cette émanation excessivement dense.



Où est-il  ?! CONTRE-AMIRAL IL S'ECHAPPE !! toussaient les différents agents chacun leurs tours.



- Ehh Pssssst... Par ici ! indiqua une voix familière.

Derrière cette fumée Calcifer ne distinguait que confusément à qui appartenait cette voix. Entouré d'agents de la mouette, cette parole agissait comme un phare. Il se dirigea tête baissée vers elle, il accouru plus vite qu'il put. Dès lors qu'il passa sa face hors du champ de bataille il aperçu une silhouette amicale.

- Yo. Bon, bouge toi d'ici et vite. Ne traîne pas. J'ai désamarrer une barque, profites-en. dit-il sans cligner les yeux.

- Mais pourquoi tu m'aides ? balbutia l'enfant.

Dans un bref mouvement de sourcil, il releva les épaules et les paumes en l'air, comme si pour lui ceci n'était qu'un jeu. Reconnaissant, Calcifer lui fit signe de la tête et embarqua d'une traite, les deux jambes en avant. Sous le poids et comme les nœuds étaient défaits, le bateau chuta directement, fracassant les vagues qui s’agrippaient à l'immense galion de la marine. Il n'avait pas eu le temps de lui demander son nom.

Un sifflement. Un garde, un deuxième, un groupe, puis l'ensemble s'adossa à la rambarde. A bout de souffle chacun beugla. L'alarme sonna, les cannons s'armèrent.

NE LE LAISSEZ PAS S'ENFUIIIR !

La situation ne faisait qu'escalader dans l'échelle de la folie. Pas une ni deux, le petit garçon s'arma de ses dernières énergies. Son courage l'aida à se tenir debout, sa témérité lui dicta de pointé ses deux paumes vers l'arrière de sa barque, au niveau de la surface des flots. Ses mains luisaient d'une lumière chatoyante, les ondulations se convergèrent vers le creux. Deux colonnes de flammes phénoménales émergèrent de ses bras et lui confia une poussée inouï. La vitesse et l'angle était tel que la barque s'envola d'une traite vers les cieux. En quelques instants il s’évanouissait à travers les nuages dans une direction que lui même ignorait.

Contrôle au Faciès

Résiste. Qu’il résiste encore. Ce garçon aux allures frêles, innocentes. Presque naïf. Il l’était sûrement, tout cela. Sensation désagréable. Profondément désagréable. Celle qui embue le cerveau de questions, de troubles. Pourquoi ça ne fonctionnait pas ? Pourquoi semblait-il toujours autant déterminé ? Toujours autant sûr de sa décision. Celle de converger vers ces desseins qui ne me plaisaient pas du tout. Frustration d’être bloqué. Au pied d’un mur qui paraissait si petit. Mur de volonté, ici. Qui ne cédait pas face à ce poing ganté. Qui encaissait sans relâche. Se fissure mais reste tout de même débout, fiable.

La désagréable impression que ce Calcifer était ce genre de garçon. Aussi têtu que je l’avais été. Que je l’étais toujours. Etait-il peut-être encore plus borné. Ce n’était pas normal. D’où la tenait-il, ce gamin ? Cette personnalité. Pourquoi refuser de comprendre ? Tenait-il tant que ça à cette voie ? Si difficile à concevoir pour ma personne. L’avis contraire que la justice et ses principes. Peu importe le tempérament. Le vécu. Qu’importe. Concept universel. Alors comment trouver normal un garçon se proclamait Pirate ? Commencer l’accepter ? Le concevoir ?

Qu’ils ressortent de ses orbites, ses mirettes. Quand il aperçut ma carcasse en l’air, ombrageant sa route. Propulsé de la même vitesse, verticalement, l’écrasant sous une pression telle. Ne lâcher son regard sous aucun prétexte. Ils brulaient d’envie de le voir admettre. Raisonné. Ils seraient bientôt satisfaits. Le temps d’une contraction de muscle. Les doigts qui se serraient, se gainaient. Le poing qui fendait l’air, en direction du téméraire. Visualiser. La prochaine étape. Trop confiant sans doute. Néanmoins, à peine impulsais-je qu’il contrattaqua. Qu’il répliqua de plus belle.

Sa main qui s’arma à son tour. Qui trembla sous l’impact. Qui venu simplement dévier la course du Poing sérieux. Ce gamin… Etait-il sans doute encore plus incroyable que je ne le pensais. La sentir pourtant. La différence flagrante de force physique. Le gouffre qui séparait la constitution de nos deux corps. Pourtant, dégager une si forte impression. La conviction. La conviction qu’il ne me laisserait sans doute pas l’arrêter. Et qu’il entreprendrait tout pour. L’affaire de quelques secondes. Ce courant ascendant d’air. Son frêle bras qui peinait, tremblotait. Qui ne cessait de s’enfoncer. L’affaire de quelques secondes quand elle retentit ensuite.









▬ CONTRE-AMIRAL-SAMA !!!!!!!




Immensité luisante. Brillante. Chaude. Incandescente, même. Brasier qui naquit de son tronc, d’une intensité telle et d’une chaleur vive. Grand feu. Qui réduisait tout ce qui se trouvait à proximité en cendre. Réduisait le bois. Chauffait le métal. Faisait-il sans doute aussi fondre la chair. Certaines chairs, cela dit…

▬ La chaleur est insupportable… Ma cape est partie en cendre…*tousse* Il a même réussi à contenir mon Coup de Poing Sérieux… *souffle* Tu es un adversaire redoutable, Calcifer.




