▬ Base Militaire « G-10 » d'East Blue, Printemps 1519

Les soldats du G-10 avaient aujourd'hui troqués armes et équipements pour vivres et spiritueux. Tout le monde s'agitait. Des brouhahas incessants résonnaient dans tous les couloirs qui étaient d'ordinaire réduit en silence par la rigueur martiale de ces futurs défenseurs de la justice. Ah ? Je ne vous ai pas dit ? Ce bataillon particulier était destiné à la formation de jeunes recrues plus ou moins prometteuses de la Marine. Elle était reconnu sur les quatre mers comme la meilleure institution de ce genre - on raconte même que les plus grands héros de la Marine y sont passés. C'est là bas que le jeune Zapata avait été envoyé après s'être remis dans son éprouvante expérience carcérale. Et il y faisait déjà forte impression ! Assez pour qu'à peine quelques mois après son arrivée, il était déjà qualifié pour les Jeux. Tradition, rite de passage obligatoire pour quiconque souhaite être affecté ailleurs et/ou monter en grade, « les Jeux du G-10 » recensaient une série de tests où physiques et cognitions des participants étaient mis à rude épreuve. Et le plus attendue d'entre eux approchait : Sauver le Citoyen !


Tous les soldats, et quelques civils curieux étaient déjà tous installés tout autour de l'immense cour arrière qui servait à l’événement. Des cris de joie, d'encouragement, des paris et autres théories sur l'issue de l'épreuve d'aujourd'hui retentissaient de part et d'autre des gradins, alors que les deux protagonistes s'avançaient vers les tribunes où se tenaient les deux vice-amiraux responsables de la base. Les deux rookies. Les deux monstres du G-10. « les futurs amiraux » proclamés par leurs pairs. Zeke Zapata, le Buddha, contre l'homme d'acier, Teppei Kiyoshi. Une incroyable et tant attendue confrontation ! Tous les écrans liés aux escarméras se mirent à projeter, tous, la même image : celle d'un affrontement qui resterait dans les anales de cette base si célèbre.

Les deux soldats s'arrêtèrent finalement en bas de l'estrade. Zeke se tenait les bras croisés, le menton fièrement relevé vers ses supérieurs, un léger sourire impatient aux lèvres. Un tierce individu - le contre-amiral Vane qu'ils connaissaient tous parfaitement - vint se positionner derrière eux ; s'annonçant comme l'arbitre de l'épreuve. Zeke le salua d'un mouvement de tête avant de lever de nouveaux les yeux vers les vice-amiraux. L'un d'eux, le plus jeune, se leva, les bras écartés, en s'adressant à la foule, puis aux concernés.

▬ Nous vous remercions messieurs pour avoir répondu présents pour soutenir nos deux nouvelles recrues ! Aujourd'hui, l'épreuve que vous attendez tous.. SAUVER LE CITOOOOYEEEEN !! L'orateur marqua une pause forcée par les cris tonitruants du public, avant de reprendre une fois calmés. Les règles sont simples ! Un mannequin a été placé de l'autre côté de la cour, avec une bombe qui explosera dix minutes après le début de l'épreuve. L'un de vous jouera le pirate qui a pris en otage le citoyen, et l'autre, le représentant de la Marine qui doit l'arrêter et sauver le prisonnier. Si le mannequin est prit dans l'explosion, le pirate gagne. S'il est hors de porté, évidemment, le militaire gagne. Est-ce que vous avez compris ?!  

Zeke esquissa une légère moue, avant de secouer lentement la tête dans une réponse positive. Le plus vieux des deux vice-amiraux plongea sa main dans une petite boîte opaque, d'où il ressortit une petite sphère noire, et annonça d'une voix plus rigide que son cadet.

▬ Teppei Kiyoshi jouera donc le rôle du Marine ! Messieurs, à vos postes !

Le contre-amiral Vane prit alors la direction du mannequin en invitant Zeke à le suivre, et à Teppei de rester à sa place ; les plaçant ainsi à chaque extrémités de la large zone d'entraînement. Le jeune marine avait quelque peu perdu de sa prestance.. Son pas était plus hésitant, il suivait son supérieur en jetant un coup d’œil de chaque côté de ses épaules, se frottant quelques fois le menton dans un tic nerveux. Quelque chose n'allait pas, vraisemblablement. Mais ces doutes apparents disparurent au moment où il arriva près dudit mannequin : son visage s'illumina d'un coup.

▬ OH TROP BIEN C'EST QUOI ÇA ?! S'écria Zeke, enjoué.

Vane fut quelque peu décontenancé. Fronçant les sourcils avec un sourire hésitant, il ne savait pas si son subordonné était sérieux, ou non.

▬ C'est le citoyen que vous avez kidnappé. Répondit le contre-amiral en pointant l'évidence de son ton.

▬ Hein ? J'ai fait ça moi ?! s'étonna-t-il, une moue dubitative déformant ses lèvres.

Vane cligna longuement des yeux.

▬ N-Non mais.. Vous savez, vous êtes un pirate, et vous devez empêcher Teppei de sauver le citoyen que vous avez capturé. C'est le principe de l'épreuve.

▬ Mais j'suis pas un pirate moi ! Et puis depuis quand il est là Teppei ? J'comprend pas votre jeu.. Dit-il en boudant comme un enfant.

Le plus gradé ne pouvait s'empêcher de sourire nerveusement. C'était quoi ce type ? Il n'avait pas eu l'occasion de l'entraîner personnellement et ne le connaissait donc pas directement. En revanche, sa réputation - concernant à la fois sa force mais aussi son.. atypicité - était parvenu jusqu'à son département. Mais jamais il n'aurait imaginé un aussi drôle d'oiseau. Espérons qu'il est plus fort qu'il n'en a l'air, se disait-il. Il étouffa un rire et approcha son visage de son subordonné qui plongea à son tour son regard dans le sien.

▬ Écoutez, quoi qu'il arrive, ce mannequin doit resté près de la bombe jusqu'à la fin des dix minutes. Okay ?

▬ Mais s..


▬ QUOI QU'IL ARRIVE, ZAPATA ! hurla Vane, lassé, en se rapprochant encore plus de Zeke, qui se crispa en secouant vivement la tête de haut en bas.

Il s'avança quelque peu, faisant fièrement face à son adversaire, en marmonnant des propos incompréhensible - sûrement les nouvelles directives qui lui avaient été données. La tension était palpable. Les cris s'étaient arrêtés arrêtés en même temps que lui.  Zeke connaissait parfaitement l'homme qui lui faisait face, il était arrivé dans la base quelque temps après lui et il n'avait cessé de compéter indirectement depuis - tous deux étant largement au-dessus du reste des soldats présents. Secrètement, il attendait ce moment depuis longtemps. Il ne put retenir un large sourire impatient. Une légère brise vint caresser l'aire d'entrainement.

La tension fut brisée par l'un des deux vice-amiraux, le plus jeune encore une fois, qui prit la parole.

▬ Avant de commencer messieurs, nous tenions à préciser que l'édition de cette année comporte de nouveaux ajouts que nous avons pensé indispensable au vue de cet affrontement.. Il esquissa un sourire malicieux. Vous êtes prêts ?!

Zeke n'avait même pas eu le temps de réfléchir à ce que pouvaient être ces ajouts, tant il était impatient. Un simple mouvement de la tête, pour prévenir qu'il était prêt, et il recula sa jambe droite en la faisant frotter contre la terre battue, pour se mettre en garde.

▬ Bien.. Dans ce cas.. SAAAAAAAUVEEEER LE CITOOOOOYEEEEEEEN !

Vane leva le bras, laissant retentir un long sifflement d'alarme ! Les écrans qui projetaient la même image jusque là laissèrent apparaître un décompte qui avait commencés à dix minutes. Les hostilités étaient lancées. Toujours prêt du pirate factice, le contre-amiral tenait à rappeler les directives à son jeune subordonné, au cas où.

▬ N'oublie pas, quoi qu'il arri.. Zapata ? s'interrogea-t-il après s'être retourné, regardant de droite à gauche en découvrant l'absence du soldat.

Trop tard.. Zeke fonçait déjà sur sa cible après une puissante prise d'appuis qui avait élever un épais nuage de fumée derrière lui. Le visage radieux, un bras armé devant lui, il était hors de question qu'il attende sagement l'offensive. La foule était en délire !

▬ Irrécupérable.. Se plaignit finalement Vane en secouant lentement la tête de droite à gauche, un sourire amusé sur les lèvres.

Qui allait sortir vainqueur de cet affrontement aux mille promesses ?!

Sauver le Citoyen !!

▬ Base Militaire G-10 d’East Blue, 1519.

Douce cacophonie. Singulier sentiment. Comme celui d’une douleur enivrante. De larmes chaudes et réchauffant. Ici, des cris. Applaudissements à foison. Sifflements à tout va. Et la tension. La tension qui ne cessait de monter. De quoi rendre la situation atypique. L’atmosphère bouillante, presque brûlante. Et toutes ces présences autour. Que serait la G-10 si elle en avait été privée. Véritable cage d’or, coffret à rêves. Celui de toutes ces âmes qui y passent encore. L’asphalte foulé par tous ces grands noms encore à cette époque. Garnison spéciale qui s’était focalisée sur la formation de jeune recrue prometteuse. Qui s’attelait à les bâtir, les façonner au burin.

Et dont les résultats par la suite se relèveraient dantesques, par-dessus tout. Sur l’île, un jour de fête marqué par un tournoi remarquable censé confronter les plus grands talents encore en activité ici, dans le régiment. Une pratique à priori anodine ; presque quotidienne. Et pourtant source d’autant d’élan et de ferveur qui dépassait de loin le cadre militaire. Evènement qui avait fait l’effet d’une bombe à travers toute la cité. Des soldats, leurs nombreuses familles également, en sommes. Une explosion expliquée par tant d’histoires glorieuses autour de cette garnison. L’idéalisation de ce genre d’épreuve de force.

Là où chaque pouce devait montrer les crocs, aussi longtemps qu’il le pouvait. Ecrire sa carrière ; ou la détruire, la réduire en cendre, au pire. Tous ses yeux qui dévisageaient les coutures de tous ceux qui pénétraient la fosse aux lions. Toutes ces mirettes qui se posaient aujourd’hui sur ma carrure. Qui dévisageait chacune de mes parties, même dans les plus infimes recoins. Et qui jugeaient. Qui tentaient d’imaginer. De pronostiquer. Qui pariaient. D’autres qui affirmaient ou révoquaient. La seule idée d’une victoire ou d’une défaite. Et qui continuaient, tous, à partager leurs bonheurs et l’excitation qu’ils ressentaient tous.

