L'âme tourmentée est le châtiment de celle qui abandonna son humanité
4ème Niveau - Impel Down | Année 1522
« Sans humanité, je serais chez moi en Enfer » — Suzushi D. Ruizu
Au-revoir, Liberté chérie. Au-revoir, Compagnons d'un nouvel idéal. Au-revoir, Famille adorée. Ce n'est... qu'un "Au-revoir", soyez-en sur. Il me fallait passer par-là et, pourtant, je ne peux retenir quelques frissons à chacun de mes pas rendu inaudible par les hurlements d'effrois des détenus. La logique humaine voudrait que la crainte et la peur me pousse à une tentative vaine d'évasion, une tentative suicidaire dans mon état au vu de la plaie encore béante sur le long de mon poitrail jusque ma hanche. Pourtant, me surprenant moi-même, je ne ressentais aucune hésitation dans mes pas, les suivant alors les yeux clos. Mes pieds me menaient là où désiraient me guider mes gardiens.
Regardez moi, regardez celle que je suis désormais, souvenez-vous, oui, de celle que j'étais. Maternelle et justicière aveuglée par une vision utopique d'un monde mensonger, où les larcins des puissants sont justifiés par une cause humanitaire servant les intérêts des plus influents. Regardez bien, observez bien... ce plaisir, je n'y aurais pas droit, je ne comptais pas me regarder, effrayée par ce que je pourrais constater. Au pied de ce bain purificateur, d'un liquide aussi bouillonnant qu'écarlate. Une purification disaient-ils. Droite, face à mon premier châtiment. Observant, la tête relevée, entre mes deux gardiens qui semblaient de marbre face au sort qui ressert lentement ses pattes griffues autour de moi. Les lieux n'ont rien d'attrayant, soyez-en sûr. Finalement...
— ... Me voici chez moi. Ploc ~, dis-je alors, un faciès de marbre, ne révélant aucune émotion alors que quelques gouttes perlaient le long de mon corps. Une chose à laquelle je devrais m'habituer en raison de mes facultés maudites. — Détenue SR-1484-22, fut la seule réponse à laquelle j'eus droit.
Une indication, une interpellation alors que mes gardiens me guidaient plus ou moins sèchement sur les marches tournant tout autour de la marmite infernale. La légende raconte que ce bain purifie jusque l'âme du condamné. Il était donc temps que je m'en assure par moi-même visiblement. Dire que j'y allais l'esprit tranquille serait une farce. La douleur me fera très certainement pousser un hurlement digne des harpies et de leurs chants horrifique, mais au-moins, je me sentirais vivante. Vivante, c'est le mot. Après être passée si proche de la mort, c'est tout ce que je désire ressentir : la sensation d'être en vie, la douleur, la peur, l'extase, qu'importe, tant que ces choses remplissent à nouveau mon corps et mon esprit, tandis qu'il était temps d'effectuer un plongeon dont je me souviendrais... éternellement...
Entendez, écoutez, de la même façon que je le fais alors que les gouttes s'évaporent au contact du sol ardent de ma cellule. Assise au sol, fixant un point qui semblait pourtant dépourvu de toute chose digne d'intérêt. Pourtant, je le voyais bien. J'étais quand-même bien éveillée, je ne dormais pas. Lui, il était là, debout, de l'autre côté des barreaux de la cellule, me fixant avec un sourire mesquin, les mains dans les poches tel un conquérant observant son rival, défait.
— Va t-en... Va t-en... Va t-en..., répétais-je alors, encore et encore, les jambes étendues sur le sol, la tête avachie contre le mur qui rendait mon crâne "liquide", faisant comme fondre le dessus de celui-ci. Va t-en... Va t-en... Va t-en..., encore, encore et encore, et pourtant, rien y faisait, il restait là, à me contempler, de ce même regard dominant. — Allons, avait-il dit, s'approchant des barreaux. Tu n'en veux pas un ?, demandait alors le contemplateur. Sortant la main gauche de sa poche avec une légère nonchalance. En sa main il tenait une petite boule ronde, blanche, je voyais bien là un onigiri. Son onigiri. Il ne soufflait plus mot, me regardant avec un sourire plus froid, plus... malsain. — Va t-en... VA T-EN !!! LAISSE MOI !!!, hurlais-je alors que mon visage se tordait d'effroi. Il me regardait pourtant encore avant de se dissiper doucement, son ricanement résonnant dans ma cellule, de plus en plus lointain. — Tu ne peux pas te débarrasser de moi. Tu es trop faible... Sorcière, entendais-je alors que je me recroquevillais, me crispant. — Laisse moi... Laisse moi...
