Armurerie G-0

▬ Qu’est-ce que vous faites caché dans ce buisson, Vice-Amiral-dono ?

▬ Shhhhhhht ! C’est le grand store de G-0. Il y a les plus grosses pointures de la Marine là-bas comme Miyoshi Akira ou Ototsukimaru ! Je suis timide.

▬ DEPUIS QUAND VOUS VOUS INTERESSEZ AUX AUTRES HAUT-GRADÉS DÉJÀ ?!!!!

▬ Alors là je me sens blessé dans mon cœur. Je ne sais pas si je serais capable de m’en remettre...

Ces étincelles dans leurs yeux à tous. Toutes ces âmes qui fourmillaient. S’entremêlaient. S’agglutinaient autour d’une même mire. Celle de pouvoir enfin y entrer. Pouvoir en toucher les cloisons. Effleurer les contours. D’une légende vivante, sans doute. Ces vents qui s’ébruitaient depuis peu dans le peloton. Certains d’entre eux, les plus courageux. Qui prirent la plus grande des inhalations. Comme pour se donner de l’abnégation. Et franchir le cap. Enclencher un pas. Entraînant la hiérarchie dans leur euphorie. La piégeant, pour ainsi dire. En attester la timidité mal-placée. Qui n’existait pas de prime abord. Et pourtant, me retrouver là. À califourchon. La trombine qui dépassait de quelques centimètres. Bosquet qui faisait office de façade. Pour empêcher quiconque de pouvoir lorgner ma condition. Celle du nouveau parmi d’autres. Du plus récent à la promotion. Qui viendrait s’imbriquer dans le roulement.

Du beau monde. Beaucoup trop de beau monde. Des trombines que tous ces soldats étaient capables d’identifier. Affubler des noms. Des faits d’armes. En attester de leurs anciennetés. L’entériner, même. Alors comment se présenter fièrement ? Pouvoir bomber le torse ? Quand certains d’entre eux se targuaient d’avoir érigés les plus grandes rixes. Sauver le plus d’individus. Faire gicler la Justice par-delà les mers. Et bien au-delà d’ici. Surtout quand ils semblaient si bien s’y connaître en équipements de tout genre. Armements de tout genre. De ceux qui fendaient. Bourrinnaient. Crachaient le plomb et les flammes. De tous les profils. Fourmilière des plus disparates. La plupart s’adonnant à poser la main sur des engins à tout genre. Jauger la maniabilité. La courbe. Le recul. Beaucoup de paramètre que je ne maîtrisais absolument pas.

N’avoir jamais porté attention, à vrai dire. La même rengaine. Vieux psaume. « Un héros doit avoir les deux mains libres pour sauver ». Qu’elle s’était targuée de le répéter, avant moi. M’efforcer de le respecter. Pratique, à vrai dire. Charroyé par la vague alors. La trombine qui se rapprocha. La charpie sortant de son trou de souris. Pour accompagner la dizaine d’hommes courageux ayant en tête les préparations. Pour l’enfer à venir. Pour se prémunir le plus que possible. Demeurer le plus efficace possible, là-bas. Bourdonner au travers des petites installations. Pousser la porte pour franchir le seuil. Armurerie à portée de main. Y entrer, la tête se cognant de plus belle sur le cadran de la porte. Jusqu’à le déchirer dans le même élan. Mastodonte qui n’était pas adaptée à la vie commune. Aux coutumes sociales. Jusqu’à faire grand bruit. En faire pâlir plus d’un. Et ces soldats, la main apposée sur le front. « Encore », devaient-ils pensés.

L’attention qui s’était portée sur la petite cohorte. Sur le prépondérant qui les escortait. Des visages familiers. D’autres, beaucoup moins. Qui ne s’attardaient pas beaucoup plus. Sans doute au courant de la promotion. De la nouvelle tête d’affiche qui foulait maintenant un tout nouveau tapis. Qui avait cœur de montrer qu’ils n’étaient là par hasard. Le peloton qui ne tarda pas à sautiller comme des grillons. Sur tout ce que leurs mirettes pouvaient lécher depuis les vitrines.