L’excitation que nous ressentions sans doute ici, ces fameux participants. Fourmillements dans les orteils qui grimpaient, qui s’agrippaient et qui tentaient d’atteindre le reste de mon enveloppe. Elle était bien présente. Mêlée à de l’impatience, de l’anxiété. Bon sentiment. Bonnes sensations. Contexte qui était déjà plantée. Situation qui, calme jusqu’alors malgré le bruit, n’allait pas tarder à changer. S’amplifier. Anxiété également dû au fait qu’en face, n’était pas posté un quelconque adversaire. Si pendant ces quelques mois m’étais-je dépassé, personne ici n’avait été plus proche que ce Zeke.  

Peut-être même étais-je moi qui essayais durement d’être proche de lui. Et c’était principalement dans cette ambiance qu’avait été annoncée la joute. Pourtant, rivalité qui n’était peut-être pas que contextuelle après tout…

▬ Mesdames et Messieurs. Soldats et familles. Comme vous l’avez entendu de la bouche de notre cher Contre-Amiral. Aujourd’hui, l’épreuve qui sera disputée ici n'est autre que…




Et la foule qui s’en donna à cœur joie…

▬ SAUVER LE CITOYEN !!!!!!!!!




Des cris. De la fougue et de l’engouement. Beaucoup d’engouement même, porté par les mots de cet homme. La clameur n’est était que plus belle.




▬ Les boules ont été tirées ! Leurs sorts ont donc été scellés ! À notre droite, cette recrue venant tout droit de Grand Line ! Zeke Zapata qui jouera le rôle du PIRATE !!! Et à notre gauche, jeune pouce natif d’East Blue, ici-même. Celui qui jouera le rôle du SOLDAT… Teppei Kiyoshi !!! Pendant que nos deux candidats du jour vont se placer l’un et l’autre, je vais vous énoncer les règles en vigueur : Il s’agit d’une épreuve de force, mais également de réflexion, d’astuce et de roublardise. Elle mettra nos deux pouces du jour en condition d’une véritable rixe et nous pourrons juger leur progrès. Ils n’ont pas le droit aux armes et tous les coups sont permis. N’oublions pas qu’il s’agit là d’un vrai affrontement et qui nous permettra non seulement d’évaluer les capacités de « sauvetage » de l’un et la combativité de l’autre. Bien sûr, il ne s’agit pas d’un duel à mort donc nos juges et gradés se réservent le droit d’intervenir si une action est jugée trop létale ou pas nécessaire ! Bien…




Qu’ils hurlaient à l’unisson ce qui était presque devenu un refrain. Un credo, même. « Sauvez le Citoyen » qu’ils disaient tous. Ils l’attendaient ; ils attendaient la rixe. Le choc qu’allait être nos deux volontés. Et peut-être même le dénouement, qui sacrerait l’un d’entre nous. Pourtant, sans aucun doute que l’autre en ressortirait également grandi. Il ne s’agissait pas ici d’une unique parade de force. Qu’une exhibition. Non, ici il y avait de la stratégie. Le rythme et le stress à gérer. La vitesse. Et l’expérience que nous pourrions acquérir. Gratin des épreuves, réservées aux deux meilleurs de chaque promotion. Ceux qui pouvaient garantir le spectacle dans ce colisée qui n’en était pas un.

Sans doute avaient-ils jaugés que Zeke et moi étions les mieux placés. Au vu de nos singularités, de nos personnalités. De nos résultats et progrès, évidemment. Car il y avait de ça, du progrès. Cette pure force physique, je l’avais toujours eu. Condition sine qua none à mon gabarit. Pourtant, ces quelques semaines m’avaient appris la façon de l’utiliser. Quand le faire. Pourquoi et comment le faire, également. Il en était sans doute de même pour mon vis-à-vis. En étais-je persuadé, même. Lui qui s’éloignait avec le Contre-Amiral Vane de plus en plus. Mon rôle m’incombant le fait de garder ma position, les yeux rivés sur cet autre gradé aux alentours. Le Contre-Amiral Apple qui ne cessait d’essayer de m’expliquer les consignes à suivre, à son tour…









▬ Et voilà que je me coltine le positif de service… Enfin, Vane n’est pas trop bien loti non plus…




Mon vis-à-vis qui se gratta le sommet du crâne assidument, tout en se claquant le visage des deux mains, comme pour se motiver…




▬ Avez-vous bien compris les règles que nous venons d’énoncer Kiyoshi ? Concernant le fait que vous êtes le Marine et que vous devez sauver ce mannequin à l’opposé avant qu’il n’explose, soit, dix minutes après le coup d’envoi de l’épreuve ?

▬ Oui, bien évidemment Apple-san !




Son visage qui se décontenança à l’instant même où il posa réellement les yeux sur ma position.

▬ Je suis le héros qui tirera ce valeureux citoyen d’entre les griffes de Zeke-san ! Evidemment, je suis taillé pour ça ! C’est pour ça que vous m’avez choisi, haha !

▬ ~ -sama… Marine… Et on ne vous pas choisi, c’est le hasard…

▬ Mais Zeke est aussi une bonne personne, le rôle du Héros lui irait bien, mais il ne peut pas y en avoir deux évidemment, sinon vous l’auriez choisi aussi, haha ! Hein, Apple-san !

▬ ~ -sama… Encore Marine… Et encore…on ne vous pas choisi, c’est uniquement le hasard…

▬ Haha ! Merci pour vos encouragements Appel-san ! Et à tout le stade !

▬ Cette promotion est la pire de toute l’histoire…




Lui qui avait l’air totalement abasourdi devant son interlocuteur. Plutôt devant ce manque total de réalité, en y repensant, à l’époque. Cette impression que rien n’est important, ce cœur « pur ». Réponse pure. Innocente et un échange totalement farfelu. Aucune conclusion. Aucune avancée. Juste l’incompréhension qui se lisait dans les mirettes de cet Apple. Lui qui abandonna toutes idées d’essayer de faire plus. Se contenta de me placer. « Attendre le signal du départ » disait-il. M’y attelais-je depuis. Regard ferme, braqué uniquement devant. En attente du moindre mouvement. Du moindre bruit ressemblant à cette alerte.

Et sûrement fondre sur un ennemi temporaire. Que je connaissais sans connaître. La carapace, uniquement. Son enveloppe et ce qu’il était lui seul désireux de montrer. Que savait-il faire ? Que pouvait-il faire, même. Je n’étais pas à l’abri de toute sorte de fantaisie. Pas ici. Pas sur ces mers. Pas dans cette vie. Le chaos qui avait pris trône depuis dans ce chaudron s’était alors tapi quand était sur le point d’être donné le signal. Comme cet instant de flottement que pouvait-on ressentir parfois. Quand la situation le quémandait. Ici, elle l’imposait, tout simplement. Le regard qui se plongea dans les siens, ceux de mon vis-à-vis.

Le Contre-Amiral Apple qui s’était à son tour éloigné, cet instant n’avait duré que l’espace de quelques secondes. Pourtant, elle avait semblé nous étouffer pendant des dizaines de minutes…

▬ SAAAAAAAUVEEEER LE CITOOOOOYEEEEEEEN !




L’Etincelle mettant le feu aux poudres. Explosion de clameur. De joie. Enivrés tous par la perspective de ce genre de divertissement. Fougue de la foule qui monta quand, dans toute cette agitation, ils perdirent tous ce Zeke du regard, lui qui s’était rué le premier vers ma position. Enivré sûrement par l’aspect de cette joute.









▬ Désolé Zeke…




Fougue de la foule qui détonna quand, à la suite, ils reposèrent yeux sur ma position. Quand ils entendirent ce bruit…

▬ Mais aujourd’hui, tu es un Pirate. *souffle* Alors tu es en état d’arrestation... Sur-le-champ !!




Des gravas qui en tombaient encore au sol. Cet immense rocher qui faisait sans aucun doute deux fois ma propre taille sur les épaules. Mouvement puissant. Net. Sous les yeux de tous ces gens. Le projeter avec pression vers Zapata, de façon à ce qu’il soit écrasé, au mieux. « Pas d’attaque létale » avaient-ils dit…

▬ Désolé Zeke.. Mais aujourd’hui, tu es un Pirate. Alors tu es en état d’arrestation... Et sur-le-champ !!

Armé d'un énorme rocher qu'il venait de soulever avec une facilité déconcertante, son adversaire était lui aussi passé à l'action. Mais Zeke ne s'arrêta pas pour autant, même face à cette menace. Au contraire ! Son sourire s'était élargi. Il fonçait tête baissée malgré la sommation, même. Il était prêt, augmentant son allure et armant son bras pour pouvoir réduire son arme de fortune en miette en un coup. Il en fallait plus pour l'impressionner. Et pourtant, lorsque Teppei projeta la masse calcaire de toutes ses forces, Zeke freina brusquement, traînant sur le sol sur un couple de mètres pour pouvoir pleinement stopper son inertie. Jamais il n'aurait pu anticiper une telle vitesse de projection pour une masse aussi grande.. Il aurait toujours pu la briser dans cette position, et de la même façon, pour être honnête.. Mais il devait s'assurer de quelque chose à tout prix.

Il recula l'une de ses jambes pour se donner un appui conséquent, pencha légèrement son corps vers l'avant et ouvrit ses bras de toute son envergure ; sans jamais que son sourire ne s'efface. Chacun de ses muscles se congestionnaient à vue d’œil. N'importe quel combattant, même le moins expérimenté d'entre eux avait d'ores et déjà compris ce qu'il allait faire. Des cris d'étonnements et d'encouragements se faisaient entendre de part et d'autres des gradins. Pouvait-il vraiment le faire ?!

Le rocher impacta Zeke avec une force inouïe - allant même jusqu'à le faire grimacer - mais il ne rompait pas. Comme par réflexe, il referma ses bras autour du bloc calcaire en resserrant son étreinte de toute ses forces pour tenter d'arrêter sa course folle. Mais ce n'était pas une mince affaire..

