Comme tout le monde se l'imaginait, à Jaya, spécialement à Mock Town, ce n'était pas de tout repos. Si la marine avait une base dans le coin ça ferait longtemps qu'elle aurait été rasée par les nombreux bandits qui vivaient là. C'était l'endroit rêvé pour un médecin comme Aurora qui ne rêvait que d'une belle occasion de s'entraîner. Mais cette fois elle avait plus de boulot que n'importe quel autre jour, puisqu'elle ne cessait de recevoir des pirates en tous genres dans son cabinet, si bien qu'elle devait installer des lits de fortune un peu partout dans la rue.
Quelques heures plus tôt, un groupe de pirates cherchait un moyen de saborder les navires de la marine qu'ils croisaient en mer. Beaucoup d'idées y étaient passées dans tous les genres, mais c'est finalement la plus dangereuse qui eut l'unanimité. Il s'agissait de fabriquer une bombe géante capable de couler un navire quelques secondes après l'impact, en mettant évidemment à disposition un élastique géant pour la propulser dans les airs. Même avant d'avoir réussi à créer leur bombe, ils s'entraînaient déjà à calculer l'angle de projection et les paraboles. Malheureusement leur perversité eut raison de bien d'entre eux, puisque la bombe explosa sans que les pirates aient pu la terminer. Résultat : beaucoup reçurent des débris, y compris des "innocents" qui passaient juste par là au mauvais moment. Certains moururent également sur le coup, d'autres par la suite, et Aurora s'occupait de la catégorie des vivants.
Pour elle c'était là l'occasion idéale pour mettre son objectif en marche, alors que depuis des mois elle jouait les parfaits médecins qui guérissait les blessures même les plus graves. Elle s'occupait alors des pirates les moins touchés parmi ceux qui étaient à l'abri des regards dans son cabinet plein à ras-bord. Une piqûre de poison n'était même pas nécessaire, il suffisait d'une seringue pleine d'air pour que ça tue n'importe qui, et elle n'aurait qu'à faire croire que la victime a succombé à ses blessures ou a abandonné le combat. Une mort étrangement douce pour un agent du CP9, alors que beaucoup de membres de l'organisation préféraient les morts plus sanglantes ou les combats frontaux pour montrer leur valeur ou simplement pour l'adrénaline. Mais elle n'était pas de ce genre, elle savait savourer les plats froids, même si ça allait prendre beaucoup de temps d'éradiquer la maladie que la piraterie représentait.
C'est seulement après de longues heures à ausculter les différents patients et à en tuer certains que la médecin s'arrêta enfin. Elle ne pouvait bien sûr pas tuer ceux qui se trouvaient dehors à cause du monde, mais pour ceux de son cabinet qui n'avaient pas déjà été exécutés par Aurora, elle s'était arrangée pour les handicaper assez pour qu'ils n'aient plus de pirate que le nom et la mentalité, ils ne représentaient plus qu'un danger ridicule que même un simple civil pouvait gérer. Que ce soit une main ou un pied en moins, dans tous les cas c'était leur niveau de menace qu'elle avait largement amputé avec ça. Il ne restait alors plus qu'à laisser les corps aux autres pirates, qu'ils puissent rapidement s'en débarrasser, et pour ceux qui avaient de la famille dans la ville, leur offrir un enterrement plus décent. C'est alors qu'Aurora prit enfin une pause après ce gros rush de plusieurs longues heures à cause d'un projet débile.
Ahhh merde! Ah merde j'ai vraiment mal! Genre, si c'est pas traité je vais mourir!
Pétée de rire si tu meurs. Rétorqua Eirika, ou plutôt, Gladdys Paddanz, à son homologue pirate, en train de se rouler dans la poussière et les débris d'une allée. À côté de lui gisait un autre pirate, lui décidément moins bavard et définitivement plus immobile, aussi. L'histoire était qu'il n'avait pas payé le truand qui était en train de gesticuler, et ce dernier, avec sa nouvelle "amie", voulait donc se venger. La chance, c'est qu'il avait réussi à le coincer alors que le trépassé venait de se faire virer d'un bar. La malchance, c'est que ce dernier avait délivré un dernier coup avant de tomber, et cet imbécile par terre se l'était mangé.
