Première mission pour moi. J’étais excité. Je venais de finir mes classes et automatiquement à la fin nous avions une mission pour le gouvernement à effectuer. À plusieurs reprises, mon tempérament de feu avait failli me faire tout rater. Mais avec un peu de recul, j’avais réussi à canaliser cette colère et cette haine qui m’animaient. Depuis que j’étais parti d'East blue, de ma ville natale, bien des choses avaient du changées. Moi aussi, j’avais changé. Du gamin trouillard, qui n’arrivait à défendre personne et qui se faisait malmener, j’étais devenu plus sérieux, plus intelligents et surtout plus fort physiquement. Même si cela ne se voyait pas au premier coup d’œil, j’avais mûri.

Purupuru purupuru puru… Catcha !

-Agent Xerx au rapport ?

--Agent Xerx ici votre supérieur, vous allez recevoir un résumé de votre mission. Vous êtes un des seuls à pouvoir effectuer celle-ci. Malheureusement, nous ne savons pas si vous allez réussir ou échouer donc nous préférons prendre nos précautions. Sur le terrain, un autre agent sera là en soutient au cas où vous ne trouveriez pas le courage de faire face à cet individu. Bonne chance

Tuuuuut tuuuuut

Pas à la hauteur ? De quel type de mission, il s’agissait ? Bon sang moi qui étais excité comme une puce il y a peu, désormais, je sentais une boule de stress énorme qui se logeait dans mon estomac. Une envie de vomir arriva juste après. Je me retenais pour ne pas gaspiller ce que j’avais avalé ce matin. Malgré tout mon teint semblait plus clair. Cette sensation, de ne pouvoir rien contrôler était vraiment désagréable, mais quand on y réfléchissait effectivement ce devait être ça le rôle d’un agent du gouvernement.



Après quelques heures de navigation, je me retrouvais désormais sur mon île natale. Je connaissais vraiment bien cette île. Avec ses villages au bord de mer, ses forêts luxuriantes, ainsi que son petit village niché en haut de la colline. Lieu où j’habitais autrefois. Mon apparence avait changé et il devait être difficile de me reconnaître surtout avec ces bandages sur le visage. Je débarquais sur le port et ouvris ma lettre d’information concernant la cible à capturer. Un visage en grand se retrouvais sur la moitié de la feuille et le nom apparaissait juste en dessous « XERX ». Ma main tremblait. Non ce n'était pas vrai ??


Alors c’était donc ça m’a mission devoir arrêter mon propre père. Même s’il était alcoolique et avait poussé au suicide ma mère, c’était compliqué pour moi. Les mentions "révolutionnaire" "dangereux" "menace pour le gouvernement" était inscrit dans le briefing de mission. Malheureusement, je n’avais aucun contact avec lui et ne savais même pas s’il était encore en vie. Il fallait faire des recherches. Mes jambes flageolaient et je me diriger dans la taverne proche du port, pour rejoindre ou attendre mon collègue du jour.

Une fois entré, je commençais un verre de bière et m’assis à une table au fond, un peu en retrait. Au moins, si nous venions à discuter avec l’autre agent, nul doute que nous serions quelque peu plus discret surtout si nous étions au milieu. J’avais la tête baissée et je serrais mon verre. Je m’attendais à une mission compliquée, mais quand même pas à ce niveau.

J’étais assis là seul au fond de cette taverne en pensant à cette mission. Putain, mais il fallait que mon supérieur soit tordu pour faire un truc comme ça. Je regardais mon verre intensément comme si la réponse à tout ceci se trouverait dans cette mousse. Les quelques perles d’eau glissaient doucement le long du verre pour arrêter leurs courses directement sur la table de bois. J’étais captivé, et troublé. Je ne savais pas quoi faire. Je devais l’arrêter, ou non ? Les liens du sang, sont-ils plus importants qu’une mission confiée par le gouvernement ? Ou alors devais-je foncer tête baissée et le capturer en annihilant tout sentiment ? Les questions fusaient et chaque fois que l’une d’elle apparaissait, me donner l’impression d’une balle qui explosait quelque part dans mon crâne.