Dès lors que le roc était entré brutalement en contact avec son torse, Zeke n'avait cessé de reculé, incapable de l'arrêter net ! Forçant sur ses jambes - ses pieds avaient même creusés deux larges sillons dans le sol - et sur ses bras, poussant tout son corps vers l'avant, laissant échapper des grognements d'efforts ; il finit par le faire ralentir, plusieurs mètres plus loin. Puis à l'arrêter, en le posant lourdement au sol devant lui.

▬ Fiiiooooooooouuuu.. Soupira Zeke en tapotant le rocher, et en essuyant son front d'un revers de manche.

Son regard s'était plongé dans celui de son adversaire, et pour la première fois, il ne souriait pas. Ce type n'était définitivement pas n'importe qui. Il le savait désormais : il avait presque autant de force que lui.. Sa réputation n'était vraiment pas volée. Est-ce qu'il avait un fruit du démon, lui aussi ? Ou était-ce simplement un de ces monstres de la nature ?

▬ C-C'EST.. IIIIINNNNCROOOOOOOOYAAAABLE !! BIEN QUE TEPPEI AIT MONTRÉ UNE FORCE COLOSSAAAALE, ZEKE VIENT D'ARRÊTER CET ÉNORME ROCHER DE PLEIN FOUET !! QUELLE ÉPREUVE, QUEL AFFRONTEMENT !! VOUS AVEZ-VU ÇA VICE-AMIRAL-SAN ?!!! Hurla le commentateur dans son micro, trépignant dans tous les sens.

▬ Oui.. Oui.. répondit l'amiral, dépassé par la fougue du speaker. Enfin, l'épreuve vient de commencer, inutile de s'emporter dès maintenant.. Il reste encore 9 minutes après tout.


Zeke s'avança lentement en faisant le tour du rocher, de nouveau face à son adversaire. Après avoir fouillé dans l'une de ses poches, il en sortit un long bandeau qu'il commença à attacher sur son front, dégageant ainsi ses cheveux de son visage.

▬ Ne t'excuse pas, Teppei ! Si nous ne sommes pas capable de tout donner ici, on sera incapable de survivre à l'extérieur. Alors comme un pirate, acculé par l'un des nôtres..

Ses mains serrèrent le bandeau d'un coup vif, ampli de volonté et de détermination.

▬ .. je vais te donner tout ce que j'ai.


Son corps s'abaissa quelques peu vers l'avant sans qu'il ne quitte son vis-à-vis du regard.. Et une nouvelle impulsion ! La distance qui les séparait s'était raccourcie avec les événements précédents, et il ne lui fallut que peu de temps pour arriver à sa position. Une fois à portée, il présenta son poing gauche, l'autre armé à sa taille en cas de riposte, prêt à s'encastrer dans sa mâchoire. L'impact était proche. La vitesse, la force, le timing de son coup frôlaient la perfection, il allait le toucher et lui rendre la monnaie de sa pièce ! Son poing s'approcha du point d'impact et..

« BANG ! »

▬ Qu'est-ce que.. ?! s'étonna Zeke.

Venue de nulle part, un large boulet de canon avait été envoyé pile entre les deux combattants, générant une explosion qui les souffla chacun dans des directions opposés. Dans la projection, Zeke avait placé son avant bras devant son visage pour se protéger du souffle et des débris avant de regagner souplement le sol plusieurs mètres plus loin. Comme pour tenter de trouver des réponses, il balayait son regard sur l'ensemble de la zone. Sur le flanc Est, un peu plus en hauteur, un canon était sorti du mur. Fronçant les sourcils, il se tourna brusquement vers la tribune des vice-amiraux à la recherche de réponses, et n'eut comme réponse que sourires malicieux. Ce n'est, finalement, que le speaker qui leur apporta les réponses qu'ils cherchaient.

▬ Mesdames et Messieurs, vous l'attendiez !! L'ajout à cette nouvelle édition deee SAUVER LE CITOOOYEEEN EST LAAAA ! LE TIR ENNEMI !!! Pour une simulation toujours plus réaliste d'un affrontement de ce genre, le terrain sera bombardé par des tirs de cannons situés de part et d'autres de l'arène !! Vont-ils y survivre ?!

Bientôt, plusieurs détonations se firent entendre et plusieurs canons vinrent s'écraser tout autour de l'aire d'entraînement. Zeke ne pouvait s'empêcher de sourire. « Ils ont vraiment tout donné » se disait-il. Il allait devoir revoir son assaut. Mais au moment où il allait s'exécuter, un des projectile arrivant droit sur le citoyen attira son intérêt. C'était là sa mission principale après tout ! Il se pencha de la même façon que précédemment, mais ses pieds eux, prenaient un appui totalement différent..

- Soru ! -

L'espace de quelques infimes secondes, Zeke avait disparu, dans un bruit caractéristique de cet art-martial singulier, pour réapparaître plus loin, dans les airs et la trajectoire du projectile. Tendant son bras droit sur son flanc, doigts écartés, il intercepta le boulet et se mit à pivoter rapidement sur lui même une fois en main - dans le sens de l'inertie pour ne pas la briser et recevoir des dégâts. Une fois en contrôle de sa propre trajectoire, il lança, à son tour, le boulet de toutes ses forces sur son adversaire, et regagna lourdement le sol en s'aidant d'une main. La foule était en délire, le stade tremblait sous les hurlements et l'agitation.

▬ Vous avez vu Contre-Amiral Vane ?! Vous avez vu ?! Je l'ai pas oublié ! J'me suis.. Ah oui c'est vrai j'suis un pirate maintenant ! Il s'était arrêté en pleine phrase pour marmonner, et reprit en criant, dans une - très mauvaise - imitation en mettant les poings sur ses hanches. HAHA ! Rappelez vous de ce jour comme celui où vous avez failli piéger le grand Zeke Za.. ARGH !

Concentré dans son discours, il n'avait pas remarqué l'un des boulets qui venait dans sa direction et le frappa de plein fouet, le projetant avec force dans une violente explosion ; devant un supérieur à la fois consterné et à la fois impressionné par sa robustesse. Zeke se relevait déjà, sans la moindre égratignure, mais en se frottant vivement la tête comme pour faire passer une vive douleur. Ce n'était, finalement, peut être pas une si mauvaise imitation, après tout..

▬ Aïe aïe aïe aïe.. répétait-il rapidement en grimaçant de douleur en se remettant de ses émotions.

A cause des explosions de part et d'autres du terrain, il avait perdu son adversaire de vue. Préparait-il quelque chose ? S'était-il fait lui aussi touché par cette nouvelle menace perpétuelle ? Situé désormais non loin du citoyen, Zeke attendait la prochaine offensive, il la sentait.. Elle venait. Chacun de ses sens aux aguets, il était prêt à entamer ce combat pour de vrai. Les introductions étaient terminés, après tout.

De leur côté, les haut gradés observaient avec intensité et curiosité. Ces deux recrues étaient promises à un avenir radieux. Peut-être assistaient-ils même aux balbutiements de la nouvelle ère.

Sauver le Citoyen !!

▬ * Il va l’arrêter ? *



En prévision de la lutte à venir, le tester uniquement sur cette première offensive. Drôle de bougre qui figurait dans mon champ de vision. Pas la moindre ressemblance avec tous ceux avec qui avais-je croisé le poing jusqu’à maintenant. Atypique. Le remarquer depuis plusieurs semaines maintenant. Pourtant, aussi robuste que je l’étais moi-même. Lui qui venait de le confirmer. Un son singulier aux oreilles. Celui d’un impact brut, puissant. L’immense projectile tirée de mes bras venant s’entrechoquer contre son thorax. Quelques secondes de flottement, de lutte entre deux inerties. La sienne et celle que je venais de déployer.

Fracas inouïe qui fit tout de même reculer d’un cran le chevelu. Qui l’arrêta tout de même, l’immense gravas, sous un tonnerre d’applaudissement. Mirettes qui ne l’avaient pas quitté pas une seconde. Qui auscultèrent avec détail tout ce qu’il venait d’entreprendre. Un rictus en coin. Un sourire de satisfaction et d’étonnement. Il était ce genre d’homme alors. Qui ne tournait jamais le dos. Sans doute étions-nous bâtis du même bois. Je l’appréciais pour cela. Je l’appréciais d’autant plus et allais-je savourer cette expérience, à l’instant « t ». En conséquence de cette démonstration, quelle attitude tirer ?

Celle de la prudence ? De l’engouement ? Sans doute une étrange symbiose des deux. L’asphalte fumant, en son sein demeurait mon vis-à-vis, lui qui semblait pourtant réaliser quelque chose. La main qu’il plongea dans sa poche. En ressortant un étrange bandeau qu’il plaça sur son front et qu’il noua fortement. Geste anodin pour tous ces spectateurs. Sans doute sentiment partagé par les juges également. Pourtant, symbolique forte. Celle qu’il me prenait au sérieux, au vu des mots qu’il m’adressa. Sans doute avait-il jaugé celui qui le jaugea en premier. C’était ainsi, sans doute, notre point commun. Notre façon de lutter.

« Je vais donner tout ce que j’ai », avait-il dit. Craquements et bruissements. Les yeux s’écarquillant. Son corps qui fendit l’air. Sa main qui transperça l’espace, sans l’once d’une hésitation. D’une quelconque pitié. Un temps immobile alors que mon vis-à-vis s’apprêtait à écraser son poing en pleine fossette. Le regard cru, pourtant, qui demeurait planté dans les siens. Sa vigueur qui n’y changerait rien. N’avoir baissé la garde ne serait-ce qu’un instant. Il l’avait déjà prouvé, quelques secondes plus tôt, qu’il n’était pas un ennemi à prendre à la légère.

La trombine qui s’abaissa légèrement. Le corps entier même, pour lui donner de l’inertie. À ce bras, le mien. Garde rapide, qui irait se placer entre son poing célère et ma joue. Pour parer de l’avant-bras, essayer au moins, malgré sa vivacité. Il n’était qu’à quelques centimètres d’impact et ne pas pouvoir pleinement arrêté son assaut surprise… Trop tard, quand, soudainement, mon attention fut happée par quelque chose de bien plus vigoureux…

Véritable coup de tonnerre. Puissante explosion résultant d’un tir qu’aucun n’avait vu venir, y compris les spectateurs qui restèrent bouche cousue, sans comprendre. À l’épicentre de cette déflagration, notre position plus tôt. Coup de feu venu de l’Est, ces gigantesques canons semblables à ceux des cuirassés. « De nouveaux ajouts » avaient-ils dit auparavant. Doutes qui s’estompèrent avec les explications du speaker qui s’enflamma de nouveau. Zeke qui ne serait pas la seule difficulté de l’exhibition, sans compter le compte à rebours également. L’environnement était également contre nous.