Maintenir la pression. Encore et encore. Il le fallait. Même-ci mon corps tombait en lambeaux. Il le fallait. Pour ne pas lui laisser une fenêtre. Quelque chose. Qu’importe. Y plonger la tête la première s’il le fallait, dans son enfer. Brasier qui emporta tout ce qu’il y avait autour. Pourtant, y avancer pied. Y faire face. Le corps rougeoyant, qui commençait à calciner à certains endroits. Douloureuses sensations. Bien mieux loti que les autres pourtant. Aucun ne jouissait d’une peau aussi résistante. D’avantages naturels. De telles individualités. Aucun ici n’était capable de l’approcher à ce point. De l’empoigner sans risquer sa vie.

Friction qui ne dura que quelques secondes. Cette immense fumée noire y résultant. Colonne opaque qui était encore là pour cacher nos positions. Brouiller la recherche. Dissimuler nos mouvements. Ici, ceux du garçon. Qui profita du choc subi pour se défaire de l’étreinte. Astucieux procédé. Lui qui changea ses jambes en flamme, intense. L’idée de s’éjecter dans la direction qu’il désirait, sans doute. Loin de ma poigne, en tout cas. Loin de mon obstination. Sans doute se savait-il en terrain ennemi et que la perspective d’une rixe ici ne l’avantagerait sans doute pas.

Le savoir également. Le savions-nous sûrement tous, qu’il était encerclé. Piégé. Sans doute pour cette raison qu’il usait de stratagème. Gagner du temps. Gagner des mètres. Un objectif à la clé. Lequel ? Pourquoi s’aventurer si près de l’eau quand ce genre de capacité incluait le fait de tomber comme une enclume, immergé ? S’envoler ? Non… Bien sûr que non. L’aurait-il déjà fait depuis quelques minutes maintenant. Non… Il s’agissait de tout autre chose. Prendre la fuite. Mais comment ? Cette barque qu’il possédait ayant coulée.

Une barque… Etrange sensation… L’impression qu’il m’échappait. Que je ne pourrais le sauver. Qui chatouillait mes tripes. Crispaient mes muscles. Non… L’empêcher de faire ce qu’il pensait, à tout prix. Craquements…




▬ NE LE LAISSEZ PAS S’ENFUIR !!!!

▬ Qu’est-ce que ??!!!!!




L’empêcher. Qu’importe s’il fallait pour cela, le faire couler…

▬ I… IL… IL… IL A ARRACHÉ UN MORCEAU DE LA CABINE !!!!!

▬ C’EST PAS POSSIBLE…

▬ Le mioche… Il…




Puissant mouvement. Quelques débris et babioles qui en tombaient encore, de ce que je m’apprêtais à projeter contre mon vis-à-vis. Vis-à-vis qui, commença à son tour, à débuter d’étranges mouvements…

▬ LA BARQUE S’EST ENVOLÉ !!!!!

▬ J’ARRIVE PAS A EN CROIRE MES YEUX…




Cataracte vive qui apparue ; s’intensifia d’un coup. Effet de poussé. Ce gamin et son moyen de locomotion qui s’envolaient alors une seconde avant mon lancer. Que ce gigantesque projectile ne touche la mer, une bonne fois pour toute. Son tonitruant. Effrayant, même. Jusqu’à ce que la mer elle-même ne l’engouffre. Je l’avais raté. Non pas seulement ma dernière action. Je l’avais raté. Il n’avait pas réalisé. Il ne s’était pas plié. Je n’avais pas réussi à le sauver lui de ce qu’il pourrait être amené à voir. De celui qu’il pourrait devenir, également.

Ne jamais perdre son âme, ni son humanité. Essayer, du moins, de la conserver. Aussi infime pouvait-elle l’être. Gouffre énorme, la cabine qui finit par s’enfoncer dans l’eau. Dans ses profondeurs. Et tous ces regards autour. Dépités par ce qu’ils venaient d’assister. Ce Calcifer qui s’en était sorti malgré tout. Qui avait pris la fuite. La cabine que je viens de balancer. Et le fait, sans doute, qu’ils n’auraient aucun endroit où coucher ce soir. A part à même le sol du pont. Au moins le temps de faire cap quelque part.

S’activèrent tous. Pour éteindre les flammes. Sécuriser le périmètre. Rafistoler le rafiot autant qu’il le pouvait encore. Ne pouvait-on faire que ça, après tout…

▬ Appelez le QG de la Marine ! Il ne s’en sortira pas ainsi ! Donnez-leur notre version des faits. Ce gamin Pirate, se présente comme tel et a attaqué le Cuirassé d’un Contre-Amiral et de son escadron. Il s’en est pris aux soldats et a attaqué le Contre-Amiral Teppei-sama de front. Il possède des capacités de type Logia. Ancien membre des Pirates aux Ailes Rouges. Les Akai Tsubasa. De ce fait, la tête de Calcifer Santana devra être mise à prix. Il n’aura plus de repos, il comprendra ce qu’est la vie de forban qu’il désire tant.




S’étaient-ils tous mis à s’agiter. À s’exclamer de plus en plus fort. S’égosiller même. Des mots qui fusèrent. Des accusations. Et la réparation demandée. Ces mots qui, pourtant, passaient au-dessus de ma trombine, sans prendre le temps de les capter. Sans doute remarquer qu’ils avaient accentués ses « délits », au gamin. Reposant pied sur le pont à mon tour, l’esprit focalisé autre part…

▬ Calcifer… Je te sauverais un jour, toi aussi. Je le jure sur la mémoire de ma fille, Tamamo…




Qu’importe s’il s’agissait de jours. De mois. D’années. Il viendrait un jour, où il serait sauvé.