Wave Island était une petite île dévastée cherchant désespérément à reprendre du poil de la bête. Ce n’était pas toujours facile pour ses habitants qui faisaient du mieux qu’ils le pouvaient sans pour autant parvenir à rétablir l’état d’origine de leurs terres. Cette situation faisait de la peine mais malheureusement un Chasseur de Primes ne pouvait pas y faire grand-chose. C’était plutôt aux membres du Gouvernement de reprendre leur position et restaurer l’ordre en offrant de l’aide aux plus démunis. Apporter une touche d’humanité, aider à reconstruire les habitations, les commerces. Rien que ce petit rien pouvait permettre aux civils et aux fiers combattants de reprendre un train de vie plus ou moins normal. Mais pour le coup, Faust n’aurait jamais imaginé que cette île puisse être dans un état pareil. Bien sûr, il était conscient de ce qui lui était arrivé mais n’avait jamais vu le carnage de ses propres yeux auparavant. C’est d’ailleurs pour cela qu’il avait décidé de s’y rendre.

Le Sakazuki n’avait pour l’instant aucun contretemps l’obligeant à accélérer la cadence. Il pouvait donc aisément se balader là où il le souhaitait pour découvrir le Monde comme il l’avait toujours voulu. Et puis, ayant une petite faiblesse pour l'Histoire, il ne pouvait passer à côté d’un tel événement, même si celui-ci n’était pas considéré comme suffisamment marquant pour marquer celle-ci au fer rouge. Après tout, il ne s’agissait que d’une seule île, sur une des quatre mers en plus de ça. Ce lieu n’était pas bien sûr pas aussi "important" que Paradise ou le Nouveau Monde, évidemment. Mais.. Ceux qui pensaient de cette façon et étaient capables de se regarder dans une glace ne pouvaient être considérés comme humains. Ces paroles pouvaient sembler salvatrices, dignes d’un héros, et pourtant Faust ne se considérait pas comme tel. Il n’était pour l’instant qu’une pièce sur l’immense échiquier que représentait l’Humanité. Sa réputation était encore à forger, tout comme son avenir.

« Maître, vous voyez-ça ? »

Yashin s’était soudainement arrêté en pleine rue, fixant l’océan. Surpris par son interpellation, le Sakazuki décida de tourner la tête à son tour pour voir ce qui se tramait. C’est à ce moment-là qu’il put apercevoir une gigantesque silhouette sortir de l’eau. Il s’agissait d’un monstre marin en pleine chasse. Par conséquent, il se devait d’agir pour sécuriser le territoire. Tous deux pouvaient entendre le cri des civils apeurés par la massive apparition, le désignant comme étant « Murata ». Lançant un regard complice à son compagnon de route, notre protagoniste se mit à courir jusqu’à atteindre le bord de la côte pour finalement s’élancer d’un puissant bond en avant. Tout en faisant cela, il s’écria.

« Couvre-moi, Yashin ! »

Il était parti telle une fusée, faisant face à un horrible monstre marin. Ses dents acérées avaient de quoi déchiqueter n’importe quelle chaire, mais le brun ne le craignait guère. Il faisait simplement son devoir. Et puis.. Il avait de quoi se protéger en cas de problème. Il était passé à l’action, fortement désireux de sauver les habitants de cette île d’une menace certaine. Le Monstre Marin, même s’il semblait connu par ceux-ci, devait être éliminé une bonne fois pour toute car il n’aiderait en rien la population à repartir sur des bases saines. Et, même si le Lion Écarlate ne pouvait rien faire concernant les matériaux et autres choses nécessaires à la reconstruction du village, il pouvait bien les aider à sa façon, c’est-à-dire avec les poings. Par conséquent, il n’avait eu d’autre choix que de bondir en direction de la créature pour tenter de mettre un terme à son « règne ». Au début, il n’avait pas vraiment fait attention aux choses qui l’entouraient, si bien qu’il n’avait pas capté la présence d’un jeune homme ayant déjà commencé à se battre. Pour tout dire, le Chasseur n’avait besoin d’aucune aide pour terrasser cet adversaire de grande taille, mais si cela pouvait aider ce garçon à se faire mieux voir par les civils, c’était une bonne chose !

Ainsi, comme son maître l’avait ordonné avant de décoller, Yashin sortit une dizaine de balles qu’il tira à toute vitesse à divers endroits du corps de la créature en chargeant son revolver. Il s’agissait de balles explosives ayant pour seul objectif de distraire la bête tout en lui procurant quelques petites douleurs pas bien méchantes. Le garçon avait d’ailleurs l’air de faire la même chose d’une certaine façon, en utilisant un sabre. Lorsque Faust vit la réaction de leur adversaire au moment où le jeune homme s’était donné de toutes ses forces pour lui administrer un puissant coup de poing, il ne put s’empêcher de sourire, comprenant bien qu’un seul de ses coups l’enverrait au tapis. En effet, cet allié avait beau être puissant physiquement, sa force ne rivalisait en rien avec celle du Sakazuki qui dépassait l’entendement à côté.

Tournant quelque peu la tête vers son majordome pour lui faire un clin d’œil, notre protagoniste se mit ensuite à littéralement courir sur le dos du monstre marin jusqu’à pouvoir atteindre sa tête. Cela avait pris quelques secondes tout de même, étant donnée sa taille, mais cela n’allait rien changer à la donne. Ceci fait, il bondit d’un coup en l’air, à environ deux mètres d’altitude, avant de retomber en assénant un coup de poing extraordinaire en plein sur le crâne de la bestiole. Celle-ci, d’abord surprise, s’immobilisa le temps d’un instant avant de s’écraser violemment la tête la première dans l’océan.