Lui qui, pourtant, malgré la soudaine offensive, s’était dépatouillé plutôt bien. Mon vis-à-vis sauve, tant bien que mal, faisant, avec son bras, un barrage béant contre le souffle de cette détonation qui avait forcé notre éloignement. À l’opposé l’un de l’autre. Lui, a la vue du colisée…









▬ Fioooooooouuuu… *souffle*




Ma position, quant à moi, qui ne tarderait pas à être dévoilée.

▬ Je l’ai reçu en pleine poire… Vous avez déchirés mes vêtements, Vane-san… Apple-san…

▬ Il n’a rien… ?

▬ Sa peau est faite en quoi au juste… ?

▬ Et l’autre non plus n’a quasiment rien… Il sautille comme un singe…

▬ C’est qui ces types… ?




Lourd fracas dont ces deux hommes en manteaux blancs semblaient être responsables. Pourtant, avaient-ils également eu l’air surpris de voir Zeke s’en sortir indemne. L’air décontenancé de me voir sans aucune égratignure ou presque, hormis le buste luisant au soleil. Ils n’avaient sans doute jamais eu à faire à de telles singularités des deux côtés venant d’aussi jeunes recrues. De l’exhibition désiraient-ils ? Ils allaient sans aucun doute être servis, et pas qu’un peu. Second tir, derrière ce sillon de fumée qui nous séparait encore. Sans aucun doute vers la position de mon adversaire.

Ce bruit singulier. Un déplacement rapide, sans aucun doute le chevelu qui s’attelait à esquiver. Ou riposter, au mieux. Ne pas baisser ma garde. Il ne me voyait peut-être pas, mais je ne distinguais pas clairement également. Et il ne faisait aucun doute qu’il décèlerait ma position tôt ou tard. Moins avantage qu’handicap. Vouloir à tout prix sortir de cette cible géante que représentait cet amas de poussières et de gravas. Alerté par la fougue des tribunes, quelque chose de mauvais s’y passait. Non le temps de le réaliser. L’entendre fuser, le voir arriver sans détonation de canon pour l’annoncer. Sans aucun doute Zeke, alors.

Avait-il une telle force pour une telle prouesse. Sans aucun doute. Boulet qui fusa dans ma direction. Une agression évidente bien qu’imperceptible. Manque de clarté sur son prochain geste qui réveilla de la vigilante. Juste assez de temps pour fendre l’air. Le bras battant l’air, les jambes pilonnant le sol. Course folle, transperçant le nuage de fumée devant et pleine vue sur celui qui était à côté du « citoyen ». Joindre sa position ne serait pas hardie. Quelques secondes au pire. Au mieux, moins, en usant d’une certaine « technique ». Pourtant, dans l’idée que toucher les coutures de ce mannequin ne serait pas de tout repos avec ce type dans les parages.

Non… Bien sûr que non… Il n’allait pas me laisser m’en approcher si facilement. Le pressentir totalement, maintenant. Alors, m’en débarrasser. Seule solution viable.

▬ Je ne pourrais pas t’avoir aussi facilement Pirate Zeke, hein… Alors… Dans la série des sérieux...




Petite impulsion oblique, du sol vers l’avant, en hauteur. Mollets qui se raidirent ; muscles qui s’engorgèrent…

Hanche pivotante. Puissant coup de pied chassant l’espace d’un trait. Singularité pourtant. Coup donné avec une telle violence qu’une trombe d’air s’en échappa, assez large. Bien assez large pour engloutir n’importe qui. Ou au mieux le projeter, de façon à ce qu’il soit hors course. Nul doute pourtant qu’il cachait encore bien d’autre chose dans sa manche. Les pieds se crampant à nouveau sur le sol, reprenant la course de plus belle vers ce mannequin.


▬ Et le citoyen... Kiyoshi... il faut le sauver en priorité... Pas se battre... Irrécupérable

Comme il le pensait, les nuages de poussières qui couvraient son champ de vision s'ouvrirent brusquement pour laisser apparaître un Teppei s'élançant à toute vitesse. A l'instar de sa propre posture défensive, son allure promettait une offensive imminente. Zeke se tourna vivement dans son axe pour lui faire face, les bras armés, préparés pour la riposte.. Mais il se ravisa très vite. C'est lorsque sa jambe s'éleva dans les airs, qu'il réalisa : malgré son apparence ordinaire, ça n'avait rien d'une attaque basique.

La fenêtre pour une contre-attaque était trop petite pour espérer pouvoir la prendre sans dommages supplémentaires. Esquiver ? La force du coup le lui empêcherait certainement, et l'emporterait de toute façon. Son pied se rapprochait de plus en plus de son point d'impact.. Il fallait agir vite ! Et il ne restait plus que l'option de la parade. C'est ça ! Son corps se recroquevilla vers l'avant, son avant bras gauche - le flanc d'où venait le coup - vint se caler contre ses côtes et sa main opposée vint le soutenir en s'enroulant autour de son biceps. Chacun de ses muscles se serrèrent, l'impact était imminent..

▬ .. Hugh !

Son pied heurta son bras avec une force telle qu'un puissant souffle se dégagea tout autour d'eux, faisant trembler le corps de Zeke qui ne semblait pas tenir. S'il avait réussi à stopper son projectile précédemment, cette nouvelle offensive était une toute nouvelle paire de manches. Une courte seconde. Voilà le laps de temps pendant lequel il avait réussir à contenir son attaque sérieuse. Dès lors que sa jambe poursuivit son mouvement malgré l'obstacle qu'elle avait rencontré, sa cible fut projetée plusieurs mètres en arrière, avant de s'écraser dans un amas rocheux et disparaître dans un nuage de poussière ; pendant que Teppei allait sauver le citoyen.

Le public était en folie ! Ils n'y croyaient pas leurs yeux. Zeke venait d'être étalé par son adversaire, et il y avait très peu de chances pour qu'il se relève d'une attaque pareille. La victoire se présentait au Marine de l'épreuve.

▬ IL VIENT DE TERMINER ZEKE AVEC UNE SEULE ATTAQUE !! Hurla l'un de leur pair, ébahit par ce qui se profilait sous leurs yeux depuis le début de la rencontre.

▬ QUEL MONSTRE CE TEPPEI !! Surenchérit un autre.

Quelques cris d'encouragement pour le perdant présumé - essentiellement son nom scandé à répétition - se faisaient tout de même entendre dans les tribunes pour les plus optimistes. Et ils ne croyaient pas si bien dire. Camouflé dans son opaque nuage, Zeke se relevait des débris sous lesquels il était enseveli en grimaçant, un filet de sang s'écoulant de ses lèvres, des égratignures sur tout le corps. Il cracha ce qui lui obstruait la bouche, et s'essuya la bouche d'un revers de manche. Le corps de ce type était plus robuste que le sien ? Et ce, malgré les capacités offertes par son zoan.. C'était impensable. Au cours de son voyage, il a rencontré bon nombre d'individus aux capacités incroyables, mais ce Teppei a été l'un des seuls capables de lui faire des dégâts physiques - et le seul dans une strate aussi basse de la puissance mondiale. Il ne pouvait s'empêcher de sourire.

▬ Alors comme ça ton physique est supérieur au mien, hm.. Bien..


Il joignit ses mains avec force, les yeux clos, en marmonnant des mantras gutturaux incompréhensibles à quiconque n'était pas initié. Ses muscles se façonnaient, grandissaient à vue d’œil. Sa peau se recouvrait d'une étrange texture dorée qui se propageait à la façon d'un liquide sur tout son corps. Des formes étranges se dessinaient petit à petit sur son visages ; sur son front et autour de ses yeux, précisément.

« 人開 • Jinkai ! »

- litt. Le monde des Hommes -

Il rouvrit les yeux brusquement, lorsque sa forme hybride avait été complètement atteinte. Le gap physique qui les séparait venait de se remplir, voir même d'être quelque peu surélevés. Sans plus attendre, il allait rendre à celui qui venait de l'encastrer dans le décor comme un vulgaire pantin, la monnaie de sa pièce. Le buste presque parallèle au sol tant il était penché, il se rua dans une course effrénée vers son adversaire qui était de son côté, déjà presque à portée du citoyen, presque à portée de la victoire.

Zeke arriva si vite que les spectateurs, concentrés sur Teppei, n'avaient pu le voir que lorsqu'il était arrivé à sa porté ; et il n'allait pas perdre de temps. Sans même décélérer, il pivota sur lui même en tendant une de ses jambes qui vint balayer le soldat et le détacher du sol. Avant même d'avoir terminé son mouvement, son bras s'arma à sa taille et sa main présentait une paume tendue, contractée, qui allait être l'actrice principale de la prochaine attaque. Alors qu'il allait faire un tour complet - profitant ainsi de cette inertie - il détendit l'ensemble de son corps, et son bras dans le même mouvement, alors que son adversaire n'avait même pas encore regagné le sol.

« 天舞宝輪 • Tenbu Hōrin ! »

- litt. Trésor du Ciel -

Sa paume s'enfonça dans le ventre de sa cible, dont la dureté de la peau ne suffisait plus à retenir la puissance dévastatrice du pirate de fortune. C'est à son tour, que Teppei fut projeté plusieurs mètres en arrière après ce coup. Zeke haletait, et reprenait de ses blessures, se tenant fièrement, mi-humain, mi-daibutsu, devant une tribune estomaquée par le spectacle qui s'offraient à eux. Le vice-amiral Vane le regardait, pour la première fois, avec admiration, observant son nouveau corps avec espoir ; espoir que cet Homme qui se tenait devant lui, le regard figé sur son adversaire, devienne un des éléments clés du futur de la Marine.

▬ C-C'est bien Zapata ! Rugit-il, lui même déconcerté par ce nouveau visage. Il reste cinq minutes, profites-en pour te remettre de tes.. Zapata ?