J’entendis deux verres qui s’entrechoquaient. Une présence était en face de moi. Ainsi, donc il s’agissait de mon collègue. Il avait sorti une feuille de son manteau pour se présenter et me fit part de son nom et prénom. Il s’assit en face de moi et me glissa l’avis de recherche que j’avais posé à côté de moi. Il savait donc probablement qu’il s’agissait de mon paternel. Lorsqu’il glissa le papier sous mon regard, je détournais celui-ci du portait de mon père. Plus le temps défilait moins j’étais sûr de ce qu’il fallait que je fasse. Une personne lambda aurait été du gâteau, mais là, il s’agissait de mon géniteur, celui qui avec ma mère m’avait élevé et mis au monde.

Je triturais d’une main mon verre de bière. Je regardais Flynn dans les yeux pendant que celui-ci me donnait différentes précisions concernant cette mission. Il était professionnel et cela me rassurait. Maintenant le seul souci était de savoir comment moi, j’allais réagir, comment j’allais me sentir et surtout, est-ce que j’arriverais à faire de cette mission une réussite des plus totale ou un échec cuisant. Il versa un verre d’alcool fort qu’il avait récupéré. Je l’écoutais attentivement et il avait l’air de faire attention à ce qu’il disait et surtout, il désirait me faire comprendre des plus clairement possible que j’étais le seul qui réussirais ou non. Il ne sera là que pour un problème majeur. Je posais mon verre de bière.

-Merci pour ces précisions. Vous êtes parfaitement clair. Je sais que la mission qu’elle soit réussite ou non n’engage que ma responsabilité. Mais il faut que vous compreniez dans quelle situation, je me trouve. Tout se bouscule dans ma tête en cet instant précis. Je pense que je vais avoir besoin de quelques instants pour me conditionner et surtout pouvoir réussir haut la main verte mission.

Alors que je faisais part à mon homologue de ce que je ressentais. Je me frotter doucement la joue avec la pulpe de mes doigts. Seul moi savait ce qui se cachait sous ses lanières. Une marque indélébile, qui me rappelait sans cesse ma faiblesse par rapport à certaines personnes dans le monde. Je voulais devenir fort et je devais faire de cette mission une véritable réussite, qui montrera que le gouvernement pourra toujours compter sur l’agent Xerx

Il avait raison. Les émotions et la réflexion ne faisaient pas bon ménage. Son ton était vraiment rassurant. Il me confirmait que la situation n’était pas normale et cela me rassura quelque peu. Malgré tout, j’avais des flash de temps à autres durant cette réflexion. Des flash pas agréables, le type d’idées qui vous remémore des sentiments douloureux. Il avait réduit à néant sa famille. Sa femme s’était donné la mort et moi j’avais tout perdu. Plus de famille, plus d’endroit où vivre. Ma seule « famille » désormais était le gouvernement. Il m’avait recueilli en cette sombre soirée et je les en remercier. Je l’écoutais attentivement. Je bue une lampée d’alcool. Une bonne alternative pour s’éclaircir les idées, mais cela ne changeait en rien le fait que les émotions parleraient plus.

La question était, est-ce que ma soif de vengeance me pousserait à le massacrer ? Ou alors serais-je paralysé devant mon objectif ? Je n’en avais pas la moindre idée et pour cela, il fallait absolument que je trouve un moment de réflexion. Heureusement que l’agent Flynn était devant moi. Cela me permettrait probablement d’avoir un certain soutient. Puis une phrase me fit tilt. Un test ? Tout ceci était un test pour ma loyauté. C’était ça en fait ce moment où tout s'enclencha comme une turbine. Était-ce l’alcool ou la réflexion, mais mon cerveau bouillait telle une cocotte-minute prêt à exploser à tout moment. Puis tout se calme doucement. Je reprenais mes esprits et répondu d’une voix basse.