Ce serait ironique de le laisser mourir là, et lui faire payer pour l'avoir cru. Ce serait même pas briser sa couverture, vu que Jaya est une contrée coupe-gorge et un pirate n'a pas d'obligation à en aider un autre, mais cette homme, Eusstache qu'il s'appelait (à sa honte), connaissait des informations sur quelques primes. Et surtout une certaine Ruizu, dont la présence à Jaya expliquait justement celle d'Eirika.
Donc, il ne fallait pas qu'il meurt. Problème: Eirika ne savait pas soigner. C'est sale, et elle était trop maniaque de la propreté pour aller insérer ses mains dans les entrailles d'autres de façon prolongée. Non. Il fallait un expert. Aussi, la jeune femme empoigna le pirate par le bras et vint le traîner vers l'infirmerie. Par chance, l'afflux de blessés signifiait que l'hospice était facile à trouver. Encore fallait t-il qu'il y'ait de la place, vu que d'après les rumeurs, elle avait dû s'occuper de beaucoup de gaillards blessés après une explosion.
Dans une autre île, ça aurait été distrayant de voir une femme traîner un blessé au milieu de la rue, mais c'était Jaya. Ce fut à peine si jamais ils y payaient attention. Seuls les opportunistes réagirent, tous décidant rapidement d'aller dépouiller le corps laissé derrière. Le butin du cadavre reviendra à un autre, aujourd'hui, mais c'était Jaya. Ça aura changé de main avant le début de la soirée.
Et beaucoup en étaient sortis... diminués. C'était encourageant sur les capacités du médecin, mais bon. Autant ne pas être un mendiant geignard. Arrivant donc au cabinet, elle ouvrit directement la porte: Son identité de Gladdys n'était pas une tendre, et il fallait refléter cela.
Salutations ma grosse, sors-toi les doigts de ton cul et va les insérer dans sa blessure à lui, il s'est pris une balle. Tu la sors et puis on s'en va, capiche?
Contrairement à ce qu'Aurora pensait, il n'y avait pas tant de blessés que ça. La bêtise des pirates, enfin, des êtres humains plutôt, avait donc une limite. Bien qu'elle soit tentée de demander des explications, elle ne posa aucune question, non parce que ça paraîtrait suspect mais parce qu'elle préférait éviter de perdre encore plus foi en l'intelligence humaine. De toute évidence ce n'était pas un acte délibéré puisque personne n'avait rien revendiqué, les victimes avaient dû être surprises par leur propre explosion, tel qu'elle avait imaginé ça. De toute façon, même si elle demandait, peu auraient osé répondre tellement ils devaient avoir honte de s'être fait sauter tout seuls dans une bien belle explosion. Malheureusement cette bêtise humaine avait fait beaucoup trop de victimes, certains avaient même succombé à leur blessure alors qu'ils semblaient pouvoir s'en sortir.
Après sa petite pause à laisser patienter les blessés dans la salle d'attente pour laisser les autres se reposer, Aurora se leva en s'étirant un peu. Son cabinet n'était pas vraiment fermé durant ce temps, chacun était libre d'entrer, mais de toute façon il fallait son intervention à elle pour se guérir, avoir un endroit où s'allonger ne changeait pas grand chose, ils étaient obligés d'attendre. Par chance sa pause ne dura pas bien longtemps, assez pour qu'elle puisse manger un morceau et s'étirer un peu, faisant craquer ses lombaires plus d'une fois. Elle reprit sans plus tarder les soins de ceux qui étaient venus un peu plus en retard que les plus proches, certains avec de l'aide et d'autres non. Curieux que les pirates s'entraident à la moindre grosse difficulté alors qu'ils se battaient tout le temps en temps normal.