Zapata n'écoutait plus. Il n'était obnubilé par une seule chose : de savoir à quel point Teppei était fort. Il ne se souvenait de rien d'autre. Les présentations étaient terminées. Ils savaient tous les deux de quoi ils étaient capables. Plus d'attaques introductives, plus d'attaques de projection désormais. Ils le savaient tous les deux.. Ils allaient devoir continuer à se frapper jusqu'à ce que l'un d'eux ne puisse plus se relever. C'est avec cette idée en tête qu'il fusa de nouveau sur son adversaire, avec la même intensité. Une fois à bonne distance, il s'élança vers lui, en lui présentant un puissant coup de poing gauche, le moindre de ses muscles prêts pour l'échange de coups qui allait suivre.

Cet épreuve des Jeux du G-10 allait vraisemblablement marqué l'histoire de cet établissement pourtant déjà si célèbre !

Sauver le Citoyen !!

Entendre craqueler ses os sous la pression de l’élan. Sentir alors toute résistance céder dessous. Ainsi, livrer mon collègue à une douleur qu’il n’était pas prêt d’oublier. Qui le marquerait sans doute. Lui faisant changer d’opinion. Ou plutôt confirmer celle qu’il avait. « Fort ». Nous l’étions tous les deux, sans doute. La trombine grimaçante d’affliction tandis qu’il encaissa non sans mal le choc. Abattage de violence et de force. Brute, pure. Pour soudain se faire projeter par la poussée. Pression d’air trop forte pour la fendre. Surtout quand porté à bout portant. Mélasse de sons, de bruits. Celui des deux corps en inertie s’impactant. Celui de l’air implosant entre nos deux positions. Du raclement du sol sous le poids de Zeke.

Egalement celui de sa course, encastré un peu plus loin, semblait-il. Epais nuage de poussières et de gravas obstruant sa position. Reprendre rapidement mes appuis. L’impression toute aussi brute, sans pour autant comprendre. Fourmillement dans les jambes. À la limite d’en souffrir, dû à la résistance, bien que courte, offerte par mon vis-à-vis. Sans pour autant y prêter attention. Les mirettes uniquement portées sur ces gradins. Ces gens qui hurlaient. Qui s’égosillaient à le faire. « Teppei », « Teppei », « Teppei ». Jeté vers des pensées évidentes. Comment ne pouvait-il pas l’avoir remarqué ? Non, même le deviner était simple. Ce Zeke était encore là.

Il n’était pas hors compétition. Non. Pas le moins du monde. Pas pour ce genre d’offensive, malgré le fait qu’il l’ait encaissé et qu’il ait été projeté. Il n’était pas ce genre d’homme. Il était fait d’un tout autre alliage. Il ne l’était pas, c’était une véritable certitude. Secoué, peut-être. Sûrement secoué, même. Rien de plus, sans aucun doute. La succession de coups que nous nous étions échangés suffisaient largement pour m’en rendre compte. Son attitude. Il n’avait rien montré ; ou pas encore. Evènement imminent pourtant. Alors qu’ils continuaient tous autant qu’ils étaient. À scander ce qui n’était pas une victoire finale mais un apéritif.

Le sentir, au plus profond de mes tripes » qu’il s’y passerait sans doute quelque chose là-bas. « Arrêtez ! » ; « Ce n’est pas fini ! ». S’égosiller sans résultat. Cacophonie dans l’enceinte. Uniquement à portée de ces deux Vice-Amiraux qui semblaient tout aussi conscients que moi. Après tout, chacun d’entre eux nous avaient évalués. Connaissaient-ils sans doute force et faiblesse. Limites, également. Le plafond d’expansion n’avait pas encore été atteint. « Vous ne comprenez pas ? », se le dire. Encore et encore, trombine inquiète. Ce sifflement de l’air descellé bien trop tard. Il n’y avait qu’à sentir. Réaliser, ici.  

▬ *Qu’est-ce que c’est qu… Arrrghhhhhh *crache*

▬ Incroyable ce Tepp…




Ne l’avoir vu venir. Ou plutôt, trop tard. Oui, sans doute. Trop tard pour faire quoi que ce soit. Gigantesque masse dorée. Qui brillait. Qui rayonnait comme le soleil lui-même. Massive et véloce. Qui avait déboulé dans cette direction. Terrifiante force de la nature. Et cette pression qui l’accompagnait. Ne l’avoir vu qu’une seconde, au mieux. Et constater. Constater le sillon d’air autour, comme d’un mouvement bien précis. Et ce corps, le mien, qui basculait petit à petit. Qui semblait perdre total équilibre. Bottes quittant brièvement le sol.

Pourtant, ne lâcher son regard. Peu importe si brièvement. Malgré la nature presque insignifiante du laps de temps où il agissait. Achevé par un choc retentissant, d’une violence telle. Un impact lourd, véloce. D’une masse étrangère fait d’un alliage étranger. Non de l’épiderme. Texture métallique. Déséquilibré. Vaciller vers l’arrière. Perdre presque tout emprise sur une prise de décision. Subir. Uniquement subir. Réflexe instinctif. Comme plutôt. Celui de vouloir placer mon bras. Le parer. Peut-être même l’obstruer assez. Non. Non, impossible. Ses phalanges s’enfonçant déjà dans mon abdomen.

Qu’il la malaxait, ma chair. Un bruit atroce, abrupt. Presque soudain. D’un contact si énergique, si vif. Non comme celui-ci survenu plutôt lors de ma tentative. Ici, deux matières qui ne se ressemblaient pas, ou plus. Une dont la véhémence était horrible. La célérité de son action. La virulence de son propos était tout bonnement époustouflante. Pourtant, aucun ne semblait l’avoir remarqué. Quelques-uns, éparpillés un peu partout, sans aucun doute. La majorité qui n’avait qu’en bouche ses cris, et mon prénom. N’ayant le déclic qu’en voyant cette charpie inerte blonde s’envoler un peu plus loin, sous la pression…




▬ Qu’est-ce que…

▬ Pourquoi Teppei a disparu… ?

▬ C’est quoi ce truc ? J’comprends rien…




Toutes ces mines étonnées, abasourdies. Peut-être même insatisfaite qui n’attendait qu’une chose…




▬ OH MON DIEU ! QUEL RETOURNEMENT DE SITUATION !! ALORS QUE TEPPEI VENAIT DE PORTER UN COUP VIOLENT A ZEKE ET QU’IL S’APPRETAIT A ATTEINDRE LE CITOYEN…

▬ Ne me dis pas que c’est…

▬ ZEKE VIENT D’APPARAITRE ET LUI A RENDU LA MONNAIE DE SA PIECE !!!

▬ C’est Zeke, ça… ? Il aurait mangé un Fruit du Démon ?




Aucune réaction de ma part. Les forces qui s’évanouissent peu à peu. Temporaire, sûrement. Le corps enraidit, engourdie par l’impact, et le choc de l’atterrissage, sans doute. Et ce sont atroce. Bruit de ma carcasse s’éclatant contre l’asphalte. Et cette douleur. L’affliction causée par la douleur. Incapable de se relever rapidement. Sous le choc. Douleur qui s’intériorise. Douleur qui m’avait rendu étranger, imperméable à tout ce passait hors de mon enveloppe. De ma condition. Il n’y avait rien qu’ils pouvaient dire pour m’y extirper. Avaient-ils beaux crier, exprimer leur joie d’un duel qui n’était pas terminé. Ne l’avaient-ils remarqués que maintenant, cela dit.

Rien, à cet instant, ne pouvait le faire. Peut-être une douleur vive. Encore plus vive que celle qu’avait subie mon foie. Enfermé ; prisonnier. Couper de la réalité, les pieds s’enfonçant dans une mélasse d’impressions, de pensées. D’incompréhensions. Qu’était-il ? Comment avait-il pu ? Que pouvait-il faire d’autres, même ? Manipulé par mes perceptions. Rien ne semblait se passer hors d’ici. Comme-ci cette exhibition n’avait jamais eu lieu, l’espace de quelques secondes. Douleur qui prive de tout. Douleur vive pourtant. En voie de disparaître alors, gouffre de l’inconscience.

Etincelle. D’alors éprouver un battement dans la poitrine. Rien d’anormal, le sentir tout de même s’engager. Bouffée d’adrénaline. Sans doute réflexe inopiné du corps. Bâti pour la survie. Immobile. Des pulsations de plus en plus fortes. Jusqu’à alimenter mes bras, mon tronc, mes jambes. Mes pieds. S’accélère les tambourinements. Ces bruits de petits gravats qui tombaient au sol. Qui étaient accrochés jusque-là sur mon enveloppe.  Contre toute attente ; me relever, petit à petit.

▬ *tousse* *crache* Mmh… Il est fort. Et qu’est-ce que cette forme ? Il est sacrément rapide pour sa taille… Un Fruit du Démon ? Ouais… Sans doute *tousse*.




Paupières encore lourdes. Les mirettes balbutiant, qui essayaient de trouver un endroit où s’accrocher. Se repérer dans la brume opaque. Le corps encore humide. Et ce goût désagréable en bouche. Filet de sang encore chaud qui s’y écoulait. Le recracher d’un trait. Sans doute l’estomac qui ne s’était pas remis du mouvement. De la pression qu’il employa. De la dureté de son pugilat. Ne penser qu’à ce constat. Ne rien prendre en compte, autre que celui-ci. « Il est fort ». Et il l’était, indubitablement. Pas uniquement fort, non. Résistant. Véloce. Sans doute expérimenté, en tenir pour preuve son action de me déséquilibrer avant de me heurter.

Un temps engourdi, côte bouillante de douleur, l’asphalte qui s’écrasait sous ma poigne. La pression requise pour tenter de me relever totalement. Vives picotements à la hanche, trouvant son origine de cet hématome sur mon ventre. Trembloter et frémir. Inspirer et expirer. Se relever totalement et chanceler. Chanceler puis ce figer. Se figer devant ce qui semblait être une silhouette, à l’extérieur de l’opaque.  Sans doute lui, Zeke. Silhouette qui ne tarda pourtant pas à s’incliner. Telle cette bête, ce fauve féroce qui n’en avait qu’après sa proie. Capable de la sentir. De la pister à des kilomètres. Et fondre sur elle, simplement, toutes griffes dehors.