-Un test ! Effectivement, c’en est un bon et je vais vous montrer que le CP pourra compter sur moi. Le fait est que ma mère s’est suicidée et mon père est toujours vivant. Malgré ça, je ne le considère plus comme tel. Le gouvernement est ma famille en quelque sorte.

Je faisais tournoyer mon alcool dans mon verre et avais un regard assez vague, je ne fixais rien en particulier. Se concentrer sur ce qu’on pouvait contrôler. Il avait raison, c’est le mieux à faire. Et je pouvais contrôler la vie et la mort de cette enflure. Doucement, les idées prenaient place et les sentiments s’étaient désormais éteints. Je pouvais pleinement réfléchir à ce qu’il fallait que je fasse.

-Juste une question monsieur Flynn. Nous sommes bien d’accord, j’ai le droit de vie ou de mort sur cette personne ? Si je vous demande ça, c’est qu’il se situera probablement entre les deux.

Je pris une grande gorgée comme pour le donner du courage, mais avait les idées parfaitement claires. Puis tout doucement, j’enlevais mes lanières de mon visage. On pouvait voir ce qu’il se cachait en dessous. Une cicatrice du coin de la bouche en remontant au milieu de la joue faisait son apparition. J’attendais quelques secondes avant de remettre mes lanières.

-Vous êtes le seul à avoir vu ce qui se cache en dessous. Preuve de ma confiance envers vous. Vous comprendrez donc aisément aussi que je rende la monnaie de sa pièce à l’espèce d’ordure qui m’a fait ça ?

Des civils affectés par nos actions ? Non jamais je ne pourrais faire du mal aux innocents comme lui, le fumier qui m’à mis au monde m’avait fait du mal. C’était impensable pour moi que des personnes, n’ayant rien à voir dans l’histoire, soit mêlé à cette arrestation. Ou on dit exécution dans ces cas-là ? Je ne savais pas encore, mais je voulais qu’il souffre. Je voulais lui rendre chaque coup qu’il m’avait porté, chaque assaut répété. Il va le payer. Je m’en faisais le serment. Je voulais le briser psychologiquement, et une fois que ce serait faire le torturer un peu. Histoire qu’il souffre lui aussi, comme moi, il m’a fait souffrir. J'étais dans mes songes. La voix de l’agent Flynn me replongea aussitôt dans la réalité.

Revenir me hanter ? Ne serait-ce pas une liberté que de lui rendre la monnaie de sa pièce ? Après tout, il était plus expérimenté que moi. De nouveau, deux sentiments contraires commençaient à naître en moi. Mais j’en réprimais un. Je ne voulais pas qu’un petit sentiment de pitié, prenne naissance en moi et qu’arriver à la confrontation, je me mette à douter. Après tout, il avait raison, il fallait simplement que la vengeance ne prenne pas le dessus. Mais il allait souffrir un peu quand même avant, c’est normal après tout.

-Vous avez raison. Je vais juste lui arracher un bras qu’il souffre et lui rappeler quelques mauvais souvenirs. Ensuite, je mettrais fin à toutes ses souffrances. Après tout, il a anéanti sa famille. Je voudrais lui rappeler ces moments.

Je reprenais une dernière gorgée d’alcool. Puis je repoussais doucement le verre histoire que je n’abuse pas et que mes idées ne soit pas troublées par l’alcool. Il fallait faire attention et être attentif. C’était le plus important et sans nul doute, si les idées étaient dirigées par le poison qu’est l’ivresse, j’écorcherais vif mon père et toutes les paroles dites précédemment n’aurait été que du vent. Je savais que mon collègue serait là au moindre débordement, du moins, si la mission était en péril. C’est pour cela qu’il fallait agir discrètement et dans l’ombre. Puis je me sentais enfin prêt.

-D’accord, je vous remercie pour votre aide et n’espère pas vous décevoir, ainsi que le gouvernement. Nous pouvons y aller, je me sens désormais prêt.

