Bras-dessus bras-dessous entre inconnus et on danse comme des fous ! Certains tirent des coups en l'air, c'est dangereux ? Rien à faire ! Pourquoi faire ? Pour imiter le tonnerre et faire une ambiance d'enfer ! Il fait nuit, la lune brille et les nuages s'étendant pour en laisser passer l'éclat. On y voit clair ! Il n'y pas de brume mais les pas endiablés de forbans de passage soulève aisément un voile de poussière. Entre les cactus gargantuesques, ca crie en chantant, au mieux ça chante en criant ! D'humbles maisons de pierres s'empilent entre d'épineux géants et l'eau coule doucement pendant que le rhum s'écoule à flot !
Allan est dans l'ambiance, et à fond, lève une jambe puis l'autre bras-dessus bras-dessous avec de braves moussaillons ! Une chope après l'autre, sans cesser de danser pour s'enfiler une gorgée, sa chope tenue entre les dents !

Il finit par la renverser mais très vite, se la renvoie du pied et s'en saisit au vol, allant gaiement se resservir à même un tonneau percé. N'attends pas plus avant de se remettre à chanter !

" C'est un rêve de pirate ! ♪
Accoste au port, à la plage ou à la crique ! ♫
Les marines tu les lattes ! ♪
Les femmes et les trésors tu les piques ! ♫ "

Et tout le monde reprend en coeur ! Allan n'a plus de navire, celui-ci échoué quelque part sur quelques récifs de l'île, en ayant miraculeusement échappé ! Il n'a pas d'équipage mais se contente, pour l'instant, de compagnon de beuveries et de beuveries ! Quelques verres par-ci, quelques verres par-là ! Et il fait l'imbécile, se met à marcher sur les mains bien chancelants avant de chuter sur le dos ; son plat à même le sol de roc poussiéreux fait un bruit douloureux. Anesthésié par l'alcool, il s'en relève pourtant avec un sourire d'enfant et bien éméché, rougis par les effluves de rhum, il en rigole allègrement ! Et il erre entre les habitants, les forbans, quelques petits et pas mal de grands, des grandes aussi.
Tête en l'air et le coeur à la fête, il tangue sur terre, le pas chancellent avec une démarche chaloupée, il est complètement bourré !

Ce qui ne l'empêche pas de vagabonder, percutant des gens pour soudain se retrouver armé et, s'improvisant fier flibustier, se met à tirer en l'air ! Pas peu fier mais manquant de se faire trouer par son propre tir une fois retombée ! Le sursaut passé, il est bien naïf d'en rigoler et toute l'assemblée aussi ! Puis ca y est, il se défait de son manteau et déboutonne sa chemise tâché, voir-même imbibé, qu'il torsionne pour en extraire quelques gouttes de sueurs alcoolisés.

Un imposant cochon gris passe par là, lui aussi a l'air bien bourré mais d'instinct, Allan le pourchasse pour le chevaucher. C'est un porc avec un chapeau de paille et une tige entre les dents qui fait bien péquenaud. Incapable de le rattraper, le vagabond de pacotille ne parvient qu'à s'accrocher à sa queue en ressort et se fait trainer au sol comme un malpropre. De douleurs, l'animal crie de manière aigue mais tout le monde n'y voit que du bacon à manger ! Et Allan, lui, peine d'un effort surhumain pour finalement se hisser sur le dos de la créature, y faisait du rodéo plutôt que de bouffer le gravier.
Chevauchant la créature, déjà éméché, Allan arrache une chope des mains de quelqu'un au passage puis l'enfourne de force pour en gaver le cochon !

Et une autre, et une autre, puis encore une, puis une autre ! A peine une chope arrachée qu'elle vidée, puis jetée, puis remplacée par une autre ! Le cochon en devient fou, ivre à l'excès mais pas si mécontent, ses yeux mi-clos alors qu'il tangue sévèrement. Allan le chevauche donc fièrement, sa chope à la main levé comme un sabre à l'abordage ! Toujours ivre, toujours débile et chancelant. Pas à pas cheminant sur son porc-péquenaud indolent pas moins ivre que lui ; la démarche chaloupée tangue comme en pleine tempête. Il se saisit alors d'un tonneau, en fout partout et le contenant est d'une envergure pareille à la sienne, ce qui ne l'empêche pas de la soulever dans l'ivresse tel un surhomme ! La pauvre bête ploie sous l'ivresse et le poids augmenté à cause du tonneau qui se vide doucement. Puis, prise de fulgurance, fonce dans des directions et d'autres avec la fureur d'un taureau !
En transe ! L'esprit à la fête pour Allan mais qui sait à quel point son excès pourrait lui attirer des ennuis ! Peut-être que tous ne prennent pas de se faire voler de la boisson à rigolade, peut-être que tous n'apprécient d'être chargé par un cochon-péquenaud complètement bourré !