Mon quotidien ici, il était le même depuis des jours qui me semblaient paraître une éternité, partageant ma cellule avec mon compagnon révolutionnaire, nous n'échangions guère plus que quelques regards. Chacun d'entre eux était le même que celui de la veille. J'étais vivante, je ressentais cette vie en moi, les douleurs infligées par les tortures. Celles que je m'infligeais moi-même alors que, bien souvent, j'apposais cette plaie éternelle sur les barreaux métallique de ma cellule dans l'espoir de la voir disparaître un jour, hurlant à en perdre les poumons alors que la chaleur de ces derniers faisait cicatriser ce souvenir éternel. Ce souvenir de lui. De cet homme qui eut l'occasion de me présenter à la mort malgré le fait que j'en ai réchappé. Pourtant, ces souffrances n'étaient que de douces bénédictions par-rapport à mon état psychologique. Plusieurs fois, je le revoyais, là, debout devant la cellule, essayant de le chasser, encore et encore, parlant seule telle une folle. Avais-je conscience que ce n'était guère plus réelle qu'un soleil vert ? Probablement, pourtant, je n'agissais qu'en victime, j'agissais comme si tout cela était vrai. N'est-ce pas le cas ? Après tout, c'est bien mon souvenir, alors, pourquoi ne serait-il pas réel ?
— Je n'ai pas peur. Je... n'ai... pas peur. Ploc ~, qui me croirait... j'avais beau me le répéter encore et toujours, même moi je n'étais pas convaincue. La vérité est toute autre. Apeurée, je l'étais. J'étais entrée dans cette prison avec sérénité, résignée malgré mon refus de rester ici. A ce jour, je n'ai hélas plus rien de sereine. Il est là constamment, il alimente cette peur que je nourris à l'égard de ce qu'il représente : ma fin. Pourtant, n'étais-je pas prête à sacrifier ma propre vie pour mes idéaux ? Ma propre humanité ?
Une petite voix fluette, innocente, douce à l'oreille. Relevant la tête, juste devant moi se trouvait cette enfant, une fillette, larmoyante, les pieds nus sur la pierre chaude. Secouant la tête bêtement, je ne comprenais pas. Je ne parvenais pas à me souvenir d'elle. Rien ne me revenait en tête, ni son visage, ni ses yeux, ni même la cause de ses larmes. Je ne savais pas qui elle était, encore moins la raison de sa présence ici. Etait-elle réelle elle ? Une gardienne ? Que sais-je...
— Qui es-tu... ?, avais-je alors demandé, naïvement. Cherchant à me souvenir, à trouver la moindre trace de sa présence dans mon passé. Pourtant, ce fut sans succès. — Tu... ne me reconnais pas ?, disait-elle. Un long silence prenant alors place dans la cellule, pesant, oppressant, m'accablant et me faisant culpabiliser. Tu m'as pourtant laissée là-bas... tu m'as abandonnée pour ta cause..., ajoutait-elle, essuyant ses larmes qui, pourtant, se multiplièrent à la vu de flamme qui commencèrent à lentement consumer la petite, sanglotant à grosses larmes. Je suis ton Humanité..., terminait-elle, avant de disparaître dans les flammes, me laissant seule face à ce qui semblait être un tissu, un tissu blanc, aussi pur que la robe de cette petite. L'attrapant, alors, espérant y retrouver cette petite, dissimulée dessous, en le tirant, je ne vis qu'une dépouille... ma dépouille, morte, allongée et bordée sous ce tissu orné de l'emblème de mon escouade. Ma dépouille, sacrifiée pour mes idéaux. Enfonçant mon visage entre mes genoux, couvrant ma tête sous mes bras, je pleurais, nerveuse, angoissée...