« Ça, c’est fait ! »

Il s’élança ensuite d’un simple bond pour atteindre la terre ferme en laissant la créature sombrer peu à peu, jusqu’à ce que l’étendue de son corps ne s’engloutisse. Il regarda alors le jeune homme se trouvant non loin de sa position avec un léger sourire.

« Bien joué, héhé ! »

Comme il l’avait prévu, le coup de poing du Chasseur de Primes avait suffi pour mettre le monstre marin hors d’état de nuire. Celui-ci s’était simplement enfoncé sous la surface de l’eau, complètement K.O, et ce jusqu’à ce qu’il touche entièrement le fond de l’océan. Suite à cela, Faust s’était donc posé sur la côte, près de nombreuses personnes s’étant précipitées pour voir le prédateur battu pour la première fois. Le peuple était comme admiratif devant un tel acte, et pourtant le Sakazuki ne se considérait pas comme un sauver pour autant. Il avait juste fait ce qu’il croyait juste pour aider le peuple de l’île, rien de plus. Restant tranquille et prenant un air tout de même modeste pour ne pas paraître prétentieux, il fit en sorte de calmer la population en leur faisant comprendre qu’il n’y avait pas de souci et qu’il n’y avait surtout pas de quoi réagir de la sorte.

Mais très vite ensuite, le jeune homme qu'il avait pu apercevoir juste avant s’approcha de lui avec des yeux pétillants, comme s’il avait vu quelque chose d’incroyable. En prenant la parole, il expliqua d’ailleurs sa vision des choses quant à la situation et le désigna même comme un « super-héros ». En entendant ces mots, le Lion Écarlate ne put malheureusement pas s’empêcher de rigoler en déposant lentement sa main sur le crâne de son interlocuteur. Cela pouvait sembler bizarre au premier abord, mais celui-ci avait tendance à s’attacher plutôt vite aux gens. Au moment où il posa sa main, il énonça quelques mots en ricanant quelque peu.

« Oh, je ne suis pas un héros, loin de là ! »

Il sourit et lança un rapide regard tout autour de lui pour adresser ce message à toutes les personnes qui pouvaient le penser. Puis, il se retourna et entreprit une marche en faisant un signe au jeune marine pour lui demander de le suivre. Celui-ci voulait discuter, alors pourquoi pas ? Ça ne pouvait guère lui faire du mal, et lui permettrait même de se désaltérer un peu d’un bon verre d’alcool. Par conséquent, il décida de se rendre dans le bar le plus près. Il s’y était déjà rendu auparavant et aimait bien l’ambiance qui s’en dégageait. Ce serait peut-être l’occasion pour le Marine de parler de choses un peu plus sérieuses ! Marchant donc tranquillement en direction du bâtiment, suivi par quelques jeunes enfants toujours en admiration, il entreprit une petite conversation avec son interlocuteur. En réalité, ce n’était pas vraiment une conversation mais plutôt une phrase affirmative incontestable, d’une certaine façon.

« Tu sais, je t'aime bien toi. Rejoins mon équipage ! »

Faust avait déjà commencé à s’imaginer tout un parcours avec le jeune homme à ses côtés, il fut alors tout de suite abasourdi par sa réponse. En effet, marchant lentement en direction du bar le plus proche, il s’arrêta net pendant quelques instants au moment où son interlocuteur prit la parole pour lui répondre. Etant un membre de la Marine, il considérait que son devoir était d’agir en tant que protecteur des civils au sein de cette organisation. Ce n’était pas tout à fait faux après tout, mais ça, il pouvait également le faire indépendamment. Mais malgré ce détail, le brun comprenait très bien ce qu’il voulait dire. Il n’était pas chose facile de quitter les rangs du Gouvernement pour intégrer un équipage de Chasseurs de Primes. Peut-être même qu’il se retrouverait traqué par ses anciens camarades, comme un vulgaire criminel de bas étage.

Notre protagoniste ne voulait pas que cette situation se produise. Autant pour son influence que pour le bien du garçon. S’il avait décidé de devenir un soldat, ce n’était sans doute pas pour rien, et il fallait respecter ce choix dans tous les cas. Par conséquent, même si notre héros ressentait ce sentiment de déception au fond de son cœur, il savait très bien qu’il devait penser avec sa tête. Ainsi, lorsque le Marine aborda le sujet de l’avenir en énonça la possibilité de se revoir lorsqu'il aurait suffisamment progressé, Faust se mit à esquisser un sourire fier et confiant tout en se tournant vers lui pour lui tendre la main.

« Très bien, faisons donc comme ça ! Voici mon numéro personnel, si jamais tu as besoin de quoi que ce soit ou simplement pour prendre des nouvelles. »
Le brun accentua un peu plus encore son sourire en le regardant dans les yeux tout en tendant un morceau de papier contenant l’information précisée. Soudain, Yashin s’approcha légèrement pour murmurer quelques paroles à son maître. En guise d’accord, le Sakazuki hocha simplement la tête. Il était donc temps de partir et de reprendre la mer pour notre duo de chasseurs. D’autres îles les attendaient et ils avaient beaucoup à faire s’ils souhaitaient en apprendre encore plus sur l’Histoire de ce monde. De ce fait, le Lion Écarlate se mit en position pour partir mais n’oublia pas pour autant de dire au revoir à son nouvel ami. Lui faisant donc un signe de la main, il prononça quelques mots.

« Tel un héros, je dois m’éclipser, aha ! Oh, et tu peux m’appeler Faust !
»