Je me levais tranquillement et poser l’argent sur la table, avec un pourboire. L’air du dehors fit du bien. Comme une légère claque en plein visage, c’était agréable. Il faisait un peu froid certes, mais c’en était agréable, après cette chaleur et tout ce temps à cogiter. Je respirais à plein poumon et sentais le froid qui entrait. J’avais l’impression d’être en paix, de pouvoir enfin me libérer du fardeau qu’était cette mission. J’allais y arriver, je le savais.

-L'adresse est-elle différente de mon ancienne maison? Si oui pourrait-on passer faire un détour après la mission? J'aimerais mettre fin à toute cette histoire et commencer un nouveau chapitre.

La réussite importait. Était-ce le leitmotiv du CP ? Je le saurais probablement après cette mission. Toujours est-il que malgré ma soif de vengeance, j’avais l’impression qu’il restait neutre. Pas pour, mais pas contre non plus. En un sens, il avait raison. La vengeance entraîne la vengeance, et cela, dans un cercle sans fin jusqu’à ce que l’une des deux parties mettent fin au jeu, ou alors lorsqu’un des deux puisse tuer l’autre. Dans mon cas, c’était surtout la deuxième partie. Mais je savais que son visage, même une fois mort me hanterai constamment, jour après jour, comme une vieille rengaine qu’on ne peut décemment pas oublier. Avant de partir, j’avais remarqué qu’il avait bu de nouveau. Probablement pour se réchauffer. Je vis aussi s’inscrire sur son visage un sourire, accompagné de quelques mots réconfortants. Oui, c’était bien qu’il m’accompagne. Je l’aimais bien, malgré le fait que je ne le connaissais que depuis quelques minutes désormais.

Et oui quel idiot ! J’avais oublié que nos données confidentielles étaient… Confidentielles. L’adresse lui était inconnu de mon ancienne habitation. Mais un sentiment bizarre, comme une angoisse montait doucement en moi. Il y avait là quelque chose qui me rappeler des souvenirs. Certains réconfortants et doux, d’autres abominables. Un cri, des pleurs, un tir. C’étaient les derniers sons que j’avais pu entendre avant de rejoindre le CP. Et c’était ici même que tous ces cauchemars prendraient fin. J’avais la pression, mais l’alcool, bien que n’en avais pas abusé, m'aidais à ne pas être sous pression à l’extrême. Lorsqu’il me dit l’adresse un frisson parcouru mon échine. C’était mon ancienne adresse.

Nous n’étions plus qu’à quelques mètres de la maison. Elle était comme auparavant. Elle n’avait pas changé d’un pouce. Des tuiles en ardoises ocres surplombaient le toit. La cheminée émettait un peu de fumée, signe d’une présence à l’intérieur. Était-ce lui ? Les volets étaient fermés. Malgré tout un léger jour se situait au niveau du volet en bois qui était fermer. On pouvait apercevoir un léger faisceau lumineux. La couleur des murs était assez pâle. Une nuance entre le beige et le jaune. La porte en bois était toujours présente. Pas d’œil du Juda ? Il avait dû être enlevé. Le deuxième étage était inaccessible depuis en bas, à moins de sauter haut. Les fenêtres étant fermées, il n’y avait pas de doute possible quant au seul passage qui permettait d’aller à l’intérieur : la porte d’entrée.


-Hé bien Monsieur Duncan, bienvenu chez moi… Enfin anciennement chez moi. Les fenêtres étant verrouillées, la seule entrée se trouve être la pièce principale. S’il est le même qu’avant je dois vous avouer qu’en cette heure, il est en train de cuver son alcool dans un canapé.

Je m’approchais doucement en direction de la porte d’entrée. À deux mètres de celle-ci, je fis une halte. Pourquoi ? Pourquoi mon corps refusait d’intervenir ? De se lancer dans la bataille ? Après tout, c’était mon devoir, ma mission, ma vengeance. Après tout ce qu’il avait fait ! Il se permettait de se pavaner dans cette maison alors que sa propre femme s’était donné la mort ? Nous étions dans une sorte d’ombre qui nous camouflait un peu. Je me tournais lentement vers mon compagnon du jour. Je cherchais son regard et pris une profonde inspiration.