— Détenue SR-1484-22. C'est ton tour. Debout, un ordre, un simple ordre que j'exécutais docilement. Ne pensant guère à ce qui m'attendait, j'y étais habituée désormais, chaque jour, le même rituel se déroulait. Menottée en permanence, de toute évidence, il ne risquerait que peu de danger, et pourtant, ils venaient toujours chercher les détenus à deux, équipés et méfiants. Le Quatrième Niveau, après tout, nous serions tous capable ici, de les mettre en difficulté si il n'y régnait pas cette chaleur écrasante. Ceci dit, aurais-je véritablement cette volonté ? Voilà bien un mois que je suis assaillie, torturée, ruminant mes maux et mes peines. On y va. Avance Sorcière, disait-il. Sorcière. J'en avais l'aspect désormais plus que jamais. Souillon, fondant sous cette même chaleur qui s'avère être un véritable fardeau. Pour la millième fois, mes pas me mener où mes gardiens le voulaient, résignée à accepter mon sort. Incapable de m'en défaire. Inapte à briser mes chaînes. Certains diront que je méritais ce sort, d'autres, que je me serais frotter à l'adversaire tel David face à Goliath, mais, David ne sort-il pas vainqueur de son culot ?
Vivante. Je le ressentais à l'instant même où le fer rougeoyant vint s'apposer sur mon dos. Souvent, j'entendais les hurlements des autres détenus, cette fois, ce sont les miens qui résonnaient dans la bâtisse sous-marine. Serrant les dents, fermant les poings. Vivante, je l'étais, mais pour combien de temps encore... la souffrance me rappelait que je me réveillais encore chaque matin, que je pouvais encore bouger, parler, juger, observer... Vivre finalement. J'étais privée de liberté, mais mon existence n'avait pas était effacée. Ceci dit, une telle vie vaut-elle la peine d'être vécue ? Je me posais cette question, toujours cette question alors que je ressentais une fois de plus la chaleur douloureuse de ce métal creusant ma chaire avec sadisme...
La détonation résonnait dans mes oreilles, faisant vibrer la moindre parcelle de peau, m'accablant de tremblement d'effroi. En relevant les yeux, je me retrouvais face à cette tour, toujours menottée, les yeux exorbités alors que je la voyais s'effondrer, ressentant la chaleur de cette explosion dans mon dos, y étais-je réellement ? Tout me pousser à ne pas le croire, je me savais enfermée, je me savais capturée. Pourtant, l'odeur nauséabonde de la mort, celle des cendres, les cris de détresses et les ordres bruyants des soldats gouvernementaux. Je regardais la scène, le regard affolé, tremblante de bout en bout, apeurée telle une enfant.
— Tenez la ! Elle hallucine !, brayait le tortionnaire. Je me débattais, mise à genoux par les gardiens, je ne pouvais rien y faire, condamnée à contempler la catastrophe que j'avais engendrée. Pourquoi... Pourquoi devais-je autant culpabiliser ? Étais-je toujours humaine ? Finalement, qui étais-je ? Ce désastre... je l'avais causé sans ressentir une once d'hésitation. Je l'avais fais... pour mes idéaux, pour NOS idéaux à tous. Je prenais la responsabilité pour que personne d'autre n'ait à le faire. Pourtant, une main sortit des ruines de la tour présidentielle. Je le voyais se relever, là, devant moi. Me fixant après avoir arrangé son costume alors encore tâché de poussière, de terre et de sang.
Il était immobile, me toisant du regard, droit dans les débris de l'imposant édifice, il me jugeait, très certainement, pourtant, il ne disait rien. Il se contentait de me regarder, simplement. Me regarder. Que voulait-il ? Que pensait-il faire ? Il ne pouvait rien me faire, il en était incapable.
Il était mort, oui, il l'est. Alors, pourquoi était-il présent là, face à moi ? Comment pouvais-je ressentir un quelconque regret pour la perte de cet homme ? Il était comme les autres Hautes Figures du Gouvernement Mondial, il présentait une paix factice, derrière laquelle, j'en suis convaincue, les magouilles défilaient les unes après les autres, pourtant... il était là, le décor apocalyptique de Star-Top Nation avait beau s'estomper, lui, il restait là...
— TENEZ LA BORDEL !!, hurlait le tortionnaire alors que je m'étais une nouvelle fois secouer en brayant les faits au visage du Président. — Gaspille pas tes efforts, il ne répondra pas, avais-je alors entendue sur ma gauche. Tournant alors immédiatement le visage vers elle, je la regardais, elle. Elle et personne d'autre. Déglutissant. Moi, je suis fière de toi, Ruizu. C'est un grand pas pour Balgimoa.