La lacérer. Sans doute, jouer avec, comme le ferait un chat. La désagréable impression qu’ici, c’était moi la proie. Et que ce prédateur qu’était devenu ce Zeke n’allait pas tarder à m’écorcher vif. Non… Il n’en était pas question. Puissante impulsion. Bruit sourd. Signal de départ. Non… Il n’en était simplement pas question…




▬ Okay… Viens, Zeke !… Dans la série des sérieux...




Même certaines proies possédaient des cornes…

Ecrasante impression. Petites foulées puis de grandes impulsions. Sauvages. Véloces. Une. Deux. Puis une dizaine. Une cinquantaine. Toujours plus. Toujours plus rapide. Plus soudaines. Pas chassés sérieux. Exercice exécuté tous les matins, pour garder la forme, cela dit. Ici, m’imprégner de cette habitude. Des mouvements. Du mécanisme des mouvements. En faire quelque chose de beaucoup plus grand. La soudaine impression que mon enveloppe se dédoublait. Une. Puis deux. Puis une dizaine. Une dizaine d’images rémanentes. La vitesse du mouvement était telle qu’il était impossible à l’œil nu, de plus lancé, de déceler le vrai des copies.

Le déstabiliser. Il ne s’agissait que de cela, après tout. Le déstabiliser. Assez pour échapper à son assaut. Assez peut-être pour le faire ralentir. Ne serait-ce qu’un moment. Une surprise. Une distraction. Bruit bien singulier. Tambourinements rapides sur le sol, à répétition. Le bruit d’un…




▬ Soru.




Toutes ces images qui s’effacèrent en un instant. Leur propriétaire ayant simplement « disparu »….

▬ *Je vais t’avoir !*




Déplacement célère. Presque instantané pour le commun. L’enveloppe se reformant derrière la masse dorée que représentait ce Zeke. L’objectif ici : lui infliger un coup de poing en plein dos. Lui briser ce qui ressemblait à une carapace. Ou au mieux, si épiderme était-ce, frapper bien assez fort pour lui infliger des dégâts.

▬ Qu'est-ce que.. ?!

Son poing venait de fouetter l'air. Son adversaire était pourtant juste là, à l'instant, et son attaque calibrée au centimètre près.. Un soru ? Non. Impossible. Zeke maîtrisait cette technique, et pouvait la reconnaître entre mille ! Ici, il s'agissait clairement d'autre chose. Son coup manqué porté par son allure, l'avait déséquilibré et il lui fallut quelques secondes - et cabrioles - pour retrouver un appui stable. Ce n'est qu'à ce moment qu'il put se retourner et réaliser ce qui était en train de se passer : Teppei utilisait son physique hors du commun pour créer des images rémanentes et ainsi camouflé sa vraie position. C'est l'une de ses copies qu'il aurait frappé, alors ? La première d'entre elle ? Lorsqu'aucune autre n'était encore visible ? Ou il s'était vraiment laissé avoir par sa ruse ?

Peu importe, il n'allait pas rester passif face à ce tour de force. Avec la même véhémence, il fusa sur ces clones en multipliant les attaques, paumes, genoux et coudes.. Qui ne trouvaient cible. Son adversaire semblait anticiper chacun de ses coups et se déplaçait avant même qu'ils n'arrivent en laissant derrière lui qu'un simple miroir intangible de sa personne. A ce stade, il était inutile de s'épuiser de cette façon, et Zeke finit par abdiquer, reculant dans un bond arrière pour maintenir une certaine distance entre eux. Ses yeux commençaient à s'habituer à son mouvement, bien qu'il restait encore imperceptible. Les cris survoltés de la foule résonnaient jusqu'aux tribunes des vices-amiraux, voir même la zone des combattants pour les plus bruyants d'entre eux.

▬ MAIS CE SONT DES MONSTRES ! COMMENT EST-CE QU'IL ARRIVE À FAIRE ÇA ?!

▬ Tu penses qu'il a un fruit du démon lui aussi ?!

▬ Moi j'préfère Zeke, il est beaucoup plus fort !

▬ On regarde pas le même combat ou quoi ?! Teppei le mange depuis le début, en plus il est trop classe !

[...]

Les supérieurs eux, n'en revenaient pas, plongés dans un mutisme ahuri. Zeke haletait. Son corps ne s'était pas encore habitué à être malmené de cette façon, ni à repousser ses limites. Ni à exploiter pleinement les capacités de son fruit du démon. Peut-être que c'est elles qui pourront être décisives dans cet affrontement et lui permettre de terrasser l'homme qui lui faisait face.. Après tout il n'avait jamais utilisé cette technique contre un humain.. Il poussa un long râle de concentration, une fois son souffle regagné, et joint ses mains dans un mouvement parfait.

▬ « De la mer aux montagnes, de la vie à la mort, du vide à l'éternité, l'homme hésite, ose.. Que le souffle de chacun d'eux illumine la Voie et châtie mes tourments. » psalmodia Zeke, d'une voix caverneuse.

Une lueur vive émanait de son bras, c'était cette même aura qui rayonnait au moment de sa transformation. Il le tendit alors vers l'avant, paume vers le ciel, tremblant sous sa congestion. La lumière se concentra dans le creux de sa main, et vint former une large sphère translucide qui suivait ses mouvements.

Son attaque était fin prête.. Mais bien trop lente ! Lorsqu'il releva les yeux pour passer à l'offensive, les clones de Teppei disparurent brusquement, pour laisser la place à l'original qui se déplaça instantanément dans son dos. Il avait pris bien plus de temps qu'il ne le pensait, et son adversaire allait le lui faire regretter ! Zeke n'avait pas le temps de contre-attaquer avec cette nouvelle attaque.. Mais tenta le coup, malgré tout. Il se retourna, armant son bras.. Mais trop tard ! Le coup de Teppei s'enfonça dans ses côtes dans un bruit assourdissant, générant un puissant souffle tout autour de leur position !

Zeke laissa échapper un cri de douleur perçant, sentant ses chacune de ses côtes de son flanc se briser sous l'impact. Son corps se mit à s’affaisser vers l'avant, ses jambes devenues incapable de le maintenir debout, la sphère qu'il tenait dans sa main était vouée à disparaître s'il perdait connaissance ici.. Mais il était hors de question d'abandonner !

La main libre de Zeke se plaqua sur le sol avec force, et lui permis d'élever la partie inférieure de son corps dans les airs - sûrement pour s'élancer vers l'avant en profitant de ce nouvel appui de fortune. Mais son mouvement de bascule à peine entamé, ses talons se calèrent sous les bras de son adversaire - qui était toujours dans son dos - et le soulevèrent du sol, comme si Zeke voulait l'amener avec lui dans sa pirouette. Et c'était bien ce qu'il avait en tête ! Une fois perpendiculaire au sol, après avoir crispé ses doigts sur le sol pour bénéficier de plus d'équilibre, le pied droit de Zeke se dégagea de son étrier pour se poser sur le torse de son adversaire et, d'une légère impulsion, le repoussa : avec assez de force pour le sortir de son étreinte, mais avec assez de douceur pour le laisser à sa merci. Ce simple appui avait permis à Zeke de se réaxer, présentant de nouveau la partie supérieure de son corps à Teppei, dans les airs, parallèle au sol. Son bras armé depuis le début de sa manœuvre, présentant la sphère translucide, fusa dans sa direction.

▬ Je suis là Teppei ! rugit-il avec détermination.

« ॐ • Ōm ! »

Le coup atteignit sa cible et fit vibrer l'air dans un grondement tonitruant, illuminant cette fois-ci non pas Zeke, mais l’entièreté du stade, de l'aire d'entrainement aux places les plus hautes des gradins. Lorsque la cécité temporaire des spectateurs et des haut-gradés avait disparu, un large trou était apparu, dans lequel était allongé Zeke, inerte, incapable de se relever, et qui avait retrouvé sa forme humaine. Teppei, lui, était encore invisible. Le public entier s'était levé, pivotant la tête pour observer chaque recoins de l'arène à la recherche du jeune Marine.

▬ Me-Messieurs Dames.. Il s-semblerait que nous venons d'assister à la PLUS GRANDE PARTIE DE SAUVER LE CITOYEN DE L'HISTOIRE !! S'enjailla le speaker. Zeke semble hors course ! Teppei est introuvable ! Qu'était-ce que cette technique ?! Il reste UNE MINUUUUTE AU COMPTEUR !! COMMENT VA SE TERMINER CETTE PARTIE DE SAAAAUVEEEER LE CIIIITOOOOYEEEEEN ?!

La peur avait gagnée les gradins. Une telle puissance ne pouvait que faire trembler le commun des mortels, même si il la savait entre les mains de l'armée.

▬ I-Il.. IL A TUÉ TEPPEI !

▬ ASSASSIN !

▬ T'ÉTAIS PAS OBLIGÉ D'ALLER AUSSI LOIN !! scandèrent les spectateurs.


▬ TAISEZ-VOUS !! Rugit brusquement un Zeke que tout le monde pensait inconscient. En s'aidant de ses avant bras, il se releva légèrement, couvert de blessures.

Ne le manquez pas de respect.. Si vous pensez que c'est une attaque de cette envergure qui le tuera, vous n'avez rien compris à ce qui est en train de se passer sous vos yeux. Trancha Zeke, agacé.

En réunissant le peu de force qui lui restait, il se mit à ramper sur ses avant-bras, traînant sur le sol, haletant, son visage se tordant de douleur à chaque fois qu'il ouvrait le flanc où Teppei venait de frapper. Contre toute attentes il prenait la direction du mannequin.. Il n'avait pas abandonné, même dans cet état. Baisser les bras maintenant serait le comble du déshonneur. Il se devait d'être à la hauteur de celui qu'il affrontait aujourd'hui, même s'il devait faire avancer sa carcasse en enfonçant ses dents dans le sol. La scène était surréaliste.   Plus un bruit ne venait des gradins.

Sa détermination et son respect pour son adversaire venait de faire taire une assemblée entière.

Sauver le Citoyen !!