C'est alors qu'un blessé pas commun arriva, bien mal accompagné d'une petite au langage pour le moins châtié. Comme elle n'était guère pirate, elle ne jugea pas utile de s'énerver, d'autant plus qu'elle était là pour soigner, pas aggraver les blessures. Ce serait pourtant bien facile de provoquer une infection, le simple air pollué du dehors avait déjà entamé la chose. Mais son rôle, bien que ce soit une couverture, était de guérir, du moins pour le moment, alors elle devait se montrer professionnelle pour gagner la confiance des patients. Cependant la jeune fille ne semblait pas trop avoir compris la situation, puisque les blessés jonchaient son cabinet qui était devenu un hôpital de fortune. Elle-même ne cessait de prodiguer ses soins de plus en plus archaïques à cause du manque de bandages et de désinfectant, utilisant plutôt du linge réduit en bandes et de l'alcool à boire.
-Au cas où tu le verrais pas je suis débordée, alors il attendra son tour comme tout le monde. Y a des sièges juste là, alors vous posez votre cul dessus et vous attendez votre tour comme des gens civilisés.
Sur ces mots elle reprit les soins sur le patient actuel, évitant qu'il meure trop vite en arrêtant une hémorragie qu'elle provoquait souvent en retirant des débris coincés dans des artères ou autres. Ce qui était en revanche plus qu'étrange était qu'au même moment survenait un patient souffrant d'une blessure par balle là où tout le monde avait reçu des éclats de bois principalement, ou souffrait de brûlures. Par chance son tour n'allait pas tarder à venir, puisque Aurora continuait d'euthanasier les patients les plus atteints. Une petite piqûre d'air dans le cou, de quoi provoquer une embolie, et c'était la mort assurée après seulement un moment. Elle ne les choisissait pas seulement parce qu'ils étaient déjà entre la vie et la mort, mais surtout parce qu'ils ne pouvaient pas lutter contre leur mort prématurée, ni même appeler à l'aide, puisque la demoiselle s'en assurait en posant fermement sa main contre leur bouche au même moment. Une petite mort discrète qui passerait pour le résultat d'une blessure qui avait trop entamé la victime. C'était une belle façon d'éradiquer la piraterie de façon à ne pas griller sa couverture, mais il lui restait encore tant de boulot.
Naturellement, la seule source de soin de la région était tenue par une femme qui semblait... hmm, elle-aussi en besoin de soins, vu tout ces bandages. C'était un peu déprimant de se dire qu'elle devait compter sur elle, mais c'était Jaya. On prend ce que l'on à. Ici, c'était une fille qui paraissait plus apte à venir hanter les halls d'une école ruinée qu'a diriger une infirmerie, mais... Soit. Soit. La personne qui sauvera son informant était donc cette infirmière.
Il semblait y avoir beaucoup d'autres criminels après. Un peu étrange, sur ce coup... Ah, serait-ce le résultat de l'explosion? Eirika en avait un peu entendu parler. Plusieurs pirates s'étaient réunis pour se faire promptement sauter un explosif à la face. Il était... difficile d'imaginer que ça arriverait si vite sur Jaya, mais aucun des pirates frappés par l'explosion semblait avoir été une partie de l'armée d'Orion, qui était sans doute déjà plus compétente avec des armes de destruction comme celle-là. Quelque part, ça pouvait être rassurant de se dire que leurs ennemis étaient assez imbéciles pour se faire exploser, mais elle se dit justement que d'autres iraient ré-essayer plus tard, et ils pourraient bien avoir la jugeote nécessaire pour réussir là où ceux-là avaient échoués.
D'ailleurs, c'était donc un gros non pour passer de suite, employant même son propre juron en intimant Eirika et son "ami" d'aller s'asseoir. C'était vrai qu'elle n'était pas seule, mais ce détail là ne risquait pas de stopper Gladdys de si tôt. Le but de sa manoeuvre, c'était de pouvoir garder des informations potentiellement importantes en vie. Si jamais il crevait, comme un idiot en plus, alors elle pourrait bien perdre sa trace sur Ruizu! Ce qui était, vous en conviendrez, quand même assez dommage. Il allait falloir faire quelque chose, donc.
S'asseyant, les deux attendirent que le manège de patients tournent éventuellement vers eux, mais son partenaire de crime était nettement moins patient qu'Eirika. Remarque, elle n'avait pas un trou dans le gosier. Voyant son niveau de stress, "Gladdys" lança un coup d'oeil vers le bas et inspira en arrière avant de regarder ailleurs. Par chance, il remarqua son geste et eut un clignement nerveux des yeux, se décidant finalement à se lever, la panique claire dans ses yeux, une main sur sa blessure.