-Hé, je vous remercie d’être là ! Vous n’avez pas idée à quel point, vos mots ont pu m’aider à prendre cette décision. Merci.

Dans un murmure seulement audible par moi, l’agent Flynn m’avait d’une certaine façon dit qu’il y avait une autre solution que la porte. Cet arrêt malgré moi était donc profitable. Je n’avais pas forcément réfléchi, je voulais surtout finir avec cette histoire, me dire que tout ceci n’est que du passé. Les cicatrices disparaîtront petit à petit ou pas. En tout cas, il était concentré, il devait être en train d’analyser toutes les possibilités qui s'offraient à nous. Puis durant cet arrêt, il posa sa main sur mon épaule et me fit un sourire. Cela me redonna presque instantanément une certaine force, pouvoir m'épancher sur quelqu’un n’était pas forcément facile. Mais cette fois-ci, j’avais écrasé la fierté, piétiner et jeter loin pour qu’elle arrête de venir me titiller.

Il m’assurait qu’il était là à chaque fois que j’en aurais besoin. C’était vraiment cool de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un de la sorte. Ce n’était pas facile de confier un tas de choses, surtout à une personne que l’on connaît que depuis les quelques heures qui venaient de s’écouler. Mais quelque chose en moi me disait que j’avais bien fait, que cette personne derrière moi en cet instant était là pour une raison précise. Serait-ce ce soir que je découvrirais cette raison ? Probablement pas. Mais tôt ou tard je le saurais.

-Merci…

Ce fut la seule chose que je pus répondre. Tout s’enchaîna rapidement dans mon crâne. Rapidement, Flynn était parvenu à ouvrir la fenêtre qui se trouvait en haut. Arrivée discrète ce n’était pas plus mal. Je le rejoignais tant bien que mal. Arrivé dans la pièce, la nostalgie prit le dessus. Je revoyais mon père, ma mère et moi qui jouions dans cette pièce. Je regardais autour de moi et rien n’avait bouger. Une couche de poussière cachait quelques objets, mais on reconnaissait facilement les jouets. Des photos de nous, tous étaient accrochés sur le mur. Beaucoup de choses revenaient dans mon crâne comme un raz-de-marée. Je prenais quelques secondes pour au final souffler un bon coup et reprendre la direction de la cible.

Un ronflement sourd se faisait entendre quelques pièces à côtés. Il était alors dans son lit ? Une aubaine. Dans son sommeil, il ne pourrait rien faire. Mais d’abord, je devais passer prendre de quoi lui faire mal vraiment. Je prenais directement la direction de la cuisine. De temps en temps, le parquet grinçait, mais cela ne réveillait pas mon géniteur. Je remontais avec un couteau de boucher entre les mains. Puis j’étais devant sa porte. Celle qui me séparait d’avec l’homme que je n’avais pas vu depuis mon départ pour le CP. Des images me revenaient en tête et je les chassais aussitôt. Je me retournais une dernière fois vers Flynn. Je lui fis un sourire et hochai la tête pour lui montrer que j’étais prêt.

Je poussais la porte et le vis là, allongé, des bouteille d’alcool jonchaient le sol comme des cadavres. Ça puait un mélange d’alcool et de trucs sales. Des photos de ma mère étaient encore accrochées dans des cadres où sur les murs. Des dessins d’enfants, de moi, trônaient partout. À la vue des photos de ma mère une larme roula sur la joue. Ma rage et la haine prirent le dessus. Je saurais sur l’homme qui ronflait comme un porc. Je lui plaquai une main sur la bouche et d’un geste vif et rapide, je lui tranchais le bras. Il hurlait, mais le son était atténué. Il me regarda et se mit à pleurer. Je me penchais au-dessus de son visage.