Un grand pas pour Balgimoa. Oui, probablement. Nous avons déclarer la guerre à leur Gouvernement, nous avons... repoussée ce même Gouvernement en annonçant Balgimoa comme première nation révolutionnaire. J'y étais, je l'ai fais avec elle, je l'y ai aidée. Pourtant, je suis là, seule, à subir les traitements infernaux de mes geôliers. Elle, en revanche, où est-elle ? Auprès de Cometa sans doute, après tout, sans elle, Anida serait également ici, pourtant, il n'y que moi. Moi et... lui. Lui qui me regardait encore, mais qui cette fois, tenait dans ses bras, un nourrisson, dans un linge aussi blanc que la neige que je pouvais former. La culpabilité, c'est ce qu'il essayait donc de m'imposer. Il arrivait alors bien trop tard.
— Inutile. J'ai abandonnée mon humanité, je l'ai vu BRÛLER ! Va t-en !, disais-je alors en secouant la tête comme pour le chasser de mes pensées. Lorsque je relevais les yeux, la vision d'horreur était hélas inévitable. Anida tenant un poignard perçant le nourrisson et Ohmama. Le linge de l'enfant se gorgeait de sang alors que des larmes s'écoulaient de mes yeux. Venais-je de sacrifier une fois encore mon humanité ? Je suis chez moi. Je suis chez moi., répétais-je encore et encore, cherchant à m'en convaincre. — Non, disait alors la seule restante. Venant s'accroupir face à moi, un sourire sadique au visage. Tu n'es nulle part chez toi. Après ce que tu as fais, tu ne mérite pas de vivre, disait-elle, faisant crisper mon visage de terreur alors que les tortures physiques continuaient. A ce rythme, tu seras bientôt morte, tout le monde s'en portera mieux, ajoutait-elle alors que la douleur me faisait hurlait. — C'est faux ! C'EST FAUX !, répondis-je, la regardant s'éloigner, m'abandonner une fois encore. Je l'ai fais pour nous ! POUR LA CAUSE ! Et toi, tu m'as ABANDONNÉE !!, j'avais beau hurler, elle ne se retournait pas, et commençait à s'estomper en riant.
— Tu crois qu'elle est la seule ?, disait-une voix aiguë, sifflante, me soufflant ces propos directement dans l'oreille tandis que je tournais le visage vers elle.
— Mon... mon flocon..., elle était là, bien là, c'était elle. Aucun doute. Entre les gardiens, assise juste entre eux et moi, comme si tout allait pour le mieux tandis que ma respiration était difficile, haletante. — Coucou maman. Maman ou... Contre-Amirale ? Ou... Cheffe ?, disait-elle en réfléchissant, regardant vers le haut. Tu sais quoi, elle a peut-être pas tort. Ta mort devrais profiter à tous., ajoutais alors ma propre fille tandis que j'écarquillais les yeux, pleurant bien vite à grosses larmes. Tu porte malheurs. Des tonnes de gens sont morts à cause de toi. Les Contre-Amiraux qui t'ont suivi contre Kanth, mes tantes, mortes à cause de ton affront envers un Dragon Céleste et, tout les hommes qui ont payés le prix en te suivant dans l'embuscade, elle listait toutes les pertes que j'avais vu, peut-être engendrée, avec un sourire malsain, malveillant. En-fait maman, tu n'as pas attendu l'attentat d'Ohmama pour devenir un monstre, tu as déjà détruit des milliers de familles, par égoïsme. Tu vois, si tu m'aimais, tu mettrais fin à tes jours. Une mère normale tenterait de s'évader quitte à y rester... mais non, tu reste là, à te maudire comme une pauvre petite chose. Tu es si pitoyable... mais de toute façon, ça ne m'étonne pas... tu n'as jamais vraiment été une mère... Regarde ce que je suis devenue par ta faute !