JE VAIS MOURIR! JE VAIS MOURIR! ME SUIS FAIT PLANTÉ, MERDE! LAISSE LES MOURIR CES CONS! ILS LE MERITENT!
A grands pas, il s'avança vers la salle où les autres patients se trouvaient, tentant de l'enfoncer de façon furieuse. Encourageant silencieusement sa gestuelle, Gladdys se leva et vint l'y aider. Cela interromprait le médecin en plein examen, mais bon... Au pire, elle pourrait tenter de tricher, ou alors d'intentionnellement prodiguer des mauvais soins, mais la petite pirate pouillue avait, heureusement, ses propres défenses contre.
TOUBIB! MERDE!
Gladdys ricana, d'un "Fuyiyiyiyiyiyiyiyiyiyiyiy" désagréable, et puis le pointa avec le pouce gauche, sa main droite tenant son coude. Tiens, la doc. Si jamais tu le soignes en premier, je vais te chercher du matériel médical, hm? On dirait que t'en a besoin, et je suis... heh, rapide.
Parfois, Aurora avait l'impression de ne pas parler très fort, ou du moins assez pour qu'on l'entende. C'était justement le cas avec ce blessé qui ne semblait pas entendre ce refus de cette oreille, devenant toujours plus bruyant. Si la fille qui l'accompagnait avait été plutôt calme, c'était loin d'être le cas du blessé qui incommodait plus que jamais tout le monde dans les environs. Certes son cabinet n'était pas forcément le meilleur lieu pour se reposer toute une journée, mais c'était le seul endroit où elle pouvait poser les voyous blessés par cette explosion. Ainsi une certaine entente était nécessaire, et tout le monde l'avait compris, du moins ceux qui préféraient dormir pour récupérer plutôt que gueuler comme un forcené emmené à l'abattoir. Ce serait bien sûr son tour, mais pas tout de suite, avant il fallait au moins faire semblant de le soigner. La demoiselle faisait un effort surhumain pour ne pas tiquer face aux paroles clairement cruelles du blessé qui insinuait qu'elle prodiguait tous ces soins pour rien. Bien sûr elle comptait en tuer quelques uns, mais ça lui faisait quand même mal qu'on décide à sa place ce qui avait de l'importance ou pas.
-C'est souvent les blessés qui se plaignent le plus qui sont les moins en danger de mort, maintenant je sais que plus que jamais tu sauras attendre ton tour.
Malgré qu'elle continuait d'attendre que le patient s'installe sur un siège de la salle d'attente, celui-ci continuait de se plaindre sans cesse. Sa grossièreté semblait également prendre de l'ampleur alors qu'il continuait de teinter de rouge ses vêtements à force de faire pression sur la blessure. Aurora soupira en voyant qu'elle n'allait pas lâcher l'affaire, tout comme elle, mais il y avait peut-être moyen qu'il patiente un peu mieux et qu'il arrête de beugler comme un veau pour un pauvre plomb dans le corps. Elle s'absenta alors brièvement pour prendre une seringue désinfectée, la remplissant d'un puissant tranquillisant réservé à l'usage médical. Elle n'en avait pas mis beaucoup pour que seule la partie touchée par l'impact par balle soit affecté, histoire qu'il puisse encore marcher plus tard vers le billard de fortune. Elle prit également un linge qu'elle utilisa pour le nouer autour de la blessure afin de contenir une éventuelle hémorragie de sa part. C'était un vulgaire pansement comparé à ce qu'elle devait faire, mais le mieux était de trouver une solution temporaire pour qu'il n'aggrave pas son cas en semant le chaos autour de lui.
-Mieux vaut laisser ça comme ça pour le moment, évite les gestes brusques et amples. Avec ce tranquillisant tu devrais supporter la douleur pendant quelques heures. Heureusement que je trie pas mes priorités selon la virilité du patient, sinon tu serais constamment dernier de la liste.