-Inutile de hurler personne ne t’entendra « papa ». Tu te rappelles maintenant ? Toi qui a détruit ma vie ? Ma cicatrice que je dois cacher ? Mon enfance sous les coups ? Et encore pire le suicide de maman ? Je t’avais dit que je reviendrais pour te faire la peau et pas de chance pour toi ton heure est arrivée. Je ne te remercie pas, pour rien, tu es la pire des ordures et ce soir, je vais venger maman !!

La douleur qu’il ressentait n’était rien par rapport à celle que j’avais ressenti durant toute mon enfance. Et lui, un homme de la révolution, était là devant moi, en train de pleurer comme une fillette. Mes mots percutants le troublèrent. Ses yeux se plissèrent et les larmes jaillissaient encore plus. Mourir de la main de son propre fils, qui l’aurait cru ? Les cadavres de bouteille et la crasse environnante montraient à quel point, il était devenu un déchet, un rebus de la société. Alors que le gouvernement souhaitait instaurer une justice et un ordre, lui, celui qui était devant moi voulait briser tout ça. Mais au vu de son état et de ce qu’il faisait, personne dans le monde ne souhaitait lui ressembler. Chassant mes pensées et le voyant s’agiter un peu, il marmonnait des choses. Je fronçais les sourcils et reprenais mon sang-froid. Doucement, je lâchais ma prise au niveau de la bouche. Je voulais entendre une dernière fois ce qu’il avait à me dire.

- Je suis désolé, pour tout. Je suis alcoolique depuis le décès de ta mère.
-Faux ! Tu l’es depuis l’arrestation et le lynchage de votre leader de merde. Vous qui voulez imposer une anarchie, regarde ton état ? Tu crois que tu vas instaurer quelque chose à part du dégoût sale raclure ?
-Je suis désolé, fiston crois moi !
-Ta gueule, tu as perdu le droit de m’appeler comme ça.
-S’il te plaît…. Je suis désolé pour toi et ta mère. Je ne voulais pas que ça se passe de la sorte je… Je..

Un autre cri se fit entendre. Cette fois-ci, le couteau se logea dans l’autre bras. Dans la jointure de l’épaule. Même s’il survivait, son bras serait inutilisable. Le sang coulait, imbibant le matelas et les draps jaunis, crasseux. Je reprenais une profonde inspiration afin de m’apaiser et surtout ne pas agir sous le coup de la colère et de la haine qui bouillonnait en moi. Je fermais les yeux et prenais un cadre qui était sur le bord du lit. Il représentait ma mère et moi, heureux, souriant. Je versais une larme et souriais. Comme si j’avais ma mère était là devant moi. Je prenais la photo en prenant soin de ne pas l’abîmer et la rangeais dans la poche intérieure. Puis je reprenais le cours de la séance.

-Tu sais il y a peu je t’aurais torturé le plus longtemps possible. Mais l’homme en bas à discuter avec moi. Il est sage et je l’aime beaucoup. Bien plus que toi. Je l’écouterais. Il a toutes les qualités pour être un bon père contrairement à toi. As-tu une dernière volonté avant de mourir ?
-Hisano, je t’aime, tu es mon fils, je ne t’ai pas élevé comme ça, je….

Ma lame lui perfora la gorge. Il ne pouvait plus parler et je remontais la lame pour lui ouvrir la tête en deux. Je ne voulais plus entendre déblatérer ses conneries. Je ne savais pas si Flynn avait entendu mes propos. Si c’était le cas, il le savait, mais par fierté je ne dirais rien. S’il ne le savait pas mon géniteur emporterait ce secret dans sa tombe. Une fois fini, je lâchais le couteau. Je me mis debout et soufflai un grand coup. Dans un murmure, je me mettais à parler seul.


-C’est fini maman. Je t’aime merci pour tout.

Puis j'essuyais mes yeux et pris la direction de la cuisine en entendant des tintements de bouteilles d’alcool. Il devait préparer quelque chose. Je descendais les escaliers en prenant garde de ne pas faire trop de bruit.