Menace à vue. Elle était là, juste devant mon. Son échine dorée, luisante, éblouissant mes mirettes. Menace fermement tenue en jout, uniquement de l’air entre ce poing raid et ses côtes. Pourtant, qui se débattait. Ou qui tentait de le faire, plutôt. Lueur qui s’échappa de sa gargantuesque paume. Vive, puissante. Qui se concrétisa peu à peu. Sphère de lumière ou qu’importe ce que c’était. Ces frissons dans les jambes m’indiquant qu’il ne s’agissait de rien de bon. Comme un instinct animal, cette sensation qui prédisait un danger. Le regard alerte, pourtant ne pu empêcher mes phalanges de s’enfoncer dans sa chair.

Sentir la chaleur. Et son étrange épiderme se tordre sous la pression. Satisfaction d’avoir pu passer outre sa protection naturelle. Une certitude même. Râlement sauvage, roque. Et ces bruits secs, de rupture sans doute. Sentir céder sous mon poing, toute résistance qui semblait veine. Son corps qui basculait déjà, pression de l’air étouffante, vers le sol. Qui n’allait pas tarder à s’affaisser, sans doute. Seulement il n’avait pas abandonné. Feu qui semblait encore brûler dans sa chair, ses tripes. Main qui se posa contre l’asphalte. Assez de force pour une impulsion. Sans doute la dernière.

Sans doute de l’adrénaline. Celle diffusé quand ses côtes se fendirent. Assez pour une tentative, la dernière qu’il allait sûrement réaliser. Le voir assez bien, l’apercevoir, cet enchaînement de mouvement. Et sans doute ce qu’il voulait faire. Pourtant, sans être capable de l’arrêter. D’opposer une quelconque résistance. Emporté dans mon élan. Bien trop de force donné à cette précédente joute. Trop d’élan. Ses pieds percutant mon torse de plein fouet. Douleur vive, pourtant insignifiante. Il n’avait sans doute pas voulu être véhément, violent. Il ne s’agissait ni plus ni moins que de m’emporter. Assez loin pour ne pas pouvoir l’atteindre. Mais assez prêt pour que lui, le puisse.

M’emporter dans ce sillon, les pieds décollés du sol. Sans doute me retirer mes appuis. Proie facile pour le carnassier qu’il était devenu. Qui fendit l’air, quelques secondes. Non, moins que ça. Peut-être une, ou deux. Cette vélocité qu’il avait, qui rivalisait ici sans aucun doute avec ma vigueur naturelle. Ce corps étrange. Enveloppe singulière que je possédais. Qui la surpassait, peut-être. Que savait-il faire de plus ? Les Zoans avaient deux formes, non ? Alors qu’elle était celle-ci ? Se triturer le cerveau, à savoir ce qu’il savait faire encore. Qui il était, en fin de compte. Quel genre d’homme avais-je affronté aujourd’hui. Peut-être était-ce parce que nous arrivions en bout de course. L’oméga de toute cette conflagration…




▬ Je vois…




Non… Bien sûr que non… Il n’en était pas question. Non… Il n’était pas question d’abandonné. Carcasse qui filait dans l’air, une seconde. Une unique seconde. Un unique appui. Celui d’un Geppô. Ré axer ma silhouette. Mon torse. Mon bras. Mes hanches. Mon poing. Même-ci cela voulait dire le contrer, peut-être l’encaisser. Après tout, nous n’étions pas le genre d’homme à douter… À abandonner. C’était pour ce genre d’instant que nos enveloppes existaient. Que nos âmes frissonnaient… Poing se referma, bien décidé à venir s’opposer à son offensif.

▬ Je suis là aussi, Zeke !




Climax

▬ OOOOOOOOOOOOOOOOOH !!!




Tous l’étaient. Surpris. Achevé par ce choc retentissant en l’air. Impact puissant de deux forces étrangères, opposés, s’entrechoquant. Se mêlant et finissant par imploser. Faisceaux de lumière et bruissement de vent, d’air. Déséquilibré dans la rixe. Trop puissante collision. Trop puissante adversaire sans doute, et assaut, venant engloutir quelque peu la mienne. Ce poing qui brassait encore le vent, l’accompagnait dans son sillon. Qui se heurta à quelque chose d’inconnue. Vaciller vers l’arrière. Perdre toute emprise sur une quelconque position. Perdre vue sur mon vis-à-vis. Renversé, l’étais-je. Souffle qui projeta, lui comme moi, tout ce qui se trouvait dans son périmètre.

Qui avala cette zone. Recracher tous ceux qu’il ne pouvait broyer d’un trait. Lui comme moi, encore. S’entendre sur tout le long. Quand nos deux chocs arrivèrent à collision. Quand la pression m’emporta. Y penser encore et encore. Nous avions sans doute fait quelque chose de grand, après tout. Il en était sans doute conscient, lui aussi. N’avoir aucune idée du temps restant. Même de l’état de mon vis-à-vis. Uniquement, pendant ce moment de flottement, que je n’allais sans aucun doute pour me relever. Paupières de plus en plus lourdes. Alentours de plus en plus sombre. Il était fort, après tout, ce Zeke…

▬ Me… Me… Messieurs Dames ! Il s… semblerait que nous venons d'assister à la PLUS GRANDE PARTIE DE SAUVER LE CITOYEN DE L'HISTOIRE !! Zeke semble hors course ! Teppei est introuvable ! Qu'était-ce que cette technique ?! Il reste UNE MINUUUUTE AU COMPTEUR !! COMMENT VA SE TERMINER CETTE PARTIE DE SAAAAUVEEEER LE CIIIITOOOOYEEEEEN ?!




Grondements des gradins. Certains qui n’en revenaient toujours pas. Qui ne savaient pas comment réagir. Face à ce déchainement, cette torpeur. Ces râlements. Certaines voix qui s’élevèrent plus que d’autres…

▬ Il… IL A TUÉ TEPPEI !

▬ C’ETAIT UN COMBAT D’EXHIBITION !! T’ETAIS PAS OBLIGÉ D’ALLER SI LOIN !!

▬ ASSASSIN !!

▬ POURQUOI LES VICE-AMIRAUX NE SONT INTERVENUS ?! ILS SONT DIT PAS DE COUP MORTEL ET S’EN ETAIT CLAIREMENT UN !




Personne n’y pouvait rien. Pour calmer cette clameur. Cette rage. Ce mécontentement. Avaient-ils peut-être raison, pour certains. Non concernant ce Zeke, mais la non-réaction de ces instances qui n’en revenaient toujours pas. Mais comment les blâmer ? Avions-nous échangés autre chose que des coups létaux depuis le début ? Indubitablement, non. Alors sans doute pensaient-ils que nos points de rupture n’étaient pas encore atteints. Que nous pouvions encore tenir. Encaisser et contre-attaquer de plus belle. Peut-être même avaient-ils été absorbés par la rixe. Sans doute, le râlement des canons n’avaient plus retentis depuis quelques temps, maintenant.

Pensées qui devaient trotter dans la tête de tous, qu’ils y réfléchissent sans pour autant trouver réponse. Solution. Il n’y avait rien là. Uniquement cette nappe opaque de poussières et de fumées que nous avions levées. La silhouette de mon vis-à-vis, quant à elle, ancré au sol, visible de tous. Ces sifflets et grondements. Agitation coupée court par une voix qui s’éleva. Beaucoup plus forte, beaucoup plus déterminé que toutes celles qui la critiquait. Et ces mots lourds de sens, avaient-ils lui aussi compris que nous étions. Qui était celui qui lui avait fait face. Qui s’était dressé, peu importe ce qu’il entreprenait. Qui n’avait pas baissé les bras.

Le souffle coupé, la foule assistant à son abnégation. Le corps ensanglanté, couvert de blessure, rampant tout de même. Qui se faisait douleur. Douleur sans doute atroce, pour ne pas entacher la mémoire de son vis-à-vis. Gagner comme il fallait le faire. Peu importe s’il fallait gratter le sol pour y arriver. Perdre un bras ou une jambe. Je pouvais enfin imaginer. C’était ça, l’homme qu’il était.

▬ Mesdames et Messieurs ! Le gong a sonné ! LE TEMPS IMPARTI EST OFFICIELLEMENT ÉPUISÉ ! Nous n’avons aucune idée d’où se trouve Kiyoshi mais Zeke Zapata, qui est le seul debout semble être le grand vainqueur de cette édition !

▬ C’EST UNE BLAGUE ! IL L’A TUÉ !

▬ Nous ferons notre possible pour trouver l’autre participant. Pour le moment, gardez votre calme et… *lève ses lunettes*









Speaker qui s’arrêta net. Qui ne n’avait plus dit un mot. Non… Pas ça… Plutôt, qui ne put dire un seul mot de plus. Qui n’en avait pas la force, pour le moment. Sa surprise qui semblait dépasser ses réactions naturelles. Trombine qui se décomposa. La mâchoire pendouillant. Aucun n’était capable de comprendre ce qu’il se passait. Ce qui était en train de lui arriver. Ce qu’il avait vu, sans doute, l’espace d’un instant. Un seul instant, en balayant les alentours du regard. Une simple silhouette. Un morceau de chair, dans toute cette fumée. Qui se fit recouvrir à nouveau, presque instantanément.

Mais lui, l’avait vu. Et tous ces gens, ces spectateurs qui se questionnaient. Pourquoi avait-il arrêté de parler ? Pourquoi se tenait-il ainsi, depuis quelques secondes maintenant. Lui qui ne semblait toujours pas revenir à son état normal. Qui n’était même pas capable de tenir un micro. De tenir quoi que ce soit, d’ailleurs. Sans doute le seul, à l’instant, capable de comprendre. Comprendre ce qu’il se passait. Lui, puis eux. À la suite. Ces instances, les Vice-Amiraux. Leurs instincts alertes, sans doute. Quelque chose que nous ne maîtrisions pas… Pas encore, plutôt.

Puis trois, puis quatre… Puis quelque uns. Ceux qui l’apercevaient, alertant ceux autour, pour répandre. Surtout, s’assurer qu’ils n’hallucinaient pas, eux-mêmes. Atmosphère qui changeait dans l’enceinte. Plus lourde, beaucoup plus silencieuse. Comme s’ils se questionnaient tous en silence. Comme-ci ce qu’ils avaient vu, brièvement, les interpellaient assez. Comme s’ils n’étaient pas totalement sûrs. Qu’un doute existait toujours. Qu’il persistait…

▬ C’est…

▬ Je rêve ?...

▬ Mes… Messi… Et puis merde ! Je n’arrive pas à en croire mes yeux !