— ARRÊTE !!! Je t'en supplie !!!, hurlais-je à nouveau, me crispant, me recroquevillant alors que les gardiens riaient de mon sort. Observant en préparant le prochain supplice. Y en avait-il seulement besoin ? — Tu me supplie d'arrêter ? Tu rigole ?, disait-elle en approchant son visage du mien, souriant avec ce même sourire que précédemment avant de finalement se crisper dans une colère, une rage noire, la rancoeur s'emparant de son faciès. Tu m'as ABANDONNÉE ! Moi, TA FILLE !! Comme mon frère et ma soeur, tu nous as TOUS ABANDONNÉE !! Comme notre incapable de père d'ailleurs..., elle me hurlait dessus, me faisait trembler alors que je sanglotais lamentablement, allongée au sol alors que les gardiens me versaient ce liquide carmin, bouillant, sur le dos, sur la brûlure qu'il avait façonnait sur mon dos, me faisant une fois encore hurler alors que mon flocon reculait en riant, me regardant souffrir... M'abandonnant elle aussi...
— C'est faux. Je t'aime... Je t'aime..., faux disais-je, je t'aime, ajoutais-je à la suite. Alors, si je suis capable de tenir de tels propos, pourquoi suis-je ici ? Que l'on m'explique pourquoi je ressens cette nécessité de me repentir ? A deux reprises, je mis à mort mon humanité, pourtant... pourtant, je ne me suis jamais sentie plus humaine qu'aujourd'hui, en proie au doute, à la compassion, à la peur et la douleur. Méritais-je vraiment tout ça ? Mes idéaux étaient-ils justifiés ? Bien sûr qu'ils le sont ! Ils ont détruit les miens, ils ont détruit tant de monde, mais finalement... n'en ai-je pas fait autant en assassinant ce foutu président ? Comment ma fille pouvait-elle remettre en doute l'amour que j'éprouve pour elle, comment Anida pouvait-elle insinuer que tout est de ma faute, alors qu'elle était à mes côtés, qu'elle orchestrait toute cette macabre représentation !
— Je l'ai fais pour nous tous... j'ai toujours tout fait pour nous tous..., disais-je alors, regardant le sol alors que ma respiration n'en était que plus bruyante, plus rapide. Je ne comprenais plus, je ne savais plus, je ne ressentais plus rien d'autre que le trouble. La perte d'une boussole. Mon humanité, c'est à cet instant que je la sentais me brûler les entrailles, cette vague de chaleur, bien différente de celle qui me tourmentée la chaire. Bien différente de celle de l'astre solaire. Elle osait dire que je ne serais pas une mère, elles osaient dire que ma mort n'en serait que profitable au monde ? Devais-je alors me laisser sombrer ?
Hurlais-je alors, relevant le visage vers le ciel. Un acte de désespoir, un affront ? Une rébellion ? Je ne savais guère ce que je cherchais réellement, pourtant je le faisais, je hurlais, encore et encore les mêmes mots telle une folle. Folle... ne l'étais-je pas devenue... probablement. Ceci dit, l'un des gardiens savait très clairement ce qu'il avait à faire. — FERME LA !!, m'ordonnait-il alors que son genou droit vint heurter mon visage avec puissance, me faisant tourner la tête alors que je baissais à nouveau le regard. Il venait de me frapper, encore. Je ne voulais pas, je ne le veux plus. Ce n'était guère la première fois, mais pourtant, cette fois, il me fit ressentir un choc, une haine, un ressentiment que plus jamais je ne voulais connaitre, ce coup en vint à me rappeler tout les autres, beaucoup trop. Haletant, soupirant, la respiration sifflante alors que je me mettais à rire. Un rire de démence qui finalement, lui, n'avais plus rien d'humain. J'y étais. Le voilà, le grand moment où mon humanité m'abandonne de la même manière que je l'ai abandonnée. Lentement, je relevais le faciès pour les regarder, un par un, un regard lourd, pesant, qui ne leur faisait peut-être rien, mais qui en disait long sur mon état psychologique.