-Agent Duncan, j’ai terminé. Désolé pour l’accoutrement et le temps, je devais régler deux trois choses que j’avais sur le cœur.

Mes mains, ainsi qu’une partie de mon visage et de mes vêtements étaient teintées de sang. Malgré tout, j’étais fier de ce que je venais d’accomplir.

Lorsque j’étais descendu, j’avais eu un soulagement de voir Flynn. Je l’aimais bien. Il avait été très bienveillant et là pour moi. Lui dirais-je un jour ? Je n’en savais rien, mais pour le moment, je ne pourrais pas lui dire probablement par honte ou pas fierté mal placée. Mais quoiqu’il en soit, je reprenais mon calme. Je poussais quelques soupirs, non pas de fatigue, mais qui me permette de reprendre mon calme et la sérénité. Je prenais le chiffon en m’inclinant légèrement et commencer à me nettoyer, histoire que je paraisse un minimum présentable. J’essuyais le sang qui se trouvait sur mon visage et essayer d’éponger celui qui se trouvait sur mes habits. Il voulait faire une dernière vérification. J’acquiesçais et sortais par la porte.

L’air frais me fouettait le visage. C’était agréable après avoir passé ce moment si difficile. Malgré tous les lits de Flynn avaient réussi à me calmer, et j’avais pu agir avec un peu de sang-froid. La torture aurait été plus longue, si nous n’avions pas échangé, je pense. Je regardais le noir qui s’étendait devant moi et je me sentais bien. Chaque respiration provoquait un souffle de ma bouche qui ressemblait à un dragon. Je me sentais vide, libre. J’étais bien, calme, serein. Tous mes vieux démons semblaient disparus. Mais ce n’étais que le début de la libération. Le corps et les souvenirs de cet endroit restaient gravés dans ma mémoire.

Puis je pus apercevoir mon camarade sortir par la fenêtre que nous avions emprunter quelque temps avant. Il portait un petit coffret de bois. Il le plaçait devant ses pieds. Je ne lui posais aucune question. La discrétion avant tout. Il plaça une mèche imbibée dans la bouteille qu’il avait gardé. Puis y mis le feu. Le cocktail Molotov était en place et je comprenais les intentions de Flynn. En effet brûler cet endroit, éviter de laisser des traces et permettait de chasser définitivement et à jamais tous les souvenirs possible. De cette façon seul les bons souvenirs resteront dans ma mémoire. Je prenais le cocktail.

-Oui, je suis prêt. J’ai fait mes adieux et cette maison de l’enfer.

Dans un geste assez rapide, je jeter le cocktail Molotov par la fenêtre ouverte. Quelques flammes prenaient naissance. Le processus était assez rapide. Avec l’alcool que Flynn avait dispersé dans toute la maison, les flammes grandissaient et ruinaient tout éclairant le ciel étoilé. Heureusement qu’il ne pleuvait pas cette nuit. Les flammes sortaient par les fenêtres, la porte, et par le toit, petit à petit tout étaient carbonisés. Tout ainsi que les démons. Les bons et mauvais souvenirs revenaient à la surface dans mon esprit. Un film de ma vie repassait dans mon esprit. Je serrais les poings et des larmes coulaient sur mes joues. Sans bruit, un flot sortait de mes yeux. C’était fini. Tout était fini. Petit à petit, la maison s’écroulait sur elle-même. Pour ne laisser désormais plus qu’un petit tas de cendre qui se consumait lui aussi. J’essuyais mes larmes et prenais une position droite, fier.

-Merci pour tout agent Flynn. Sans vous, je ne sais pas comment tout ceci aurait fini.

Et dans un dernier murmure, je disais adieu à la mère définitivement en serrant ma poitrine. La photo s’y trouvait et celle-ci, je la garderais précieusement.


-Je ne sais pas si vous aviez entendu tout à l'heure, mais je voulais vous dire que...heu...que...je...enfin je vous aime beaucoup. Un jour j'aimerais..heu..enfin voilà....si vous avez un équipage....voilà.