▬ Oh ? Regardez ! Des pistolets en tout genre !

▬ Hé là ! Des pièces d’équipement ! C’est quoi ça ?!! Un Missile ?!!

▬ Dommage qu’avec notre petit salaire de simple soldat, on ne puisse pas en acheter, hein…

▬ Ouais… Dommage, hein…

Car il fallait avant tout toucher avec les yeux… S’étaient-ils tous figés devant cette vitrine. Entamant le plus vil des petits jeux…

▬ Ouais, c’est trop dommage hein… Pas vrai, Vice-Amiral-dono… ?

Leurs trombines à eux tous qui avaient pivotées. Vers celui qui se trouvait à l’arrière. Qui dépassait de plusieurs têtes. Qui dépassait sans doute la totalité des silhouettes présentes dans l’enceinte. Leurs faciès qui témoignaient de leurs vilénies. De l’exécrable petit manège qu’ils avaient imagés. Qu’ils avaient mis en place. Le piège à crabe qui se refermait sur leur proie. Qui ne se sentirait plus jamais en sécurité. Pas avant d’avoir exaucé les vœux qui naquirent tous de l’infamie. De la plus basses des manœuvres. Entraîner leur chef dans le plus nébuleux piège à loup qui m’avait été donné de voir. Mais, ils ne s’en doutaient pas encore. Que j’étais fait d’un tout autre bois. D’un tout autre acier. Qu’ils ne pouvaient esquinter aussi facilement. Véritable jeu d’enfant de s’en dépatouiller. C’était si facile de dire « Non », après tout…

Quelques minutes plus tard…

▬ OH C’EST QUOI ?! ÇA SERT À QUOI UN CANON À HERTZ COMPRIMÉ ?!

▬ Je vais prendre ça… Merci…

C’était si facile de dire « Vous ne m’aurez pas avec vos yeux de chien battu ». Il suffisait de prononcer une phrase d’une dizaine de mots. D’une vingtaine de lettres, pas plus. Rien de plus. Rien de moins. Si simple…

▬ UN KÄRCHER ENFLAMMÉ ?!! C’EST POUR LES BATEAUX ? QUOI ?!! 100 MÈTRES ?!!

▬ Je vais prendre ça aussi… Merci…

Il n’y avait pas plus simple de dire « Ce n’est même pas la peine d’insister, j’ai dis non ». Il suffisait de parler avec fermeté. Avec insistance. En bombant le torse, un peu. Rien de plus. Rien de moins. Si simple…

▬ DES FILETS ANTI-TROUPES ?!! ON VA POUVOIR LES ATTRAPER ?!! ÇA EXISTE ?!!!

▬ Hmm… Je vais vous en prendre aussi… Merci…

Le petit peloton qui n’en avait pas fini. Qui sautillaient à chaque nouvelle découverte. À chaque acquisition. Comme-ci ils ne pouvaient être rassasiés. Qu’importe combien ils devaient dépenser. Tant qu’ils ne mettaient pas la main à la poche. Qu’un autre se chargeait de le faire à leur place. Encore et encore. Plusieurs heures. Alors même que la totalité de l’échoppe restait bouche bée devant tant de friabilité. De la part de quelqu’un de cette trempe, qui plus est. Qui bombait fièrement. Qui exsudait une telle volonté, à l’accoutumé. Certains qui en riaient. D’autres qui n’en revenaient pas. Du jeu de la carotte et du bâton. Sans doute, d’autres officiers maudissant le fait qu’ils ne soient pas dans ce même escadron. Pour pouvoir en profiter. Quelques heures puis la fourmilière qui s’était dégorgée de l’excédent. La cohorte qui en ressortie les mains pleines. Alors qu’à l’arrière, la démarche « zombiesque », presque. Un homme fauché qui en ressorti…

▬ Ra…ha…ha…ha… Bien. Mes économies… Je suis pauvre, maintenant…

Leurs visages à tous qui s’illuminaient. Ne prenant même pas en compte l’affaissant moral de leur adjudant. Bien heureux de pouvoir se pavaner dans ces sillons. Un jour véritablement maudit…

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