L'ambiance qui régnait à cet instant précis était lourde, oppressante, plus que d'ordinaire. Durant quelques secondes, je pu même y déceler un silence entre deux hurlements d'effrois des niveaux supérieurs. Pourtant, dès lors que le deuxième cri retentit, je fus poussée par un élan malsain. Il était si proche, si confiant de me voir là, mise à-genoux, comme chaque séance de torture. Il ne se méfiait plus, ou paraissait peut-être trop confiant. Qu'importe la raison, il était là, si proche, si accessible, je ne pouvais pas le manquer, échouer n'était pas possible et, dans cet élan, je bondis, resserrant la mâchoire autour de sa gorge, avec puissance, une sauvagerie dont je n'aurai jamais, ô grand jamais, imaginé faire preuve un jour. Pourtant, il était là, étalé au sol. Un acte rapide, fulgurant, imprévisible sans doute d'après les visages estomaqués, sans doute troublés, de mes gardiens. Ils n'étaient sans doute pas hésitants, mais, la stupeur en vint à ralentir leur temps de réaction. Me dressant, ils me mirent en joues bien vite.
— A GENOUX !!!, hurlait l'un d'eux. Je le sais, ils n'hésiteront pas à faire feu. Cernée, je l'étais. La chaleur du feu tout proche de nous n'aidait en rien, pourtant, qu'avais-je à perdre ? J'étais prisonnière, dos au mur. Condamnée à une vie infernale ou à une mort certaine, toutefois, une option s'offrait à moi. Je la voyais, là, me tendre les bras... Dangereux est celui qui a tout perdu, puisqu'il a tout à y gagner. Littéralement. Debout, je ne bronchais pas, immobile, silencieuse, les fixant alors que l'un d'eux s'approchait doucement, prudemment, les autres menaçant toujours de faire parler leurs armes. Rien de tout cela n'était prévu, moi-même je n'y songeais pas, mais m'y voici...
Je les entendais, encore et encore, c'est elles qui m'y poussaient, qui nourrissaient ma tentative suicidaire, je ne cherchais pas à leur obéir, loin de là, je cherchais à les fuir, les faire sortir de ma tête et eux, ils m'en empêchaient... alors, dès lors qu'il fut assez proche, il ne me fallut que quelques secondes pour me mettre à courir, le bousculant dans les flammes du niveau. Il hurlait, agonisait, la vision était horrifique, pourtant, je riais tel un diable. Les autres n'hésitèrent pas à tirer dès lors que leur camarade n'était plus dans l'équation, craignant auparavant de l'abattre eux-mêmes.
Les balles fusaient vers ma vieille carcasse, dans un seul but, une seule possibilité envisageable : me trouer de part en part. Me mettre à terre et faire payer mon affront, pourtant, il n'en fut rien. La mienne de réaction, ne fit preuve d'aucune hésitation. Dépossédée de mes facultés à cause de ces foutues menottes, je n'en n'étais pas non plus réduite à rien et, je ne mis que quelques secondes pour libérer une puissante décharge de ce fluide, parant les munitions meurtrières alors que je fis un bond. Lors de mon atterrissage, je fis la même chose en provenance de mes pieds, envoyant une impulsion directement sur le sol, faisant trembler celui-ci sans le détruire, fort heureusement. Les faisant tanguer alors que je ramasser cette barre, ce maudit fer qui m'avait creusée la chaire précédemment. Rougeoyante, elle m'inspirait les pires folies et sans attendre, je me ruais sur le plus proche, celui situé sur ma droite. Le temps qu'il se remette du tremblement, j'étais là, face à lui, mon souffle sur son visage emplie de peur. Eux qui nous imposaient les pires craintes du monde, eux qui nous marquaient à vie, pour une éternité dont nul ne connait la durée. Il en fit les frais, de ma folie nouvellement mise à nue. Le métal s'enfonçant rapidement dans son petit corps tremblant, le brûlant de l'intérieur. La chance, c'est ce qui me valait sans doute d'en être là, d'être encore debout après ces trois meurtres. Me tournant, il me regardait, tremblait, tétanisé, apeuré. La petite chose fragile ouvrait les yeux sur le démon qu'ils avaient mis au monde. Pensait-il que j'en avais fini ? Tire, tire encore, il ne visait pas, il tirait, bêtement, aveuglément, cherchant à mettre fin à mes jours sous la crainte de perdre les siens. Pourtant, ce mur invisible, palpable, ne cédait pas, il me protégeait fermement et je ramassais calmement un des fusils au sol. Le dressant, dans sa stupeur, il pouvait constatait que le canon de l'arme était désormais sous mon menton, allais-je vraiment y mettre fin moi-même ?
La balle fusait, quittait le long tuyau et fit bien vite jaillir le sang, tandis que le corps s'écroulait, vide de toute existence, de toute vitalité...