L’asphalte toujours autant fumant. Pourtant le brouhaha qui reprit de plus belle. Beaucoup plus craintif, moins axé sur une idée. Ces trombines gravées d’étonnements qui pullulaient. Qu’il avait sans doute lui aussi vu, en rampant, Zeke. L’ambiance autour. Les visages. La silhouette également, à l’intérieur de ce nuage. Les quelques débris. Des plaques. Du verre. Et une chaussure se perdant en chemin. Pression de l’explosion. De la collision entre deux volontés. Pourtant, l’une d’entre elle vainqueur dans la force brute, sans doute. L’autre, dans la conviction. L’autre, qui se rappela.

Pas longtemps. Qui se ré axa, se sachant sans doute dans l’incapacité de la contrer entièrement, ce faisceau. Son estomac qui lui faisait encore souffrir, malgré tout. Qui observa alors une certaine structure et qui adopta son sillon. Alors un écho avec une phrase. Cette phrase qu’il prononça à son arrivée ici, dans cette garnison. Peu de présences. Pourtant les plus concernés. Quelques soldats. Ces Vice-Amiraux et son vis-à-vis, Zeke. Etait-il capable de s’en rappeler ?

▬ La chose la plus importante pour un héros ? Et bien… Je pense que c’est de sauver les citoyens !




Ces mots qui prenaient d’autant plus de sens…

▬ TEPP… TEPP.. TEPPEIIIIIIIII ! TEPPPPPPEEEEEEEEEEIIIII !!!!!

▬ Impossible…

▬ TEPPEI TIENT FERMEMENT LE MANNEQUIN DANS LA MAIN ! LE CITOYEN !! MAIS IL EST K.O. ZEKE EST QUANT A LUI LE SEUL TOUJOURS DEBOUT ! LE COMPTE A REBOURS EST TERMINÉ ! MESDAMES ET MESSIEURS JE NE COMPRENDS PAS CE QU’IL SE PASSE ! ON DIRAIT BIEN…. QUE NOUS AVONS UN MATCH NUL !!!!



La chose la plus importante pour un Héros : Sauver le citoyen

Le nuage de poussière qui avait recouvert l'arène depuis l'entrechoc se dissipait peu à peu, jusqu'à ce qu'il dévoile enfin Teppei, debout, tenant fermement le citoyen dans sa main. Son corps ne bougeait plus. Figé dans l'instant. Chacun de ses muscles tendus à leur paroxysme. Zeke comprit tout de suite ce qui se passait : son organisme avait surpassé son esprit et avait continué d'exercer sans sa présence. Il n'y avait plus de doute. Teppei était fort. Il venait d'illustrer une force que Zeke n'avait encore jamais rencontré.. Une force brute - et brutale - forgée dans la sueur et le sang, rendant son corps si robuste qu'il en devenait insoumis ; l'amenant là où même sa propre volonté ne pouvait faire plier son libre-arbitre. Sa tête se balança lentement de droite à gauche, comme s'il ne pouvait croire ce qui se passait sous ses yeux, fasciné par sa démonstration de force. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. Après tout, il le savait, depuis le début, qu'il en fallait plus que ça pour réellement se débarrasser de lui. Ce n'est qu'après de longues minutes que Teppei s'écroula finalement lourdement au sol, épuisé.

▬ Cet enfoiré.. soupira-t-il sur un ton amusé.

▬ TEPPEEEEI !! TEPPEI TIENT FERMEMENT LE MANNEQUIN DANS LA MAIN ! LE CITOYEN !! MAIS IL EST K.O !! ZEKE EST QUANT A LUI LE SEUL TOUJOURS DEBOUT ! LE COMPTE A REBOURS EST TERMINÉ ! MESDAMES ET MESSIEURS JE NE COMPRENDS PAS CE QU’IL SE PASSE ! ON DIRAIT BIEN…. QUE NOUS AVONS UN MATCH NUL !!!!

A cette annonce, la foule entra en transe, scandant le nom des deux protagonistes avec ferveur et admiration, le stade tremblait littéralement ! Toujours allongé, en appui sur ses avant-bras, Zeke observait l'assemblée. Une assemblée qui, malgré le soutien qu'elle lui montrait, faisait faner son sourire petit à petit.. Son faciès se renfrogna, même. Quelque chose semblait le déranger. L'agacer, même. Certes, la décision des juges lui fit grincer des dents, car à ses yeux, c'était Teppei qui venait de remporter la victoire. Mais il y avait autre chose. Le vice-amiral Vane l'avait remarqué aussi, et se hâta de rejoindre son protégé temporaire.

De l'autre côté du stade, une équipe médicale équipée de civières courrait dans la direction de Teppei, prêts à le rapatrié à l'infirmerie de la base jusqu'à ce qu'il se réveille. L'un d'entre eux s'écarta du peloton pour se diriger vers Zeke, toujours conscient ils se disaient sûrement qu'il devait avoir besoin de moins d'assistance que son adversaire. De son côté, le public débattait brièvement de qui aurait dû gagner l'affrontement entre deux discussions qui ne concernait que leur quotidien insipide, les cris de soutien était devenu un brouhaha brouillon et fade.. Le spectacle était officiellement terminé.

▬ Relève la tête Zapata, tu peux être fier de ta prestation. On ne peut pas gagner à tous les co..

▬ C'est pas ça, trancha Zeke avant un claquement de langue désapprobateur.

Intrigué, le vice-amiral se retint de poser plus de question. Après tout, son poulain devant tout de même se reposer lui aussi.. Même s'il ne l'entendait pas de cette oreille. Zeke ne pouvait se contenir face à cette plèbe ingrate qui ne cherchait qu'à se divertir, là où des Hommes mettaient leurs vies, leurs rêves et leurs idéaux pour les protéger. Essuyant le sang qui perlait sur son menton d'un revers de manche, il se mit à forcer sur ses bras pour tenter de se relever dans de longs gémissements de douleur, son corps tremblant, manquant de s'écrouler au moindre mouvement qu'il faisait. Dès qu'il pensait avoir assez d'équilibre pour se tenir sur ses jambes, son corps rechutait lourdement.


▬ H-hey.. D-doucement Zapata ! S'inquiéta le vice-amiral en portant ses mains vers l'avant.

L'infirmier qui était enfin arrivé près d'eux, s'inquiéta à son tour en s'approchant de la même façon que le militaire.

▬ Zapata-san, vu votre état vous ne devriez pas vous..

▬ F-fe.. Gnh.. Fermez là.. gémit Zeke, dans un dernier effort et un cri de douleur intense, avant d'enfin y arriver..

Il s'était relevé ! Plus rien n'avait d'importance à ce moment précis : ni le manque de respect à son supérieur, ni même ses côtés fracturées - qui ne semblaient pas être les seuls parties de son corps dans cet état. Un pas. Court. Hésitant. Instable. Mais déterminé. Qui fut le premier d'une longue série. C'est dans une marche saccadée, les mains sur les côtes, que Zeke se dirigea vers son adversaire - en prise avec une équipe médicale incapable de soulever son corps pour le mettre sur leur civière. En voyant le jeune marine traverser l'arène avec peine, le stade s'était tu de nouveau. Ils n'y croyaient pas leurs yeux ! Tout le monde avait vu les coups qu'il s'était pris, et avait entendu les dégâts qu'ils avaient généré.

▬ Hey.. Mais qu'est-ce qu'il fait ?

▬ Il peut encore bouger après un tel combat ?! Quel monstre..

Mais Zeke n'entendait rien. Ses dernières forces étaient toutes mobilisées dans la réalisation de son objectif. Une fois près de Teppei, il fit sursauter l'équipe médical qui n'avait toujours pas réussi à faire bouger le blessé d'un pouce.

▬ D-désolé Zapata-san, il est beaucoup trop lourd pour n..

▬ Écartez vous, ordonna froidement Zeke.

▬ Qu-quoi ? Mais vous ne pouvez pas..

▬ Je ne vais pas me répéter une seconde fois.

Sans même répondre, tous les infirmiers s'écartèrent en déglutissant fortement, parcourus d'un frisson d'effroi et secouèrent vivement la tête de haut en bas. Il se pencha avec difficulté pour venir poser sa large main sur la ceinture de Teppei. Un long râle de concentration, et voilà qu'il le souleva du sol - le visage déformé par la douleur - pour venir le balancer par dessus son épaule. Son corps s'affaissa d'un coup.. Zeke le sentait depuis un moment : sa colonne vertébrale avait elle aussi été touchée. Il ne savait pas s'il allait pouvoir le porter jusqu'à l'extérieur de l'arène, mais..

▬ Il est hors de question que je vous laisse le déshonorer de cette façon, dit-il avec peine, une fois le dos tourné.

Il se mit à marcher fièrement - bien qu'avec peine - vers les tribunes avec sur une épaule bancale son ennemi d'un jour mais allié intemporel devant des supérieurs ébahis par leurs jeunes recrues. S'ils avaient pour habitude de clore ces jeux par un grand discours, ils s'étaient aujourd'hui abstenus, conscients que ces deux individus n'étaient en rien comparable à ceux qui avaient rejoints cette base dans le passé, et tous deux, à leur façon, savaient réellement ce qu'incombaient le rôle de Marine dans un monde au bord de l'Anarchie.

Zeke avait plongé son regard dans le leur. Un regard qu'il n'avait pas l'habitude de montrer, mêlant habilement fierté et défi. Les deux vice-amiraux dans les tribunes soutinrent son regard impertinent de la même façon. Après de longues secondes de mutisme, Zeke hocha lentement la tête et de façon appuyé pour témoigner son respect, avant de disparaître dans les quartiers des participants sous les applaudissements de la foule, et le sourire de ses aînés.

▬ Zeke Zapata et Teppei Kiyoshi, hm ? Eh bien, soupira Vane un large sourire aux lèvres, la Marine à un avenir brillant devant elle.

Cet événement fut la révélation de deux jeunes Marines, dès lors primés Capitaines dès leurs première affectation et qui, sans qu'ils ne le réalisent, montraient les premiers balbutiements de deux vies qui allaient vraisemblablement participer aux grands bouleversements de ce Monde ; pour le meilleur, ou pour le pire. Tout était parti de ce moment précis..

Car après tout, la chose la plus importante pour un Héros est de sauver le citoyen, non ?