" Lalilalialia-Hic!-lalalalaaaaaaaa ♪ Yohoho ! ♪♪ Hou-hou !  ♪♪♫ "

En vrai ?! S'ils veulent se battre, le vagabond dansant les attends de pieds fermes ! S'ils veulent danser, le dansant les attends de pieds légers ! S'ils sont pas contents, qu'ils gueulent maintenant ou se la ferment à jamais ! D'une manière ou d'une autre, le vagabond dansera et le porc furieux cavalera !

" CHAAAAAAAAAAAAARGEEEEEEEEEZ ! "


Et avec dans chaque iris une fauve lueur, le cochon-péquenaud-velu frotte ses pieds au sol avant de charger comme le ferait un taureau déterminé. Sa paire de petites défenses en avant, il élance d'une impulsion son corps massif vers l'avant, si vif que son ombre elle-même peine à le suivre ! Si fort que le sol lui-même tremble sous le poids de ses pas et que dans son sillage, des torrents de poussières fulminent haut dans les airs ! Allan peine à rester accrocher, ses mains fermement agrippés aux poils de cou du sanglier mais tout son corps en arrière ! Il n'est plus assis sur l'animal à le chevaucher mais misérablement trainé, pieds en l'air à la manière d'une cape humaine. Et le torrent de viande velu est bien décidé à embrocher, à aplatir et à piétiner ce monsieur qui veut faire taire la fête !
Que ce soit sous la puissance insolente du sanglier, par peur de celui-ci ou par les aléas bien connu d'une baston de bar, tous s'écartent sur le chemin du porc si véloce et féroce ! Et d'autres fêtards volent tout autant autour de l'homme qui tente de sonner la fin des festivités.

BAM !

Le sanglier se fait stopper net d'un coup de pied du rabat-joie et est forcé de quelques pas à reculons, sonné avec le groin en sang. Quelques instants avant d'entendre le bestiau lâcher des grognements furieux de guerriers enragés ; au point de le voir se lever en équilibre sur ses pattes arrières et imiter, particulièrement agité, la gestuelle d'un boxeur bien énervé.


A l'impact, Allan a lâché prise et a volé, percutant un tonneau pour l'exploser en milles petits éclats de bois. Qu'il s'agisse de vinasse, de téquila, de rhum ou d'un tord-boyau fait par les locaux, le vagabond croit un instant s'y noyer. Le fut était bien plus grand que lui et la flaque, avant de s'étaler, le submergea au point de l'étouffer ! Prenant son courage à deux mains, poussé par l'envie irrépressible de bouger malgré les douleurs, le p'tit gars se remet debout bien chancelant. Tout lui parait bouger, et si tout le monde bouge, le sol lui apparait en biais alors que lui peine à rester en équilibre. Sans le vouloir, il se décale de quelques pas précipités sur le côté et de manière fortuite, éclate un gars d'un coup de boule plein d'élan !
Une main sur son crâne abimé, il repart de quelque pas dans l'autre et tombe à quatre pattes, pile à temps pour éviter un coup de planche.

Quelque chose brille alors ! Une bouteille qui roule, ballotée par des armées de pieds qui se battent mais vu d'ici, on dirait que tout le monde danse ! Et trouvant que tout est bien plus stable à terre, Allan continue à quatre pattes à ras du sol à la poursuite de la bouteille de verre. Lui croit la voir qui luit dans la nuit et poussé par un instinct animal, file à la manière d'un lézard dans le chaos et le bazar de la baston de bar.
Enfin ! Enfin !

Enfin il s'en saisit à deux mains comme de la chose la plus précieuse qu'il n'ait jamais vu ! Epris, soudain, d'une folle énèrgie, il se relève d'un bond de tout son haut ! Toujours pas très grand, il porte le goulot à ses lèvres et ne sent rien ! Rien, à peine l'ombre du goutte qui pourrait le rassasier ?! Se disant que la gravité fait sa difficile, il se penche en arrière jusqu'à s'en briser le dos façon limbo, esquivant de justesse un sanglier perdu qui vient de décoller. A cette vitesse, pareil à un boulet de canon, l'animal l'aurait franchement assommé ! Peut-être même tuer !
Mais Allan, dépité, ouvre grand un oeil en gardant l'autre mi-clos, inspectant sa bouteille qu'il verse sans qu'aucune goutte n'en tombe.

Soudain énervé, il jette sa bouteille bien frustré et celle-ci va en direction d'un ninja pour s'y éclater ! Dans le même temps, l'homme souhaitant achever les festivités va d'un bond, ses deux poings renfermés en un, pour abattre ses mains sur Allan ! Mais ce dernier, en pleure et distrait, court en direction de son sanglier préféré pour un gros câlin dans l'espoir de se réconforter ! Sanglier qui, toujours debout sur ses pattes arrières et énervés, va pour rien d'autre que pour tout casser.