Maintenant que le produit faisait effet doucement dans le corps du patient, peut-être trop doucement à son goût, Aurora s'entretint avec la fille qui l'accompagnait. Elle essayait de la corrompre en parlant d'aller chercher du matériel médical contre des soins immédiat, mais elle ignorait que la médecin euthanasiait régulièrement des pirates pour réutiliser le matériel après désinfection totale. Ainsi elle pouvait facilement réutiliser les seringues et autres outils. Quant aux compresses, de simples bouts de vêtements suffisaient, ce n'étaient pas les hommes qui allaient se plaindre d'un petit courant d'air sur leur torse. Ainsi elle s'assurait de ne jamais vraiment tomber à court de matériel, contrairement à ce qu'elle pensait. Après tout ça lui était bien égal que les pirates souffrent d'une infection parce qu'ils ont eu droit à du matériel d'amateur réutilisé alors que les civils avaient du bon matériel. Enfin, ce n'était pas forcément une mauvaise chose d'avoir du rab pour ces derniers, au cas où la racaille monopoliserait tout le bon matos.
-C'est d'accord, je le ferai remonter dans la liste d'attente si tu me ramènes tout le matériel que tu trouves, tant que c'est propre.
Le défaut de rechercher l'aide d'un toubib, c'est qu'il faut mettre sa pleine confiance en eux. Pour Eirika, pas vraiment du type à placer sa vie dans les mains d'autrui, c'était déjà un ordre plutôt herculéen, donc devoir compter sur une toubib au sein d'une île comme Jaya... Elle en serait pas surprise de tomber sur une pièce secrète où cette dernière gardait les organes de certains trépanés dans des frigos, histoire de les vendre plus tard. Pas parce qu'elle savait ce qu'Aurora faisait véritablement, mais simplement car c'était difficile de croire que même les médecins n'étaient pas des enflures, dans cette étrange petite dystopie d'île où les pirates régnaient. Est-ce qu'elle avait même une license pour opérer? Ou est-ce qu'elle l'avait obtenue au détour d'une boutique de marché noir?
Quand elle s'empara d'une seringue pour appliquer des mesures préventives, visant plus à diminuer le mal qu'a véritablement le guérir, Eirika fronça des sourcils. Y'aurait t-il du poison dedans, maquillé sous la forme d'un remède afin de pouvoir être délivré sans intervention de sa part? Cela suffirait pour "quelques heures", disait t-elle, un fait qui n'était pas exactement rassurant si jamais ça indiquait le délai d'attente. Aussi efficace soit le remède, s'il en était un, il y'avait toujours une balle fichée dans le ventre, et même le pansement de secours était plutôt là pour retarder le mal que pour l'arrêter. Il faudrait retirer la balle, et c'était plus facile à dire qu'a faire quand elle semblait débordée par des grands brûlés.
Un instant, Eirika repensa à simplement achever les clients, afin de rapidement se faire de la place, mais se dit que cela encouragerait sans doute la docteur à "louper" l'intervention. Que ça lui plaise ou non, "Gladdys" allait devoir brosser cette physicienne dans le sens du poil, à moins qu'elle ne décide d'aller lire quelques bouquins de médecine pour performer l'opération par elle-même, ce qui semblait un peu au delà de ses capacités. Rappel: Ne pas se faire blesser sur Jaya. Ou, du moins, ne pas se faire blesser le même jour qu'un escadron entier de crétins pas foutus de bien manipuler des explosifs dangereux.
Un point positif: La docteur semblait d'accord avec l'idée d'Eirika, alors que son patient se mettait en place. Calmé par la drogue injecté en lui, ou alors conscient que geuler plus fort ne lui assurerait aucun bonus, il observait tranquillement la situation, figé sur sa petite table, une main encore dans le bide par réflexe. Il en aurait presque l'air sympathique comme ça, abandonné par un docteur alors qu'il avait besoin de soin. Presque, si elle ne l'avait pas vu écraser la tête d'un simple voyou parce que ce dernier avait essayé de le pick-pocketer. En fait, avec toute cette hésitation, sans doute que la professionnelle risquait de voir sa clinique cramer plus tard ou s'exposerait alors à un "accident".