— J'rigole ! Plic hic hic hic ~, riais-je alors que je tenais encore l'arme en direction du dernier gardien qui venait de s'écrouler, espérant sans doute véritablement que je n'irai pas au bout du carnage. Quelle idiote, quelle folie ! Je ne m'en rendais pas compte, pas encore, mais cette folie, elle venait de déposer son dévolu sur moi, s'emparant de mon âme. Telle une vulgaire affamée, je me jetais sur les dépouilles, cherchant le précieux sésame, le petit objet qui me permettrait de me sortir d'ici... et je le trouvais enfin. Poussant alors les dépouilles des malheureux dans les flammes, je ne tardais pas à glisser l'embout de cette clé dans la serrure, libérant mes poignets de ce fardeau si contraignant. Je me sentais de nouveau libre, à moitié hélas... ces voix restaient, elles me suivaient. Apeurée par celle-ci, je regardais vers le haut, voyant ce long puits ascendant. Ma porte de sortie, mon avenir. Dans mes mains, la blancheur de cette matière me fit sourire, elle me rendait heureuse, joyeuse, que dis-je... Euphorique. Je voyais en elle, la passerelle qui me permettrait d'échapper à mes démons.
Fuir mes démons, c'est la motivation qui Mme poussait dans ce bond que j'exécutais avec une hargne hors du commun. Comme le précédent, au moment de l'impact avec le sol, je relâchais une énième impulsion de ce fluide, non pas pour faire trembler le sol, mais bien pour me pousser vers le haut, vers la sortie de cet enfer de chaleur. Un succès puisque je fus effectivement propulser, hélas... Doucement, je perdais de la vitesse, la force de propulsion ne me permettait pas de faire ce bond titanesque jusque l'étage supérieur. A défaut, par instinc, la partie inférieure de mon corps ce changeait en un canon tandis que je me servis de ce dernier afin de me propulser, m'entourant de ce même fluide afin de ne pas fondre. Un échec me vaudrait un bain dans la marmite... Alors je luttais, je visais le sommet tandis que derrière moi, les hurlements d'effroi étaient remplacé par un rire malsain, je riais, je jubilais...
Code by Joy
Dernière édition par Suzushi D. Ruizu le Jeu 3 Déc - 17:46, édité 2 fois
Loca. :
Imprédictible.
Prime :
∞
Berrys :
∞
Maître du Jeu Arme antique et siècle perdu
posté le Mer 2 Déc - 0:28
Une détonation retentit, faisant écho à l'appel de la Liberté qui s'offrait à Ruizu. Déchaînée, dans tous les sens du terme, la femme fatale s'élança dans les airs après s'être astucieusement débarrassée de ses geôliers. Son corps, totalement malmené par les conditions extrêmes de ces lieux, doublement affaibli par la faiblesse de sa malédiction face à la chaleur, était comme alourdi. Mais ses forces l'avaient entièrement quittée depuis bien longtemps. Car elle était alimentée par une autre source d'énergie : la Volonté. Le retrait des menottes en granit marin vint doper ce regain de force, et là voilà désormais qui s'envole en direction de cette cavité qui relie cet étage à celui d'au-dessus...
Spoiler:
Yosh ! Alors, pour le coup, j'ai vraiment kiffé ce RP. Tu as su te plonger dans le rôle de ton personnage au point de rendre le tout très immersif. J'aime ta façon d'incarner ton personnage, de vivre à travers ses perceptions. C'est ma manière de procéder également, et c'est ce procédé qui me touche plus particulièrement.
Autre point qui m'a fait kiffer personnellement, c'est le côté psychotique. J'ai pas mal de bagage en terme de psychologie, et je suis assez sensible à tout ce qui est symbolique. Les crises psychotiques de Ruizu, qui retranscrivent l'évolution de ton personnage suite aux événements de Star Top, sont à la fois cohérentes, touchantes, et terrifiantes. On sent que tu ne t'es pas contenté de participer à un évent RP, mais que c'est ton personnage qui a vécu cet événement, avec toutes les conséquences que cela comporte.
Je n'ai pas peur de dire que ce RP est une masterclass, et qu'il compte parmi les classiques d'OPA. Ce qui prouve qu'un RP n'a pas besoin de contenir du combat pour être d'anthologie !