Ce qui n'était guère le problème d'Eirika. Bon, en attendant, c'était "oui" pour qu'il soit placé plus haut dans la liste, mais ce n'était pas vraiment les termes définis. Au lieu d'agrée, Eirika se pencha en avant et toussota sur son poing.
Heu, non. Le premier sur la liste, et c'est tout. Et s'il meurt alors que je suis pas là, ça va barder, aussi. Allez, peace. Elle discutaillerait plus, mais son apathie pour la négociation l'en empêchait. Le faire remonter, c'était trop vague. Trop... simple de le faire monter d'une place, simplement, et puis voilà. Les gens sont quand même très malhonnêtes non? S'il fallait la menacer, alors elle le ferait. Elle ne savait pas le niveau de pouvoir de l'individu, mais l'opposé était vrai! Sans doute qu'elle pourrait être intimidée, même si elle s'avérait plus forte en réalité.
Bon, en attendant, trouver du matériel! Fort heureusement, la contre-bande était présente sur l'île, certains déposant le "matériel" avant de le revendre. Et le souffrant était connecté, justement, à quelques contrebandiers. Mais "votre ami est en danger" n'est pas un argument qui les convaincra de s'en séparer de sitôt et elle n'avait aussi pas la patience de négocier. Il allait falloir utiliser un peu de tromperie. Oh, elle pourrait voler tout simplement, mais ça attirerait l'attention et ça risquait de provoquer un raid revanchard au milieu de l'opération, qu'il vaudrait éviter.
Atteignant un des marchés à une bonne distance de la clinique, où certains individus vendaient leurs biens mal-acquis, Eirika se dirigea en particulier vers une caisse blanche, marquée d'une croix rouge. Elle demandait du matériel "propre", donc autant éviter de choisir des outils de mauvaise qualité. Un moustachu se tenait à côté du caisson, les bras au début croisés puis rapidement abaissés en voyant Gladdys s'approcher. Touche qu'avec les yeux.
Je touche que si jamais c'est tout bon dedans. Fronçant des sourcils, le gaillard se pencha vers le caisson et l'ouvrit d'une main, sortant une arme de l'autre afin d'éviter qu'un malin ne tente sa chance. Gardant son attention sur l'arme, sans oublier de vérifier l'équipement, Eirika baissa des yeux vers le matériel, qui semblait effectivement propre. Elle oy voyait des boîtes blanches bien fermées, des scalpels plus clairs que le casier judiciaire que le fils délinquant d'une famille riche... Des médecins dans certaines des contrées moins chanceuses du monde seraient prêts à tuer juste pour avoir un équipement pareil.
Cela ira.
Bien. Eirika prit un sac de pièces dans sa poche, et le lança dans les airs. Surpris, le gus détourna son attention d'elle pour agripper le sac, la perdant de vue que pendant deux brèves secondes avant de se concentrer sur elle.
Il t'en faudrait cinq de la même taille pour le caisson. Et pas ce qu'il y'a dedans. Dit t-il, avec un petit sourire narquois. En arrière plan, quelques hommes se levèrent, anticipant sans doute une bagarre. A la place, la "pirate" haussa l'épaule et leva la main, se faisant rendre le sac. Il pourrait le garder, mais s'il était malhonnête comme ça, personne ne voudrait vraiment faire de deal avec lui, hein?
Y'a un autre moyen de pa-
Fous-le toi dans le cul. La jeune femme se retourna et partit, laissant un contrebandier béat derrière elle, avant de regagner la clinique. Le tout lui avait pris à peu près un quart d'heure pour chaque déplacement, mais cela diminuerait les chances que les gugusses ne se ramènent spécifiquement vers la clinique avant que l'opération ne puisse être effectuée. Entrant dans l'allée proche, et levant la main, Eirika téléporta le caisson devant elle, laissant le contrebandier de tout à l'heure sans doute bien penaud.
Elle en serait amusée si elle avait un sens de l'humour qui n'était pas inexistant, tiens. Tout comme elle aurait pu être amusée de la réaction potentielle de la physicienne à son arrivée abrupte dans la clinique, caisson soulevé au dessus de l'épaule comme s'il était bien plus léger qu'il ne le paraissait vraiment.
Voilà.
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